[Capsule de Cabba] "Larmes... Humiliation... Ressentiment."

Une détonation assourdissante, une lumière aveuglante...

Et puis...

Plus rien.

Ce fut une sensation de vertige qui tira brusquement Cabba de son état d'inconscience, comme s'il venait de chuter l'équivalent de plusieurs centaines de mètres en l'espace de trois secondes. De fines gouttes de sueurs perlèrent à son front et dans son dos, laissant un long frisson de terreur remonter toute sa colonne vertébrale. Son esprit était aussi embrumé que les épaisses volutes de fumée qui l'empêchaient de voir, dans un premier temps, plus loin que le bout de ses doigts. Il essaya de comprendre où est-ce qu'il était, mais ses souvenirs restèrent flous et douloureux.

Puis il se souvint.

L'attaque sur la Capsule Corporation... La guerre sur Terre...
L'évacuation des civils... Les négociations échouées...
Les bombes réduisant des populations à néant, son corps se déchirant, et—

Etait-il mort ?

Il fut instantanément pris de panique, comme si son rythme cardiaque s'intensifiait au fur et à mesure des secondes, comme s'il venait d'être propulsé à des millions d'années-lumières de ses camarades, de sa planète, de son univers, de tout ce qu'il connaissait jusqu'à maintenant. Des larmes coulèrent sur ses joues — épaisses, amères, incontrôlables, avant de s'envoler sous ses yeux comme si l'apesanteur autour de lui n'avait plus aucune importance. Il voulut crier à l'aide, appeler son caporal et ami Scalio, appeler son mentor, mais les mots restèrent bloqués au fond de sa gorge, incapable d’émettre le moindre son.

Après de longues minutes d'agonie intérieure durant lesquelles son esprit et son corps se débattirent pour faire le point sur ce qui lui arrivait, il finit par tomber dans un sommeil sans rêves, priant pour que tout ceci ne soit qu'un mauvais coup des dieux et qu'il puisse se réveiller auprès des siens, enfin vivant.