Happy nouilles here !

Évidemment, après son départ de la forêt où il avait laissé Wolfgang se remettre de ses émotions, nous ne pouvions que retrouver Doki dans un... Restaurant. Cette fois il ne se retrouvait pas en ville mais dans un petit patelin reculé. Mais bien sûr, il n'allait pas refaire les mêmes erreurs que par le passé et se remettre dans de sales draps pour des bêtises. Oh non, il n'était pas ce genre de personne. C'est pourquoi, lorsqu'il fut assis à une table et que le serveur vint prendre sa commande il fit un choix des plus inattendus.

"Je voudrais des nouilles à poêler yakisoba saveur poulet cacahuète."

Le serveur s'exécuta et s'en alla passer la commande. A cet instant précis Doki se demanda ce qu'il pouvait faire. Il avait très faim. En regardant la nappe rouge qui couvrait la table il se demandait si elle avait bon goût, et se tâtait pour la prendre en apéritif. Heureusement la télévision, allumée, située en hauteur dans la salle attira son attention.

"Mesdames et messieurs bonsoir. Je suis Thierry Card en direct du Parc des Pinces, où comme toujours personnes n'a payé sa place. Nous avons rendez-vous dans quelques instants pour LE match de l'année entre le Parisinges-Hermins et l'Olymphuître de Marcel, deux rivaux historiques du championnat, qui s'affrontent une énième fois alors qu'ils ne sont séparés que par 42 points au classement. Mais qu'en pensez-vous mon cher Conan Tator ?"

"Tout à fait Thierry, une opposition qui s'annonce salée avec cette équipe visiteuse composée uniquement de joueurs du cru... C't'assez rare pour le souligné. Et que l'on reconnaît à leur tunique historique : un joli Marcel à rayures, en hommage à leur ancien président incarcéré."

"Bien et que pouvez-nous dire sur l'équipe qui joue aujourd'hui à domicile ?"

"Oh et bien, un effectif de stars évidemment. Nous aurons la chance de voir la vedette Marney, étant donné que sa blessure est prévue en février il sera bien sur la pelouse aujourd'hui."

"Hm... Un instant, on me dit à l'oreillette qu'il n'est pas sur la feuille de match. Un soucis familiale l'aurait retenu dans son pays, le NightFever Club. La soirée a dû être chargée en émotion pour lui."

"Oui, un peu comme Lance Armstrong. En tout cas c'est un coup dur pour l'équipe Parisingermaine. Mais on sait qu'ils ont d'autres joueurs de qualités."

"Bien, maintenant un point sur le bord de la pelouse avec Mick Rofone, notre homme de terrain. Mick Rofone qu'en est-il de la situation ?"

"Et bien figurez-vous que l'équipe de l'Olymphuitres de Marcel réalise l'exploit en menant sur le score de 1-1 ! Personne ne s'y attendait avant le match et..."

"Euh... Mais c'est impossible enfin."

"Ah oui pourquoi ?"

"Eh bien puisque le match n'a pas encore commencé."

"Eh... Oui. Oui... Oui, oui ! Vous avez raison de le signaler, nos téléspectateurs ne l'auront peut-être pas encore remarqué. C'est effectivement une bonne remarque qui mérite d'être soulignée et que nous pouvons partager à nos abonnés."

Pendant ce temps, le serveur, rapide, revint avec les nouilles jusqu'à la table de Doki, tandis que ce dernier tentait jusqu'ici de résister à sa faim.

"Oh, je vois vous aimez le sport ! Vous êtes un connaisseur j'imagine !"

"Oh oui, bien sûr popom. Mais vous savez ça me fait toujours bizarre de voir les matchs à la télévision. Les paniers ont l'air beaucoup plus grands que d'habitude, et j'ai toujours eu l'impression qu'ils étaient un peu plus en hauteur."

"Ha... Oui, profites bien du match et bon appétit !"

Doki n'écouta même pas les derniers mots de l'homme de service et se jeta rapidement sur la nourriture qui avait été posée sur la table. Pour une fois il allait pouvoir déguster son repas tranquillement... A moins que... ? Un homme louche l'observait depuis quelques instants avec insistance. Ce dernier, au regard sombre finit par s'avancer jusqu'au Moojuu, qui relevant la tête à l'approche de cet inconnu s'arrêta subitement de manger.

"Bonjour, j'ai quelque chose à vous proposer !"

"Bonjour... Mais qui êtes-vous ? C'est bien la première fois que je vois un mec avec une tête pareille ! J'ignorais que les hommes louches existaient vraiment."

Spoiler:

"Haha, et pourtant nous existons bel et bien ! Mais concentrons nous plutôt sur ma proposition... Je m'appelle Loutchio, et en vous observant tout à l'heure, par votre carrure, ce style si particulier, et ce charisme indéniable je me suis dis que vous seriez parfait dans mon nouveau film."

"Mais je n'ai aucun talent d'acteur, ça risque d'être compliqué."

"Oh, croyez-moi il n'est pas nécessaire d'avoir fait du théâtre pour ce rôle. Je suis producteur de films... Hmmm... Un peu olé olé disons."

"Oh des films sur la corrida ?"

Un silence de plusieurs secondes s'installa entre les deux hommes qui se regardaient dans le blanc des yeux, où plutôt ils essayaient. Mais l'homme-louche répondit, un peu surpris de cette réponse rapide.

"Oui, voilà. Vous comprenez, tout le monde n'aiment pas apparaître dans ce genre de films avec tout ce que ça peut impliquer... Mais seriez-vous intéressez ?"

Quelle allait-être la réponse de Doki ? Lui qui n'avait jamais imaginé faire carrière dans le cinéma ?

Contre toute attente Doki allait se faire enrôler par un grand producteur de cinéma. Ici, dans un resto quelconque il allait peut-être avoir la chance de sa vie. Mais cela signifiait aussi devoir tirer un trait sur sa vie palpitante d'aujourd'hui. Ce rôle d'agent secret, ou d'on ne sait quoi d'autre, pouvait-il être rangé dans un placard ? Ce serait difficile, parce que ce n'est pas vraiment palpable. Mais d'ailleurs le succès non plus. Doki voulait-il réellement devenir une star reconnue dans tout les rodéos, par tout les amateurs de taureaux, les psychopathes tueurs d'animaux et autres fans de musique country ? Le Moojuu sembla réfléchir, regardant son assiette attentivement à cette proposition qui pouvait bouleverser sa vie.

"Hm ? Il m'en reste encore..."

Sur ces mots il avala le reste de ses nouilles, sans donner de signes sur sa réponse à Loutchio. Ce dernier resta perplexe, en attente d'une réponse. Mais les minutes passèrent et l'homme-louche fini par perdre patience tandis que le gourmand continuait de s’empiffrer comme si de rien n'était.

"Alors ? Qu'en dites-vous ?"

"Quand je dîne ? Ben là, ça se vois pas ?"

"Non mais, au sujet de ma proposition ? Que décidez-vous ?"

Il s'arrêta.
"Ah oui, popom. OK mais seulement si je rencontre Michael Jackson."

"Euh... Mais enfin, il est décédé..."

"Ah non ! Par contre il en vends."

"Que... ?"

Loutchio était désemparé, il ne savait que faire pour le convaincre et la discussion prenait à chaque fois une tournure inattendue, comme s'il n'arriverait jamais à lui faire comprendre ce qu'il souhaitait. Et le toutou continuait à manger comme si rien ne l'atteignait. D'autres se seraient énervés sans doute mais Loutchio avait pour habitude d'y aller avec le dos de la cuillère. Il attendit que Doki ait fini son repas et réessaya une nouvelle fois.

"Que puis-je vous offrir pour vous convaincre ?"

Doki, s'arrêta et le regarda fixement.
"Vous faites les tickets restos pour vos employés ?"

"Euh... Non, c'est inutile, puisque nous donnons... ?"

Doki se leva brusquement et déclara solennellement.
"Alors c'est non ! Quel genre de patron refuse de donner des tickets restos ? C'est inadmissible, popom. Mais je l'ai vu tout de suite que vous étiez quelqu'un de louche. Sur ce, cette conversation est terminée. Au revoir."

Il se dirigea vers le comptoir pour payer, donna les 50 zénies pour le repas et s'en alla. Sûr de son choix, il ne se retourna même pas et laissa Loutchio seul sans même lui adresser un regard. Désormais il allait poursuivre sa mission, quelle qu'elle soit...