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 Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir)

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Comte Radomir
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MessageSujet: Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir)   Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir) ClockDim 18 Juil 2021 - 12:32


"Monsieur le Comte, cette réception est du plus bel effet. Je constate que vous n'avez pas lésiné sur les moyens pour fêter l'ouverture de votre hôtel et galerie." Déclara un homme au visage émacié tout en s'inclinant.

"Oh je vous remercie Date-San, ce que vous voyez ici est la somme de tous mes efforts." Radomir attrapa deux coupes de champagne du plateau d'un serveur qui passait par là. "Je suis si heureux d'enfin retrouver la vie que j'ai vécu auparavant. Je suis content de voir que la majorité de mes partenaires ont survécu aux tragédies que la planète Terre a vécue... D'ailleurs, comment va votre femme?"

Date fit une légère moue de la tête, il ne semblait pas content que le Comte fasse mention de son épouse. "J'ai demandé le divorce, je ne fais plus confiance à Ayame. Elle a profité de ma protection et de mon argent pendant trop longtemps. Ses multiples adultères ont déjà bien assez sali ma réputation comme cela."

Radomir arbora une mine choquée et dégoutée. "Quelle indignité de la part de votre femme. J'espère qu'elle ne s'en tirera pas à bon compte." Il termina sa coupe de champagne et pointa un grand escogriffe qui faisait son entrée dans le hall de réception. "Oh ! Ne serait-ce pas votre associé de la capitale de L'ouest qui vient d'entrer?"

Le visage de Date s'illumina, visiblement heureux de revoir son partenaire commercial. "Monsieur De Jong" s'écria t-il tout en s'éloignant du Comte.

Radomir finit sa coupe d'une traite et la posa sur une dresse non loin de là. Il esquissa un sourire. Quel pauvre hère, ce Date. Un homme certes compétent mais un bien piètre amant. Quand on est dans une position telle que la sienne, soigner sa vie de couple et tout aussi important pour l'image que gérer son entreprise. Ayame était une femme tout aussi vénale qu'élégante. Le Comte se rappellerait toujours cette magnifique fête dans la Capitale de L'est, et ce moment intime passé avec Ayame dans le débarras près de la cuisine.

Beaucoup jugerait ce comportement comme inacceptable et immoral mais Radomir voyait plutôt cela comme une forme de justice. Date ne s'occupait pas de sa femme et la couvrait simplement de cadeaux. Mais pour une beauté comme Ayame, trouver un mari riche était aisé. Ce qu'elle cherchait par dessus-tout c'était la passion, le romantisme. Malheureusement pour elle, le Comte était investi d'une mission sacrée et il n'avait point le temps de jouer à l'amant transi.

La réception battait son plein, les invités, tous de grands noms terriens, commençaient à être quelques peu pompettes. Les rires s'échangeaient autant que les accords commerciaux sous le couvert de discussions banales. Aaah quelle magnifique ambiance, cela faisait si longtemps que Radomir n'avait plus retrouvé un milieu semblable à l'ancienne Cour de son peuple. Enfin, après des années de planification, de construction et de déboires, il avait su se faire un nom parmi la haute société terrienne. Et l'inauguration de son hôtel en était la preuve. Il s'était maintenant constituée sa propre cour, cette fois-ci non pas aristocratique mais bien bourgeoise !

C'est en ce lieu qu'il fera en sorte de tirer les ficelles, de gagner en pouvoir. Sans pouvoir, il était tout bonnement incapable de réaliser sa mission, de faire revenir son peuple à la vie. Corrompre la Terre était pour lui une cible facile au vu du penchant très émotionnel des humains, qui constituait la majorité de la population terrienne. De plus, ceux-ci cultivaient une véritable fascination pour le Comte, avec son physique hors du commun et son air noble. Radomir n'avait donc aucune difficulté à les charmer, et à les manipuler à son avantage.

Un maitre d’hôtel fit tinter un verre, tentant d'obtenir l'attention de la salle. Ceci fait, il déclara d'une voix forte:

"Comme première grande activité de cette réception, Madame Savarovich, grande collectionneuse de la fondation du même nom, a décidé de mettre aux enchères une partie de ces biens les plus précieux ! Installez-vous sans plus attendre, nous allons commencer par la présentation des objets."

Radomir se mit à sourire, cela promettait d'être intéressant. La vente aux enchères était l'équivalent d'une grande compétition sportive parmi les riches. Chacun allait se battre pour obtenir ce qu’il voulait. Certains achetaient même des objets simplement pour voir leur rival enrager de ne pas l'obtenir. Et ces œuvres parfois millénaires, finissaient par pourrir dans un entrepôt. Rien ne dégoutait plus le Virtuose, qui jamais, ô grand jamais, n'aurait accepté de voir ses œuvres passées scellées dans une cave.

"Nous commencerons la présentation par cette magnifique toile de Zima..."

Les peintures, bijoux, sculptures, armes légendaires défilèrent au gré des minutes. Radomir, intéressée par quelques une, commença à les noter. Elles feraient du plus bel effet dans son hôtel et sa galerie d'art.


"Et maintenant, le clou du spectacle, un véritable joyaux extraterrestre. Une pièce si rare qu'elle ne fut jamais copiée.... Le joyau du Royaume perdu de Mandurugo !"

Le sang de Radomir ne fit qu'un tour. Le joyau de Sigismund? Ici? Comment un être aussi insignifiant comme Savarovich a pu osé mettre la main sur une telle pièce, sur un morceau de l'histoire de son peuple. Son poing se serra quelques secondes avant de se détendre, personne ici ne connaissait ses origines et personne ne devait les connaitre.


"Mandurugo était une planète peuplée par des êtres raffinés et puissants, des vampires. Malheureusement, leur soif de pouvoir et de sang finirent par les mener à leur perte. Ce monde n'est plus qu'un tombeau à présent."

*De Ki, nous avons eu soif de Ki, imbécile. Le sang n'est qu'un substitut pour les faibles.* Pensa le Comte tout en serrant les dents.

Un sbire amena alors un chariot où était posé le joyau du Roi, alors couvert d'un drap écarlate liseré d'or.

"En exclusivité pour vous, Mesdames et Messieurs, la merveille de Sigismund !" Déclara le maitre d'hôtel tout en enlevant le drap d'un geste sec.

Les airs et gestes ébahis des invités mirent le comte hors de lui. Devant lui, se trouvait l'une des plus belles créations de son peuple. Un cristal rouge sang, parcouru de veines d'or et d'argent. Le cristal, rempli de Ki semblait vivre puisqu'il battait tel un cœur, délivrant alors de magnifiques rayons or et argent qui venait magnifier sa beauté. Placé au centre, le joyaux trônait parmi toutes les autres œuvres. Le maitre d'hôtel se dirigea alors vers l'extrême gauche de la scène et s'installa auprès de la peinture de Zima.


"Bien sûr, nous commencerons les enchères dans l'ordre d’apparition des objets. Nous démarrons donc avec le chef-d’œuvre de Zima au prix de 500 000 zénies..."


Radomir n'attendait plus qu'une chose, remporter l'enchère et récupérer le Diamant rouge de son peuple.
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MessageSujet: Re: Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir)   Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir) ClockMar 20 Juil 2021 - 2:01
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20:40
26°- Elysian Heights
Satan-City





I'm taking you to Flavor Town ~ :





Le Guernica était planté au sommet de Elysian Heights, un quartier qui n'avait pas que ses habitants de huppés. De fait, il était établi sur l'une des buttes les plus hautes de la ville, pile à fleur de montagne. Il nous fallut alors une bonne trentaine de minutes pour y parvenir en partant du dojo à la marche, nos efforts d'hygiène corporelle déjà mis à mal par la chappe de chaleur accablant la cité. La kyrielle de berlines noires garées des deux côtés de l'avenue bigrement abrupte faisait office de tapis mat célébrant l'édifice qui nous narguait de toute sa hauteur, surplombant tous les manoirs alentours. L'entrée gigantesque était attaquée par une horde d'invités bien rangés en ligne tels des bovins prêts à rentrer dans l'abattoir, ne voyant rien au-delà de la démarcation des barrières de velours rouge. Nous pûmes y rentrer sans mal, après une attente notable dans la file à trotteurs bovins néanmoins. Trop occupés à se languir des merveilles exposées à l'intérieur, personne ne nous adressa la parole durant l'attente. Au moins personne ne nous avait reconnus pour le moment. 


" Bonsoir ! Monsieur, Mademoiselle. Et Bienvenue au Guernica. Monsieur le Comte est ravi de vous accueillir en l'honneur de la donation renversante de Madame Savarovich au monde civilisé. Vos reconnaissances je vous prie... "

Maître Hoù sembla bien désemparé après avoir répondu par un sourire cordial. Fallait-il dire que le comportement à adopter dans cette situation n'était pas des plus évidents. Un ange passa. L'ermite arborait toujours le même sourire sans interruption, serrant un peu plus les dents qui pouvaient l'être afin de renforcer son éclat colgate relatif. Et puis je compris. On était en territoire richard, il fallait parler comme si on avait trop de maille dans le fondement pour que la bouche articule correctement ! J'allais interrompre le malaise avant que nous nous fassions recaler comme les gueux que nous étions lorsque je me rappelais que j'étais censée être muette. Par choix. Arf, on repassera sur le fait que les croyants sont vraiment de sacrés phénomènes. Je tuais dans ma gorge ma voix qui avait déjà commencée son anabase et tapotais doucement la veste de mon Enseignant, au niveau de la poche cardiaque. Par miracle, il comprit aussitôt et il tendit les cartes d'invitations empruntées précédemment à Dorobō.


" Merveilleux." Zozota-t-il, d'un air méfiant.

"Reconnaissances". Les bourrés-de-fric-man appelaient des tickets d'invitation des "ReCoNnAisSaNcEs". Fuyant au possible le regard de mon Maître, lequel je savais était en proie aux mêmes réflexions que moi, et implorais le ciel de me foudroyer sur place pour m'éviter d'éclater de rire au nez saillant du groom. 


" A quel nom dois-je annoncer Monsieur et Mademoiselle ? "



'Maît' Jin et s'discip' Tro. D'l'écol' Hu Yin'dao. 


Le groom écarquilla son sourcil en un angle droit parfait. Je fis de même. Maître Hoù également. C'était lui qui aurait dû porter la couronne du Roi du Silence sa race boulba ! Un autre ange passa. Finalement, le majordome se résolut à annoncer d'un air doctoral : 



" Très bien, très bien. Les enchères ont déjà commencées. Avancez je vous prie. " Puis il porta sa main gantée jusqu'à sa bouche et y murmura je n'sais quoi. J'espérais que notre couverture n'était pas grillée.

Par-delà le seuil de verre, les murs majestueux du Guernica offraient à la vue des cheptels conquis le meilleur de l'architecture à travers les âges et les frontières. Du gigantesque hall d'entrée art déco solennel jusqu'à la salle des réceptions qui chantait la gloire de la grande Victoria, en passant par le bar gardé par des colonnades d'une autre civilisation. L'hôtel en lui même était une prouesse, un dédale esthétique qui même à moi parvint à trancher net mon souffle. Je m'attendais presque à voir les escaliers escargotien bouger d'eux-mêmes. Mais ce n'était même pas le pire. Tout au long du couloir d'entrée, un essaim de grooms tout de rouge vêtus marquaient la révérence tout en déclamant à plusieurs reprises :



" Monsieur Jin et Mademoiselle Tro, de l'école Hu Ying Dao. "





Nous n'étions définitivement pas à notre place. Fort heureusement, nul ne remarqua notre arrivée en grandes pompes cependant, car notre hommage se perdit parmi le brouhaha général, le récital d'un orchestre de perfides Nameks et l'annonce des invités qui nous précédaient. Encombrée du poids de ma propre personne dans ce nid à snobs, je suivais de près mon Mentor qui nous menait au coeur de l'évènement : le grand vestibule où les enchères se jouaient. Une voix terriblement guindée annonça :


"Mandurugo était une planète peuplée par des êtres raffinés et puissants, des vampires. Malheureusement, leur soif de pouvoir et de sang finirent par les mener à leur perte. Ce monde n'est plus qu'un tombeau à présent."

Des vampires ? Alors ça existait vraiment ?! Heureusement que la Haïko de dix ans ne savait rien de tout ça sinon ses psychoses autour d'Edward auraient eu la vie encore plus dure ! Pendant ce temps, on fit venir un chariot dont le contenu était dérobé à la vue de tous par un drap aux couleurs de l'hôtel. 


"En exclusivité pour vous, Mesdames et Messieurs, la merveille de Sigismund !"

A peine le commissaire-priseur eut-il finit sa phrase que le voile fut levé. Un cœur, un vrai, figé dans un prisme vermillon. La merveille qui inondait la grande salle d'un millier de reflets flamboyants ne pouvait être autre chose qu'un véritable cœur tant ses scintillements faisait s'embraser les charbons de tous les flagorneurs. Ils étaient tous venus pour ça. Chaque battement de la gemme cramoisie instillait en moi le venin du désir. Mes veines battaient d'une énergie nouvelle. Tout en moi convoitait ce rubis à la coupe parfaite. Comme si la simple contemplation suffisait à me faire comprendre que cette beauté pouvait combler à elle seul mes désirs de pouvoir. Un instant de lucidité, permis par un éclat de la pierre qui manqua mes rétines me fit chercher mon Maître des yeux. J'avais le besoin irrépressible de savoir ce qu'il ressentait face à une tel prodige de la nature. Celui-ci était penché sur moi, les mains autour de mon cou. Je ne l'avais même pas senti arriver. Après une galère certaine, il prit mon talisman et le glissa dans sa poche.



'Vaut mieux qu'rest' à l'int'rieur c'ui là !



Je sentis mes joues s'empourprer. Sans le cristal noir obtenu au péril d'un bon paquet de trucs à la fontaine de jouvence, bye-bye mes précieux pouvoirs. Car j'étais toujours incapable à canaliser mon ki sans. L'appel de la merveille de Sigismund se fit plus fort encore qu'auparavant. Mais je fus à nouveau tirée de ma torpeur lascive par l'attention fiévreuse qu'adressa l'ermite à un autre homme bedonnant.



M'sieur D'jong ! C'mment s'ret'ouve !



Mince. C'est vrai que nous n'étions pas là par simple amour de l'art hors-de-prix. Faisant de mon mieux pour ignorer les promesses du joyau, je passai de groupe en groupe, les poings serrés. Si tentative de vol il y avait, je devrais frapper fort préventivement avant que des otages soient pris. Un vieil homme bras dessus, bras dessous avec une antiquité du Dévonien en robe de soirée m'adressa un sourire carnassier. 


" Vous connaissez le chef-d'œuvre du Zima, mademoiselle ? "


«Techniques personnelles de Haïko : Numéro 4 : Le regard de Pupute». Je lui fis mon plus beau sourire contrit, le fixant bien droit dans les yeux en faisant bouger par à-coups légers le point d'ancrage de ma vision dans le but que la lumière des chandeliers fasse pétiller davantage mon regard. Puis, je pointais ma bouche du doigt en faisant "non" de la tête doucement. Pourquoi tu t'accroches à cette règle stupide de mutisme, pauvre cruche ? C'est le meilleur moyen de te faire remarquer !  


" Ah, ma douce, cette tendre enfant doit faire partie de cette caste de moine-guerriers ! Toi aussi tu es là pour regarder les grands de ce monde se disputer les trésors interdits ? "


" Amour, elle fait sûrement partie de l'exposition ! "


" Oh mais tu as sûrement raison ! Comme c'est formidable ! "


Il me "flatta" d'une caresse sur l'épaule. Je dus me retenir une grimace de dégoût. Sa main avait l'air d'une patte de rat scrofuleux et Papa disait toujours que les friqués avaient un faible pour les gamines. Je m'écartais d'une révérence approximative et fit le tour complet de la salle, esquivant tant que possible la marée de mains dressées les unes après les autres vers le commissaire-priseur. Mon Maître discutait toujours avec son homologue de bedaine. Lequel leva subitement la main et toussa :


" Huit-cent mille ! "

Tentant de me rapprocher pour comprendre pourquoi ils avaient l'air de se connaître, je surpris un fragment de leur conversation.




Et si v'm'parliez d'ce g'os r'bis 'peu? 'Eul mond' 'l'à l'air d'lorgnouailler d'sus !




Ce n'est que le lorsque son interlocuteur ouvrit la trappe velue qui était tapie sous ses joues rosies que je remarquais à nouveau le boucan général. Il était constitué de quantité de conciliabules qui étaient individuellement tous assez discrets. Même les flûtistes de la famille de l'abominable nabot jouaient une douce pavane. Mais l'ensemble de ces sons assemblés par effet-tampon offraient une couche sonore inconfortable, pire encore que le tapage incessant des chantiers en journée. Ce n'était pas simplement que j'étais entourée de toute part par d'immondes chapeau-melon-men, toutes leur conversations m'oppressaient. Il y avait la couche implacable et assourdissante, mais des bribes de chaque conversation, de la moindre anecdote, de n'importe quel gloussement qui essayait de passer avant tous les autres. Engourdie par ce tumulte désagréable, je ne pus entendre ce que le gros De Jong dit à mon Professeur. Le battant du Sigismund m'appela alors de ses scintillement chaleureux. Il avait été l'objet de tous les désirs dans cette assemblée nauséeuse. Et pourtant l'unique laps de silence ne s'était abattu que lorsque ses facettes rutilantes s'étaient présentées aux yeux de tous. Le joyau était pour moi un phare, plus que figurativement pour le coup, qui me dirigeait hors de la foutue soirée mondaine.


Quelle tête je pouvais bien afficher à ce moment là, je n'en ai aucune idée. Une seule chose est sûre ma grande, heureusement que le lieu supposait un niveau de récurage suprême car si il y avait eu la moindre mouche ce soir là, elle aurait pris un court-courrier droit dans ton gosier. Les minutes passaient, et au rythme des appels de phares du corindon j'avançais, ignorante de ce qui pouvait se tramait autour de Moi et du trésor de Mandurugo.
Comte Radomir
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MessageSujet: Re: Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir)   Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir) ClockDim 25 Juil 2021 - 1:27
"Adjugé vendu pour 2 millions de Zénies !" Le commissaire-priseur tapa avec vigueur le bloc en bois de son marteau au manche d'ivoire. "Le chef-d’œuvre de Zima est attribué à Mr Delssart, en espérant que ce magnifique tableau vous plaise !"
 
Delssart, assis derrière Radomir se pencha sur son compagnon de droite et chuchota :
 
"Je compte la vendre pour deux fois son prix dans quelques années. Je suis sûr que des férus d'art se feront un plaisir de se battre pour cette croute." Dit-il tout sourire. "Après tout, une peinture n'est qu'un bien comme un autre, et un bien ça se vend !" Son interlocuteur émit un léger rire.
 
Radomir poussa un long soupir. Quel manque de grandeur d'âme. L'art n'est pas juste un amas de biens à acheter ou vendre, l'art était l'expression de la pensée, de l'âme, du vivant. Une civilisation sans art de qualité est une civilisation vouée à l'échec car incapable de rayonner à travers les âges. Les hommes périssent, leur art est immortel. Monsieur Delssart mourra un jour, et s'il n'a rien produit de valeur mis à part de l'argent dans sa vie, il finira par être oublié comme tous les vendeurs de tapis dans son genre. Seuls ceux qui marquent les esprits deviennent immortels à travers leurs pairs.
 
Au même moment, le Comte aperçu du coin de l’œil une jeune fille habillée d'une tenue traditionnelle s'approcher un peu trop de la scène. Intrigué et quelque peu choqué par un tel manque de civisme, Radomir décida de ne pas réagir, laissant la sécurité s'en occuper. Un grand homme, bâti comme une armoire à glace, à la peau noire et vêtue d'un costume de la même couleur plaça sa main devant la jeune dame.
 
"Désolé, nous savons que ces nombreuses pièces mériteraient d'être observée de plus près mais nous ne pouvons vous laisser approcher davantage. Veuillez retourner à une place plus éloignée, s'il vous plait."
 
La belle fut invitée à rejoindre l'arrière de la salle et ce, malgré son rôle dans la sécurité. Il semblerait que Madame Savarovich avait sélectionné à l'avance ceux qui pouvaient s'approcher de ses trésors. Il était ainsi plus facile d'établir une liste de suspects en cas de vol.
 
Radomir, porta un dernier regard sur la jeune fille, un regard assez long pour qu'un contact entre les deux personnes puissent se faire. Les yeux du Comte restait dénué d'émotions, il ne souhaitait pas intimider ou séduite la belle, simplement lui rappeler qu'elle était surveillée par le maitre des lieux en personne.

***
Les objets vendus s'enchainèrent, plus les biens défilaient, plus les prix s'envolaient et commençaient à atteindre le grotesque. Le Commisaire-priseur annonçait des prix de plus en plus mirobolants : "Adjugé à 10 millions ! Adjugé à 35 ! Adjugé pour 88 millions de zénies !"
 
Enfin, après une longue attente, il ne restait plus que deux objets sur la scène. Le magnifique bijou du Roi Sigismund et une dernière pièce encore à découvrir. L’adjudicateur s'approcha de celle-ci et prit un ton grave:
 
"Comme vous le savez tous, la planète Terre a subi de nombreuses attaques. Nous nous remettons à peine de la perte de la plupart de nos congénères, disparus sous le feu des bombes. Cette pièce ici présente sert à commémorer et célébrer ceux qui ont tenté de nous défendre. Je vous demande le plus grand respect."
 
Le commissaire retira le voile et révéla, posé sur un écrin de velours dans une vitrine, deux morceaux de vêtements et un bout d'armure. Le premier, sur la gauche, était un un morceau d'épaulette Saiyen. Le second, sur le droit, n'était qu'un bout de tissu blanc brûlé sur les bords. Enfin, le dernier était un bas de pantalon de couleur verte.
 
"Voici trois pièces venant des vêtements de trois guerriers ayant combattu en 1017 sur Terre, à la suite d’un affrontement contre le tyran Majin Vegeta. Sur la gauche, un morceau de l'armure du Roi des Saiyens, Pythar. Sur la droite, un bout de la cape de l'ex-membre des Maléfiques, Tentra et enfin, trônant au milieu, un fragment du GI du héros Charlo, aujourd'hui disparu."
 
Le commissaire laissa les gens admirer la pièce avant de rejoindre son public.
 
"Cette pièce risque, j'en suis sûr, de ravir le cœur des fans d'arts martiaux et plus patriotes d'entre vous. C'est pourquoi nous commencerons l'enchère à 1 millions de zénies."
 
Dans un silence de marbre, les mains commencèrent à se lever. Peu de gens semblaient vouloir piper mot au vu de la pièce qui était présentée devant eux, plus symbolique que vraiment esthétique. Cette étrange discrétion ne dura que quelques instants puisque les esprits s'échauffèrent à mesure que l'enchère montait.
 
"3 millions !" Hurla Monsieur de Jong avant de vite se faire surpasser par une enchère à cinq millions venant de l'autre bout de la salle."
 
Radomir laissa les gens se battre pour ces bouts de chiffons, préférant les observer attentivement. Étonnante chose que de simples morceaux de tissus puissent égaler voire dépasser les plus belles œuvres du monde. Ces guerriers devaient être si importants auprès des terriens pour qu'un fragment d'un combat vieux de 4 puisse valoir autant.
 
"20 millions !" dit Date-San, assis non loin du Comte.
 
"20 millions, qui dit mieux !?" Répondit le commissaire.
 
Amusé par la situation, Radomir se dit que c'était le bon moment de faire un joli pied de nez à tous ces terriens complétement abusés par un patriotisme et un symbolisme aveugle pour de simples guerriers. Lentement, il se leva de sa chaise, se dressant de toute sa stature.
 
"60 millions." Dit-il d'une voix calme.
 
Tous se turent, comme happé par la gravitas du vampire. Aucun ne semblait vouloir augmenter la mise. Le commissaire commença son décompte de trois. Radomir jeta à un œil à la jeune dame et lui sourit. Après tout, sa tenue rappelait celle de combattant d'arts martiaux. Peut-être était-elle un aficionado du combat voir même de ces guerriers.
 
"Adjugé à notre cher hôte pour soixante millions de zénies !" L'adjudicateur frappa de son marteau tout en souriant au Comte, qui lui rendit la pareille.
 
***
 
"Et le joyau de Sigismund est attribué à Madame Sermine pour la somme astronomique de 250 millions de Zénies !"
 
Radomir pesta dans son coin, qui était cette arriviste qui osait lui prendre le bijou de son propre peuple.
 
*Malheur, si je n'avais pas cédé pour ces trois maudits bouts de chiffons, j’aurais pu surenchérir ! Peste soit moi et ma maudite envie d’impressionner mes pairs ! *
 
Il avait échoué. Tant pis, ça ne se passerait pas comme ça. Personne n'allait lui prendre l'héritage de sa race. Un jour ou l'autre, il mettrait la main dessus de son vivant et il pouvait vivre très longtemps.
 
Tout s'enchaina rapidement après la vente. Les trésors furent stockés à nouveau dans le coffre-fort de l'hôtel. Un dernier repas fut servi avant que les convives et le personnel soient invités à rejoindre leur chambre.
 
Radomir, bien qu'enragé d'avoir échoué à acheter la merveille de Sigismund, tenta de garder la face. Gardant des sourires affables pour tous ces bourgeois imbus d'eux-mêmes. Il les détestait ! Jamais ces pauvres terriens ne seraient à la hauteur de la magnifique cour de Mandurugo et en particulier s'ils ne pensent qu'à l'argent.
 
Alors que le Comte s'apprêtait à monter les escaliers menant à sa chambre, il fit la rencontre de la jeune fille qui semblait tant être intéressée par le joyau de Sigismund.
 
"Mademoiselle." Dit le Comte tout en baisant la main de la dame.
 
"Vous ne semblez pas habituée à ce genre de réceptions ni à ce genre d'endroits. Laissez-moi vous accompagner le temps d'une marche jusqu'à nos chambrées respectives.
 
Il prit le bras de la dame et commença à gravir les marches. Haïko pouvait sentir comme un poids l'entourer. Radomir, comme tout membre de son espèce, imposait un charme très violent pour les autres espèces de l'univers. Une espèce d'attirance viscérale pouvait se créer en un regard et le Comte semblait être devenu un maitre en la matière. C'était grâce à cette capacité primitive que les membres les plus faibles de son espèce étaient capables de chasser le Ki des autres êtres vivants. Étant un membre supérieur de sa race, le Virtuose l'utilisait plutôt pour parvenir à ses fins. Comme par exemple, se faire aider dans la construction d'un hôtel ou pour se bâtir une petite fortune.
 
"Quelques conseils pour la prochaine fois. Prenez un air plus hautain, plus confiant. Cela mettra au pas la plupart des bourgeois manquant de volonté propre. Vous paraitrez beaucoup plus importante que vous l'êtes ainsi. Ensuite, restez bien droite, surtout vos épaules. Une dame de la haute se doit d'avoir une posture parfaite."
 
Arrivés en haut des escaliers, Radomir lâcha le bras d'Haïko et se retourna vers elle, plantant son regard dans le sien.
 
"Enfin, ne faites confiance à personne, pas même vos proches. Dans la haute sphère, il ne faut penser qu'à soi !"
 
Il commença à marcher le long du corridor est et reprit la parole sans se retourner :
 
"Je pense que votre chambre est au bout du corridor Ouest. Votre maitre y est surement déjà. Bonne nuit."
 
Et il reprit sa marche sans un mot.
 
***
Une heure plus tard.
 
Un cri perçant résonna dans la nuit.
 

"Au meurtre ! Au meurtre !"
 
Radomir, occupé à peindre à l'aide de Ki fonça en dehors de sa chambre. Au même moment, d'autres convives, certains encore en costume, d'autres déjà en chemise de nuit se ruaient dans le couloir.
 
L'hôtel Guernica s’apprêtait à connaitre une bien sombre nuit.
 
***
Au même moment, dans le coffre-fort, Jake s'apprêtait à relever son collègue quand il vit le corps gisant de son partenaire. Il s'approcha de lui et remarqua que celui-ci avait été endormi à l'aide d'un dard empoisonnée. Il releva les yeux et...
 
"Au vol ! Au vol La merveille de Sigismund a été volée !"
Hoù Sennin
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MessageSujet: Re: Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir)   Réception feutrée (PV/MP Comte Radomir) ClockDim 25 Juil 2021 - 6:38
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Je n'étais plus qu'à quelques pas de la scène d'exhibition. A quelques pas du bonheur. Je n'allais pas le toucher, bien sûr. Je ne comptais même pas monter sur l'estrade. Je voulais simplement le voir. D'un tout petit peu plus près... Souhaitant bénéficier de la chaleur de ses rayons comme on se présenterait au soleil pour bien dorer sa brioche velue au beurre, je présentais mon visage bien en face de la pierre. C'était sans compter un hic en smoking qui vint faire de l'ombre à mon nez en se heurtant bien contre. Le charme du cœur de cristal s'envola instantanément, à mon plus grand regret.




Désolé, nous savons que ces nombreuses pièces mériteraient d'être observée de plus près mais nous ne pouvons vous laisser approcher davantage. Veuillez retourner à une place plus éloignée, s'il vous plait."





H-hein ? Moi ? Ah non j'allais pas...





Ah bah évidemment que j'étais meilleure en bobards d'ordinaire, mais là j'étais prise au dépourvu ! Il m'adressa un sourire compréhensif, l'air de dire qu'il comprenait ce que ça faisait d'être entouré d'autant de richesses sans jamais pouvoir y accéder. Il pouvait se la carrer là où je pense sa compassion non mais ! Je n'eus néanmoins pas trop de mal à feindre l'excuse gênée, après quoi j'entrepris une traversée-retour pénible au travers des rangées de chaises gauche. C'est là que nos regards se croisèrent pour la première fois. Trônant au-dessus des autres même assit, un Homme d'âge mûr m'estimait d'un regard neutre. Ce qui me frappa le plus chez lui n'était pas les deux rubis étincelants qui lui servaient de mirettes mais ses cheveux impeccablement coiffés qui étaient blancs, très blancs. Lui, plus que n'importe qui dans cette salle gratinée ne serait pas passé inaperçu dans les rues grouillantes de Satan-City. Et, si on ajoutait à cela son élégant manteau émeraude aux plis impeccables, d'un prix dénotant sans aucun doute l'homme qui brassait un max, personne n'aurait ignoré son passage.




Pour une raison qui m'échappais, je me surprenais à espérer qu'il ne m'avait pas vu lorgner sur le grand-frère de ses deux yeux ardents. Mais pourquoi sinon me regardait-il avec autant d'insistance ? Merci l'armoire à glace pour ce moment, décidément t'avais décidé de me courir sur le derch' exactement comme il fallait pas. Interloquée, je voulus lui rendre son regard à hauteur du peu d'émotion qu'il véhiculait, seulement je compris lorsque je sentis les volutes de fumée s'échapper de mes joues que je n'étais parvenue qu'à rougir comme une crétine. Qu'est-ce qu'il m'arrivait ce soir bon sang ? Je décidais de couper court au massacre et repris ma marche à travers les taillis de friqués. Cependant mon attention ne put s'empêcher de retourner à plusieurs reprises vers l'Homme, à la manière d'un métronome. Fort heureusement, il avait détourné son dévolu sur le déroulement des enchères qui ne faisaient que monter, ce qui me permis de revenir à des pensées moins troublées. Les minutes passaient, les surenchères grimpaient... et toujours pas le moindre voleur qui daignait montrer le bout de son nez. 


"Comme vous le savez tous, la planète Terre a subi de nombreuses attaques. Nous nous remettons à peine de la perte de la plupart de nos congénères, disparus sous le feu des bombes. Cette pièce ici présente sert à commémorer et célébrer ceux qui ont tenté de nous défendre. Je vous demande le plus grand respect."




Mes oreilles frémirent à ces mots. S'il y avait bien une annonce qui pouvait correspondre à une relique d'art-martiaux, c'était celle-là. J'interrompais mon balayage répété de l'assemblée pour scruter le voile derrière le commissaire-priseur. Quel trésor formidable qui avait servi à défendre la Terre pouvait bien se cacher là-dessous ? 


"Voici trois pièces venant des vêtements de trois guerriers ayant combattu en 1017 sur Terre, à la suite d’un affrontement contre le tyran Majin Vegeta. Sur la gauche, un morceau de l'armure du Roi des Saiyens, Pythar. Sur la droite, un bout de la cape de l'ex-membre des Maléfiques, Tentra et enfin, trônant au milieu, un fragment du GI du héros Charlo, aujourd'hui disparu."


Des fringues. Des fringues rapiécées. Pour sûr que les noms cités ne m'étaient pas étrangers : je n'étais pas née de la dernière pluie et à l'image de toute ma génération j'avais appris sur le bout des doigts les noms de nos sauveurs, m'enfin... Qui voudrait acheter des bouts de tissus abîmés ?


"Cette pièce risque, j'en suis sûr, de ravir le cœur des fans d'arts martiaux et plus patriotes d'entre vous. C'est pourquoi nous commencerons l'enchère à 1 millions de zénies."





J'hoquetais d'ahurissement. UN MILLION de pépettes pour des caleçons militaires oints de sueur. Le commissaire avait forcé sur le mousseux, personne n'allait être assez stupide pour s'y jeter, même à moitié prix ! Et il ne faisait aucun doute que tous dans l'assemblée partageaient ma pensée, au vu du silence qui s'était installé. C'était sans compter le gros De Jong ainsi que mon Maître, l'un serrant l'autre dans les bras qui beuglèrent en chœur.



"3 millions !"





A la suite de quoi ils braillèrent de rires gras en levant leurs flutes de champagne. Mon Maître s'amusait lui au moins. Les propositions pour les chiffons montèrent encore et encore, une voix avide se distinguant hors des autres fauteuils pour en contredire une autre. Les offres furent suspendues par la casse d'un objet en cristal. C'était la voix de l'Homme qui avait tonné comme la fracture d'un glacier malgré le flegme de son ton. 




« Soixante millions. »






Je vais pleurer ? Soixante. Millions. L'intimidation que j'avais ressenti auparavant s'était envolé en même temps que l'absurdité de tels mots ; le gougnafier avait proposé soixante millions de Zénies pour trois calbards sales ! Tu parles d'un nobliau ! Ses cheveux pouvaient bien être coiffés quand on avait autant de thune à jeter par les fenêtre. Mes lèvres se tordirent dans une torsion mauvaise. Il n'aurait fallu "que" deux-cent Zénies pour réparer ma jambe esquintée. Une fois encore, le silence s'abattit. Et pour changer, ce fut mon Mentor qui vint troubler le mutisme admiratif des culs-peignés d'un rire gras. Il se calma toutefois bien rapidement lorsqu'il remarqua que tous les silences de la salle lui hurlaient de se tenir convenablement. Il me tournait certes le dos, mais je pouvais deviner d'ici sa mine mal à l'aise. Ce n'était pas la première fois qu'il attirait l'attention sur lui d'une façon discutable à cause d'un gosier trop hydraté. Contre toute attente, De Jong répondit à son raillerie alors qu'il renforçait son étreinte à l'épaule :




"Ma foi ! Si les tissus coûtent aussi cher de nos jours, je vais veiller à ne pas m'allonger sur mon lit ce soir Monsieur le Comte bahahahah !" 











C'bin v'ai ça ! J'me 'souppirais su' eul'paill'son c'soir Héhéhé !



Ils pouffèrent à l'unisson, cette fois accompagnés de quelques convives probablement fortement arrosés. L'Homme ne leur accorda pas un brin d'importance, se satisfaisant d'un sourire poli à mon égard. Je détournais aussitôt mes prunelles, préférant balayer l'ensemble du hall, prête à sauter sur un invité par erreur plutôt que de lui rendre son intérêt. Le brouhaha refit surface progressivement, apportant la rumeur de la vente du Joyau du Sigismund contre un montant trop élevé pour atteindre ma raison. Je lui fit mes adieux à grands coups d'œillades, imprimant l'entièreté de l'espace dédié à mes souvenirs de son image radieuse. Cette ultime vente marqua la fin des festivités, de sorte que la salle se dégorgea rapidement de sa foule. Et à mesure que la masse décroissait, les faux semblants s'affaissaient avec. Des magnats avinés râlaient de mécontentement tandis que leurs épouses s'apprêtaient déjà au démaquillage. Et au regard des litres de fixateur qu'elles avaient sur l'oignon, on comprenait leur hâte ! Même l'orchestre Namek abandonnait son répertoire snob pour raccompagner son auditoire au rythme de Kool & the Gang. 




Au final notre présence avait été parfaitement inutile. Je me tournais vers mon Maître ; rebelote, celui-ci bavardait avec l'homme d'affaire. M'ayant vu du coin de l'œil, il pointa le sol de l'index puis leva son pouce pour m'indiquer que nous restions dormir au Guernica ce soir. Je gardais pour moi mon mécontentement. Il pouvait bien s'amuser avec un ami, encore que je ne l'avais jamais vu en si bon terme avec quelqu'un, cela dit tout ce que je voulais c'était mon talisman. La confusion de la soirée me l'avait fait oublier, mais sans lui j'aurais été bien marrante face à des malfrats. Je lui confirmais en levant également le pouce que j'allais nous trouver une chambre. Avec quel argent, allez savoir. 








Mes recherches furent pour le moins brèves, car un groom de la direction m'indiqua que la chambre 407 était déjà réservé au nom de "Maître Jin". Ne voulant pas déranger encore mon Maître, je décidais simplement de rejoindre notre piaule désignée. La solitude des allées de l'hôtel avait un je-n'sais-quoi d'inquiétant. Les couloirs feutrés auraient dû être bondés de chez bondés. Il m'apparut que je n'avais pas tapé totalement faux quant à la nature des escaliers. En empruntant leurs marches sévères, on était pris dans une toile épouvantable, ou chaque blocs d'escaliers, tous façonnés dans une charpente différente, se rejoignaient les uns dans les autres à la manière des confluents d'un fleuve. Si bien qu'en suivant un escalier droit, j'atterrissais dans les anneaux d'un colimaçon pour déboucher sur un autre, hélicoïdal. Et parce que ça devait m'arriver, ce dédale me fit finalement croiser la route d'une personne. Lui. 









« Mademoiselle. »


De près, c'était infiniment pire. Les mots se heurtaient aux bords de ses lèvres et engouffraient les oreilles tels des bris de cristal. Et pourtant, c'était assez plaisant. Désagréablement plaisant. Comme si mes tympans saignaient de plaisir. Il prit ma main gauche dans la sienne, laquelle était incroyablement douce malgré son teint anthracite, et la porta à ses lèvres pour y déposer un bisou délicat. Louée soit ma gorge qui parvint à étouffer un gloussement suraigu tandis que je fondais comme neige au soleil. Ohlàlà. C'était pas bon ça.     

« Vous ne semblez pas habitée à ce genre de réception ni à ce genre d'endroit. Laissez-moi vous accompagner le temps d'une marche jusqu'à nos chambrées respectives. »




Ca se savait depuis le temps : je tournais vraiment pas bien rond. Mais alors là rogntudju... La pompe remplissait trop son travail. On devrait instaurer une loi pour empêcher les joues d'adopter certaines teintes. L'air manquant tant à mon cerveau qu'à ma bouche, j'opinais du chef docilement. Seulement, malheur ! L'Homme saisit mon bras pour le protéger au creux du sien et nous reprîmes notre ascension à un pas retenu. Chaque pas supplémentaire contre les marches de granit supposé révélait le trompe-l'œil habile, les marches étant faites d'une étoffe aussi confortable que de la moquette. Et chaque pas supplémentaire me faisant prendre conscience du poids de son regard sur moi. Toute idiote que j'étais, je fuyais de toutes mes forces le contact visuel afin de cacher mon œil gauche. Honteuse de sa formation maladroite. De manière générale, tout mon corps se criblait d'une auto-évaluation cruelle, révisant chaque défauts à compenser. 




Il dut sentir mes crispations, en même temps ça devait franchement pas être compliqué, car il énonça d'un air conseiller qui surina mes choux de bonheur :




« Quelques conseils pour la prochaine fois. Prenez un air plus hautin, plus confiant. Cela mettra au pas la plupart des bourgeois manquant de volonté propre. Vous paraitrez beaucoup plus importante que vous l'êtes ainsi. Ensuite, restez bien droite, surtout vos épaules. Une dame de la haute se doit d'avoir une posture parfaite. »




Ses paroles étaient pareilles à des coups de bistouri, tel mot venant tailler mon allure perdue en un dédain franc et massif, telle phrase venant trancher mes membres pour ensuite les redresser comme ils auraient dû toujours l'être. Ce n'était pas simplement que je l'écoutais, c'était qu'il ne pouvait en être autrement. Et le pire c'est que ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Son relooking acéré eu pour effet secondaire de délier ma langue. Je me risquais de demander, sachant que ma tension allait faire croasser ma voix. Il n'en fut rien, à mon plus grand étonnement, ses paroles ayant assurées la convivialité de mes cordes vocales. 





Vous pensez vraiment que je suis une dame de la haute ?
Ma déclaration était sortie d'une traite, toutefois cela n'empêchait pas mes lèvres de trembler d'espoir.





Son regard fut une réponse suffisante. Parvenus en haut des escaliers, il me rendit mon bras qui ne demandait qu'à repartir. Je tentais de m'affirmer en faisant usages de mes techniques personnelles, mais rien à y faire. Aucun de mes artifices de contrôle facial ne répondait, laissant mes traits sacrément plus nus que je l'avais été devant Madame Kuchibeni.




« Enfin, ne faites confiance à personne, pas même vos proches. Dans la haute sphère, il ne faut penser qu'à soi ! »




Que répondre à ça ? Le seul proche que j'avais ici bas, c'était mon Mentor. En aucun cas je ne pouvais douter de lui. Et pourtant à ce moment l'envie me prenait de le faire. Pas franchement rassurée de subit des sentiments autant contradictoires, j'acquiesçais simplement : 









Après tout, qui de bien avisé irait perdre son temps à converser avec les corbeaux ?                      Déclarais-je d'un air narquois.



D'où est-ce que je tenais des âneries à coucher dehors pareilles, aucune foutre idée. L'unique certitude que je tenais résidait entre mes côtes, son battement à tout rompre m'indiquant que j'adoptais la bonne marche à suivre. L'Homme à la tenue de jade partit sans m'accorder une dernière œillade. 




« Je pense que votre chambre est au bout du corridor Ouest. Votre maître y est sûrement déjà Bonne nuit. »





C'est en le voyant s'éloigner sans rien ajouter que je fus frappée par le besoin irrésistible de lui demander son nom. Pauvre gourde, t'aurais pas pu lui demander avant ? Néanmoins, à sa démarche emplie de majesté, je compris qu'il ne pouvait s'agir que du mettre des lieux. Alors qu'il disparaissait à la faveur des chandelles au loin du corridor, je constatais que mon cœur ralentissait la cadence, sa raison de tambouriner n'étant plus assez proche.










Les chambres 407 siégeaient au fin-fond du corridor Ouest. En effet, deux portes de chêne massif indiquaient en lettrines d'or le nombre impair et derrière l'une d'elle, entrouverte, m'attendait mon Maître dont les cheveux avaient recouvrés leur état de chaos ordinaire.







Té ! 'Ppar'ment z'ont d'nnés deux chamb' pou' nou'deux !




A ses mots, il rebondit avec force contre le matelas couvert à ras-bord de coussins aux coutures orientales, la plupart desquels l'accompagnèrent dans son saut de cabri. 







'Gard' ! Y'a mêm'un m'ni bar ! C'te dit un 'tit d'brief d'la j'née ?
Chantait-il, tout bonhomme qu'il était, le nez vermeil.







Non désolé Maître, je crois que j'ai trop donné aujourd'hui. Je vais aller me coucher si ça vous ennuie pas. Dis-je en m'apprêtant à fermer la porte derrière moi.








'Eu'là ! 'Va qu'mêm' pas 'tiliser deux chamb' ! 'Magines quequ'un l'en à b'soin !







Franchement, pour une fois qu'on est dans un endroit où on à pas besoin de s'occuper des problèmes d'argent des autres, je pense qu'on peux se le permettre. Si c'est offert par la maison ça dérange pas grand monde je pense.








Ah. Bon. S'tu l'dis !




Je ne me fis pas prier pour sortir. Seulement mon Maître tint la porte que je venais de rabattre derrière moi pour y laisser passer son museau : 







Hé. P'tit gar' ?







Oui Maître ?







Il parut hésiter un instant. B'nuit, r'pose toi b'in mon ga'çon.







Vous aussi Maître.



Si celle attribuée à Hoù Sennin était lourdement inspirée de la culture d'Héra (du moins ce qu'on en voyait à la télé-réalité), ma chambre 407, celle en bout de couloir, arborait fièrement l'allure d'une chambre de château-fort. Un grand lit à baldaquins au bois pourpre était adossé à un vitrail fabuleux représentant une scène étoilée. Par-delà l'œuvre de verre, s'étendait un balcon abrupte gardé par deux gargouilles assurant la sécurité de mon sommeil. Pour la première fois depuis presque trois mois, j'avais le luxe de dormir seule. Je m'offris même le luxe de me laver pour la troisième fois en vingt-quatre heure, mais demeurais habillée une fois à l'abri dans les draps en soie légère. Je crois qu'au fond de moi j'espérais la visite de quelqu'un, médusée. Sa race boulba. Décidément, c'était la soirée des fascinations.




D'abord il y eut un cri. Le plus terrible de tous. Puis, on hurla :



"AU MEURTRE ! AU MEURTRE !"







Le conditionnement de mon corps prit le relais d'un esprit que trop peu reposé. Mes jambes claudicantes dardaient hors de mes draps alors que déjà j'entendais la porte d'à côté littéralement exploser, mon Maître se hâtant vers la source des cris. En plein milieu d'une allée, un homme inconnu gisait en tenue de nuit, un collier de tâches violacées au cou ainsi que les yeux révulsés. Sa bouche était tordue dans une grimace atroce. Le malheureux s'était déboîté la mâchoire à force de crier. Mon Maître fit de son mieux pour empêcher les autres arrivants de constater la scène macabre. Quant à moi, je m'affaissait en tailleur aux côtés du pauvre bougre. J'étais bien assez grande pour savoir ce qu'était la mort. Mais jamais je ne l'avais aperçue. Jamais personne n'en avait parlé de la façon dont elle s'illustrait. Elle n'avait rien de terrible, de délétère. Mais rien de paisible non plus. Le pauvre type était simplement là. Y'avait pas d'étiquette qui annonçait son départ du camp des vivants. Il aurait pu très bien se relever et recommencer à rugir à l'aide. C'était rien qu'un gars, avachi, flasque. Comme un genre... de pantin désarticulé. Non il y avait autre chose. Son aspect famélique n'avait rien de naturel. 


"Mon dieu... C'est Date-San chérie, ne regarde pas !"



Cette fois là j'eus un haut-le-cœur que je ne pus réprimer. Mon Maître me prit par les épaules et m'adressa un sourire tendre mais concerné. Il ne dit aucun mot, aucun n'aurait suffit d'ailleurs à faire passer la pilule. Partout, les convives allaient de leur petit mot d'effroi ou de leur mimique enrageante. C'était les portes ouvertes à Actor's Studio. Je plongeai mon regard dans les yeux de mon Mentor pour m'ancrer. On avait prévu un vol pendant la cérémonie. Comment on avait pu ne pas penser que le vol se ferait à l'abri des regards ? Il y avait fatalement moins de monde à éliminer en cas de pépin... Maître Hoù se leva d'un bond et tona pour couvrir toutes les voix des flagorneurs éplorés :







'Pe'sonn' bouj'd'là ! J'm'en vais 'ppeler l'poliss ! Qu'ferm l'port ! L'tueur à p'têt pas eu l'temps d's'enfuir !
Il sortit mon pendentif de sa poche cardiaque et me le confia, puis il s'élança vers la réception, sautant d'étages en étages.



Un cri venant de l'aile opposée retentit :



"Au vol ! Au vol ! La merveille du Sigismund à été volée !"


J'eus un sourire mauvais. Finalement y'avait eu un vol. Et on avait rien fait. La suite fut plutôt confuse. Mon Maître fit se réunir tout le monde, invités et personnel dans la même pièce qui avait abrité la cérémonie la veille. J'avais suivi les moutons sans broncher, les idées dans le vague. Le commissaire-priseur, apparemment inquiet pour le patrimoine culturel interplanétaire avait fait amener les acquisitions récentes de ses clients dans la grande salle aussi. L'ermite de son côté avait demandé expressément à ce qu'une carte des lieux soit amenée ainsi que l'emploi du temps de tous les salariés. En principe, si tout se passait correctement les flics devaient entourer l'enceinte du Guernica une dizaine de minutes plus tard tout au plus.


Quelles têtes ils pouvaient bien afficher, ceux qui quelques auparavant encore célébraient à tue-tête leur mainmise sur le monde par la seule force de leur flouze ? Peu m'importait. Mes pensées n'étaient habitées que par la marionnette aux liens sectionnés. Je crus apercevoir mon enseignant prendre à parti le Comte. Le gros De Jong semblait penser que c'était le moment de rappeler à tout le monde les centaines de nuances de glaires que pouvaient générer sa grande bouche :


"Laissez moi sortir ! Je refuse de rester parmi une harde de faux-nantis et d'assassins !
Comte, si vous acceptez de suivre les ordres de cet illuminé, vous allez voir la couleur de mon équipe juridique ! "


" Oui ! Laissez-nous Sortir ! "


" C'est forcément l'un d'entre vous, les nouveaux-riches de Satan-City ! Croyez-vous que vos litanies salivaires sont passées inaperçues ? Tous ici savent qu'il n'y à bien que des jeunots pour privilégier de simples minéraux brillants alors que le vrai sujet de l'enchère était les trésors de la Guerre de 1017 ! "


" C'est vrai ça ! "


" Non, êtes-vous tous fous ?! Un tel crime ne peut rester impuni Messieurs ! "


" Et si c'était un vampire ?! Je l'ai vu moi, tel que je vous vois mes amis, ce malheureux Date ! Le cou érubescent, entièrement vidé ! Il aura certainement assisté au larcin vindicatif d'un membre de ce funeste lignage et l'aura payé de son sang ! "


" Mais non, il à été étranglé bougre d'âne ! "


" Calomnie ! Date-San n'aurait jamais été étranglé ! C'est un Vampire qui à fait le coup ! C'est une sangsue je vous le dit !"



Mus par une étrange réaction en chaîne, chacun y alla de son argument du ou des tueurs. Tant et si bien que la tentative de prise en charge de Hoù Sennin n'allait pas tenir bien longtemps si les choses allaient ainsi. 
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