Capsule de Riki

Riki se réveilla alors qu'il arrivait à proximité de la planète Vegeta, le voyage lui avait semblé long, mais peut-être n'avait-ce été qu'une impression. Toujours est-il, d'après les rapports qu'il était en train de lire, que la situation avait quelque peu évolué. Ainsi, les soldats appelés en urgence pour vaincre la créature qui détruisait des villes à la chaîne avaient vu leurs ordres évoluer. Le général Motta et le Roi Pythar ayant eux-mêmes prit les devants pour annihiler la menace dans le plus brefs délais, les autres soldats, au risque de les déranger, avaient reçu pour ordre de clôturer le périmètre et d'empêcher quoi que ce soit d'en entrer ou d'en sortir. Ainsi, lorsque Riki atteint finalement le sol, il fut réceptionné par une escouade d'autres soldats. Leur dirigeant, un sergent, leur ordonna aussitôt de partir, demandant à son caporal qui lui servait d'opérateur radio de communiquer leur destinations aux membres de l'escouade en retard. Alors que le monarque sayan laissait libre cours à sa haine et à sa colère, ses soldats s'élançaient vers la zone d'opération, dans l'espoir de pouvoir lui apporter un quelconque soutient, malgré l'énorme différence de niveau.

Un attroupement grandissant de sayans grouillait sur le sol de Vegeta, près des bases de lancement, alors que les premières capsules des soldats volontaires pour l'assaut sur Terre se posaient. Parmi ceux-ci se trouvait celle de Riki, qui, après avoir discuté brièvement avec ses collègues et les opérateurs de la base, sorti du bâtiment avec une quinzaine d'hommes sous des huées qui se stoppèrent brusquement. Une tension muette s'était installée entre soldats et civils, et chacun attendait de l'autre qu'il jette le premier ses accusations.

"C'est ça la nouvelle armée des sayans ?"

Demanda un jeune guerrier de l'espace, brisant le silence.

"C'est une honte, une humiliation !"

Renchérit immédiatement son voisin, guère plus âgé.

"Depuis quand laissons-nous fuir nos ennemis avec la satisfaction de nous avoir humiliés ? Vous n'êtes pas des soldats, vous êtes les pires lâches que notre race ai jamais connu, et il fut un temps ou le Roi Végéta aurait pourchassé ces démons jusqu'aux confins de l'univers au lieu de se prosterner comme vous l'avez fait!"

Lança à son tour un vieillard, détournant le regard du groupe entier. L'un des soldats s'approcha alors de lui, l'air menaçant.

"La prochaine fois, au lieu d'attendre bien au chaud pour profiter de la gloire que nous serons partis récolter et de vous plaindre les rares fois où ça tourne mal, vous pourrez peut-être venir vous-mêmes vous battre et nous montrer à quel point vous faites notre travail mieux que nous."

Ces remarques déclenchèrent le retour du brouhaha initial, empli d'accusations à l'encontre des soldats et des nouveaux rois. Les militaires s'en donnaient eux aussi à cœur joie et reprochaient quant à eux aux civils leur manque d'implication dans le tout récent conflit sur Terre. Au centre de tout cela se tenait un Riki soupirant, lassé, le regard vide. Les guerriers de l'espace donnaient à leurs adversaires la satisfaction de les voir se déchirer sans même qu'ils n'aient à intervenir. Il y avait du vrai dans le discours de chacun, mais personne n'avait véritablement raison non plus, et peu importait en fin de compte qui détenait la vérité. L'heure était à l'unité, pas à la discorde.

"Silence !"

Plus que la puissance de sa voie, qui était restée relativement basse, c'était bien celle de son énergie qui avait fait taire à la fois la fois la foule et les guerriers. Le ki azur du sergent se répandait tout autour de lui dans une large aura qu'il espérait suffisamment intimidante pour faire taire chacun des acteurs de cette scène.

"Soldats, rejoignez vos casernes. Je ne veux pas que vous échangiez un mot avant d'y être. Exécution."

Les volontaires hochèrent la tête en silence et s'envolèrent vers leur demeure sans un mot. Riki laissa alors retomber son énergie, puis s'adressa directement à la horde de civils l'entourant.

"Quant à vous autres, rentrez chez vous. Votre présence ici n'est ni pertinente ni utile, et peu importe à qui vous reprochez ce que vous avez à reprocher, il sera bien plus à même de l'entendre d'ici quelques heures. D'ici là, dispersez-vous."

Quelques secondes passèrent avant que la foule ne s'éparpille dans un calme très relatif, au moment même où une seconde quinzaine de soldats quittaient à leur tour le spatioport, fixant Riki d’un air interrogatif en voyant la masse s’écarter. Le sergent ne leur rendit qu’un regard lassé, puis leva les yeux au ciel en soupirant longuement. Ce travail n’était pas le sien. Il incombait aux rois de rendre à leur peuple l’espoir et l’unité qu’il avait perdu, pas à de simples soldats. Et quand bien même ces derniers pourraient contenir quelques temps le mécontentement qui grondait dans les plus sombres recoins de Végéta, ils ne pourraient pas l’arrêter sans intervention royale.
Inquiet pour l’avenir du peuple qu’il n’avait retrouvé que depuis quelques mois, Riki s’envola vers la caserne la plus proche, espérant pouvoir trouver malgré ces pensées un repos qu’il estimait bien mérité.

Vegeta avait toujours été une planète particulièrement animée, et on pouvait pourtant sentir une certaine nervosité dans l'air aux abords de la base de lancement. Civils comme soldats semblaient peu assurés, incertains quant à la posture à adopter face à la situation politique actuelle de leur régime. Après la bataille de la terre, le trône avait brièvement été saisi dans les règles par un certain Broly, avant que lui aussi ne disparaisse, laissant à l'armée le soin de gouverner. Général le plus important et renommé, c'était donc Motta qui avait pris l'intérim à demi-mots, avec toute la pudeur et la retenue qui le caractérisait, mais qui seyait en fin de comptes bien mal à un souverain sayan, que l'on voulait fougueux et passionné.
C'est dans ce curieux climat qu’atterrit Riki. Changé, mais pas méconnaissable, ou tout du moins était-ce l'impression qu'il tirait des quelques regards interloqués qui se posaient sur lui. A l'époque sous-officier, il s'était fait une certaine réputation lors de l'attaque préliminaire des cyborgs sur la capitale de l'Empire, et avait fait partie des grandes figures secondaires de l'expédition punitive qui s'était ensuivie. Moins choquantes que celles de personnages de premier plan de cette tragédie, sa disparition avait tout de même affecté le soldat moyen, qui se reconnaissait beaucoup dans son parcours.

Sa capsule fermement verrouillée, il s'était aventuré par-delà la porte d’une sorte de taverne de voyageurs dans le but de déterminer la marche à suivre. Dans l'immédiat, il avait besoin d'information et d'alliés. Il fût accueilli dès son entrée par un visage familier, presque trop si on connaissait l'étendue de la diversité génétique chez les guerriers de l'espace. Devant lui se tenait le capitaine Mobba, son recruteur, et quasi-sosie de l'illustre chef d'état-major dont il partageait presque le nom.

“Je dois dire que j’avais du mal à y croire quand on m’a dit que tu étais revenu. Tout le monde te croyait mort !”

La main de l’officier vint frapper de sa paume l’épaule de son ancien subordonné avec force. Mobba était une guerrier de grande valeur qui ne devait son rang qu’à ses compétences et à sa force, un bel exemple, lui aussi, d'ascension sociale sur Vegeta.

“J’en ai un temps douté moi aussi. Qu’est-ce qui se passe exactement sur cette planète ?”

Si l’on se fie à sa moue embrassée, il semble que le capitaine ne soit lui-même pas bien certain.

“Difficile à dire. C’est officiellement l’armée, donc officieusement Motta, qui contrôle l’Empire pour l’instant, mais il se dit qu’un nouveau prétendant est apparu. Le général a longtemps été loyal aux souverains mais le court règne de Broly en a fatigué beaucoup dans l’armée, et quelques-uns parmi nous pensent que Motta va instaurer un état de dictature militaire permanente. Certains l'espèrent même.”

“Et pour l’instant ?”

“Rien ne bouge, d’où l’ambiance tendue.”

Désormais assis à côté de son recruteur, Riki jette un oeil à l’écran accroché au mur, qui semble retransmettre en arrière-plan des images d’une autre planète.

“Qu’en est-il des influences aliennes ? Personne ne s’intéresse à Vegeta ?”

Mobba souffle et pointe du doigt le journal télévisé en question.

“Pas vraiment, comme tu le vois, c’est la Terre qui attire tous les regards en ce moment.”

Riki fronce les sourcils.

“La Terre ? Je la pensais presque totalement détruite. D’où sortent toutes ces constructions ?”

“Elle a été rebâtie en seulement quelques semaines, grâce aux investissements de riches locaux et aux dons d’organismes et de particuliers de toute la galaxie. Depuis elle monte en puissance sous la gouvernance de Draven, son nouveau président, et de son premier ministre, Scalio.”

Scalio… Scalio ? Le guerrier était certain d’avoir déjà entendu ce nom quelque part. Ce ne fut qu’en voyant le visage de l’homme d’Etat sur le grand écran que leur altercation lui revint ! Il était un représentant de la police de Satan-City pendant le raid sur Terre. Son principal interlocuteur juste avant que la situation ne dégénère. Une carrière des plus fulgurantes à n’en pas douter, mais qui disait aussi beaucoup de la gestion formelle du vide hiérarchique créé après l'effondrement de l’empire des Black Feathers sur Terre, et qui donnait beaucoup de crédit à la théorie du capitaine Mobba sur la potentielle prise de pouvoir formelle de son sosie sur Vegeta.
Plus intéressant encore, il croyait distinguer en arrière-plan, parmi les responsables gouvernementaux, le même homme possédé qu’il avait croisé lors de son bref et chaotique passage en enfer. Il semblait ici plus assuré et calme, mais peut-être était-ce dû aussi à l’ancienneté des images diffusées à la télévision sayanne.

“Merci pour votre aide capitaine, et bonne chance. Il semble que j’ai fort à faire sur Terre.”

Riki se releva et se dirigea vers la sortie.

“Bonne chance pour quoi ?”

“Votre carrière, les jeux de pouvoir sur Vegeta, tout ce qui vous vient à l’esprit.”

Alors que le survivant s’éclipsait, Mobba retrouva sa moue dubitative habituelle.

Spoiler:

"Quel curieux personnage..."