Rancœur et Ultime assaut. [Pv. Bill]

L'immensité de l'univers ne suffisait pas à endiguer ma soif de vengeance. Mû par un besoin inassouvi de mettre la lumière sur les échos de mon passé qui ravivaient sans cesse des souvenirs douloureux, je jalousais ceux qui passaient le plus clair de leur temps à ignorer ce qui avait d'eux ce qu'ils étaient. Personnellement, j'étais harcelé par les centaines de fantômes des membres de ma tribu, qui cherchaient le repos sans réussir à le trouver. Tant que je n'aurai pas mis la main sur le responsable de mes tourments, la paix se refuserait à moi. Aussi, en venant sur Terre, j'avais espéré commencer à trouver un début de réponse. Mais je m'étais résolu à penser que je ne retrouverai jamais la quiétude, tant et si bien que j'avais fait du chaos mon principal atout désormais. Ce jour-là, j'avais pris la direction des Montagnes Rocheuses, la tête pleine de questions. Je naviguais à altitude basse, utilisant la magie pour maintenir mon corps dans les airs. Après un petit moment de vol, j'arrivais non loin de la chaîne de sommets enneigés. Il n'y avait aucune âme vivante à l'horizon, ce qui arrangeait mes affaires puisque j'avais décidé de m'exercer à la magie.

Puisant dans l'énergie qui s'affolait dans mon corps, je me concentrais pour me connecter au mieux avec la source de mes pouvoirs. Cette flamme tarissable, que le Sorcier maléfique avec lequel je partageais mon existence ne pouvait s'empêcher de ponctionner. Plus je devenais puissant et habile avec mes pouvoirs, plus son influence sur moi prenait le dessus. Un cercle vicieux dont je n'arrivais pas à me défaire. Quand j'étais enfant, je n'avais même pas conscience de cet être que j'hébergeais gratuitement. C'était seulement lorsque j'avais commencé à éveiller mes pouvoirs qu'il s'était manifesté pour la première fois. Et, depuis, alors que je me renforçais, je l'entendais de plus en plus souvent, murmurant à mes oreilles des pensées malsaines. Sans ma capacité d'abnégation et l'altruiste que je m'efforçais à avoir, j'aurai sûrement cédé depuis longtemps aux avances noires du démon. Heureusement, j'arrivais encore à le tenir à l'écart et à éviter qu'il ne prenne le dessus. Mais pour combien de temps encore ?

La magie affluant au niveau de mes mains, je la relâchais sous forme de vagues lentes et multicolores, qui se perdaient dans l'immensité de la zone montagneuse. Une application plutôt similaire à ce que pouvait faire certains combattants avec leur Ki. Moi, bien que je ne parvenais pas à manipuler mon énergie pour projeter des rayons destructeurs comme les leur, j'avais la possibilité de mobiliser ma magie en sortilèges qui se révélaient tout aussi utile. Nimbé de cette aura colorée, en vol statique dans les cieux, je fermais les yeux, cherchant dans mon panel de compétence un sort sur lequel je n'avais pas eu l'occasion de m'exercer souvent.

- Sagitta Magia – Incendia.

Un sortilège offensif, me permettant de générer des flèches de magie élémentaires pour attaquer. Cette forme-là du sort, l'aspect usant des flammes, fit apparaître une dizaine de carreaux de feu derrière moi. Par la pensée, je les envoyais s'écraser contre le flanc d'une montagne non loin de là. Peu puissant, mais franchement utile pour distraire l'adversaire et mettre à terre le menu fretin des guerriers que l'on pouvait trouver dans l'univers. Observant l'impact fait par mes flèches, je fus distrait par une voix que je ne connaissais que trop bien désormais.

- Bien belle démonstration, Cher Hôte.

Le Sorcier Alzalaam venait de se réveiller. Comme à chaque fois que je faisais appel à mes pouvoirs, il s'immisçait dans mon esprit pour se fourbir de mes déboires. Et, malgré les barrières que j'avais érigées pour l'empêcher de faire irruption sans mon consentement, il réussissait à se jouer de moi.

- Ta présence n'est toujours pas désirée, tu le sais ça non ?
- Peu m'importe que tu me désires ou pas. Je suis toi, et tu es moi. Tu ne pourras jamais te défaire de cette emprise que j'exerce. Tu ne pourras jamais...

Las de l'entendre me rabâcher les mêmes paroles constamment, je lançais un sort qui modifiait ma perception de sa voix pour le rendre muet. Ça suffisait généralement à le rendormir, et il me laissait ainsi tranquille pendant quelques minutes. Mais ce sortilège commençait à faire de moins en moins d'effet. Bientôt, j'allais devoir trouver un autre stratagème pour réussir à me défaire de l'emprise du Sorcier.

Toujours dans les airs, ma connexion avec ma magie coupée, je regardais l'horizon, le regard vide. J'allais un jour devoir succomber aux désirs malsains de mon squatteur malvenu. Ce jour, j'espérais seulement que j'aurai trouvé un moyen de réussir à le canaliser et à stopper ses désirs de conquête de l'univers. Sans quoi, je ne donnais pas cher de ceux qui se mettront sur la route d'Alzalaam pleinement relâché.