Retrouvailles [PV: Kaito Shan]

Ma technique du kaikai m'avait permis de me téléporter afin d'arriver en une fraction de seconde auprès de père, dont j'avais ressenti l'énergie quelques instants plus tôt. Lui et une autre personne, dont je devinais le statut de Kaiô Shin, ou du moins celui d'apprenti, rien qu'à sa tenue, étaient en train de ranger le désordre qui régnait dans la Crypte du Temps. En m'y rendant l'autre jour, j'avais déjà remarqué le chaos de cette pièce mais n'avait pas décidé de m'y attarder, puisque ma priorité était de retrouver Chronoa et/ou père.


"Que s'est-il passé, ici?" lançai-je en direction de père et de son acolyte.

Sans doute en entendant ma voix, père se retournerait et viendrait m'embarrasser de son accolade paternelle dont j'avais horreur. Non, si j'étais ici, ce n'était pas par plaisir de revoir père, mais c'était pour avoir des réponses nettes, claires et précises, sur ce qu'il s'était passé, ces derniers mois. Je voulais savoir comment Chronoa avait pu mourir, la cause de mon absence prolongée, ce qui avait fait que je me réveillais, des mois plus tard, allongé sur un lit dans Conton-City. J'avais aussi d'autres questions à poser.

"Père, j'aimerais que tu me racontes ce qu'il s'est passé, ces derniers mois. Comment me suis-je retrouvé ici alors que mes derniers souvenirs remontent au combat contre Garlic Jr.?"

Je descendis les marches de la Crypte du Temps et m'approchai des deux individus. Je fixai père du regard alors que je me trouvai à une trentaine de centimètres de lui.

"C'est vrai que Chronoa est morte? Comment ça a pu arriver?"

Je serrai ensuite le poing. Il y avait d'autres personnes dont le sort m'intéressait.

"Est-ce que ce vaurien de Gravy est toujours en vie?"

J'espérais que ce fut le cas. Je voulais le retrouver et en finir moi-même avec cette tête de noeud. Je voulais le faire souffrir, l'étriper lentement, il allait payer de sa vie d'avoir voulu me confronter.

"Qu'en est-il de Drichi et des autres?"

Comme je l'avais prédit, connaissant père, il vint me serrer dans ses bras quand il me vit. Après ce moment ne servant qu'à attiser le malaise chez moi, père se recula et daigna répondre à toutes les interrogations que j'avais pu lui poser. Il m'expliqua que le chaos qui régnait dans la Crypte du Temps avait été causé par Demigra, qui en avait aussi profité pour s'enfuir. C'était embêtant, comme si l'on avait pas déjà assez à gérer, voilà qu'une nouvelle menace nous tombait sur les bras. Je n'avais personnellement rien contre Demigra. Après tout, nous étions un petit peu du même monde, tous les deux. Toutefois, je savais que père et la Time Patrol seraient à ses trousses et que ça allait considérablement me ralentir dans les objectifs que je voulais atteindre. Il y avait en effet dans la Time Patrol les seules personnes capables de suivre un entraînement avec moi et comme tout le monde le savait, on ne progresse mieux que quand on côtoie des gens au moins aussi forts, avec lesquels on peut tout donner et briser ses limites. Si tous ces gens étaient occupés, je n'aurais plus de personne à utiliser, et surtout pas père qui lui, pour le coup, pouvait réellement m'apprendre quelque chose. 

Par la suite, père m'expliqua comment Chronoa était morte. Je l'écoutais attentivement tandis qu'il me racontait comment la fuite de Demigra l'avait emmené, lui et Chronoa, dans l'univers 13 où ils affrontèrent le Dieu de la Destruction nommé Auros. La Kaiô Shin du Temps s'était sacrifiée pour permettre à père de vivre. Je devais admettre que c'était déjà impressionnant d'avoir survécu à un combat contre un Dieu de la Destruction. Ces êtres ne sont pas commodes, en plus d'être d'une puissance qui dépasse l'entendement. Jamais ça ne me viendrait à l'idée de défier une telle personne, je serais sûr d'y laisser la peau sans moyen de revenir parmi les vivants, puisque leur pouvoir est tel qu'il leur permet tout simplement d'effacer quelqu'un du plan de l'existence. Heureusement, il demeurait un point faible de taille chez eux. Non, en fait, il y en avait même deux, liés l'un à l'autre. Le premier, c'était leur arrogance. La plupart de ces dieux sont arrogants au point de prendre tout le monde de haut et de négliger certains détails. Le deuxième était que ce défaut faisait qu'ils laissaient souvent leur Kaiô Shin sans surveillance. Quand on tue le Kaiô Shin lié au Dieu de la Destruction, ce dernier meurt, et inversement. Sauf que, tuer un Kaiô Shin était plutôt chose aisée du moment que le niveau du combattant qui l'attaque était bon. Moi-même, si je le voulais, je pourrais débarrasser les univers de leurs Dieux de la Destruction en m'attaquant aux Kaiô Shin. Je pourrais rivaliser avec bon nombre d'entre eux. 


"Qu'est-il advenu de Auros? Tu as réussi à le battre?" demandai-je alors à père.

Ensuite, vint le moment à la fois tant redouté, mais dont j'avais aussi sans doute le plus envie de connaître le fin mot. Père me confirma que Gravy était toujours vivant et que pire que ça, c'était lui qui m'avait assommé lors de la mission. J'avais perdu plusieurs mois de ma vie à cause de ce minable. Je sentis la colère et la frustration monter en moi.


"Ce Gravy...Il va me le payer!" dis-je. L'envie de mettre plus de désordre dans la Crypte me passa par l'esprit. Je pus toutefois la refréner, c'eût été inutile. "J'ai horreur de me faire humilier de la sorte par des moins que rien dans son genre." ajoutai-je. J'imaginais son horrible faciès et son sourire narquois et ça me mettait encore plus en rogne. Les deux poings serrés, je fis signe à père de continuer ses explications.

Père s'exécuta et raconta ce qu'il était advenu de Drichi. Apparemment, c'était comme s'il avait disparu de la circulation et cette disparition inopinée coïncidait parfaitement avec le moment de la fuite de Demigra. Je croisai les bras et levai légèrement la tête. Cela ne pouvait décidément pas être une coïncidence et père semblait être arrivé à la même conclusion. 

"Je ne peux décemment pas croire que c'est un hasard. Drichi ne peut pas s'être évaporé comme ça. Non, ça ne se peut pas. Il doit préparer un mauvais coup et ça ne me dit rien qui vaille. Et si en plus, Demigra s'allie à lui, alors nous sommes dans un sacré pétrin. Cette situation n'est pas rassurante du tout..."

Enfin, père m'apprît que j'étais devenu son apprenti officiel. C'était juste un statut pour officialiser ce que nous faisions déjà depuis des lustres, rien de bien surprenant, ni nouveau. Désormais que le voile était levé sur pas mal de choses, voilà que je me retrouvai de corvée de rangement...

Quand père mit sa main sur ma tête, j'eus immédiatement une vision claire de ce qu'il s'était passé, comme si j'y avais assisté moi-même. Père était aux prises avec un homme ressemblant beaucoup à un humain, même s'il présentait quelques différences notables. Le plus particulier chez lui était son faciès dont la partie gauche était recouverte par une moitié de masque. Cet Auros ne semblait pas commode et dégageait un certain charisme. Je vis par la suite un combat effréné au cours duquel père réussit à mettre son opposant à terre pendant un petit moment, utilisant beaucoup d'énergie. Malheureusement, malgré tous ces efforts fournis par père, le Dieu de la Destruction de l'univers 13 se releva presque immédiatement et au moment où il allait bouger à nouveau, la vision s'arrêta brusquement. Père dit ensuite qu'il trouverait un moyen de vaincre Auros. Inutile que je lui rappelle qu'il pourrait simplement attaquer le Kaiô Shin car d'une part, il devait le savoir lui-même et le connaissant, il préférerait passer par le chemin compliqué au lieu d'opter pour la solution de facilité. Je le comprenais, moi aussi je préférerais me battre contre Auros au lieu d'attaquer le Kaiô Shin de son univers, si je le pouvais, mais pour le moment, je ne faisais pas le poids et si jamais ce Dieu venait à se pointer, il faudrait que j'exploite ce point faible. Cependant, quand l'heure serait venue, quand j'aurais atteint un niveau tel que chaque Dieu de la Destruction craindra ma puissance, il n'y aura plus besoin de jouer la sécurité en s'attaquant au plus faible. 

Tout en discutant avec père, je m'exécutai et utilisai ma télékinésie pour ramasser les parchemins éparpillés à même le sol. Je laisserai le soin à ce dernier et à l'autre Kaiô Shin de les trier. Cette activité m'ennuyait au plus haut point mais il fallait bien la faire pour continuer à travailler sereinement par la suite. En parlant de choses qui m'ennuient, père me signala que les funérailles de Chronoa auraient lieu d'ici quelques jours et qu'il faudrait m'acheter un costume. 

"Pourquoi nous embêterions à acheter des vêtements pareils, un vulgaire costume de mortels, alors que nos tenues sacrées de dieux nous rendent bien plus présentables?" répondis-je. 

J'avais hâte que ces futilités se terminent, histoire de pouvoir reprendre l'entraînement de façon sérieuse.

Je ne voyais toujours pas en quoi porter des costumes de mortels allait aider à honorer sa mémoire. La vraie manière d'honorer sa mémoire, c'est de vaincre ceux qui l'ont tuée et ceux contre qui elle se battait. Auros, Drichi, Demigra, mon vrai père et tous leurs sous-fifres, tous devaient mourir. N'ayant bien sûr pas envie de débattre davantage avec mon têtu de père, je demeurai silencieux et me contentai d'effectuer la tâche qui m'avait été demandée. Plus vite on aurait fini, plus vite on pourrait sérieusement se remettre à l'entraînement. Je devais d'ailleurs encore trouver le secret du Super Saiyan 3 ainsi que celui de la Volonté. 

Trois jours plus tard, les parchemins étaient enfin rangés. L'autre Kaiô Shin décida de rester à la Crypte du Temps afin de surveiller l'état des parchemins, dans le cas où une anomalie se produirait pendant notre absence. 


"Tu sais quelle activité père-fils serait géniale? Un bon vieil entraînement...Sérieusement, du shopping!" répondis-je à sa question sur un ton sarcastique.

Pour qui m'avait-il pris? En plus de ça, il avait eu l'audace de me répondre que cette activité était un entraînement pour améliorer ma patience. Ma patience, elle était déjà bien énorme, à supporter toutes ces bêtises. Non, je ne supportais tout simplement pas de perdre mon temps de la sorte. Chaque minute passée rendait nos ennemis plus forts et pouvait ainsi jouer contre nous. J'avais déjà perdu plusieurs mois à cause de Gravy puis, trois jours à ranger des parchemins, je ne souhaitais pas perdre une minute de plus.