Sujet: Soleil Ardent et Coeur de Fer [PV - Jade Highwind] Dim 21 Nov 2021 - 2:12
La chaleur brisait l’horizon en des volutes d’existence. Parsemées sur son champ de vision, les dunes sableuses prenaient l’allure de vague gigantesque, à la fois immobile et imperturbable. La course du temps interrompu et l’hululement du vent offraient un faux sentiment de sécurité. Petit à petit, de plus en plus loin, les tourbillons ambrés perdaient en intensité, jusqu’à disparaître dans le bleu océan du ciel infini. À quelque pas de là, une végétation maigre et chétive usait de toutes ses tours pour puiser la moindre goutte d’humidité face au soleil insoutenable. Alors, après le sable et les cactus, après les tourbillons et les dunes, il ne restait que le vide infini : des milliers de kilomètres, dans toutes les directions, sans un seul point de repère dans ce paysage désolé. Le monde vibrait sous la chaleur étouffante, la ligne d’horizon s’agitait tels des serpents dorés grouillant à la surface de ce monde. Axiomes et antithèses se confondaient pour former les plus grands dangers de ces steppes : les mirages ardents. Finalement, au loin, un unique volcan trônait sur le monde. Le roi de ces contrées ronronnait doucement, ses caprices rendaient toute existence à la fois chaotique, mais aussi luxuriante. Les passions abritées dans la roche millénaire s’élevaient en flèche dans le paysage, comme un marqueur inviolé dans une réalité perpétuellement bousculée. L’immuable désert était un piège pour les non-initiés, une parfaite représentation d’un sommeil éternel. Pourtant, tels les serpents et crocodiles, tout n’était qu’une question de moment. Un instant, l’éclat brillant du sable pouvait vous endormir, un autre, le roi de ses terres se mettait à gronder. En cet instant, il n’était alors plus question du silence divin ou des vagues pétrifiés. Le sol se mettait à vibrer, le sable devenait mouvant, la progression se réduisait à une lutte interminable contre la nature colérique d’une planète. Puis, au loin, la montagne souveraine rugissait. En un souffle, la tempête de sable se levait, le sol se fracturait, le ciel se noircissait de nuage noir. La pluie de suie entrait dans la danse tandis que des scories mortelles s’abattaient sur ceux piégés par les sables mouvants. En moins d’une heure, l’évènement était passé et son pouvoir destructeur avait balayé la moindre fourmi qui s’était crue capable de lutter face aux tueurs de dieux. Plongé au cœur de son esprit, Osiris repassait en boucle les milliers de documents enregistrés sur ces terribles évènements. Selon la saison, ceux-ci pouvaient arriver tous les jours. Actuellement, les éruptions étaient séparées de plusieurs mois. Cette période de sécheresse magmatique offrait à l’androïde une sécurité relative quant à sa mission.
Cela faisait six jours qu’Osiris marchait à travers l’insondable désert Métamol. Le hangar de la Stinger Industry où avait atterri sa capsule l’avait déposé non loin d’un petit village, Reteh Bal. De là, il avait fait route vers le nord, là où sa destination l’attendait, là où son avenir l’attendait. Il accompagna une caravane de Bédouin qui s’arrêterait à la grande cité de Métamol. Il aurait pu se dépêcher, diviser le temps de trajet par dix, mais il n’en avait aucune utilité. Il préféra faire face à la passion de cette planète, entendre son cœur battre, lui murmurer quelques-uns de ses secrets. Il découvrit les us et coutumes de ces habitants, il entendit parler de leurs histoires, du prophète qui était apparu et qui avait mystérieusement disparu. Certains juraient en son nom, d’autres avaient perdu espoir en son sentier doré. Peu importait le guide, ces hommes et ces femmes traçaient toujours leur chemin à travers la chaleur et les rivières de lave.
Le jour se leva sur le septième jour de leur voyage. Le robot avait observé les étoiles toute la nuit, étudié les constellations qui s’offraient à ses capteurs. Son esprit s’était tourné vers ces existences enregistrées dans sa mémoire holographique : Victor, Robert, Catleia et Gilean White, sans compter les données des précédents RA… Osiris demeura perplexe et n’espérait qu’une chose : trouver au bout de son chemin des réponses aux questions dont il ne savait même pas la teneur exacte. Enfin, quand les marchands avec lui finirent enfin de se préparer, leur route reprit de plus belle. La chaleur devint plus intense encore que les jours précédents. Recouvert d’une tenue spéciale, les humains avec lui semblaient lutter pour rester rebout face à cette marche forcée face à la nature sauvage. L’androïde, quant à lui, dut user de tous les moyens à sa disposition pour rafraîchir ses systèmes. Des ailettes d’acier rougeoyantes s’étaient ouverte et laissaient s’échapper un souffle dangereusement chaud. À la base de ses jambes, des entrées laissaient s’engouffrer l’air, filtrant sable et impuretés. Ce cycle ouvert consommait des quantités astronomiques d’énergie. Sans l’émeraude du chaos qui alimentait son système, aucune réserve d’énergie n’aurait pu maintenir ce terrible cycle. Certains systèmes au sein de son corps devaient tenir des températures proches du zéro absolu : le système utilisait toutes ses ressources pour accomplir cet objectif. Lorsqu’enfin la température diminua et que le soleil plongeait vers l’horizon, la ville de Métamol apparut devant eux. Une série de dômes d’énergie gigantesques et interconnectés protégeait la ville des effusions du volcan-roi. Les fondations tout entières étaient conçues sur de gigantesques ressorts de la taille d’un immeuble et supportaient les vibrations du sol. Après le passage de la Stinger Industry, cette ville avait grandement gagné en sécurité face aux catastrophes climatiques.
Osiris dit au revoir aux compagnons de route qui l’avait accompagné jusque-là : leur route se séparait désormais. Si ceux-ci s’arrêtaient ici puis retournaient à leur village, Osiris devait continuer plus au nord, jusqu’à l’immense statue de Stinger de Metamol. Avant de se lancer à l’assaut de ce défi, il s’accorda une soirée dans la capitale, le temps que ces systèmes auxiliaires refroidissent suffisamment pour affronter d’autres périlleuses journées.
Il resta un instant au sein d’un hôtel de seconde zone et paya avec les quelques zéines restant dans les comptes cachés des Stinger. Si leur fortune avait été entièrement répartie entre les plus grands acteurs financiers de cette galaxie, Sobek avait oublié un centième de pour cent de la fortune totale de Gilean White. Cela suffisait pour vivre une vie entière sans la moindre inquiétude. L’Android, ayant pris place dans une chambre, se connecta au réseau interplanétaire en un instant via sa connexion neuronale. Les yeux fermés, ses sens complètement stoppés, le monde brûlant de Métamol disparut face aux contrées gelées du virtuel.
Des milliers de murs se dressaient sur son chemin. Pourtant, pas un seul ne lui résistait : la glace cédait sans problème face au programme du robot. Sobek, le monstre qui avait détruit la flèche d’Argent, lui fournissait ses terribles pouvoirs en cet instant. Grâce à lui, une vaste toile interconnectée se dévoila, sans secrets ni détour. Il découvrit, via les flux des caméras de sécurités ou les smartphones des passants, les combats menés par des héros aux visages bien différents. Sur Kanasa, la terrible terre du grand Majin Vegeta, une femme au sabre d’énergie et un renard à l’écharpe cramoisi affrontaient fantômes et esprits. Sur terre, à la capitale, un magma et un terrien faisaient alliance face à un tyran et allait sauver une femme aux allures angéliques. Plus loin, dans le Palais de Dieu, le terrible Piccolo menait une terrible croisade. Sur Dozatz, une bande de mercenaires hétéroclite accomplissait une mission aux allures théâtrales. En chaque situation qu’Osiris détaillait, la mort allait frapper d’un instant à l’autre. Son esprit revint aux colliers créés sur Léto et destinés à priver de la galaxie des pouvoirs exceptionnels qu’elle abrite en son sein. Sans kamehameha, sans Gekiretsu ou autre Cannon Garrick, la paix serait-elle instaurée plus facilement ?
Finalement, le robot reprit sa route. Plusieurs heures étaient passées depuis qu’il s’était assis. Avec les données récupérées et après la longue marche qu’il avait menée, il s’était enfin mis à jour. Pourtant, avant de reprendre la route vers le nord, il lui restait un dernier arrêt à effectuer, sur une place bien connue de la capitale.
La nuit était tombée sur Métamol, d’immenses néons et autres hologrammes habillaient la ville de propositions marchandes ou de publicités en provenance de Dosatz. Les locaux voyaient souvent la capitale d’un mauvais œil, souvent jugé comme « trop lointaine des traditions ». Les rues se succédaient sans se ressembler. Certains quartiers cachaient des bars les rues se succédaient sans se ressembler. Certains quartiers cachaient des bars aux couleurs bariolés, d’autres restaient parfaitement silencieux en abritant des immeubles d’habitation. Finalement, après plusieurs minutes de marche, Osiris arriva enfin sur une place gigantesque. Parfaitement concentriques, des lumières se trouvaient aux abords et éclairaient la pièce centrale. Des centaines de badauds regardaient silencieusement la sculpture au centre, sans bouger. Malgré l’absence des moindres fonctions du corps humain, il ressentit un pincement au cœur. Plus loin, l’éternelle étreinte de Gilen et Kym White.
Il ne put bouger pendant un moment, contemplant au loin les silhouettes de marbre, leurs regards perdus, leurs passions encore parfaitement brillantes. Certains venaient ici pour célébrer leur amour, d’autres contemplaient la folie que le cœur pouvait entraîner. L’androïde souhaitait avancer, mais tout le retenait, comme si son existence même n’était pas faite pour venir ici. Finalement, un homme encapuchonné s’approcha de lui.
« Je savais que je te croiserais ici, Osiris. » Entama une voix douce, rassurante.
Le robot scanna immédiatement son interlocuteur avant de faire un pas en arrière. Ses pouvoirs à travers l’épice n’avaient pas prédit ce moment, son centre de décision se court-circuita un instant avant de redémarrer. Il mena un nouveau scan, encore un autre.
« Je sais que tu te poses bien des questions. Pourtant, je n’ai aucune réponse à t’apporter. Ou plutôt : les réponses que je t’apporterais ne feraient qu’augmenter ta confusion »
Osiris mena un dernier scan, puis entra automatiquement dans un mode qu’il ne pensait jamais activer. Ses sous-routines se lancèrent, il ploya le genou.
« Maître Gilean White, je suis à votre service » se lança sans hésitation l’androïde.
Gilean se mit à rire doucement. Autour de lui, la foule ne le remarquait pas, un silence éthéré avait pris place. Tous restaient tournés vers la statue de Kym ou Gilean avait disparu.
« Mon cher RA, je n’ai pas la capacité de répondre à tes attentes, je le crains. Je suis en un lieu hors de l’espace et du temps, loin de la vie ou de la mort. Je ne suis ici que pour une seule chose, un seul message que je souhaite te faire passer. »
Le dernier des Whites laissa le silence s’installer. Malgré le capuchon qui recouvrait son visage, sa carrure restait parfaitement discernable. Quand enfin il reprit, il fixa Osiris :
« Prends soin de ma mère, veux-tu ? Notre famille lui a fait vivre de terribles épreuves sans jamais regarder les dommages collatéraux. Il est temps que la dernière de nos créations en tant que White soit à son service. »
Puis, sans un mot, le Boss se débarrassa de sa couverture pour révéler l’iconique costume blanc qu’il portait aux évènements publics. Une courte queue de cheval venait serrer son visage doux tandis que sa carrure impressionnante cachait un cœur tordu par une passion inextinguible. Ses pas le menèrent lentement à la statue ou Kym se trouvait immobile. Sur son passage, les Métamols lui faisaient place. Pas un seul mot n’était prononcé, plus un seul bruit de voiture ou d’activité humaine n’était perceptible. Petit à petit, il se rapprocha d’elle, le torrent de flamme qui avait détruit tout sur son passage. Au sein de son esprit toujours brisé, au sein de son cœur toujours enflammé, il regardait avec affection la Moojuu. Malgré son passé, malgré les terribles évènements qui avaient amené leur monde à imploser, Gilean arborait une pureté splendide sur son visage. Quand finalement il se trouva à la hauteur de sa bien-aimée, il attrapa son menton de pierre, lui sourit doucement. Une larme coula sur sa joue, puis une autre. Pas un sanglot, toujours aucun son. Il tomba, son visage s’obscurcit. Il se rapprocha, à genou, et gardait toujours contact avec elle. Petit à petit, leur monde rapetissait une nouvelle fois. Une fois de plus, l’un des deux amants était sorti de sa forme immuable pour accomplir une action précise, avant de retourner au seul point fixe dans leurs vies torturées. En un clignement d’yeux, la forme de Gilean redevint celle d’une statue de marbre, et les amants furent à nouveau réunis. Immédiatement, la foule reprit la parole, doucement, comme parfaitement ignorante du miracle qui venait de se produire. Osiris, quant à lui, se remit en marche, son esprit touché en plein cœur.
Le lendemain, tandis que le soleil reprit place dans le ciel, l’androïde reprit sa route.
Trois jours passèrent, trois jours de marche sous les chaleurs insoutenable.
Finalement, au loin, la statue dorée de Robert White lui fit face, non loin d’un village et de son dôme.
Au pied de la statue, une silhouette l’attendait, il en était sur. Il était temps de répondre au dernier ordre de Gilean Higginbotham. Il était temps de servir la dernière des Stinger.
Soleil Ardent et Coeur de Fer [PV - Jade Highwind]