En attendant la suite [PV]

Sans plus discuter, le trio s'était laissé emmener par l'homme qui les avait interpellés. S'ils ne savaient toujours pas exactement qui était ce dernier - tout au plus avaient-ils réussi à obtenir son nom, « Jojiba » -, la force dont il avait fait preuve leur avait fait comprendre qu'il était dans leur intérêt de coopérer.
Après tout, s'il était même capable de tenir tête à Broly, quelles chances avaient-ils de lui échapper ? Qui plus est, ce dernier avait besoin de soins particuliers et ce n'était pas en étant en cavale qu'ils pourraient les lui apporter. Leur sort avait beau être incertain, il restait a priori préférable à toute alternative.

Tant qu'à être transportés quelque part, ils auraient néanmoins préféré que ce soit autrement qu'en volant à bord d'une carcasse de voiture ; s'ils n'avaient ni l'un ni l'autre le vertige, l'insalubrité du véhicule - mis à mal par un bref affrontement entre les deux guerriers - n'était pas pour les rassurer. Ainsi, s'ils auraient pu échanger un tant soit peu sur leur devenir, Collie et Nain étaient en définitive trop occupés à se cramponner à tout ce qui passait à leur portée - que ce soit sièges, volant, ceintures - qu'à évaluer leurs options.

Broly, lui, restait parfaitement docile : ayant reçu l'ordre de collaborer, il avait suivi le mouvement sans plus poser de questions - ce dont il aurait été parfaitement incapable il y a peu, mais il avait apparemment appris à parler à peu près correctement à un quelconque moment pendant leurs mésaventures. Comment, pourquoi ? De cela, ils ne savaient rien - et si intéressant que cela puisse être à étudier, ce n'était ni le moment ni l'endroit.
En tout et pour tout, il ne s'était manifesté qu'une seule fois - pour leur demander timidement s'ils « arrivaient bientôt », une question candide qui ne faisait que renforcer l'impression d'innocence qui se dégageait de lui. S'il se conduisait auparavant comme un bébé qui venait de naître - à défaut d'en avoir l'apparence -, il avait semble-t-il pris quelques années tout à coup, du moins en terme d'âge mental. Rien n'expliquait qu'il puisse évoluer de la sorte, mais c'était pour le mieux : il n'en serait que plus facile de lui expliquer les choses.
En théorie.
Car sa naïveté était aussi ce qui le rendait contrôlable. Et s'il n'était pas plaisant pour Nain de considérer les choses de cette manière, force était de constater qu'ils étaient dans une situation délicate. Si par malheur sa « croissance psychologique » devait le rendre plus autonome, ils pourraient rapidement avoir un problème... Non qu'ils puissent y faire grand chose : cela faisait quelques heures déjà - peut-être vingt-quatre, désormais - que plus rien ne se passait « selon le plan ».

Après quelques dizaines de minutes de transport aérien, leur « chauffeur » les avait déposés, eux et ce qu'il restait de leur moyen de locomotion, au beau milieu d'un immense jardin. Un immense jardin qui se trouvait être situé juste à côté de ce qu'ils avaient reconnu l'un et l'autre comme étant le palais royal ; s'ils ne l'avaient - bien évidemment - jamais visité en personne, celui-ci était passé assez souvent à la télévision pour le reconnaître au premier coup d'œil.
En s'en apercevant au même moment après avoir lorgné vers le sol alors qu'ils commençaient à perdre de l'altitude, les deux savants avaient échangé un regard aussi éloquent qu'angoissé ; dans quel pétrin s'étaient-ils encore fourrés ?
Après les avoir déposés, leur hôte leur avait dit de ne pas bouger, qu'il allait revenir après avoir été chercher quelqu'un - ou quelque chose à cet effet ; ils étaient trop nerveux pour se rappeler des moindres détails. Et une fois encore, ce n'était pas comme s'ils pouvaient s'échapper.
Oh, il y aurait peut-être un coup à jouer si Broly s'emportait une nouvelle fois et qu'il réussissait à leur ouvrir la voie vers la sortie, à supposer qu'ils la trouvent... Mais cela ne réussirait qu'à précipiter sa perte, et ils voulaient absolument éviter cela.
D'autant que si le carré de pelouse où ils avaient été laissés en était heureusement dépourvu, ils avaient bien vu que les lieux étaient truffés de gardes armés ; le Bio-Guerrier pourrait peut-être encaisser leurs tirs, mais la moindre balle perdue aurait raison d'eux, et ce n'était pas un pari qu'ils étaient prêts à prendre. Tout deux chercheurs, ils ne se faisaient aucune illusion quant à leurs performances athlétiques.

Il ne leur restait donc qu'à attendre. À patienter pendant que ce Jojiba allait chercher ils ne savaient trop qui pour faire ils ne savaient trop quoi - jusqu'à ce que quelqu'un décide ce qu'il fallait faire d'eux. Une pesante incertitude qu'ils n'avaient hélas d'autre choix que d'accepter, devant sans doute déjà s'estimer heureux qu'on leur laisse le bénéfice du doute. Sans cela, qui pouvait savoir où ils en seraient ?
Adossés à la méconnaissable carrosserie leur voiture accidentée, les mains dans les poches de leurs blouses, ils ne pouvaient que tenter - en vain - de penser à autre chose, tandis qu'assis dans l'herbe, le clone suivait du regard le vol d'un papillon, l'esprit à milles lieues de ces préoccupations.

Et maintenant ?...

Après un temps que la nervosité étira plus que de raison, leur « bienfaiteur » - l'était-il vraiment ? - revint vers eux, les incitant à reprendre une posture un peu plus digne... Et à rester sur leurs gardes ; après tout, ils ne savaient encore presque rien de lui et de ses allégeances.
S'il aurait certes pu les abandonner sur place ou leur régler leur compte plutôt que de les emmener avec lui - en portant leur voiture ; rien que ça ! -, peut-être était-il encore un peu tôt pour dire qu'il ne leur voulait que du bien.

« C'est le moins que l'on puisse dire. » acquiesça Collie ; sale journée, en effet.

Sans surprise, le fameux Jojiba avait encore des questions à leur poser, et ils n'allaient plus pouvoir les esquiver - encore moins maintenant qu'ils étaient pour ainsi dire à sa merci, étant sur « son » terrain. Il fallait néanmoins admettre qu'il faisait de sérieux efforts pour les amadouer, les informant que quelqu'un - qui ? - allait venir pour s'occuper de Broly. De là à savoir si cette personne en serait capable, c'était une autre histoire, mais le geste n'en était pas moins plein de bonne volonté - pourvu qu'il soit sincère, évidemment.

« Monsieur Jojiba, c'est bien cela ? Merci encore d'avoir pris la peine de nous transporter. » fit Nain avec le sourire, tentant de rester dans de bonnes dispositions au cas où cela aurait une influence favorable quant à leur devenir. « Je ne sais pas ce que nous aurions fait sans vous. »

Son regard se tourna dans la direction du Bio-Guerrier qui, en retrait, continuait d'essayer de mettre de l'ordre dans ses pensées nouvelles - dans ces souvenirs qui n'étaient pas les siens - tout en profitant du semblant de végétation que le jardin du palais avait à offrir. Pour l'heure au moins, il semblait en paix... Même si, hélas, son état ne tarderait pas à se dégrader à nouveau. Une pointe d'inquiétude s'invita sur le visage de la jeune scientifique.

« J'espère que nous pourrons rapidement synthétiser davantage de ce médicament. Il risque d'en avoir besoin pendant encore un moment... »

Elle ne s'étendit cependant pas davantage à ce sujet, doutant que le pauvre homme y comprenne grand chose - ou même que cela l'intéresse. C'était plutôt quelque chose qu'elle devrait discuter avec le « quelqu'un » qui devait venir, et qu'elle supposait être le médecin du palais. Leur interlocuteur s'intéressa ensuite à l'identité de leur commanditaire, et aux raisons qu'avait celui-ci d'investir dans une pareille entreprise ; sujet pour le moins gênant, avec du recul.

« Et bien... Lord Jaguar était... » amorça Nain, cherchant comment tourner sa description de manière un tant soit peu méliorative.
« ...Un imbécile, si vous voulez mon avis ! » coupa Collie. « Il n'avait aucune idée de ce qu'il avait entre les mains. Tout ce qu'il sait faire, c'est signer les chèques et laisser les autres faire le sale travail ! »

Ce qui leur avait donné un emploi pendant quelques mois et amplement ravitaillé leurs comptes en banque, certes, mais cela ne changeait pas la réalité de cette affirmation : Jaguar était un crétin. Et sans doute était-il plus sûr pour tout le monde qu'il demeure en prison, là où il ne pouvait pas causer de problèmes d'ampleur à la force de sa carte de crédit. Dans la mesure où ses caprices avaient bien failli leur être fatals, ils pouvaient bien casser un peu de sucre sur son dos !

« Je suppose que c'est inévitable... » se lamenta le vieil homme, guère emballé à l'idée de devoir rendre des comptes plus que ce n'était déjà fait - mais quel autre choix avait-il ?

Ce qu'ils en pensaient ? Les deux chercheurs échangèrent un regard incertain. Certes, ils avaient eu maintes fois l'occasion d'en discuter au cours des dernières semaines, alors qu'ils mettaient tout en œuvre pour le remettre sur pieds... À commencer par lui en redonner. Mais la situation avait changé considérablement en l'espace de quelques heures. Non seulement le sujet était complètement mobile désormais - ce qui, il y a peu, était encore loin d'être le cas -, mais il avait en plus développé un degré de conscience dont il était loin d'avoir fait preuve lors de son précédent déploiement.

« Et bien, en fait... » hasarda le plus âgé.
« Pour ne rien vous cacher, nous sommes un peu dépassés par les événements... » fit Nain, coupant court à toute possibilité - déjà faible - de noyer le poisson. « Comme vous l'avez compris, nous ne savions pas vraiment... à qui nous avions affaire jusqu'à très récemment. Nous savions que c'était le clone de quelqu'un de puissant, mais à part ça... »

Elle soupira, consternée par sa propre bêtise. Le projet était tellement ambitieux et stimulant - tous ces moyens à leur disposition ! - que pas un seul instant ils ne s'étaient arrêtés pour se poser des questions sur la provenance de cet ADN « étranger ». Certes, si on les payait aussi grassement, c'était aussi pour les distraire des aspects les plus discutables de l'opération, mais cela n'excusait pas une telle naïveté, surtout de la part d'esprits aussi brillants que les leurs. Comme pour faire preuve de bonne volonté, Collie surenchérit :

« En tout cas, je ne sais pas à quel point il est proche physiquement de celui qui lui a servi de modèle, mais nous ne lui avons rien enseigné ! Sa psyché est encore celle d'un enfant ! »

Ce qui, certes, pouvait être vu comme de la négligence de leur part - même si, encore une fois, tout était allé trop vite et avait échappé à leur contrôle -, mais ce serait toujours mieux que de le laisser croire qu'ils avaient « élevé » Broly dans l'intention de leur nuire. S'il y avait peu de doute à avoir quant au fait qu'il aurait fini par recevoir un conditionnement - quelle qu'en soit la forme - pour s'assurer qu'il reste docile si tout s'était passé comme prévu, eux n'y étaient pour rien, s'étant contentés de lui donner le plus primaire des apprentissages lors de ses rares moments d'éveil.

« Oui, vous n'avez pas à vous en faire. Nous en étions à peine à lui apprendre à tenir debout... J'aurais aimé faire plus, mais tout cela prend du temps. » Elle tourna la tête dans sa direction. Guère soucieux de la teneur de leur discussion en dépit du fait qu'il en soit le principal sujet, le clone observait les oiseaux, comme fasciné par leurs parcours aériens. « À vrai dire, je m'étonne même qu'il soit capable de parler... Hier encore, c'est à peine s'il savait produire un son ! Puisque son corps est celui d'un adulte, je me doutais qu'il allait finir par apprendre un peu plus rapidement, mais tout de même. » Elle secoua légèrement la tête, gardant pour elle ses théories à ce sujet - aucune ne la convainquant totalement, de toute manière. « Tout cela pour dire qu'il ne vous veut aucun mal... Il se bat seulement pour se protéger. Si vous ne cherchez pas à lui nuire, il devrait se tenir tranquille... »

Pour le moment, ne put-elle s'empêcher de penser, repensant à la forme monstrueuse qu'il avait prise lors de sa première sortie - celle qui avait bien failli leur coûter la vie, à eux et à tous ceux présents sur l'île ce jour-là.
Quant à sa ressemblance... S'il était semble-t-il assez proche de l'original pour qu'on l'identifie comme tel, cela ne voulait pas dire que c'était une copie parfaite. Certes, le but du clonage était de dupliquer un individu, mais même avec les techniques à leur disposition, c'était encore loin d'être une science exacte - surtout avec le maigre échantillon qu'on leur avait confié. Confirmer qu'ils l'avaient reproduit jusque dans ses moindres détails n'était pas possible sans avoir l'original sous la main à titre de comparaison - ce qui, du peu qu'ils en savaient, ne semblait pas vraiment être envisageable.

« Et d'ailleurs... Nous savons désormais ce qu'est un « Saillant », mais ce Broly, qui est-ce, exactement ? »

Une question qu'il était peut-être temps de poser, après toutes ces mésaventures. Le clone, de son côté, leva la main pour laisser un papillon s'en servir comme perchoir ; un être finalement aussi fragile que lui, tout bien considéré.

Oui, qui était Broly ? Peut-être était-il temps de se le demander. Ils avaient malgré eux commencé à obtenir des éléments de réponse lors de l'attaque du laboratoire, mais les circonstances - nommément la tentative claire de meurtre à leur égard - les avaient empêchés de vraiment approfondir le sujet.
Maintenant qu'ils avaient face à eux quelqu'un d'un tant soit peu renseigné et qui semblait moins pressé de les faire disparaître, mesurer enfin la portée de leurs actes semblait être la chose à faire.
Ce n'était peut-être pas la morale qui les étouffait - quoique peut-être un rien plus maintenant qu'au début du projet -, mais confrontés aux conséquences sans cesse plus graves de leurs travaux, au moins devaient-ils savoir ce qu'on leur reprochait. Ne serait-ce que pour pouvoir mesurer pleinement les risques encourus - et les mesures à prendre pour y échapper.

Malheureusement, Jojiba lui-même s'avéra ne pas être aussi bien informé qu'il en avait l'air, connaissant le personnage principalement de réputation. Cela restait toutefois plus que le peu qu'eux-mêmes savaient à son sujet, aussi écoutèrent-ils attentivement ; il se pouvait que leur avenir en dépende, après tout. Quels étaient les crimes qu'on les accusait d'avoir commis ?
Ils ne furent pas déçus du voyage. S'ils eurent l'un et l'autre la politesse de ne pas interrompre, les regards effarés qu'ils échangèrent au fur et à mesure de ses explications durent suffire à confirmer - s'il en était encore besoin - qu'ils n'avaient strictement aucune idée de ce dans quoi ils avaient mis les pieds. Et il était évidemment bien trop tard pour revenir en arrière.

« Le roi des saillants, rien que ça !... » s'ébahit Collie, réprimant un rire nerveux ; heureusement qu'il faisait déjà son âge, ou cette découverte aurait suffi à lui donner des cheveux blancs... « Ça m'apprendra à travailler avec n'importe qui !... »

Machinalement, il jeta un coup d'oeil derrière lui en direction du clone, toujours assis paisiblement à observer les oiseaux et autres insectes qui parvenaient à se faufiler jusqu'au jardin royal, lesquels ne semblaient aucunement être effrayés par sa présence. À le voir aussi placide, il était difficile de l'imaginer comme le monstre que décrivait leur interlocuteur ; cependant, pour l'avoir déjà vu en action, les deux savants savaient pertinemment qu'il n'était pas aussi inoffensif qu'il en avait l'air au premier coup d'œil... Même si, en effet, ses tours de force étaient jusqu'alors purement le produit de son instinct de préservation. Ils ne pouvaient que croiser les doigts pour que ça continue comme ça : au vu de l'animosité que suscitait son modèle, en avoir un deuxième semblable en tout point serait une catastrophe.

« Excusez-moi, mais... Vous êtes vous-même un Saiyan, non ? » fit Nain, s'efforçant de bien prononcer ce terme encore nouveau pour elle à la différence de son collègue. « Pourtant, on ne peut pas dire que vous ayez l'air d'un barbare... Qu'est-ce qui vous rend différent des autres ? J'espère que vous ne prendrez pas mal ma question, mais ça pourrait nous aider à mieux le comprendre... »

Et possiblement à éviter qu'il ne suive le même chemin que ses pairs, les brutes dont parlait leur guide. Plus que leurs gênes, tout portait à croire que c'était leur environnement - puisqu'ils avaient semble-t-il leur propre planète bien loin d'ici - qui les conditionnait à se comporter ainsi ; être sur Terre depuis longtemps et s'être adapté aux mœurs locales expliquerait alors pourquoi ce Jojiba se montrait plus civilisé que ses supposés congénères. De là à savoir comment il était arrivé jusqu'ici...

« Quant à la provenance de son ADN, et bien... » reprit-elle avec hésitation, cherchant une formulation qui ne la ferait pas passer pour une illuminée ; peine perdue, au vu de ce qu'il allait lui falloir révéler.
« Vous me croyez si je vous dis que c'est le shaman d'un petit village paumé au fond des montagnes qui le lui a refourgué ? » la coupa Collie avec un amusement teinté de nervosité. « Je ne vous en voudrai pas si vous ne me croyez pas ! J'ai eu du mal aussi, au début. Complètement fêlé, ce type-là ! Je m'attendais à ce qu'il lui ait refilé du sang de bouquetin ou une cochonnerie dans ce goût-là... Et je ne vous parle même pas de ce qu'il a payé ! Vous imaginez ma surprise quand je l'ai analysé et que c'était bien du sang humain ! Enfin, humain, on se comprend. »
« De ce que nous en savons, le vrai Broly est venu sur Terre il y a quelques temps pour se battre avec d'autres guerriers. » opina Nain, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille. « Lorsqu'il est reparti, il a apparemment laissé du sang derrière lui... Ce monsieur l'a ensuite trouvé et nous l'a rapporté. Je ne sais pas comment il était au courant de l'intérêt de Lord Jaguar pour la génétique, mais il a frappé à la bonne porte. »

Ils en avaient avec eux la preuve physique.

« Avec le temps qu'il nous a fallu pour en faire quelque chose, ça doit faire un an ou deux, désormais... » précisa-t-elle, ne voulant pas laisser croire qu'elle retenait des informations ; ce n'était plus le moment de faire des cachotteries.

Tout deux manquèrent de sursauter lorsque les pas du clone se firent entendre derrière eux ; silencieux comme il l'avait été jusqu'alors en dépit de sa carrure, même au moment de se redresser, ils en avaient presque oublié qu'il se tenait à quelques mètres seulement.
Par réflexe, ils s'écartèrent pour le laisser passer, bien qu'il n'ait rien fait pour le leur demander ; cela lui permit de venir se placer face à Jojiba, baissant les yeux pour le regarder par la force des choses étant donné leur différence de taille, son air stoïque ne laissant rien deviner de ses intentions.
Pendant une longue seconde, aucun d'eux n'osa bouger par crainte de ce qui pourrait se produire - que pouvait-il bien lui vouloir ? - avant qu'il ouvre la bouche, démontrant une fois de plus la capacité de s'exprimer presque parfaitement. Une fois encore, ils ne pouvaient que se demander qui avait bien pu lui apprendre ; il n'y avait aucune raison que ça lui soit venu spontanément...

« Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?...  Je... M'ennuie... »

Je me préparais à accueillir mes prochains invités, je sais que Jojiba fait parti d'eux, mais il m'aurait amener de la compagnie? Heh, je serais bien curieux de voir de qui il puisse s'agir! Vous savez quoi, je vais allez les voir et leur dire d'entrer moi-même. Je me lève donc du fauteuil, et tranquillement passe à côté de mon bureau pour me rendre aux portes. J'entends un peu plus de bruit, de la conversation vraisemblablement. J'ouvre mes portes et mes yeux se collent immédiatement sur Jojiba.

«Salut, désolé pour l'attente j'avais pas mal de gens à voir aujourd'hui, mais ...»

Et mes yeux s'étaient enfin posés sur lui. Ok, comment il a fait? Pourquoi était CE rendez-vous qui allait surpasser les autres? Comment est-ce que Jojiba à fait pour laisser BROLY, le SUPER SAIYAN LÉGENDAIRE ET ROI DE VEGETA, entrer ici sans que PERSONNE NE QUESTIONNE QUOI QUE CE SOIT??

«...Je vais enfin avoir du temps pour vous, venez venez.»

Je les invites à rentrer, les laissant passer un par un. Si Jojiba et Broly était certainement des invités distingués, leurs deux autres compagnons me laissait perplexe dans leur rôle avec eux. Je ferme la porte derrière moi, les invite à s'asseoir s'ils en ont envie, avant de reprendre ma place sur ce bon vieux fauteuil. 

«Jojiba, je ne pense pas te surprendre avec ma prochaine réaction, mais qu'est-ce que tu fais avec le Roi des Saiyans avec toi au juste?? Il était porté disparu il me semble, non???»

Si le nouveau venu ne fit aucun effort pour se montrer discret - et pourquoi l'aurait-il fait, puisqu'il était chez lui ? -, ce fut néanmoins le clone qui, le premier, tourna la tête dans sa direction. Les deux savants ne tardèrent pas à l'imiter, ayant les yeux rivés sur lui de crainte que son « ennui » puisse avoir des conséquences fâcheuses s'ils ne lui trouvaient pas rapidement de quoi s'occuper. De toute évidence, ils n'en auraient pas besoin : l'heure du rendez-vous avait sonné.

« M-monsieur le premier ministre ! C'est un honneur de vous rencontrer ! » fit Collie, prompt à courber l'échine devant le deuxième homme le plus important de la Terre. « Puis-je me permettre de vous serrer la main ?... »
« Euh... Bonjour !... » fit plus timidement Nain, ne sachant trop comment se comporter en présence d'une si haute autorité - et comptant sur son charme pour excuser une éventuelle maladresse. « Excusez-nous de vous avoir fait déranger... »

Bien sûr, aucun d'eux ne l'avait personnellement rencontré - ni n'aurait pensé avoir un jour à le faire -, mais son visage était publiquement connu, pour s'être retrouvé à la une de tous les journaux il n'y a pas si longtemps aux côtés de celui de l'actuel président. Et toute coupée du monde qu'ait pu être leur île, au moins recevaient-ils les dernières nouvelles de temps à autre.
Ainsi n'y avait-il aucun doute à avoir quant à son identité : c'était bien le premier ministre Scalio qui se tenait devant eux - et Nain, restée en retrait, ne put s'empêcher de remarquer qu'il était plus massif de visu que les clichés de lui en circulation ne le laissaient deviner. Un homme d'action, indéniablement.
Hélas, même cela ne l'empêchait pas d'être éclipsé par Broly, qui le surpassait aisément de deux têtes. Le « véritable » roi des Saiyans était-il aussi démesurément grand, lui aussi, ou fallait-il y voir le résultat d'une mauvaise manipulation de leur part ?

« Allez, viens ! » glissa-t-elle discrètement au colosse, tâchant de se montrer rassurante. « Ne t'en fais pas, ils ne te veulent aucun mal ! »

Pour le moment.
Si dépassée soit-elle par la situation - ne l'étaient-ils pas tous, à ce stade ? -, elle n'en avait pas moins conscience du fait que le professeur Collie et elle-même étaient les seuls repères dont disposait Broly dans ce nouvel environnement.
Dès lors était-il capital qu'ils fassent tout leur possible pour l'apaiser et lui fassent comprendre qu'il pouvait avoir confiance en leurs hôtes, même si elle n'en était elle-même pas encore tout à fait convaincue, afin d'éviter qu'il se montre récalcitrant - ce qui, le concernant, pouvait avoir de fâcheuses conséquences, pour lui comme pour les autres.
De toute manière, elle n'était pas vraiment sûre qu'ils puissent lui faire du mal même s'ils le voulaient, n'en déplaise à ces messieurs ; le Bio-Guerrier avait été conçu pour être invincible, et tenait ses promesses jusqu'alors - du moins dans cette nouvelle version.

Tous trois entrèrent donc à pas prudents dans la pièce indiquée - rien de moins que le bureau personnel du premier ministre, apparemment -, non sans que les chercheurs s'étonnent de n'y trouver aucun dispositif de sécurité, à l'intérieur comme à l'extérieur. Rien, pas même un garde du corps.
N'était-ce pas un brin risqué ?
S'ils n'avaient aucune intention d'attenter à sa vie - ils avaient déjà suffisamment de problèmes comme ça ! -, ils avaient conscience d'être de parfaits inconnus dont le peu qu'il savait lui donnait toutes les raisons de se méfier. Qu'est-ce qui pouvait bien lui permettre de se montrer si nonchalant ? Avait-il fait installer des tireurs d'élite de l'autre côté de la fenêtre à leur insu ?

Leur bienfaiteur tâcha de fournir un résumé succinct de la situation. À en juger par la façon qu'il avait de s'adresser au premier ministre, ils devaient être proches, assez pour faire l'impasse sur les formalités qui accompagnaient d'ordinaire de telles réunions au sommet.
Toutefois, c'était sans surprise sur eux que l'on comptait pour fournir les détails pertinents - soit répéter ce qu'ils avaient passé la dernière demi-heure à raconter, sans pourtant en voir le bout. Soit ! Puisqu'il le fallait...

« Merci d'avoir bien voulu nous recevoir ! Nous nous doutons que votre temps est précieux... » fit Nain, sans pouvoir s'empêcher de jeter de temps à autre un discret coup d'œil par la vitre - que ce soit parce que c'était leur meilleure porte de sortie ou par crainte de voir apparaître un point rouge sur sa blouse.
« Oui, c'est bien aimable à vous ! » renchérit Collie en se frottant les mains, plein de déférence au point d'en paraître obséquieux. « Et bien, comme l'expliquait votre... Collègue, nous avons en effet été engagés ma jeune collègue et moi-même pour exercer notre science du clonage sur une bribe d'ADN fournie par notre employeur. Manifestement, cet échantillon appartenait à celui que vous appelez « Broly », le roi des Saillants, ce que nous ne savions évidemment pas quand nous avons commencé à travailler dessus, et... Hé ! Doucement ! »

Se dressant en silence dans leur dos jusqu'alors le clone s'était soudainement avancé vers le premier ministre, bousculant indistinctement tout ce qui se trouvait sur son passage. Ses yeux sombres rivés sur le maître des lieux, confortablement assis dans son fauteuil, trahissaient une certaine perplexité - mais aussi une farouche intensité. Ce que son esprit immature n'était pas encore à même de comprendre, son sang le lui dictait.

« Je te connais pas, toi... Qui tu es ? »

Son élocution commençait à s'améliorer, même si, à n'en pas douter, le chemin à parcourir serait encore long. Le simple fait qu'il soit capable de former des phrases entières alors qu'il peinait à prononcer plus d'une seule syllabe quelques heures plus tôt tenait du miracle - d'autant qu'ils n'avaient toujours pas d'explication à ce bond aussi soudain qu'inquiétant dans son développement.
C'était une bonne nouvelle, certes ; c'en serait encore une meilleure s'ils y comprenaient quoi que ce soit.

« Tu sens... » Son nez se plissa alors qu'il semblait effectivement humer l'air, à la manière d'une bête sauvage ; son regard chercha l'homme qui l'avait amené ici, ce « Jojiba », qu'il avait déjà reconnu comme un adversaire valable. « ...Comme lui. »

Sans un mot, Nain et Collie échangèrent un regard circonspect, ne sachant quoi penser de cette déclaration. Leurs habitudes de scientifiques leur dictaient de ne rien faire et d'observer pour collecter des données, de voir jusqu'où Broly pourrait aller de son propre chef maintenant qu'il commençait à faire preuve d'autonomie, mais... Même en faisant abstraction de son ton familier pour le moins inapproprié, n'était-il pas en train d'aller sur un terrain dangereux ? Qu'est-ce que cela pouvait bien vouloir signifier ? Ils se raidirent l'un et l'autre en le voyant serrer les poings devant eux, dévisageant leur interlocuteur. L'air parut frémir ; une brise passa dans ses cheveux.

« Tu es... Un guerrier, toi aussi ? »

Et si c'était le cas, n'était-il pas tenu de le combattre ?... C'était en tout cas ce que lui dictaient ses pulsions.

« A... Allons, restons calmes ! Nous sommes entre gens civilisés, pas vrai ?... » fit le vieux savant en attrapant Broly par le bras, essayant de le contraindre à reculer - sans réussir à le faire bouger du moindre iota. « A... Allez, sois sage et laisse tranquille monsieur le ministre ! Excusez-le, il n'a pas pu faire la sieste, il est un peu grognon !... »

«Huh»

C'était ma simple réaction à ce que me disait Jojiba, mon regard s'étant porté ensuite sur les deux personnes qui étaient présente avec Jojiba et cette... copie de Broly. Ils s'empressaient de présenter leur exploit, mais je crois bien qu'ils ont omis de me dire leur noms. Peut-être qu'ils l'avaient déjà fait mais le choc de voir le titan a du couper mon attention sur le moment... Pendant leur explication, une simple prononciation de leur part me fit apparaître un petit sourire en coin, et je voulais leur faire remarquer, cependant le géant bouscule le scientifique pour passer droit devant moi. Sans réelle forme de politesse, il s'addresse à moi comme si il était un homme des cavernes... Si ce clone est sans nul doute une reproduction de Broly, il y a encore du travail sur le mental à faire.... Mais ce détail est aussi vrai pour la version originale. Mais celui-là à l'air de sentir que je suis similaire à Jojiba...un guerrier. Je me lève donc à mon tour.

«En effet. Je suis un saiyan comme toi et Jojiba. Mon nom est Scalio.»

Les scientifiques commençaient à être inquiets et à juste raison. Tout pousse à croire que Broly veut m'affronter, telle que les pulsions de notre sang le veulent. Mais je ne veux pas que la castagne se fasse ici, j'en ai assez de rénover ce château de merde. Mais vraiment, cette situation me pousse bien au respect, ces scientifiques, j'aimerais vraiment les recruter. Et je connais qu'un endroit capable de les accueillir.

«Broly, je pense savoir ce que tu ressens dans l'immédiat après m'avoir..."senti". Si tu veux bien être patient et mettre de côté tes instincts, je serais en mesure de te donner ce que tu veux, comme avec notre compagnon à côté de toi quand tu l'as rencontré. Est-ce que ça te va?»

Je vais le laisser réfléchir vite fait et faire part aux scientifiques de la proposition que j'avais en tête.

«Hum, quant à vous je suis convaincu que vous seriez d'un grand atout pour la Terre, je serais ravi de vous accueillir à ma plus grande faculté de recherche! Si Broly est vraisemblablement encore au stade de développement, je pense que ce serait d'un grand intérêt pour vous d'avoir un sponsor tel que moi.»

Ouais j'essaye de couper court à la conversation, mais le colosse en face de moi est la preuve même de leur capacités, je serais un idiot pour passer à côté de ça. De plus, avoir le contrôle de Broly me permettrait de mieux le cacher aussi. 

«Je me rend bien compte que les choses se passent bien vite, mais s'il vous plait prenez une décision. Au moins de visiter la dite faculté, nous pourrons discuter des détails d'emplois là-bas. La dernière chose que j'ai envie de faire actuellement c'est de repasser une énième commande de rénovation pour le palace républicain. »