Plusieurs jours, plusieurs semaines et plusieurs mois s’étaient écoulés avant que notre héros ne reçoive de réponse. Son appel avait raisonné dans le vide et il s’était résigné à se débrouiller seul. C’est ainsi qu’il avait passé son temps en vivant la vie d’étudiant du corps auquel son âme était enchaînée. Le silence radio l’avait comme assommé, il l’avait pris comme un coup de poing, un peu comme-ci son retour n’intéressait plus personne.
Dans ce corps d’emprunt il se sentait comme dans un scaphandre submergé, où la volonté était remontée à la surface, le laissant seul et froid. La routine comme un rouleau compresseur lui avait extrait la notion du temps. Le soir allongé dans ce lit d’adolescent, les cris de la pendule se faisaient entendre dans toute la maison ; elle lui rappelait qu’il n’était plus rien ni personne.
La famille du garçon n’avait rien remarqué, tant le jeune homme d’ordinaire était plutôt réservé et comme il n’avait aucun ami, sa couverture restait intacte. L’école qu’autrefois il avait créé n’était plus, le nouveau souverain l’avait dissoute et de ce fait elle était redevenue chiante et abrutissante. D’ailleurs la délinquance était de nouveau en hausse chez les jeunes, la misère, la corruption et tous les autres maux qu’avait tentait de soigner l’ancien gouvernement, comme la gastro étaient revenue. Les malheurs du peuple n’intéressaient plus personne.
L’ordre n’était plus qu’un souvenir, qu’une poussière dans les cendres de l’ancien régime, les gens étaient comme livrés à eux-mêmes. Dire que certains avaient osé dire que Darkus n’avait rien fait… C’était faux, il avait fédéré le peuple autours d’un même projet, celui du progrès et de l’homme. L’ordre, la sécurité et l’ambition en était le ciment qui devait construire cette harmonie. Mais aujourd’hui tout était remis au vent. Et ce souvenir ne semblait plus reluire dans l’esprit de personne.
Un jour qu’il se rendait en cours, après avoir mangé pour le petit déjeuné une simple barre de céréales, tant il ne pouvait plus se nourrir comme un Sayen à l’estomac Gargantuesque, le long d’une sombre allée du lycée, il fut plaqué au mur par le Bully de l’école.
«
Hey mon p’tit Léon, tu t’souviens de moi ? »
Darkus était maintenu contre le mur et soulevé à quelques centimètres sur sol par ce gros balourd qui le tenait par le col de sa veste en cuir. C’était le début de l’hiver et il faisait encore nuit dehors, l’aube pointerait le bout de son nez dans une demie heure et le froid mordait la peau de l’ancien souverain devenu tout faiblard par manque d’entretiens. Le choc lui avait parcourus tout le dos et l’avait transi. La pression maintenue à son col lui bloquait la respiration et lui exorbitait ses yeux.
Le regard noir de cette brute n’aurait pas inquiété le Sayen, mais le faible garçon ne pouvait s’en défendre. Et ses coups de pieds qu’il envoyait dans le torse de son agresseur n’eurent pas plus d’effet qu’un insecte sur un pare-brise. La pluie fine qui s’abattait sur de Satan-City dégoulinait sur le visage porcin du Bully. Cette pluie verglaçante faisait ressortir la fureur dans le regard de l’ignoble personnage, ainsi que la surprise dans celui de Darkus.
Aucun son ne sorti de la bouche de la victime, et de nouveau il fut claqué contre le mur un peu plus violement, des fragments de briques s’écrasèrent au sol et un gémissement raisonna dans la rue. Le réverbère qui éclairait la lune clignota peu après le choc et le rire frénétique du gros malabar se fit entendre.
«
Tu ne sais pas quoi dire ? On t’a mangé la langue ? Tu ne m’as tout de même pas oublié ? »
C’était la première fois que Darkus voyait ce gars-là et avec une gueule pareille, il l’aurait reconnu ! Une espèce de gros rouquin à la coupe « île flottante », dont les cheveux courts qui se dressaient sur le haut de son crâne rasé faisait ruisseler la pluie sur son front couvert de taches de rousseur et d’acné. Il avait une balafre sur l’arcade gauche et un piercing à l’autre. De fins sourcil roux étaient posés au-dessus de ses yeux noirs. Son nez de cochon au milieu de son visage était lui aussi couvert du brun de judas, tout comme le reste de sa sale tronche d’enflure. Un fin duvet surmonté sa bouche d’où sortait une haleine fétide et dans laquelle des dents jaunes étaient emmêlées les unes entre les autres. Deux ou trois poils se battaient en duel avec des boutons d’acnés sur son triple menton. Ses grosses joues de porc rougies par le froid étaient protégées contre les baffes tant sa peau était sale à cet endroit.
Autour d’eux, une rue assourdissante dont les passants et les voitures hurlaient, mais personne n’avait porté d’attention sur ce qu’il se passait, ce genre de spectacle était devenu habituel dans le monde depuis que tout avait changé. Certains admiraient en souriant, attendant avec empressement la suite du programme pour en faire l’anecdote plus tard dans la journée et d’autres regardaient simplement avec pitié. Une sorte de brouillard provoqué par les voitures englobait la rue et dansait autours des gens en entrant dans leurs poumons pour leur transmettre quelques douceurs. De nouveaux le Sayen dans son corps tout frêle se fit malmener contre ce mur, puis simplement jeté au sol comme un simple mouchoir en papier. Il tomba lourdement sur le sol mouillé et sans qu’il ne puisse réagir, il reçut un violent coup de pied dans le ventre, ce qui le fit se décoller du sol et retomber contre le mur en haletant.
«
Où est mon fric mon pote ? »
Un long silence dans lequel Darkus restait de marbre, en souffrance, mais très rapidement un poing rond et énorme s’éclata dans sa mâchoire, puis une deuxième et une troisième. Pas une seule émotion ne semblait émaner de l’ancien guerrier. Du sang se mit à couler sur le trottoir. Un gémissement sortit de la bouche meurtrie de Darkus qui semblait perdu. Pas une seconde on aurait pensé que l’ancien souverain aurait pu se faire exploser ainsi par un merdeux de la sorte. Et pourtant c’est ce qu’il venait de se passer. Et personne n’aurait pu penser qu’il eût reçut cette volée sans répliquer. Non, personne…
Un cri d’effroi traversa la rue qui semblait n’en avoir rien à foutre, c’était un peu plus loin dans une ruelle près du lycée, une fille était en train de se faire molester par une bande de jeune never been qui voulaient s’amuser un peu. La jeune femme criait à l’aide, mais personne ne semblait s’en foutre, mis à part ses agresseurs qui semblaient excités par sa réticence.
L’iris de Darkus se rétracta et son regard sans vie se figea un instant avant de se dégeler. Alors qu’un énième coup allait s’abattre sur lui, il attrapa le poing du connard en face de lui et lui serra si fort qu’il lui brisa ses métacarpes. Ses petits os et sa chaire sortirent de sa main ensanglantée, Darkus se releva en tirant sa brute au sol et en profita pour lui briser l’humérus et l’ensemble radius/cubitus. La rage se lisait maintenant sur le visage recouvert de sang et de bleus de Darkus, tandis que la douleur et l’incompréhension se dessinait sur l’autre merdeux.
«
Tu peux garder la monnaie… mon pote. » lâcha l’ancien Roi.
Le Sayen avait puisé au fond de lui-même pour retrouver une partie de sa force enfouie. Il remonta le col de son blouson et d’un coup de talon parti vers le cri qu’il avait entendu. Personne n’avait bougé quand l’agressé s’était levé d’un bond pour contre-attaquer. Les spectateurs en furent très surpris, mais c’était pour eux une sorte de spectacle où la situation c’était retournée, cela mettrait un peu de suspens dans leur triste vie, un peu plus de palpitation.
Un coup de tonnerre retenti dans la ruelle où un larcin était en train de se produire. Darkus, dont les cheveux de son corps d’emprunt tombaient sur son visage tuméfié, ensanglanté et couvert de pluie, se retrouva face à trois hommes encerclant une femme contre un mur. Deux couteaux et une chaîne contre une faible jeune femme, ça allait être dure.
«
Tire-toi gamin où ça va barder pour ton cul, tu croqueras dedans après nous si t’en as envie ! hahaha ! »
Le regard remplie de haine, Darkus donna un violent coup de pied dans un couvercle de poubelle en métal qui vint trancher la main d’un des prédateurs sexuels qui tenait fermement un couteau. Le couvercle se planta dans le mur et la main armée tomba dessus comme sur un plateau. Furtivement et rapidement, Darkus se retrouva entre les deux autres hommes, se saisit de la chaîne, il tira tellement fort dessus qu’elle vint sectionner les doigts de son porteur et il enfonça son pied dans le tronc de l’autre enflure qui eut directement le souffle coupé.
Son enchainement se poursuivi en entourant la main du porteur de couteau au souffle coupé et le désarma. Il shoota dans le couteau qui était dans les airs en suspension et l’envoya se planter dans la tête du manchot allongé contre le mur en hurlant sa mère. Ensuite il explosa le crâne avec la chaîne de celui qui en était autrefois le propriétaire avec plusieurs coups en arrière qui vinrent lui enfoncer le visage dans son crâne. Et pour finir, il explosa les genoux du dernier connard pour le foutre au sol. Des hurlements de douleurs raisonnaient dans cette ruelle pour se mêler à la fureur de la rue folle d’à côté. Sans pression et sans regrets, il acheva son adversaire à coups de talon sur le torse.
Il souffla et se tourna vers la fille qu’il venait de sauver, elle avait disparu. Tu m’étonnes qui serait assez fou pour rester lors d’un tel carange alors qu’on a risqué soi-même de se faire éclater le cul. Le sang avait giclé partout ici et là-bas. Darkus tomba à genoux et son regard de haine redevins serein. Il souffla et tapa du poing dans une flaque de sang avant de se relever.
Son regard se perdit dans le smog flottant au-dessus de la ville et il hurla de rage. Quelque chose battait de nouveau dans son thorax, quelque chose qui faisait bouillir son sang dans ses veines et qui le poussait à exprimer sa soif de colère. Le sol se mit à trembler dans cette partie de la ville, certains bâtiments vétustes eurent des morceaux de leur murs qui s’étaient effrités. La secousse ne dura que quelques secondes, les poils du jeune garçon étaient dressés par les frissons qui lui parcourraient le corps. Que venait-il de se passer ? Darkus s’il en avait eu le pouvoir à cet instant aurait pu se changer en super Sayen, tant sa hargne le portait et le rongeait de l’intérieur.
Très vite, après son crie, il s’enfuie dans la ruelle qui le mènerait vers un quartier de la zone désaffectée. Il courut dans cette rue malfamée sans prendre attention à personne et il arriva devant la friche de l’ancienne gare. Essoufflé, il s’assit contre le mur, des larmes coulaient le long de ses joues et se mêlaient au sang coagulé et aux coups qu’il avait reçu sur son visage et qui le marquait profondément en cet instant. Son nez n’était pas cassé, il avait simplement d’affreux bleus au visage. Qu’allait-il faire ? Il n’en savait rien… Seul il ne pouvait rien… Il était perdu, mais ça, il l’avait déjà vécu autrefois lorsqu’il était enfant.
En effet, perdu sur une planète lointaine, il avait eu à survivre seul et blessé dans un endroit beaucoup plus hostile que celui-ci. Il s’était trouvé un repère et s’était mis à méditer et à s’occuper comme il le pouvait pour survivre et attendre du renfort. La seule différence aujourd’hui, c’était que probablement aucun renfort ne viendrait à lui et qu’il était faible. Il allait alors s’entraîner de nouveau pour libérer la force enfouie en lui et apprendre à la maîtriser. Et qui sait, peut-être apprendrait-il quelque chose…
Il décida alors d’établir son camp ici dans cette ancienne gare. *
Si des mecs se pointent, je vais les faire dégager. * pensa-t-il. Darkus alias Léon installa une espèce de dortoir rudimentaire. Il avait dégagé les canettes et seringues qui se trouvaient ici, c’était un peu plus vivable, en tout cas pour lui. Il creusa ensuite un trou près de sa couchette où il ferait un feu pour lui le soir se réchauffer et manger.
C’est alors ainsi, après s’être installé que son entraînement débuta, torse nu dans son jean craqué, il se présenta devant un train qu’il tenta de soulever. Mais étant donné la force du Sayen, l’objet ne bougea pas d’un petit doigt. Il avait beau y mettre toutes ses tripes, rien ne vint, il devait alors se concentrer et tenter de faire appel à ce pouvoir qui avait surgit hors de lui tout à l’heure et qui avait fait trembler une partie de la ville. Il s’assit alors à côté de la locomotive et ferma les yeux. Il se concentra. On pouvait lire sur son visage les traits serrés et fort marqué qu’il tentait de chercher son énergie en lui. Mis à part un teint rouge pivoine, il n’obtenu rien de plus. Il rouvrit les yeux et soupira. Le travail allait être long et laborieux.
Plusieurs jours s’écoulèrent alors que Darkus menait maintenant une vie de moine dans cette ancienne friche industrielle, témoin du passé de la ville. L’entraînement commençait à porter ses fruits, il avait retrouvé une partie de son agilité et une petite partie de sa force. Son instinct de Sayen le poussait à l’entraînement et à la survie et par la méditation, il tentait de lire en lui, ou plutôt en eux… Il n’avait pas réellement eu de problème avec les habitants, les lieux étaient vraiment déserts, personne ne venait l’emmerder. Il avait même fait la connaissance d’un raton-laveur qu’il avait surnommé « futé » et qui lui tenait compagnie le soir. Pour se nourrir, Darkus allait se servir dans un vieux magasin à l’abandon où il avait trouvé des provisions encore pérennes. Ce n’était pas un festin de roi, mais ça lui suffisait.
Ce soir-là, il méditait tranquillement au coin du feu, sous le regard attentif de son nouvel ami quand tout à coup une bande de voyou s’était donné rendez-vous pour un règlement de compte. Les beuglements mirent fin à l’entraînement spirituel de l’ancien souverain. Il ouvrit un œil puis l’autre et se leva d’un coup en soupirant.
«
Reste là Spot. »
Il prit un bout de ferraille qui lui servirait de batte de baseball et il sauta de la mezzanine du haut de laquelle il s’était installé. Il tomba au milieu du cercle de voyou qui s’était formé pour former une espèce de ring. Tous furent surpris de le voir débouler de la sorte. Les deux chefs de la bande n’eurent pas le temps de réagir que plusieurs fortes têtes rompirent les rangs pour s’attaquer à l’intrus qui avait chamboulé leur fête. Darkus esquiva les coups de chaîne et de poignard sans sourciller ni même ouvrir les yeux. D’ailleurs il avait mis un bandeau rouge autours de ses yeux pour s’entraîner à de nouveau ressentir les vibrations de l’air. Il l’avait mis avant de sauter. Il fit tourner le morceau de ferraille autour de lui, le faisant rayer le sol et il frappa un des premiers voyous en plus sur le crâne, celui-ci s’écroula raide mort, il donna un coup de pied en arrière dans la mâchoire d’un autre qui se brisa. Il tomba au sol agonisant, littéralement la gueule ouverte puisque sa mandibule lui sortait de la peau. En esquivant un coup de couteau, il brisa le bras de l’assaillant et lança machinalement l’arme dans la gorge d’un autre homme qui n’eu pas le temps de bouger de plus. Celui-ci tomba en se tenant le cou, le sang coulant dans le fond de son œsophage. Celui qui eu le bras brisa était à genoux devant Darkus qui lui explosa la face d’un coup de genoux. Il se redressa et dit simplement :
«
Quelqu’un d’autre ? », il marqua une pause et repris : «
naturellement… »
Il tendit sa main libre vers une partie des hommes qui l’encerclait et il tira un rayon d’énergie qui les désintégra. L’un des chefs hurla : «
Ne fuyez pas, attaquez-le ! » car la peur s’était emparé de la foule. Darkus souris et les extermina un par un à coup de barre de fer et de tout ce qu’il pouvait lui tomber sous la main. Lorsqu’il en eut fini, il retira son bandeau et contempla son chef d’œuvre sans aucune émotion. C’était un Darkus plus noir qui se dressait là au milieu des cadavres, un Darkus sans remords capable de tuer de sang-froid. Pour lui, la rigolade était terminée. Un homme bougeait encore, il s’éleva dans les airs, fit un salto et lui enfonça le visage avec son talon. La cervelle se renversa au sol.
Tournant les talons pour repartir se nicher comme un oiseau de chasse sur son nid, il fut marqué par quelque chose. Parmi les cadavres, un des hommes portait une partie de l’ensemble que portait les soldats terriens, serait-il un vétéran qui a mal tourné ? A en voir sur le visage juvénile du jeune voyou, pas vraiment, il avait certainement dû le ramasser quelque part. Darkus lui retira alors son accoutrement le reparti sur son perchoir. Il posa méticuleusement l’attirail près de sa couche et retourna en bas faire disparaître les corps, question d’hygiène. D’une attaque de ki, il creusa un trou dehors et il jeta les corps dedans juste avant d’y remettre de la terre par-dessus. Aussi froid que le marbre, il remonta se faire une petite boite de corned beef et de maïs qu’il allait partager avec Spot.
Quelques mois passèrent après cet incident, il avait bien installé l’ancien équipement terrien sur un mannequin, un peu comme une sorte d’hôtel devant lequel il se recueillait. Non pas qu’il regrettait son passé aujourd’hui, non cela l’aiderait à avancer. Il devait se retrouver et être serein avec son for intérieur. Tous les jours il s’entraînait et méditait toujours en compagnie de son compagnon. Les yeux clos, les traits détendus il était perdu dans ses méditations, rien ne pouvait le déranger, plus concentré que jamais.
Ce qu’il ne savait pas c’était qu’un combat intérieur allait se dérouler, en effet, comme pourrait-il libérer son corps ? Mais tout de suite la réponse ne pouvait être élucidé. Alors qu’il voyageait dans son esprit, quelque chose faisait des interférences et lui donnait des maux de tête atroces. Il était comme dans un couloir infini où chaque porte menait à une petite pièce montrant à Darkus des choses importantes pour lui, révélant qui il était vraiment. On pouvait voir des scènes de son enfance ou encore ses combats menés par le passé. Toute sa haine enfouie dans une même pièce saccagé par une bête informe, sa tristesse dans une pièce remplie de souvenir déchirant où l’on pouvait voir un Darkus rachitique au regard perdu et remplie de larme à la fois… La vanité présentant un Darkus gigantesque se masturbant sur toutes les prouesses qu’il avait eu à réaliser par le passé… Toutes sortes de choses assez étranges et dérangeante mais que notre héros avait eu l’habitude de voir tant il était passé par ce couloir infernal.
Cela ne l’intéressait pas vraiment, non, ce qu’il cherchait c’était principalement une chose : savoir pourquoi ses maux de têtes lui viennent quand il arrivait devant cette porte précisément… Contrairement aux autres qui étaient en bois nobles travaillés et couvertes de dorures, celle-ci était d’un bois standard, couverte d’une peinture verte foncée qui commençait à s’effriter. La poignée toute aussi modeste dès lors qu’il posait les doigts dessus semblait renforcer ses douleurs et rien n’y faisait, inéluctablement, il devait rouvrir ses yeux épuisé…
Sauf que cette fois-ci, il avait décidé de résister un peu plus, à genoux devant cette porte maudite qu’il avait tenté d’ouvrir plusieurs fois, transit de douleur il tenta de tourner la poignée mais il tomba en arrière sur les fesses, déséquilibré par la douleur si intense qui lui parcourais non plus seulement le crâne mais tout son être. Il tendit son bras en avant et envoya un rayon d’énergie dans cette porte qui s’explosa laissant apparaître un torrent de poussière. Les douleurs s’évanouirent et Darkus se releva doucement pour tenter d’apercevoir ce qu’il se trouvait dans cette pièce. Il franchit le seuil de la porte quand la poussière retomba au sol, le corps d’un garçon inerte se trouvait là, c’était l’esprit de Léon qui dormait derrière cette porte, il avait reconnu ce visage qui était maintenant le sien. Le Sayen accouru et tenta de réveiller l’adolescent, sans se soucier des conséquences que cela allait impliquer.
«
Tu n’aurais jamais dû ouvrir cette porte ! », dit le garçon en ouvrant ses yeux. «
Nous allons être perdu ici à jamais ! »
La surprise se lit sur le visage du souverain déchu, tout autour de lui devint flou et les murs se changèrent instantanément. Ils n’étaient plus dans l’esprit de Darkus apparemment. Serait-ce celui de Léon ? Ce dernier se releva et dis. «
Nous voici perdu dans les limbes… »
En effet, un décor sinistre digne de l’enfer se dessina autours d’eux, comment allait-il s’en sortir ? Il n’y avait apparemment aucune issue possible… Mais c’est alors qu’apparue une armure d’or, c’était celle du Cancer, elle était apparue à Darkus pour l’aider à sortir d’ici.
«
Je crois que je vais te faire mentir, viens suis-moi ! » cria Darkus qui accouru vers l’armure du Cancer qui commençait à trembler. Lorsque Darkus fut assez près, celle-ci se vêtit sur lui comme par enchantement sous le regard stupéfait de Léon qui n’en croyait pas ses yeux. «
Bien, cherchons mon corps à présent ! Et nous serons libre tous les deux ! »
«
Ce n’est pas si simple Darkus, nous ne sommes plus dans ton esprit ni même dans ton corps, nos esprits se sont retrouvés menés ici en cet enfer où personne ne peut s’enfuir… A quoi va te servir ton déguisement ? Rien je pense… »
Le jeune homme avait malheureusement raison sur le fait qu’ici ils ne trouveraient pas le corps scellé de Darkus, mais l’armure du Cancer pouvait les aider à sortir d’ici. «
Agrippe vite mon bras ! » cria Darkus. Le garçon s’exécuta et l’armure les fit disparaître de cet endroit.
Les yeux de Darkus s’ouvrirent, le feu s’était éteint, Spot dormait. Rien n’avait l’air d’avoir changé sur lui, mis à part que le corps de Léon et qui était le sien, était habillé de l’armure du Cancer.
*
Oua, je vois avec mes yeux !!!* raisonna la voix de Léon dans sa tête, *
je n’y crois pas !*
«
Argh… Qu’est-ce que c’est que cette douleur atroce ? » s’écria le Sayen. «
Je crois que je préférais les lymbes… »
L’esprit de Léon et celui de Darkus partageaient maintenant le corps de l’adolescent et c’était assez douloureux d’entendre plusieurs voix dans une seule tête.
*
Nous ne faisons plus qu’un maintenant… J’ai vu tout ce qu’il s’est passé lorsque j’étais enfermé dans cette pièce… J’ai d’abord cru à un mauvais trip, mais j’ai dû me résoudre à y croire. *
«
Je ne comprends pas moi-même ce qu’il se passe… »
*
Je l’ai bien compris…*
Et tous deux discutèrent ainsi pour tenter de trouver une solution pour libérer le corps de Darkus. Mais la douleur de partager ce corps et la fatigue que cela entraînait poussa Darkus à utiliser l’une des techniques du Cancer : le maniement d’âme. Il se concentra et sorti l’esprit de Léon de leur corps et la mit dans l’armure terrienne.
«
Ouah, ça fait bizarre d’être une tenue de combat ! Hey, ça me gratte le plastron, tu m’aides ?? Nan je déconne ! Ouaaaaaah je peux parler putain !! J’trouve ça étrange, je perçois les choses différemment, c’est ouf, tu devrais essayer !»
Darkus regarda l’air dépité l’armure qui ne faisait que parler… Quand celle-ci eut fini de raconter sa vie, de faire sa biographie, Darkus l’enfila au-dessous de l’armure du Cancer. Il s’agissait de l’armure légère, à savoir le plastron simple avec une cape, le pantalon de combat, les bottes et les mitaines renforcés.
Comment allaient-ils faire maintenant ? Il était prévu pour eux de quitter la terre, le corps du jeune garçon était devenu assez fort et résistant pour survivre dans des environnements hostiles. Ils devaient trouver un spécialiste pour extraire le corps scellé de Darkus dans cette fiole. Le Sayen savait que sur Magma il trouverait surement de l’aide. De toute façon, en restant inactif, cela ne lui apporterait rien. Ils décidèrent de passer la nuit pour se reposer et de repartir au petit matin.
Dès que le soleil caressa la gare de ses rayons d’or, le Sayen dans le corps du terrien et le terrien dans l’armure terrienne, ceux-ci se réveillèrent. L’armure fit part de son manque de sommeil et de ses capacités infinies étant donné qu’il n’était plus humain. Darkus lui fit remarquer que s’il était détruit, son esprit serait évaporé, c’est pourquoi ils devraient être prudent. Le Sayen ne tenait pas vraiment à rester coincé dans le corps de ce nabot.
Ils partirent donc de bon matin, Spot sur l’épaule en direction de la base de lancement… Juste avant cela, Darkus envoya un dernier message à Born :
« Born,
Je ne sais pas si tu recevras se message, mais je suis en route pour Magma, je ne sais pas où tu te trouves, mais mon ami, j’ai besoin de toi…
A très bientôt je l’espère,
Darkus. »
De nouvelles aventure les attendaient de pied ferme…