Renouer avec le monde [PV Katarunya]

Élise... Cet unique mot, ou plutôt cet unique nom, constituait la seule suite de sonorités que Ciel avait en tête depuis qu'il avait atterri dans ce monde. Ce dernier était bien différent du sien, il se trouvait bel et bien dans le passé tel qu'il était décrit dans son futur. Cependant, il avait changé de continuité temporelle, la sienne s'étant auto-détruite à cause de la perte de cohérence de l'univers lui-même. Ciel n'avait été épargné que dans le but d'éviter ce malheureux destin à cette chronologie-ci. Venu avec Élise, celle-ci ne survécut pas à un incident provoqué par le scepticisme du jeune homme. Elle agonisa donc dans la forêt alors qu'ils venaient à peine d'arriver.

De son seul contact à sa meilleure amie, en passant par sa notion du temps, Ciel perdit tout ce jour-là. Aujourd'hui en tout cas, il se retrouvait encore en deuil à voler sans vigueur au-dessus d'une chaîne de montagnes. Il pleurait la nuit avant de dormir, se maudissant pour ce qu'il avait commis. Incapable d'accepter la mort de la jeune fille, son esprit ressassait sans cesse l'horreur de la scène. Scène qui ne vous sera pas remémorée tant elle peinait l'endeuillé. Désespéré, blasé, il n'avait aucune envie de sauver quoi que ce soit. Élise était autrefois son seul et unique lien avec le monde, qui le désintéressait totalement. Toutefois, sans ce lien, Ciel ne partageait plus rien avec lui.

Sans prendre le temps de vraiment plonger profondément dans ses pensées, trop morose à cause de son deuil, Ciel se mit sur ses gardes : quelqu'un se situait dans les parages, à en croire une source d'énergie ressentie dans le coin. Ses sourcils se froncèrent : ce n'était définitivement pas le moment pour ce genre d'emmerdes.

Décidément, si même dès le début je peux pas avoir la paix...

Soudainement, une voix inconnue mais visiblement féminine l'interpella. Elle était relativement grave et évoquait une certaine assurance dans sa sonorité. Elle semblait également appartenir à une personne endurcie. L'apostrophe venait d'en bas. L'inconnue se révéla effectivement être une jeune femme à la chevelure noire sauvagement coiffée. Elle portait un gi bordeaux et s'interrogeait sur ce qui amenait le jeune homme en ces lieux. Ce dernier perdit en altitude tout en gardant une certaine distance, par méfiance. Son expression était indifférente, mais obscurcie par son état mental.

"Je découvre ce monde et ne suis que de passage. On m'a incombé une importante tâche, mais pour l'instant, j'erre afin de tourner une page. Rien de plus..."

Normalement, on retourne la question, n'est-ce pas ? Ciel n'en avait pas envie. Il ne voulait pas perdre son temps avec ce genre de futilités sociales. Le regard de l'interlocutrice lui donnait un air bon vivant : au vu de sa musculature, de ses cicatrices et de son style, elle semblait être de ces combattants qui enchaînent les aventures et confrontations souvent qualifiées de "palpitantes". Ces personnes vivent au jour le jour et font un nombre difficilement calculable de rencontres au cours de leur vie. Si certains sont bienveillants et ne jurent que par l'amour du combat, d'autres sont plus cruels et peuvent attaquer gratuitement les passants. Besoin de se défouler, objectif, quête de puissance, amusement, tout était bon pour justifier la combativité des gens de ce monde. Si ce que Ciel appelait "le présent" était déjà comme ça, c'était toutefois moins le cas dans le passé, à cette époque de l'Histoire. C'est pourquoi il était déjà rodé quant à la manière de réagir aux guerriers. Lui-même pourrait en être un puisqu'il savait se battre et avait développé des pouvoirs magiques grâce à ses lointaines origines angéliques.

Toutefois, Ciel était plus proche de l'être humain que de quoi que ce soit d'autre désormais. Il pouvait donc estimer, en observant l'inconnue et l'énergie qu'elle dégageait, qu'elle était différente des humains. Était-ce lié à l'époque où il avait atterri, ou bel et bien à cet individu ? Qu'était-elle réellement ?

Quoi qu'il en fût, il fallait faire attention. Afin d'en venir au fait et d'être tranquille, Ciel, dans l'espoir qu'il n'y ait rien et puisse retourner dans sa solitude, enchaîna après ses premières phrases.

"...Pourquoi donc ? Que me voulez-vous ?"

Si cette formulation paraissait agressive, il était possible pour l'autre de voir plus loin que ceci. En effet, la franchise implacable du jeune homme et son expression neutre laissaient simplement transparaître une méfiance. Il n'y avait donc pas la moindre trace de mauvaise intention de quelconque nature.

L'inconnue, qui se présenta bientôt sous le nom de Katarunya, ressentit parfaitement bien la méfiance du jeune homme et la distingua même d'une malveillance. En effet, elle venait de le comparer à un chaton. Bien que ce genre d'association ne plaise guère à Ciel, ce dernier appréciait au moins le fait de ne pas avoir à évincer un malentendu ou se battre. Elle se posa ensuite contre un arbre puis ne bougea plus. Ciel comprit le message sans difficulté et perdit le peu d'altitude qui lui restait. Néanmoins, il fronça légèrement les sourcils avant de regarder le ciel. Sans prendre la peine de formuler une phrase, le jeune homme se contenta de répondre un unique prénom avec une intonation plus grave que la précédente.

"Ciel."

L'endeuillé se rattrapa afin de ne pas pouvoir être "accusé" d'incorrection plus tard.

"...Enchanté."

Puisque la jeune femme ne semblait pas prévoir de le lâcher de sitôt, Ciel fit mine de se conformer aux politesses. Le "jeu" social partagé par tous les êtres vivants l'ennuyait éperdument. Toutefois, il savait feindre l'intérêt malgré son expression faciale et son ton tous deux mornes.

"Et vous, que faites-vous ici ?"

Au moins, ce n'est pas une ennemie. J'en déduis que c'est toujours ça de gagné.

Sans rien changer à sa mine extérieure, il se surprit intérieurement à penser cela. L'optimiste d'Élise défunte déteignait-il sur lui, aussi légèrement cela soit-il ? De plus, depuis tout à l'heure, Ciel ne réfléchissait plus vraiment. Ses pensées, malgré leur obscurité, étaient on ne peut plus claires. Ainsi, sa meilleure amie avait définitivement une influence sur son comportement depuis sa mort. Le jeune homme ne savait que dire de la positivité ou négativité d'un tel impact, mais le fait était là.

Soudainement, Ciel s'interrompit, écarquilla les yeux et fut pris d'un violent mal de crâne. Immobile, son expression n'émanait alors que douleur et dégoût.


Les yeux de Ciel lui affichèrent une planète qui existait également dans son monde d'origine. On l'appelait Vegeta II. Néanmoins, et il le comprit, il s'agissait de Vegeta II d'un lointain passé... Ou d'un futur proche, selon le point de vue de gens comme Katarunya.

La scène s'avérait difficile à décrire. Des cadavres - supposément de Saiyans - jonchaient le sol, et certains semblaient même... Partiellement dévorés !? De ce que Ciel observait, ils venaient tout juste de mourir puisque l'aire de la mare de sang augmentait encore à vue d’œil. Elle était pourtant déjà initialement conséquente.

Au milieu se trouvait une étrange femme. Un des plans la montra en contre-plongée. Tachée de sang, elle était avec certitude la coupable de ce carnage. Sa chevelure rougeoyante, ainsi que d'étranges traits goupils, la rendraient facilement reconnaissable. Du sang se trouvait également sur le coin de sa bouche.

Elle quitta bientôt les lieux.


Ciel n'était évidemment pas directement concerné par cela. L'avenir qu'il venait de percevoir était lié à une autre personne présente dans les environs. Dans le cas présent, la seule possibilité était Katarunya. L'hypothèse la plus évidente serait qu'elle soit une Saiyan - sachant que ses traits physiques permettaient sans problème de le supposer - dont des proches vivraient sur Vegeta II. Peut-être était-elle aussi originaire de cette planète.

Reprenant son sang-froid avec gravité, le jeune homme posa subitement une question quelque peu inattendue aux yeux de son interlocutrice. Il ne chercha aucunement à cacher qu'un évènement sérieux pouvait se produire dans un futur relativement proche.

"Dites-moi, Katarunya... Êtes-vous familière avec Vegeta II ? Y connaissez-vous des gens ?"

Pour qu'une vision de carnage "ordinaire" soit placée au même rangs que celle de Ciel, il faut vraiment que les victimes soient chères à la personne concernée.

[HRP : Je me permets de double-poster. Après concertation avec Kaito, le tournoi du Destin se passe "en parallèle" pour Ciel, donc on considère qu'il aura fait l'aller-retour en un seul tour ici.

Katarunya voit simplement une sorte de lettre apparaître dans la main de Ciel, il la lit brièvement avant de la faire brûler "par réflexe" avec son Ki. En effet, elle peut observer que ce geste résultait plus d'une impulsion incontrôlée qu'autre chose. Il disparaît alors mystérieusement.]