Une Première rencontre

Tiens. Je suis où là ? Des arbres, une forêt sans doute. Comment je suis arrivé là déjà ? Bon, peu importe après tout. Je sais que je me dirigeais vers la ville, j'ai du me perdre. Sans doute. Tiens, elle est vraiment belle cette forêt. J'ai bien fait de me perdre. J'avance jusque dans une petite clairière. La plupart des animaux ne me sentent pas approcher, et ne fuient même pas à ma vue. Voilà un an que je vadrouille de part en part de l'univers, et je ne sais toujours pas ce que je cherche. Mais rien ne sert de s'embrumer l'esprit avec ce genre de questions. La réponse finira bien par arriver. Ou non d'ailleurs. Qu'importe.
Je décide de m'asseoir à l'orée de la clairière, contre un arbre. J'attrape dans mon sac une pomme et la croque. Je prend mon temps pour la manger, je savoure. Je l'avale en entier, trognon compris, et me lève. Je me décide à traverser la clairière, et, par extension, la forêt. La destination n'est pas importante. Tiens, qu'est-ce que c'est sur le sol ? Petit, visqueux, il se rétracte dans sa coquille quand le l’attrape. Quelle étrange créature, je me demande bien à quoi elle peut bien servir. Je la repose entre deux brins d'herbes et continu d'avancer dans la clairière. Tiens, depuis quand pleut-il ? Mes vêtement sont trempés, sans doute un petit moment. L'eau ne me dérange pas, et puis, il ne fait pas froid donc ça n'a rien de désagréable.
À force d'avancer, toujours d'avancer, sous la pluie qui s'estompe, je trouve une cabane. En bois. Dans la forêt. On dirait un des jeux vidéos de mon frère, d'autant plus que celle-ci à l'air vide. Je toque, puis rentre. Elle est vide. Complètement. Quatre murs, un toit, le sol, la porte et la fenêtre. En sortant, j'aperçois, entre les arbres, une silhouette marchant dans cette direction.

De la ville à la forêt donc, le parcours de Doki Dulicki ne semblait avoir absolument aucun sens et pour cause, sa mémoire défaillante le menait à suivre son instinct plutôt que son esprit lorsqu'il avançait dans une direction. C'était un peu se que faisait un animal en réalité, et même s'il avait l'apparence d'un chien humanoïde, Doki était bien plus qu'une bête sauvage ou un gentil toutou que l'on peut apprivoiser. Ceci dit, il pouvait être facilement influençable puisqu'il se laissait guider par son insouciance et faisait facilement confiance aux gens qu'il rencontrait. Ceci l'avait amené maintes fois à se retrouver dans des situations délicates et bien souvent marcher sur le terrain obscur de dangereux criminels. Malgré cela, il était toujours en bonne forme et n'avait pas l'air inquiéter. Aurait-il lui aussi fini par rejoindre une organisation secrète agissant dans les ténèbres ?

Doki était sorti du cinéma il y a quelques heures de cela, à son habitude il avait avancé sans réfléchir jusqu'à la forêt. Une forêt où il avait déjà mit les pieds il n'y a pas si longtemps que cela et où il avait rencontré le guerrier sayen Pythar, avec qui il avait manigancé une cueillette de champignons. Il avait commencé un combat pour s'entraîner, il ne se souvenait pas de tout mais il se rappelait que cela avait mal commencé. En effet, dès le début du combat il avait été prit d'une envie pressante de se soulager et finalement le duel avait tourné court. Tout ceci paraissait bien loin, enfin, Doki n'avait plus vraiment la notion du temps alors il ne pouvait pas trop le dire. Et comme il n'avait pas non plus la notion du temps, il ne s'attendait pas à ce qu'il pleuve dans cette forêt. Admirable transition, oui, je sais. Mince alors ! Le moojuu n'avait même pas de parapluie pour se protéger des gouttes qui tombaient, il devait vite trouver un abri sinon il allait être complètement trempé.

Pressant le pas, Doki fonçait tout droit et aperçu une cabane en bois, quelle chance ! Le moojuu se précipita jusqu'à la porte, il voulu frapper avant d'entrer, mais son premier coup était tellement fort que son bras traversa le bois. Avec l'élan qu'il avait prit il avait en même temps ouvert la porte mais il ne l'avait pas déboité. Tant pis, Doki avait trouvé un endroit pour s'abriter et c'était bien là l'essentiel. Soudain, il remarqua une autre personne dans cette cabane étrangement vide, était-ce le propriétaire des lieux ou était-il venu s'abriter comme l'homme-chien ?

"Oups... Bonjour, je ne voulais pas déranger. Je voulais juste m'abriter, désolé !"

C'est en disant cela qu'il constata que la pluie était devenue moins forte, si elle s'arrêtait il se serait précipité et fait tout ça pour rien. C'était dommage, surtout pour la porte. Mais il y avait encore plus gênant dans cette situation: Doki avait le bras coincé dans la porte ! En essayant de le retirer il risquait de la casser complètement, cela ne plairait peut-être pas eu jeune terrien alors il préféra faire comme si de rien était, même si la situation était évidente. Il resta à l'entrée dans cette position un peu débile mais fit comme s'il n'y avait rien d'anormal.

Ha ! J'avais raison, il y avait bien quelqu'un. Mais je n'ai pas le temps de m'attarder plus longtemps sur lui tant le ciel m'attrait. Ce nuage, là. Il y a un nuage en forme de quelque chose. Un bruit. La porte, sans doute. L'individu a dû entrer. C'est malpoli de regarder ailleurs quand quelqu'un se présente. Je me tourne vers l'inconnu et regarde le mur derrière lui. J'entends son "Bonjour" et, à la fin de sa phrase, lui lâche un "Salut". Tiens, le vent. On est à l'intérieur pourtant. En tournant la tête j’aperçois le trou laissé par feu la porte d'entrée. Je m'en approche de quelque pas, qu'est-ce qui a bien pu arriver ? Je balaye la pièce du regard et m'arrête de nouveau sur l'inconnu. Qui s'avère être, un chien humanoïde ? Alors que je le fixe, mon fil de pensée bifurque me rappelant quelques souvenirs amusant. Je souris et pouffe de rire. À nouveau, le vent me ramène alors que j'avais complètement oublié la suite des évènements. Je regarde donc le chien, et remarque, sur son bras, ladite porte. Il a défoncé la porte d'un coup de poing. Ouah, il doit être vachement fort.

- Ouah, tu dois être vachement fort. Mais j'en oubliais mes bonnes manières. Bonjour !

Je ne l'ai pas déjà salué ? Après tout, peu importe la réponse, ce qui est fait n'est plus à faire... Ce qui est fait est fait plutôt. Voilà, je ne peux pas changer le passé, autant l'accepter.

- Cette question peut te paraître bizarre, mais d'où te viens cette force ? Un entraînement, un don,une expérience et caetera...

Avant même que ma phrase ne soit fini, mon attention s'est détourné sur un insecte volant, une mouche probablement, qui est venue elle aussi s'abriter. Je la suis de mes yeux, et quand je l'a perd, je la suis de mon ouïe.

Pourvu que le jeune garçon n'en veuille pas à Doki d'avoir troué la porte ! C'était ce que le moojuu espérait, mais comment penser que ceci n'était pas grave alors que cette petite cabane était probablement construite pour se mettre à l'abri du temps qui, suivant les saisons, pouvait être rude ?  Il s'imaginait que cette cabane était celle de cet adolescent et donc voir la porte cassée pouvait le contrarier. Pourtant, il n'y avait rien ici qui montrait que quelqu'un pouvait vivre ici, c'était bien vide, mais l'homme-chien ne pensait pas à tout ça. Pensait-il d'ailleurs ? Il agissait souvent sans trop réfléchir. Avec ses lunettes sombres, il gardait son air sérieux, le bras toujours coincé dans la porte, il ne pouvait pas passer inaperçu et pourtant il faisait comme si tout était normal. Une situation pour le moins cocasse, mais le garçon aurait-il envie de rire ? Visiblement oui, après l'avoir brièvement salué il montra que la scène l'avait amusé. Ouf ! Doki n'en prendrait pas pour son grade !

Voyant que rien ne lui était reproché Doki retira son bras de la porte, discrètement tout de même, il ne voulait pas aggraver la situation. Il écouta le garçon en essayant de refermer la porte, mais il remarqua qu'avec son coup il avait un peut déformer les gonds de la porte. C'était problématique car elle aurait du mal à se refermer. Toujours subtilement, il laissa l'entrée ouverte, faisant comme s'il n'avait pas remarqué ce détail. Doki prêta plus attention aux paroles du garçon qui fut impressionné par la force du moojuu. Il fallait dire que la démonstration pouvait être surprenante, bien que l'homme-chien à lunettes ne comprenait pas trop ce qu'il y avait d'extraordinaire dans cela. C'est vrai, il avait maintes fois casser des objets grâce à sa maladresse légendaire. Mais Doki resta sérieux et répondit au garçon aux cheveux bleus, sans se rendre compte qu'il l'avait salué deux fois.

"Hoho ! Ça t'épates, popom ?"

En disant ça Doki eût la soudaine envie de manger des pâtes, mais c'était un détail inutile dans cette piètre narration. Le moojuu pensait avoir impressionné l'adolescent qui se tenait en face de lui et il en était plutôt fier. C'est vrai qu'il avait montré un échantillon de sa puissance en balafrant cette pauvre porte, mais en fait il n'y avait rien d'exceptionnel à ça, peut-être même que la remarque du jeune garçon était ironique ? Cela n'avait pas l'air d'être le cas, et de toute façon de Doki ne se posait pas ce genre de question. Par contre il voulait bien répondre à celle de ce jeun homme, qui avait été impressionné par l'entrée en scène fracassante de Doki Dulicki, et c'était le cas de le dire.

"D'où me viens cette force ? Hum... Des entraînements et de l'expérience, moui il y a un peu de tout ça ! Les gens de mon espèce ont une force innée vois-tu. Mais en ce qui concerne le trouage de porte je ne sais pas si tu trouvera plus doué que moi."Cette dernière phrase avait comme une pointe d'humour, mais qui sait si Doki l'avait fait exprès ou non ? "Tu n'as donc vu personne avoir une telle force ? Je croyais pourtant que les terriens s'amélioraient de nos jours, popom."

Doki se tenait alors le menton, semblant prendre un temps de réflexion. Mais peut-être qu'il avait juste envie de se tenir le menton. Il allait sûrement ensuite demander au garçon ce qu'il faisait ici mais avant cela il allait attendre une réponse de sa part. Mais le temps passait et déjà, la pluie s'était peu à peu arrêtée, Doki pouvait donc sortir de nouveau dehors. C'est ce qu'il fit, en faisant signe au mystérieux garçon avant de quitter la forêt.

(Poste édité)