Age : 27 Date d'inscription : 30/01/2018 Nombre de messages : 231Bon ou mauvais ? : Je défendrais ceux qui en ont besoin. Zénies : 1600 Rang : -
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Sujet: "Métamorphose." [PV] Lun 21 Juin 2021 - 20:45
Cabba regarda au loin devant lui, admirant la Terre s’étirer en dessous de la Tour Karine. Ses paupières se fermèrent et il se concentra sur l’énergie qui s’écoulait dans ses veines, la sentant circuler de son cœur jusqu’à ses extrémités, dans chacun de ses muscles. Il prit de profondes respirations, inspirant par les narines et respirant par la bouche, retenant chacune d’elle jusqu'à ce qu'il puisse sentir ses poumons protester sous le manque d’air. Il ouvrit les yeux au bout de quelques minutes et après seulement une seconde d'hésitation, il se laissa tomber par-dessus bord, la tête la première vers le bas.
Il ne chercha pas à ralentir sa précipitation, appréciant la sensation vertigineuse mais enivrante que sa chute libre lui procurait. La distance qui le séparait de la surface était mortelle pour n’importe quel être humain et il ne put s’empêcher de repenser à la centaine de mètres que Garou avait parcouru avant que tout son corps ne s’écrabouille en une masse informe contre ce qui restait de la capitale. Une partie de lui espérait qu’il ait rendu son dernier souffle avant de connaitre une douleur aussi insoutenable, une autre savait que cela avait été suffisant pour rendre au chasseur de héros toutes les souffrances que ce dernier avait cherché à lui causer.
Leur face-à-face s’était terminé dans le sang sans que rien n’en ressorte hormis des os brisés, des muscles déchirés et une rancœur plus profonde encore. Malheureusement, cet affrontement n’avait fait que confirmer ce que Cabba savait déjà : Garou était un être qui avait abandonné sa dignité et les criminels de son espèce se devaient d’être neutralisés sans aucune forme d’indulgence. Il avait même avoué qu’il avait profité de l’emprise maléfique qui avait été placée sur son esprit pour parvenir à ses fins, causant un véritable incident diplomatique à son insu sans se soucier des conséquences de ses actes. Pire encore : il avait profité de son égarement pour tenter de lui faire croire qu’il avait une part de responsabilité dans ce qui avait causé l’invasion de l’univers 7 par le dieu-empereur Auros et son armée. Sous les coups du terroriste, les restes de sa candeur avaient été anéantis et la violence avait été sa seule forme de résistance envers la cruauté de ce monde. En ce jour, il avait passé la frontière de l’impossibilité morale sans la moindre hésitation, le sang qui maculait sa lame et son armure comme une encre indélébile en était le témoignage.
Curieusement, même si l’acte de tuer était quelque chose qui l’écœurait, il n’éprouvait aucun remord à l’avoir fait. Les hommes qui étaient tombés par sa faute ne se relèveront pas. Il ne pouvait rien faire et n’avait plus la force de s’embarrasser avec des impossibilités. Il ne parvenait même plus à les dénombrer. Mais contrairement à Garou qui avait rejeté sa faute sur une quelconque influence démoniaque, il était resté le seul maitre de ses décisions, qu’elles aient été prises sous le coup du désespoir, de la colère ou même de la peur.
A la dernière seconde, Cabba reprit le contrôle de son envolée pour ne pas toucher terre. Il avait des choses à faire et des endroits où aller, même s’il ne savait ni où se rendre, même s’il n’avait ni le cœur ni la possibilité de faire face à sa destinée, même si les chances qu’il puisse retrouver une vie normale se faisaient de plus en plus nulles à mesure que les jours passaient. Quoiqu’il cherche à faire, les évènements allaient s’enchainer et le monde continuera de tourner, qu’il soit préparé ou non. Il devait continuer à avancer, peu importe les conséquences.
Sa course se fit plus rapide alors qu'il se dérobait parmi les nuages, tout en s’efforçant de garder sa tête claire des pensées intrusives qui n’avaient de cesse de revenir assiéger les derniers bastions de sa conscience. Pourquoi ressentait-il cette peur chaque fois qu’il survolait ces environnements lointains mais familiers ? Cela faisait quelques temps déjà qu’il se sentait observé depuis l’intérieur de son esprit, comme une insinuation malveillante qui teintait sa perception des choses et à voir les choses sous un prisme mélancolique. Quelque chose qu’il ne parvenait pas à identifier. Ou alors il n’en était pas encore capable. Qu’avait-il à perdre en écoutant son for intérieur, que cela le mène ou non vers la bonne destination ?
Rien. Ou presque.
Le monde barbare dans lequel il avait été précipité le mènerait tôt ou tard à une fin tragique. Il ne pouvait pas espérer davantage, il désirait seulement comprendre ce qui l’avait amené là. Des réponses. Des questions. Des questions à ses réponses. C’était tout ce qu’il était venu chercher et il se pourrait bien qu’il ne puisse jamais repartir. Pas tant qu'il n'aurait pas retrouvé celui par qui tout avait commencé.
Involontairement, il frissonna alors que ————————. Où se trouvait-il maintenant, depuis ———————— ? Il s’arrêta ———— avant de ———— ——————— : il ne s’était jamais senti plus ————— et il pourrait l’accepter si ———————————.
Cabba sentit ——————————— à ses côtés, comme si ———————————— le cœur qui s’était mis à battre à toute allure dans sa poitrine. ———————————— se posa sur son épaule, mais ———————————————————— épée —————————————————————— dans son dos ——————— ————————. Il ne s’était pas senti ————— depuis ———————————. ————————————. Il haleta de surprise, mais ———————————— résista, l’incrédulité réprima son ——————— mais ce n’était pas désagréable, comme si ———————————————— l’appelait depuis —————————— de sa conscience. ——————————, ——————————.
Comment était-ce possible ? Vegeta ————————, il était mort, il avait senti ——— son ki ————— lentement, de plus en plus faible, de plus en plus lointain jusqu’à ce que —————————— dans une sorte de ————————————— ———— ———— ——————— —————— —————— ————— ——— ————————. ——————————— ——————————————— un tressaillement ——— ———————— ——————————— ———————— —————————————————— ——— ———————— —————————— ——————————————— ———————— ——————— ———————— ———————————— ——————— ————— ————————————— ——————————————————————— —————————— ——————————.
——————————— ——————————————— ——— ———————— ——————————— ———————— —————————————————— ——— ———————— ————————————————————————— ———————— ————— ——————— ——————— —————. —————— Scalio ——————— —————. ———————————— ——————— ————————————— ————— —————————. ————— du sang partout ——— sa main ————— sur son torse —————— ———————— —————————————————— ——— ———————— en colère —————————— ——————————————— l'intensité dans son regard ———— dans le sien ———————— ———————————— déchiré ——————— ——— ————————— ———————— ————— ———————— si désespéré —————— ——————————— ——— ———————————— ———————————————————————————— ——————————— ———— ——————————— —————————— ———————————————— ———————————————————— ——————————————————— ————————————— —————————— ———————————————————————————————————— ———————————————— ——————————— ——————————— ————————————————— ————— ————————.
Après ce qui lui sembla être une éternité, il put enfin se retourner.
Chroma
Ange
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Sujet: Phase I - Liaison Mer 23 Juin 2021 - 11:03
Lorsqu'un Australopithèque prépare à défendre chèrement sa peau à l'approche d'un Dent-de-sabres que seule sa chair de poule à détectée on ne sait comment...
Lorsque le fils d'un jarl est douillet dans son lit et qu'il ressent l'urgence irrépressible d'escamoter ses pieds sous sa couverture en cuir de caprin parce qu'il sait qu'il y à quelqu'un, juste en dessous...
Lorsqu'une femme marche tranquillement dans la rue et qu'elle doit subitement se retourner, convaincue qu'on l'épie, car sa nuque fourmillante lui à ordonnée...
Lorsqu'un Namek a l'esprit embrumé par les affres de son âge avancé et que, soudain, il est frappé d'un éclair de lucidité et à l'occasion de parler comme au bon vieux temps avec les siens, car on lui à soufflé que la fin était proche...
Lorsqu'un Saiyen en quête de réponses s'égare en forêt, intimidé par une présence dont il n'est même pas sûr de l'existence...
En tout lieu, en tout âge, l'univers leur envoyait un message ;
Le plus primitif de tous, celui à l'origine évolutive même de la communication ;
" A l'aide "
Spoiler:
Cabba l'avait vu, juste du coin de l'œil. Il avait aperçu l'éternité. Et de ce fait il avait été convié. A présent il était à proprement parler nul part. Se tenant au beau milieu d'un maelström de couleurs vacillantes. Peu importe où il était, le lieu semblait communier avec les sensations du Saiyen de l'univers 6. S'il essayait de voir, il pouvait ressentir les formes. Tenter d'écouter lui ferait parvenir les couleurs. Sa bouche baignait dans les arômes tant nombreux qu'étonnant des sons, ceux des nuances vrombissantes. Chacune avait d'ailleurs sa propre individualité. Le rouge piquant, le bleu spongieux, le vert soyeux, le marron abrasif, le rose duveteux, le jaune lisse, le cyan électrisant...
Puis, le mouvement alentit. L'encre se répandait, chaque couleur filant vers sa place respective. Les échos se muaient avec les ressentis. Le cœur venait amoindrir la perte de l'encéphale. Le buvard rutilant d'idées se déversa contre la page blanchie. Un lieu lointain. Fort lointain. Une grande maison, où vivaient des gens puissants. A quoi pouvait-elle ressembler ? De quoi les pièces étaient-elle remplies ? Quels genre de papillons vous prenait au ventre quand vous y reveniez ? Quelle était l'odeur qui vous prenait aux narines à l'instant où vous franchissiez le palier ?
Et puis, devant lui, un homme. A la tignasse imposante, le menton imberbe couverts de plaies. Qu'est-ce qu'il évoque ? Est-ce un ami ?
"C'est moi, putain"
Spoiler:
"Pour une fois, on à tout le temps qu'on veux. Personne pour nous saouler avec ses conneries de jeu de la mort. "
"Alors, Capitaine ? Comment va ?"
Cabba
Saiyan
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Sujet: Re: "Métamorphose." [PV] Mer 23 Juin 2021 - 21:45
——————— ————— ——— ————— ————— —————————————— ——————— ————— ——— ————— ————— —————————————— ————— ——————————————— ——————————— ————————— ————————————— ———————————————————— ——————————— ——————————————— ——————— ———————————— ——— ————— ————— —————————————— ———————— ———————————— ——————————— ————————— ————————————— ———————————— éternité ———— ———————— ————— —————— ——— ——————————— ————— ————— —— la noirceur ———————— qui l’environnait ———————— ——— ———————— —————— ———————— ————— —— un drôle de sentiment ————————— au fond du ventre ————— ————— ——— ————— qui se transforma ————— une vision cauchemardesque. ———— qu’il ne pouvait plus respirer, qu’il n’entendait plus rien, qu’il ne voyait plus rien et que son cerveau ne fonctionnait pas plus qu’un caillou. Soudainement, la mort ne lui sembla pas plus redoutable que l’égarement indescriptible qu’il venait de subir d’une seconde à l’autre.
L’absence de l’espace. L’absence du temps. L’absence de tout.
Et puis, en dehors de toute perception temporelle, quelque chose se dessina peu à peu. Dans ces ténèbres plus que noires où il se trouvait, un début de lueur apparut à portée de ses mains. Un sentiment de quiétude et d’immunité s’imposa à son esprit pétrifié par la panique. Après les épreuves douloureuses qu’il avait endurées, il se laissa glisser vers l’apaisement invraisemblable qui lui était proposé, plus généreux et altruiste que jamais au cours de son existence. Les déesses mères de Sadala avaient-elles eu pitié de lui ? Venait-il enfin de se réveiller de ce cauchemar interminable ? Ou était-il encore entrain de rêver, à jamais coincé dans le Néant ? Pendant un moment, il pensa que tout ceci était enfin terminé et il se laissa délicieusement happer par son aura grandissante.
Tout autour de lui n’était que lumière, douce et chaleureuse. D’abord dénué de sons, ce nouveau monde s’anima d’une cadence régulière, comme le ferait un ensemble de percussions dansantes. Comme les battements sourds, ouatés et familiers d’une cérémonie profane. Cela lui évoqua les célébrations données à la gloire des légendes de son peuple et son cœur se mit à battre à l’unisson de tous ces souvenirs nostalgiques qu’il aurait voulu contempler éternellement.
Mais toute chose se consumait et ne pouvait durer éternellement.
Il ressentit soudainement un sentiment d’urgence, et une pression inouïe comprima ses muscles et ses os de toutes parts. Une présence qui n’était pas la sienne se referma sur lui, implacable, usant d’une force au-delà de toute résistance. Il se démena mais la douleur le terrassa aussitôt.
"A l'aide !"
Quelqu’un appelait au secours, au-delà de la distorsion de la réalité, mais il ne sut s’il s’agissait de lui ou d’une autre personne perdue à travers l’espace-temps. Il eut la sensation immonde de sentir son corps tout entier s’étirer, se déformer, s’allonger, jusqu’à ne faire qu’un avec la matière noire de l’univers.
"A l'aide !"
Puis il retomba sur ses pieds, dans une dimension où rien ne semblait allait comme il le faudrait. Tout était flou. Son cœur se mit à entendre, sa bouche se mit à sentir, ses paupières s’ouvrirent sur d’étranges sensations, ses doigts virent bien plus loin que tout ce qu’il pouvait voir. Une fois encore, il eut cette désagréable impression de ne plus être dans son corps, de ne plus être là.
Des images s’imposèrent à lui, une succession d’innombrables visions en mouvement qui allaient en s’accélérant. Des visages de très près, inconnus ou familiers. Puis de l’enthousiasme, de la frustration, de l’incompréhension, de la colère, de la fragilité. Des images d’apprentissage aussi. De la marche, de la parole, du danger et des autres. Apprentissage de son corps et de son potentiel, des coups, de la joie, des blessures, de la peur et du courage. Apprentissage des traditions, des légendes, des us et des coutumes, des lois, du respect de la nature et des êtres vivants. L’apprentissage de la vie. Une initiation pour affronter la cruauté du monde. Ces visions se succédèrent jusqu’à ralentir, se figeant en un panorama surprenant situé plusieurs milliers d’années-lumière d’où il était censé se trouver…
Sa respiration resta coincée dans sa gorge sous le coup de l’émotion : il se trouvait au cœur du royaume, au milieu de l’avenue centrale menant au palais de Sadala.
Une multitude de pierres bariolées pavait le sol sous ses pieds, guidant ses pas indécis et son cœur palpitant vers l’édifice le plus important de la cité souveraine. Des senteurs parfumées, des éclats de rire et des chants, des discussions dans autant de langues que de doigts sur ses mains, des entrechocs de poings ou d’armes, une palette de couleurs unique du ciel jusqu’à la terre sablonneuse qui accueillait des vestiges d’architecture mêlant le moderne et l’ancestral. Des tours vertigineuses se tordant sur elles-mêmes jusqu’à atteindre la voûte céleste, chacune variant en hauteur et en largeur, surplombant un grand lac aux contours modelés. Des fresques en verre poli, représentant des figures célèbres des légendes sadaliennes, se reflétaient sur la lumière du soleil, leurs couleurs scintillantes comme une kaléidoscope étourdissant. Les murs du palais possédaient la même apparence, de la couleur tantôt mate tantôt iridescente des piliers jusqu’au travail des briques à la base de chaque monument, chaque pièce, chaque couloir.
Alors que traverser ces environnements familiers obligeait sa lucidité et convoquait sa vigilance, le décor se dédoubla pour s’imbriquer dans un tout autre lieu. Le bruit de ses pas se fit ténu tandis qu’il pénétrait à l’intérieur de l’un des panthéons construits à la gloire de Soli, la déesse-mère du soleil qui emplissait de bonté et de sagesse le cœur de ses descendants, et de Leto, la déesse-mère de la lune qui apportait courage et justice dans leur esprit. Leurs statues, érigées fièrement à des mètres au-dessus de sa tête, dégageaient une force, une solidité et une impénétrabilité qui l’avaient inspiré et guidé durant toute sa carrière dans l’armée de Sadala. Il se sentait si minuscule et si faible sous la noblesse et la sérénité de leurs regards, lui qui avait fini par s’abandonner au doute et à la rancœur face aux tribulations qui lui avaient été imposées. Ses prières intérieures n’avaient pas été entendues car dans sa conduite éperdue, il ne s’était pas révélé digne de leur bénédiction.
Le cœur lourd, il se détourna pour manquer de tituber contre l’interminable étoffe de velours écarlate qui se déroulait jusqu’aussi loin que son regard pouvait aller. Il sentit une déferlante de panique submerger sa raison en réalisant qu’il se situait désormais au cœur du palais royal, à trois pas de la salle du trône.
Il remonta les rangées de soldats alignés le long du couloir qui partait des gigantesques doubles portes de l’entrée jusqu’à sa pièce la plus importante. Deux gardes se tenaient devant ces portes, les bras croisés sur leur torse, des dagues dans leurs mains et la tête couverte de majestueux casques attiques. Chacun d’entre eux étaient vêtus d’une armure blanche et dorée celle dont tous les novices de l’armée désiraient avoir l’honneur de se parer un jour, des épées attachées à leur ceinturon ou des lances ornées dans leur dos. La garde royale, la première et dernière ligne de défense de la famille royale, constituée des meilleurs combattants que la planète avait à offrir, semblait comme figée dans une attente silencieuse de sa venue.
Pas une seule personne ne vint l’arrêter alors qu’il franchissait les marches qui menaient au trône, pas même la peur de revivre le traumatisme qu’il pensait responsable de la perte de sa mémoire, pas même le déshonneur de voir la déception dans le regard de son souverain. Pas un seul bruit ne vint troubler cet instant.
Curieusement, l’endroit pourtant si riche et si animé d’ordinaire était vide de toute présence, comme suspendu dans le temps. Les frontières semblaient se morceler délicatement en milliers de fragments, chacun reflétant des souvenirs qu’il reconnaissait à peine et qu’il ne parvenait pas à bien situer dans sa vie de jeune adulte. Peut-être qu’ils n’étaient pas les siens. Peut-être qu’ils l’étaient et qu’il ne tenait qu’à lui de les saisir et de les remettre à leur place dans sa mémoire.
Seulement, tout ceci n’était qu’un énième mensonge.
Tout comme l’homme qui se tenait assis sur le trône, le visage fatigué, les bras couverts d’éraflures et l’uniforme à moitié déchiré comme s’il venait de se prendre un coup en travers de la poitrine. Il ne pouvait pas se trouver ici. Il ne pouvait pas avoir survécu. Et pourtant, il se débrouillait pour revenir dans ses pensées les plus intimes, dès lors que ses contemplations les plus morbides étaient préférables à une vie de souffrance insensée.
Mais qui était-il ? Un ennemi ? Un ami ?
"C'est moi, putain."
Cabba resta indifférent, regardant loin à travers lui comme s’il n’était pas là. Dans son dos, l’épée dimensionnelle pesait si lourd qu’il pourrait bien ne pas tarder à s’enfoncer avec elle dans le sol. A chaque fois qu’il la dégainait, elle semblait attirer certains phénomènes au-delà de tout entendement. La perte de sa santé mentale. Des souvenirs qu’il ne s’attribuait pas. Des hallucinations persistantes. Le seul espoir à portée de main avant d’espérer trouver une fin à tout cela.
L’anneau divin à sa main gauche, lui, était resté froid comme du marbre.
"Vous n’êtes pas réel."
Scalio se redressa alors. La chaleur accueillante et majestueuse du palais se fit aussi froide qu’un soir de tempête, tandis que le décor autour de lui était devenu une sorte de taudis humide et sombre, seulement éclairé à l’intérieur par la lueur des torches.
"Pour une fois, on a tout le temps qu'on veut."
Aussitôt, les sens de Cabba furent atteints par un ensemble d’odeurs, de bruits et d’émotions à la fois familiers et complètement inconnus. Une chose était certaine. Il s’était déjà rendu dans cet endroit. Il avait déjà eu une discussion avec cet homme.
"Vous… Vous n’existez pas."
Mais que s’était-il passé depuis ? Pourquoi avait-il changé ? Pourquoi s’était-il laissé briser de la sorte ? Pourquoi avait-il été amené à commettre de tels actes, loin de sa patrie, loin des siens et de tout ce qu’il connaissait ?
"Personne pour nous saouler avec ses conneries de jeu de la mort."
Le regard de Scalio semblait rechercher son écoute, sa compassion. Mais le cœur meurtri et apathique de Cabba resta désespérément sourd. Pourtant, une étincelle persistait à brûler vaillamment, étouffée sous la cendre froide de sa consternation.
"Alors, Capitaine ? Comment on va ?"
Son intonation était tout à fait la même que dans ses songes. Un peu bourrue, mais attentionnée. Sincère. Amicale.
"Je n’ai rien à vous dire."
Il était impossible de ne pas voir la tristesse derrière la lassitude dans le fond de ses prunelles, celle qui était survenue après qu’il se soit démené de toutes ses forces, après avoir tout tenté, après avoir tant donné de lui qu’il ne restait plus rien à donner, après s’être heurté à tant de mensonges que la vérité n’a même plus d’importance.
"Vous avez trahi la confiance de notre peuple et de notre souverain."
Il ne voulait pas avoir cette discussion, même avec une illusion aussi convaincante. Pourtant, c’était tout ce qu’il lui fallait pour pouvoir tourner la page.
"Vous avez trahi ma confiance."
Mais une histoire comme la sienne ne pouvait pas avoir de bonne fin. Il le savait depuis le début.
Chroma
Ange
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Sujet: Phase 2 - Sarments Jeu 24 Juin 2021 - 3:02
La grenouille au fond du puits ne connaissait pas l'océan, mais elle était heureuse. C'est parce que l'océan ne l'intéressait pas.
La grenouille au fond du puits ne connaissait pas l'océan, mais elle était heureuse. Parce que ce qu'il se passait hors du puits ne la concernait pas.
Et toi aussi, comme elle, tu étais heureux. Parce que tu n'avais pas la moindre idée ce qu'il se passait en dehors du puits.
"Vous... Vous n'existez pas."
Le rejet.
Cette personne était censée être chère à son cœur.
Le Caporal de la SPD arborait son rictus chaleureux habituel. La moue du je-m'en-foutiste qui taira à jamais ô combien il se préoccupe des siens. L'affirmation acerbe ne paraissait pas avoir atteint ses oreilles. Au contraire, il l'invitait d'une main tendue à la rejoindre plus loin dans la salle forte.
"Je n’ai rien à vous dire."
Ce monde, ses habitants font partie de ça. La psyché faite chair, la chair faite cosmos. Rejeter l'une de ses composantes revient à blesser ça.
Spoiler:
Les remparts du sérail de Sadala remuèrent comme si un galet jeté avait troublée sa réflexion sur le lit tranquille d'une mare. Une odeur de charogne, de tissus corporels carbonisés vint troubler le bal des senteurs mémorielle. Du pavage de pierres bariolées aux meurtrières élancées, tout le château se tordait, s'allongeait, s'éloignait encore et encore. Cabba et son compagnon trônaient sur un océan de blanc ineffable, insensibles à la disparition littérale du décor. La citadelle était partie se dresser haut dans les nuées, clouée contre la voûte céleste à la manière d'un poster froissé.
"Vous avez trahi la confiance de notre peuple et de notre souverain."
La résonance ne peut avoir lieu que si le cœur du pèlerin l'accepte.
Une émotion, un souci étranger. Pourquoi faire sienne la souffrance d'autrui ?
L'unique réaction de Scalio fut de chasser une colonie fantasmée d'insectes qui avaient semblait-il envahis sa crinière de jais. Sa bouche se bistournait entre l'indisposition et le rire, ainsi qu'il le faisait toujours lorsque la situation lui échappait. C'était presque la seule corde attachée à son arc en présence d'une petite femme au lourd héritage ancestral et pourtant abominablement naïve. Le bas des commissures de ses lèvres mal entretenues vacillaient comiquement alors que ses yeux paraissaient jaillir de leurs orbites. Oui, c'était cette tête là.
"Vous avez trahi ma confiance."
Sa confiante à été trahie par... Non. Il à trahi sa confiance.
La résonance ne peut avoir lieu que si le cœur du pèlerin l'accepte.
Les murmures de l'averse se manifestèrent. L'océan immaculé se désorganisait en kyrielles de gouttes de blanches qui fusaient vers le ciel couronné. Chaque gouttelette abandonnant derrière son sillage éthéré le fragment d'un décor qui n'était pas là la seconde d'avant.
L'âme est une remise, un grenier.
La chaire et le sang sont les témoins des offenses matérielles.
Mais invisibles demeurent les balafres spirituelles. Ainsi se pourvoit le grenier.
A quoi ressemblerait-il, si c'était le tien qu'on ouvrait ?
L'accalmie ne se fit atteindre. Cabba était désormais pleinement en mesure d'admirer le monde après le déluge. La dérobade de la bruine n'avait laissé qu'un lopin de terre brandillant au gré des embruns d'une eau cristalline et généreuse en faune indolente. Sur cet îlot se tenait fièrement une petite isba à l'architecture improbable, métissage hasardeux entre une bâtisse de Sadala et une cabine de pêcheur Terrienne. Le bois et le torchis calcifié se mêlaient de part et d'autre, offrant à la hutte une allure de patchwork insolite. Dénuée de porte d'entrée, l'intérieur modeste invitait les regards à constater ses possessions hospitalière. A côté de l'entrée d''abord, un sceau rutilant contenant une vieille épée-à-pêche. Puis au fond à droite, un cadre de lit qui resterais solitaire, sculpté dans du bois de Pampactus d'Eden XI, recouvert d'un édredon constitué d'un tas de paille. Juste à côté, un pupitre accueillant avec peine trois tasses débordantes de chocolat chauds fleuris toutes fleuries d'une tranche de carambole dorée. Et enfin mais surtout, un banc façonné de marbre anthracite sur lequel se tenait un vieil ami avec qui déguster une bonne boisson et s'égarer dans les discussions du bon temps d'avant.
Sur le flanc de l'île, cahoté par la marée haute, un bivouac à la flamme tenace brûle chaleureusement en souvenir d'un temps passé à s'entraîner pour quérir Zarama. A côté de celui-ci, une nappe de pic-nic était dressée, ne présentant qu'un panier de victuailles vides et un carnet de dessins laissé ouvert. Ce petit coin de détente était gardé d'un arbre unique et majestueux, aux feuilles évasées et verdoyantes, dont les fruits opulents étaient de gros choux denses.
Elle aurait pu être si charmante cette petite île isolée, ce petit paradis personnel, si elle n'était pas au beau milieu de l'enfer. Au large de l'océan minéral, le fil d'une lame exagérément titanesque s'élevait d'un profil implacable. Sa longue garde chryséléphantine sertie d'un rubis taillé en marquise s'élevait jusqu'aux ultimes frontières des neufs ciels, troués d'une cavité immense, comme si la lune avait été la seule faille du cocon céleste. De cette déchirure béante, une silhouette inquiétante à la toison vermeil laissait pendre ses infâmes doigts crochus au travers, comme s'ils essayaient de s'emparer de quelque chose en contre-bas, mais que quelque chose les maintenaient encore et toujours suffisamment éloignés. De ses affreuses serres pourpres s'échappaient un torrent cylindrique de nuages rouges épais, bardés de chaînes qui cerclaient le monde de part en part. C'était dans cet abîme dément que tenait le maigre monde de l'îlot paisible de Cabba.
Spoiler:
A l'endroit où la vorpale diabolique fendait l'océan, une masse informe putride jaillissait continuellement, s'écrasant inlassablement contre le tranchant de l'acier pour gicler à nouveau. C'était l'ichor. Le sang de la mer. Ce tumulus à ciel ouvert, ce charnier purulent, cette marée de cadavres était composée de visages familiers.
Pour conclure le tableau, des monticules de sels dotés de pattes rampaient à la surface, ballottés sans considération par des vagues vengeresses. Ces homonculus tentaient tant bien que mal d'arriver sur la terre ferme. Là-bas ils pourraient faire briller les cristaux diaphanes et les moments capturés à l'intérieur. Seulement, la mer paraissait agitée, bien trop agitée.
"J'ai besoin que tu te concentres, Capitaine"
Le dénommé Scalio engloutissait sa choppe de chocolat-chaud, l'ornement fruité s'écrasant contre sa volonté sur son uniforme chéri. Il était toujours aussi maladroit celui-là ! Il laissa échapper son rire renfrogné caractéristique en le balayant de sa bottine afin de dissimuler le cache-misère. Si son comportement était innocent, coutumier, son regard pénétrait celui de Cabba comme deux pics à glaces affutés. Pas si affutés que ça, parce qu'ils tremblaient, perdaient de leur intensité, se voilaient. Comme si ils ne savaient plus vers quoi regarder.
"On est paumés comme des cons. Des gros, gros cons. Je veux bien répondre à tes questions, si tu acceptes de t'asseoir à côté de moi et de passer un p'tit moment tranquille."
Spoiler:
"Il faut que tu te calmes. Tu n'arrives même pas à te souvenir d'à quoi ressemble ma vieille tronche ! Ca va aller. Ils peuvent pas nous faire chier ici."
Dernière édition par Chroma le Sam 26 Juin 2021 - 11:44, édité 1 fois
Cabba
Saiyan
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Sujet: Re: "Métamorphose." [PV] Sam 26 Juin 2021 - 2:00
Cabba n’osait pas bouger.
D’une seconde à l’autre, la lueur palpitante des torches qui éclairait l’intérieur de la cabane avait laissé place à une clarté lumineuse et infinie. Il eut beau fouiller du regard les moindres recoins de la dimension transitoire, elle était désespérément vide de toute présence, de tout observateur. Seules des milliers de bribes remontaient du bas vers le haut en un écho cristallin, dissipant l’obscurité du taudis dans lequel ils se faisaient face. Il ferma les yeux pour calmer la respiration qui s’engouait dans ses poumons, espérant secrètement que lorsqu’il les rouvrira, il sera enfin rentré à la maison. Seulement, la réalité ne s’accordait pas aussi facilement avec son fantasme. Sinon, il y aurait bien longtemps qu’il serait retourné sur Sadala et qu’il aurait repris sa routine ardue mais ô combien épanouissante de défenseur d’élite.
Lorsque ses paupières se rouvrirent, son environnement avait complètement changé. Son regard fut d’abord attiré par des reflets mordorés qui miroitaient depuis le sol : plusieurs fragments, de formes et d’épaisseurs diverses et variées, lui renvoyaient mille éclats et autant de souvenirs inaccessibles. Des nuages sombres décrivaient des circonvolutions sanguinolentes dans un ciel écarlate, laissant apparaitre une silhouette menaçante dont le visage était comme embrumé dans une nuit éternelle et les mains crochues comme à quelques mètres de pouvoir le saisir sans jamais pouvoir l’atteindre.
Il resta longtemps devant l’épée gigantesque qui se tenait en leur sein, sans faire le moindre geste. La lame resplendissante disparaissait à mi-course dans la profondeur du lac qui s’étendait à ses pieds, sa surface perturbée par des remous aussi agités que l’intérieur de son âme. L’énergie qu’elle émanait était néfaste, pourtant son être ne se sentit pas autant repoussé par cette manifestation du mal qu’il aurait dû. Sa garde était surmontée d’un magnifique rubis, comme l’avènement d’un astre maudit sur un fond d’espoir, comparable à celui qui ornait le pommeau de sa propre lame. "Est-ce que tout cela doit me rappeler quelque chose ?" se demanda-t-il, toujours convaincu que sa santé mentale avait bien trop dégénéré pour tenter un retour salutaire. Mais même dans ces instants où sa conscience semblait vaciller, son attention était retenue par les sensations qu’il éprouvait, plus vraisemblables que dans ses rêves les plus lucides.
Le contour du rivage le mena à une charmante petite île sur laquelle une humble bicoque avait été bâtie, sa structure était un mélange insolite entre une cabane de pêcheur et une maison traditionnelle sadalienne comme celle où habitait son mentor Renso. Quelque chose l’appelait et semblait vouloir le guider vers l’intérieur, mais une curieuse impression empêcha aussitôt ses pas de le mener à destination. L’absence d’une porte en bois et du trophée à l’effigie d’une créature marine qui était accroché lui procura une drôle de sensation, comme si quelque chose manquait au tableau. Quand s’était-il déjà rendu par ici ? Ce fut avec une certaine prudence qu'il se décida à rentrer, poussé par une certaine curiosité.
C’était toujours le même homme qui l’attendait à l’intérieur. Son uniforme n’était pas celui de l’armée de Sadala, mais même vêtu de cet accoutrement qui ne lui était finalement pas si inconnu, il l’avait reconnu parmi des millions. Le parfum réconfortant du breuvage cacaoté posé sur la table à son intention lui remémora l’époque où les temps étaient plus simples. A l’époque où il se sentait encore heureux. A l’époque où il se sentait encore vivant.
Sa dépression était si envahissante que la désolation s’était profondément enfoncée dans sa chair, mais avec le temps, les angoisses devenaient plus faciles à écarter. C'était presque une partie de lui, après tout, une partie qui ne disparaîtrait probablement jamais. Tout comme les soudains regains de souvenirs ne cesseraient jamais de survenir, chacun d’entre eux le heurtant avec la même intensité que les fois précédentes. Il supposait qu’il devra continuer à vivre avec pour le reste de ses jours.
Mais comment pouvait-il continuer, alors qu’il n’était plus sûr de vouloir être en vie ?
Il n'avait aucune raison de continuer. Il avait perdu le contact avec l’univers d’où il venait, puis avec les seules connaissances qu’il pouvait joindre dans l’univers où il avait repris conscience, puis il avait perdu son mentor sans qu’il n’ait pu comprendre les circonstances de sa mort, et enfin la mémoire de tous ces évènements qu’il était supposé avoir vécu et qui contenaient la réponse à toutes les questions qu’il se posait depuis son retour du Néant.
Loin de sa partie, loin de ses camarades, loin de ses repères, il se sentait comme un marin perdu en pleine tempête. Il marchait à contre-courant dans un océan de démence, invisible, épuisé, engourdi. Il n’était plus qu’une ombre vouée à disparaitre. Une simple coquille de la personne qu'il était autrefois. Il avait un vide éternel dans sa poitrine, comme un trou noir. Et c'était un trou qui ne sera jamais comblé.
C'était comme s’il était entrain de vivre deux vies en l’espace d’une seule. L'une où il prétendait que tout allait finir par s’arranger, et l'autre où son cœur se déchirait silencieusement sous le poids d’un chagrin beaucoup trop lourd. C’était de plus en plus difficile pour lui d’avancer en sachant que personne ne sera là pour répondre à son appel au secours, en sachant qu’il lui faudra continuer à vivre dans le désespoir dès le lendemain.
Une de ses supérieures lui avait un jour qu'un esprit vide était rempli de possibilités infinies.
Mais le sien n’était rempli que de solitude.
"J'ai besoin que tu te concentres, Capitaine."
"Vous n’êtes pas mon supérieur, Scalio." grogna-t-il intérieurement, quand bien même le caporal était son ainé de par son âge. Son ton était bien trop familier et bien trop concerné pour quelqu’un qui avait contribué à ruiner sa vie, ses espoirs et ses rêves.
Ce dernier porta un peu vite sa tasse de chocolat chaud à ses lèvres, et l’écorce de carambole dégringola jusqu’à s’écraser contre le plancher dégradé par les époques. Il laissa échapper un rire plein de dérision, sincèrement amusé par sa propre maladresse, et son regard laissa son capitaine figé sur place sans qu’il ne puisse vraiment dire pourquoi. Ce regard était le même que celui qu’il arborait dans ses pires cauchemars : un regard bredouillant, meurtri, désolé et triste. Quelque chose s’était alors noué dans sa gorge, et il ne sut dire s’il s’agissait de la saveur douce-amère à l’intérieur de la tasse ou si c’était son propre cœur qui s’emballait dans sa poitrine sous le coup d’une réminiscence fugace.
"On est paumés comme des cons. Des gros, gros cons."
Les mots sortirent hors de sa bouche plus vite qu’il ne l’aurait voulu, comme s’il avait déjà eu une répartie semblable dans des circonstances similaires.
"Parlez pour vous."
Quand est-ce qu’ils avaient déjà discuté ainsi ?
"Je veux bien répondre à tes questions, si tu acceptes de t'asseoir à côté de moi et de passer un p'tit moment tranquille."
En réalité, Cabba avait mille questions mais il ne savait pas par où commencer, ni même s’il voulait commencer.
"Vous n’avez aucune idée de ce que vous avez causé. De ce que vous m’avez fait."
Il demeura immobile dans la position où il s’était assis, sans pouvoir bouger un muscle, pas même ceux de la fermeture de ses paupières. Quelques minutes passèrent, mais l’illusion de celui qui était supposé être un ancien camarade n’avait toujours pas disparu de sa vue.
"A cause de vous, j’ai tout perdu. Vous ne pourrez rien faire pour moi, si ce n’est sortir de ma tête."
Peut-être que la folie s’était enfin emparée de tous ses sens et que tout ceci était le fruit de son imagination délirante. Peut-être qu’il était plus présent qu’il ne l’avait jamais été, ses pensées bien claires et les cognements sourds de son cœur à ses tempes.
"Je ne sais même pas pourquoi je vous réponds, je…"
Le voilà si désespéré qu’il s’était laissé égarer dans une illusion si convaincante qu’il en avait presque oublié de douter de sa santé mentale. Il perdait son temps à lui répondre. Mais au plus profond de lui, cela le soulageait de pouvoir enfin dire ce que ses pensées avaient ressassé jusqu’à le rendre fou.
"Vous n’êtes même pas là. Vous ne pouvez pas être là. Vous êtes loin, très loin, à un endroit où je ne pourrais jamais vous atteindre."
Pourquoi ressentait-il le besoin de se confier à cet homme envers qui il était supposé éprouver une profonde rancune ? N’étaient-ils pas ennemis ? Avaient-ils été amis un jour ? C’était sans doute la raison pour laquelle il éprouvait un étrange réconfort face à celui qui lui avait pourtant tout pris : son identité, sa raison d’être, son cœur, ses certitudes. Son temps était possiblement écoulé et il n’avait toujours pas résolu le casse-tête rendu lacunaire de sa mémoire.
Oui. C’était sans doute ce qui était en train de se produire. Ces visions pourraient bien être ses derniers moments à vivre avant de retomber enfin dans le gouffre apaisant du Néant.
"Vous n’êtes jamais revenu me chercher."
Le désastre inéluctable qu’il pressentait de plus en plus proche depuis tout ce temps n’était probablement pas la fin des univers, mais bien la sienne.
Sa vision du monde avait basculé du jour au lendemain. Son monde était en train de basculer. Irrémédiablement. Et il n’avait ni le cœur ni la possibilité de l’éviter.
Chroma
Ange
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Sujet: Phase 3 - Entretient Jeu 14 Oct 2021 - 14:08
Saute, saute petite grenouille.
Car tu es bien loin de ton puits aujourd’hui.
Valait-il le coup, ce détour ?
Est-ce que tu as aimé ?
As-tu été aimé en retour ?
Qui viendra te pleurer quand le Soleil t'aura desséché ?
Songes-y, car voici venues tes dernières heures.
Tu pourrais croire qu’après tant, ton bonheur s’accomplisse.
Mais ce n’est pas comme ça que tes errances se finissent.
Car cette histoire n’est que chagrins et malheurs.
Tu n’auras pas droit à ta fin heureuse, petite grenouille
Pas ici, pas aujourd’hui.
"Parlez pour vous."
Hé mais c’est ouffissime n’empêche, vous étiez quand même plus sympa quand on était en danger de mort héhé !
"Vous n’avez aucune idée de ce que vous avez causé. De ce que vous m’avez fait."
Cette ombre à été adoptée parce qu’elle était celle qui convenait le plus à son cœur. Pourquoi lui est-elle hostile ?
Il n’y a qu’un seul moyen de corriger l’arythmie de la mécanique de son cœur.
Qu’il se confie. Qu’il rage, enrage, sanglote, raille, regrette. Qu’importe. Mais l’indifférence est le poison du rythme.
Si le pèlerin continue à refuser la résonance, ce monde périra.
D’accord, d’accord ! Et si on en discutait ?
Le caporal appuyait ses propos des planches à découper le pain qui lui faisaient office de mains. Elles faisaient des vas-et-viens lents mais soutenus, de haut en bas, les paumes ouvertes vers le sol, comme si il tentait d'apaiser l'ardeur désolée de son camarade en actionnant un soufflet bien souffreteux. Bien mal lui en prenait, car il n'y à rien de pire pour faire flamboyer le départ du ressentiment.
"A cause de vous, j’ai tout perdu. Vous ne pourrez rien faire pour moi, si ce n’est sortir de ma tête."
Il n'est pas encore —— tard pour changer d'avis.
...
Sauf que c’est pas trop possible ça ! En vrai c’est plutôt à toi de me libérer de ce bins ! Je te demande just-
Quelque chose semblait le presser. Il savait pourtant lui-même qu'en principe un tel comportement n'est qu'une piètre bandoline quand enfermé dans un lieu où le temps s'oublie. Sa voix forte muait rapidement vers une tonalité plus grave, plus rapide. On pouvait y reconnaître les marques sonores d'un organe qui est habitué à crier, mugir, beugler pour se faire entendre ; La bonhommie avait totalement abandonnée Scalio, qui saisissait maintenant Cabba par les poignets pour enfoncer ses paroles.
"Je ne sais même pas pourquoi je vous réponds, je…"
Pourq— ? Il l'——ceuillie.
La personne que le pèlerin ——— voir le plus était ———
Mais si bordel tu le sais ! Parce que le merdier qu'on à vécu, on est le seuls à l'avoir enduré. Et on en est ressortis ! Personne à part moi peut comprendre ce par quoi t'es passé mon con et c-
"Vous n’êtes même pas là. Vous ne pouvez pas être là. Vous êtes loin, très loin, à un endroit où je ne pourrais jamais vous atteindre."
Il arrive parfois, quand une discussion tourne à la confrontation, que les passions tant que les nerfs soient échaudés au point de faire surgir certains mécanismes de défense que nous devons à nos plus lointains contemporains. Peu importe autour de quel élément du tableau votre espèce est née et s'est construite, peu importe le bras de quelconque Galaxie d'où vous êtes issus. Si vous êtes arrivés jusqu'à aujourd'hui c'est que le siège de votre conscience s'est assuré de jouer les apprentis chimistes pour vous sortir vous et vos semblables de l'embarras. Ainsi, lorsqu'une conversation tourne au vinaigre et que certains mots sont tonnés plus hauts que les autres, une molécule entre en jeu. Et elle n'a rien à faire de mieux que de brouiller votre vision. Pourquoi avoir besoin de la perspective de tout le paysage lorsque le danger est droit devant ?
Ce bouleversement de la vision, Cabba aurait bien été en droit de le ressentir à cet instant, alors que ses yeux vociféraient bien plus de promesses d'antipathie que sa langue pouvait en produire à la seconde. Pourtant, Scalio éprouvait également cette altération de son kaléidoscope. Quoi de plus normal après tout ? Il était lui-même échaudé par la teneur des mots de son invité. Ce qui était moins normal par contre, c'était que Scalio n'avait pas d'yeux à proprement parler, puisqu'il n'était pas à proprement parler non plus.
Atour d'eux le monde déjà très petit s'était resserré, comme si on l'avait forcé à emprunter une très grande focale. En dehors de ce qui lui faisait face, c'est à dire un ami perdu de vue qui ne faisait qu'élargir la distance entre eux, tout n'était que courbes distordues et proximité. Et assez ironiquement, la distance réelle qui les séparait tout deux n'était plus que de quelques dizaines de centimètres.
Ce ——— peut êt——— ————is . L————e pèlerin est ——
é———é. é———é. é———é. é é é —
—— ——— ——— é ———————— —
Mais ouvres tes mirettes bordel ! JE-SUIS-DEVANT-TOI
"Vous n’êtes jamais revenu me chercher."
——— —————— ———— ;
—————. ——— ——————— ——— —————— ——.
———— ———— —————— —— ————— —'————— ?
——s——— —————— —— ————— — —e——— ———
——— —————— ——u— —————— —— ————— ———
——— ——————— ————— — ———— —l—— ———
————— ——— seul. ——— —————— —
(pardon l'art, pardon les artistes):
Il n'y eut pas de transition d'un décor à l'autre. Le chaos entremêlé des paysages statuaires qui pigmentaient l'instant d'avant ce lieu devint un abîme blanc. Il l'avait toujours été. L'épouvantable aiguille qui se confondait avec un palais longtemps quitté n'imposait plus son ombre tordue et remuante. La rumeur de la présence méphitique n'était plus à distinguer parmi les nuées. Les fantômes abandonnés à leur sort ne se mêlaient plus aux fruits tropicaux désignés par une amie. Toutes les maisons qu'il avait habité ne se battaient plus pour avoir le plus d'emprise sur la bâtisse esseulée. Sa voix avait mis un terme -passager- à ses pensées, comme les ondes d'un galet jeté fracturent un reflet dormant sur le lit d'un lac. Dans ce désert froid, il n'y avait que la respiration incertaine et saccadée de Cabba pour faire jaillir la couleur de quelque chose. Une voix cependant le rejoignit :
Ce concept est compris. Cette idée est partagée. L'utilisation d'une image n'était pas pertinente. Reçois l'expression d'excuses.
Ce n'était pas la voix du Caporal de la S.P.D, ce n'était d'ailleurs pas une voix, mais des voix. Plusieurs tessitures, graves, aigues, rauques, suaves, douces et amères qui se superposaient pour produire des sons courts et harmonieux. Scalio quant à lui n'était visible nul part, et son Ki n'était pas non plus perceptible.
Il n'existe pas de volonté de nuire. Ce monde est le tiens et il résonne avec toi. Il est une offre de répit et d'un trésor que tu pourrais chercher. Tu peux continuer à exprimer ce sentiment et laisser périr cet endroit. Il existe une autre voie proposée.
Du néant jaillit paisiblement un matelas molletonné orange qui grimpait dans le dos de Cabba pour épouser chaque vides laissé par sa physionomie et les combler d'un soutient moelleux et confortable. De telle sorte que même debout, le Sayan pouvait avoir l'impression d'être allongé. Distinguer le haut du bas demeurait une gageur pour lui, avant que sous lui apparaisse un tapis fait d'une eau aux chatoiements dignes du plus limpide des lagons. A l'intérieur de ce paillasson singulier barbotaient des grenouilles aux cuisses roses et des combattants aux superbes rubans écarlates. Un peu au-dessus de la limite de sa vue, un ciel embrasé tournoyait rien que pour lui.
Installes-toi et converse. Des questions il y a. Tu pourrais gagner à exprimer les réponses.
Sache que tu es décisionnaire du rythme de la discussion et que nulle réponse n'est obligatoire. A tout moment cette poche et ce qui l'habite peut mourir. A jamais. La confiance t'es portée. La décision t'appartiens.
En guise de démonstration, les voix osèrent :
Présentes-toi. Qui est Cabba ?
D'où est-il parti, par quoi est-il passé ?
Qu'est-ce qui habite son cœur ?
Dernière édition par Chroma le Jeu 14 Oct 2021 - 14:25, édité 1 fois
Cabba
Saiyan
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Techniques Techniques illimitées : Distorsion Kick / Gravity Break / Garrick Cannon Techniques 3/combat : Dimensional Impulse / Energy Shield Techniques 1/combat : Big Bang Cannon
Sujet: Re: "Métamorphose." [PV] Jeu 18 Nov 2021 - 13:45
Crac.
Alors que les mots sortaient de sa bouche, que son amertume et sa colère se déversaient, Cabba entendit un fracas assourdissant, comme la surface d’un miroir entrain d’être brisée, comme une défense en train d’être transpercée.
Crac.
Un bruit soudain, comme si une fissure se créait quelque part. Peut-être était-ce dans son propre cœur, ou encore sa propre santé mentale qui se désagrégeait peu à peu, avant que ce ne soient les frontières de la réalité qui se déchirent tout autour de lui.
Crac.
Le craquement d’une allumette. Le crépitement d’une étincelle. Des cris déchirants.
Crac.
A nouveau, Scalio s’était évanoui des environs, mais l’impression qu’il lui laissa était restée la même. La froideur dans ses prunelles tremblantes, la chaleur de ses mains encore posées sur ses poignets, l’inquiétude dans ses dernières paroles.
Crac.
Aussi vite que le son était venu, le corps de Cabba se souleva dans les airs alors que les planches de bois sur lesquelles il se tenait l’abandonnèrent simultanément. Il tenta de se ressaisir tandis qu’il entamait une longue chute vertigineuse, incapable de se repérer dans l’espace : cela ressemblait à tous ces cauchemars qui avaient tourmenté ses dernières nuits et il s’attendit aussitôt à voir la monstrueuse créature ressurgir et le dévorer une bonne fois pour toutes. Mais il n’en fut rien. Au lieu de cela, il fut gagné par un profond sentiment d’apaisement, aussitôt compromis par l’activation des mécanismes de défense de son subconscient.
Lorsqu’il put enfin reprendre le contrôle, il fut capable de percevoir son environnement. Ou plutôt, son absence d’environnement. Le magnifique palais de Sadala et sa belle capitale, la cabane de pêcheur et son rivage déchu : tout cela avait laissé place à une étendue infinie, sans formes, ni couleurs, ni sons. Mais il réalisa alors qu’elle avait toujours été ainsi, son contenu modelé au gré de ses pensées et de ses souvenirs enfouis. Parfois figée dans une grande clarté, parfois troublée par un chaos déterministe.
Quel est cet endroit ?
Depuis le silence confortable dans lequel il était tombé, un murmure lui parvint. Un murmure qui s’ébruita comme des milliers de suggestions à travers son esprit, de plus en plus distinctes, de plus en plus nombreuses. Le fait qu’il soit seul le fit frémir lorsque l’une d’entre elle s’adressa à lui :
Ce concept est compris. Cette idée est partagée. L'utilisation d'une image n'était pas pertinente. Reçois l'expression d'excuses.
Cette intonation n’était pas aussi malicieuse que celle qui déteignait sur ses plus récentes décisions jusqu’alors. Mais d’où venait-elle ? Était-ce celle de son ancien subordonné ? Était-ce celle du prince des saiyans ? Était-ce celle de son mentor ? De ses supérieurs ? De ses camarades ? Ou bien même… la sienne ? Impossible d’en déterminer la cause. Impossible d’en déterminer la raison. Il tenta de se mouvoir avant de comprendre que l’endroit où il se trouvait ne possédait aucune délimitation autre que celle de sa propre personne.
Il n'existe pas de volonté de nuire. Ce monde est le tien et il résonne avec toi. Il est une offre de répit et d'un trésor que tu pourrais chercher. Tu peux continuer à exprimer ce sentiment et laisser périr cet endroit. Il existe une autre voie proposée.
Ce n’était pas étonnant qu’il ne parvienne pas à saisir tout à fait l’origine de ce lieu puisque selon ce qu’on lui disait, il était à l’origine ce lieu. Tout était à la fois flou et limpide, et il se sentait comme dans un état superposé entre le rêve et la réalité dont il peinait à sortir. La fatigue avait tant puisé dans ses dernières forces que le sommeil l’avait sans doute gagné, d’un coup et sans prévenir. Si tel était le cas, alors rien de tout cela n’était suffisamment réel pour pouvoir l’atteindre et le faire sombrer plus encore dans la démence.
Installe-toi et converse. Des questions il y a. Tu pourrais gagner à exprimer des réponses.
Il voulut protester, mais il n’eut pas le cœur de répondre tant il se sentait moralement consterné. Des questions, des doutes, des peurs, il en avait tant… et voilà qu’on lui demandait de donner des réponses. Que pouvait-il dire, alors qu’il n’avait pas les bons mots pour dire ce qu’il ressentait ? A quoi pouvait-il répondre, puisque tout lui avait été pris ? Pourquoi était-ce à lui de donner des explications, tandis qu’il ne savait rien ?
Sache que tu es décisionnaire du rythme de la discussion et que nulle réponse n'est obligatoire. À tout moment cette poche et ce qui l'habite peut mourir. A jamais.
Mourir. Il avait toujours appréhendé le moment où son corps n’aurait plus suffisamment de force pour continuer à servir sa patrie et chérir ce qui était le plus important pour lui, mais ce qu’il appréhendait le plus encore, c’était de disparaitre de ce bas monde sans avoir pu combattre jusqu’à son dernier souffle. Au lieu de cela, il avait succombé à son désespoir, son esprit autrefois plein de courage maintenant vaincu sans qu’il n’ait été en possibilité de se protéger. Accepter sa destinée, celle d’un héros, était une chose, mais se résoudre à ce qu’elle le mène à une mort sans justice en était une autre. Pourtant, de plus en plus, ces circonstances ne lui apparaissaient plus comme une fatalité mais comme une délivrance.
La confiance t’est portée. La décision t’appartient.
Il contempla les alentours du regard, puis du bout des doigts, puis à l’aide de ses sens. Il lui était encore impossible de faire le lien entre les paysages de sa Sadala natale, la cabane abandonnée en pleine tempête et l’endroit étrange où il se trouvait désormais. L’énergie qui emplissait les environs le déconcerta au premier abord, avant qu’il ne réalise que cette présence qu’il ressentait n’était autre que la sienne, non pas comme si elle n’était plus à l’intérieur de lui mais comme si c’était lui qui se situait à l’intérieur d’elle. Sa tête s’enfonça un peu plus profondément dans la sensation molletonnée qui le maintenait confortablement engourdi, comme s’il se trouvait sur un nuage bien épais. Au-delà des circonvolutions incessantes au-dessus de lui, il devina alors tous ces souvenirs égarés qu’il cherchait tant à regagner. Il demeura dans la position où il se trouvait et attendit ainsi un long moment que quoique ce soit vienne, mais rien ne vint.
Les murmures se pressèrent à nouveau, comme pour s’immiscer dans sa conscience. Tous ces mots résonnèrent les uns avec les autres avant de retomber aussitôt dans le silence, le laissant abasourdi. Des mots se formèrent sur le bout de sa langue, mais aucun ne sortit de sa bouche pour autant. Peu importe ce qui était en train de se passer… C’était comme si on avait lu en lui comme dans un livre grand ouvert. Comme si on avait déchiffré ce qu’il ne pouvait résoudre.
Présente-toi. Qui est Cabba ?
Que devait-il répondre ? Plus le temps s’écoulait, plus cette question était la plus douloureuse de toutes. Au-delà de tous les évènements tragiques qui l’avaient forcé à surpasser ses limites morales, à contrarier ses principes et à désobéir à son code de conduite, il avait découvert des facettes méconnues de sa personne. Tandis qu’il s’était démené pour résister à l’influence sur son esprit, quelque chose en lui avait fini par faire surface, comme une partie contre-nature mais nécessaire à sa survie.
Il ne savait plus vraiment qui il était.
Il pensait être un protecteur, mais il n’avait pas su sauver les siens. Il pensait être un justicier, mais il avait du sang d’autres personnes sur ses mains. Il pensait être un homme bon, mais il n’avait pas hésité à délaisser ses convictions à la recherche de la vérité.
Il avait perdu tout sens de son identité.
A quel point était-il le héros qu’il pensait être ? Ses actions étaient-elles nobles ou vertueuses ? Un imposteur comme lui pouvait-il seulement être l’une de ces choses ?
D'où est-il parti, par quoi est-il passé ?
Que voulait-il répondre ? Son cerveau ressassa les derniers évènements avec écœurement. Il avait passé sa vie à obéir à ses supérieurs, à protéger les peuples de son univers, à développer sa propre force. Il avait fait de son mieux et malgré quelques défaites, il s’était même distingué pour cela, que ce soit au sein des Forces de Défense de Sadala ou en tant que représentant de l’Univers 6 lors du Tournoi du Pouvoir. Suivre et donner les ordres pour le bien commun ne l’avait jamais dérangé : comme tout un chacun en ce monde, il avait un rôle à jouer et une mission à accomplir, sa contribution à l’équilibre des choses se devait d’être efficace. La vie n’était pas plus compliquée que cela, en tout cas, c’est ainsi qu’il l’avait toujours imaginée.
Jusqu’à récemment.
Son retour du Néant avait produit une sorte de dérangement dans sa vision des choses, Cabba s’en était très vite aperçu et ce dès les premiers instants où les germes du doute avaient commencé à éclore dans le terreau de ses certitudes. Son réveil dans ce monde barbare où il avait été transporté sans son consentement, sa rencontre avec un homme capable de lire le passé des autres, la disparition de toutes ses connaissances et de ses souvenirs, puis la confrontation avec des personnes mal intentionnées qui prétendaient le connaitre et savoir ce qu’il avait fait ; tout cela cumulé avait profondément ébranlé son sens du devoir et son envie de faire.
Jusqu’à quand ?
Dévoué depuis sa plus tendre enfance à la cause de l’ordre et de la sécurité des peuples, il avait pourtant essayé de croire en le bon fond de chacun. Mais sa candeur s’était heurtée à tant de déconvenues que la rancœur avait fini par prendre sa place.
Qu'est-ce qui habite son cœur ?
Que pouvait-il répondre ? Sa perception de lui-même s’était détériorée comme les pages d’un livre qui auraient été déchirées après avoir été lues. Plus il avançait dans ce récit dont il était le héros, moins l’histoire faisait de sens. Les personnages n’étaient jamais les mêmes. Les évènements n’étaient pas racontés dans le bon ordre. La narration n’était pas fiable. Les péripéties se succédaient sans que l’on puisse en deviner le dénouement et son auteur semblait prendre un malin plaisir à malmener son protagoniste en lui imposant toutes sortes d’épreuves qu’il était destiné à ne jamais remporter.
Son histoire ne pouvait connaitre une fin heureuse alors que sa vie était devenue un enfer.
"Je… ne sais plus qui je suis."
Timidement, il décida de se laisser faire par ce que son subconscient lui faisait vivre et de répondre à toutes les questions qui lui étaient posées.
"Je pensais être capable de vaincre les menaces qui se sont présentées à moi, car j’ai été formé toute ma vie pour ça."
C’était si étrange, de pouvoir mettre des mots sur ce qu’il ressentait, même si aucune des personnes à qui il avait besoin de les dire n’était là pour les entendre.
"… mais plus j’avance, je me rends compte que je ne sais rien de ce que je dois combattre."
Admettre tout cela à voix haute lui fit prendre conscience de ce qui était restait contenu dans son esprit depuis tout ce temps. Ses peurs pour le temps présent. Ses inquiétudes pour le futur. Tout cela était de plus en plus difficile alors qu’il était dépossédé de toutes ses ressources, de tout ce qui faisait son identité et sa personnalité, de ce monde dans lequel il avait toujours évolué, dont il avait été froidement et brutalement tiré.
"Je ne sais même pas ce que l’on attend de moi, ni ce que je dois faire. Je voudrais juste que tout cela cesse et rentrer là où j’ai toujours vécu."
Tandis que sa retenue naturelle l’encourageait à ne pas montrer le fond de son cœur, la déréalisation dans laquelle il sombrait peu à peu ne lui permettait plus d’assurer la protection de ses ressentis et pensées les plus inavouables.
"Puis-je continuer à faire confiance à qui que ce soit ? Ai-je encore quelqu’un à qui faire confiance ?"
Pouvait-on encore lui faire confiance ? Pouvait-il encore se faire confiance ?
Chroma
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Sujet: Re: "Métamorphose." [PV] Sam 15 Jan 2022 - 10:30
C’est à cet instant que la résonance fut acceptée,
Au détour d’une pensée, comme un baiser si doux,
Lorsque le vague à l’âme s’écrase contre le récif marqué d’un V,
C’est d’une caresse qu’il accueille le naufragé affaissé dans les cailloux.
Car cette débâcle ne signifiait point la fin de la grenouille,
L’écueil n’était que le premier chemin vers la Béatitude,
La promesse d’un avenir bien loin de la houille,
Et le pèlerin s’y dirigeait sans ingratitude.
Hélas même les élysées ne sont à l’abri des vents infernaux,
Les tourments de l’extérieur vinrent balayer son paradis intérieur,
Et pour en garder les portes, il n’eut pas le temps d’atteindre Clairvaux,
Du ciel déchaîné des mains aiguës de rouge fermaient son cœur.
L’astre bourgeonnant masqué avait abandonné la foi,
Dors bien,
Petit batracien, Et à la prochaine fois
Cabba
Saiyan
Age : 27 Date d'inscription : 30/01/2018 Nombre de messages : 231Bon ou mauvais ? : Je défendrais ceux qui en ont besoin. Zénies : 1600 Rang : -
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Sujet: Re: "Métamorphose." [PV] Dim 16 Jan 2022 - 23:00
Sa dernière question résonna pendant quelques secondes, comme un écho perdu dans l’infini. Pendant un court instant, il se demanda s’il avait bien été entendu, s’il avait donné la réponse que ces étranges entités voulaient entendre de lui, si on attendait quoique ce soit de lui pour commencer.
Alors il attendit. Encore.
Mais il ne reçut aucune réponse.
Cabba sentit une nausée remonter à l’intérieur de sa poitrine, comme si on cherchait à tirer quelque chose d’entre ses organes. Il ne réussit pas à comprendre d’où provenait cette étrange sensation, ni même à admettre qu’elle était sans doute la conséquence de la peur panique qu’il tentait de contrôler.
Je suis si fatigué, pensa-t-il. Et j’ai besoin de tant de forces pour continuer.
Tout cela l’avait épuisé. Il n’arrivait pas encore à aborder l’entièreté de ce qu’il était entrain de vivre. C’était bien trop soudain. Une grande quantité d’images et d’informations n’avait pas encore franchi le seuil de la raison et stagnait encore au niveau du simple ressenti. S’il voulait comprendre, il lui fallait ne pas tomber dans l’immobilisme et continuer à avancer.
Dois-je vraiment continuer ?
Mais il ne reçut aucune réponse.
Inspiration, puis expiration. Longuement, plusieurs fois. Jusqu’à ce qu’un vertige commence à le prendre. Il prit alors conscience que tout autour de lui était entrain de se figer. L’étendue infinie, le ciel à portée de ses doigts. Tout était entrain de s’assombrir. La cabane au cœur de la tempête, les couloirs du palais de Sadala. Tout était entrain de se craqueler. Son cœur, son esprit, son corps, son nom.
Quelque chose le saisit avec violence, mais il ne s’en aperçut pas immédiatement. Il sentit son corps écartelé, dispersé, sa raison vaciller, sa conscience s’amoindrir. Il tenta de s’en défaire, de rassembler son énergie pour repousser ce qui forçait la chair hors de son armure et ses souvenirs hors de son cerveau. Mais l’entité s’était dissipée, Scalio avait disparu et son épée demeurait introuvable, pourtant, c’était exactement la même impression que lorsqu’il l’avait saisie pour la première fois, sur une planète située à des années-lumière de là où il se trouvait, où il pensait se trouver.
Bientôt, les environs ne furent plus baignés que par une rougeur crépusculaire, qui s’éteignit bientôt. La lumière argentée d’un astre se détacha alors, posée au loin sur l’horizon. Son regard distingua alors de quoi il s’agissait, mais l’épée démesurée qu’il avait —————— dans le lac était ————— sur le point de s’écraser sur lui, de le —————————————— ———————— ——————— ———————— ———————————— ——————— vision ————— ————————————— —— —————————— à l'aide ————— —————— —————————— —————————— prochaine fois ———————————— ——————— —————— ——————— ————— ———— —————— ————— ———————— ———————— ————————— ————————— ——— —————— —————————
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Et avec ça revint l’épuisement dans son corps, la lassitude dans son cœur, la chaleur insoutenable du milieu d’après-midi, la sensation d’une terre sous ses pieds. La réalité de ce monde. La douleur qu’elle impliquait.
Je suis toujours là.
Et alors, il comprit ce qu’il devait faire.
Peu importe ses choix et leurs conséquences, sa finalité restera toujours la même.
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Sujet: Re: "Métamorphose." [PV]
"Métamorphose." [PV]
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