Age : 41 Date d'inscription : 03/10/2020 Nombre de messages : 60 Zénies : 1000 Zénies Rang : B
| Sujet: Acidité pourprée Jeu 8 Oct 2020 - 1:39
Acidité pourprée
Douce nuit, sainte nuit.
Installée sur une terrasse, je contemplais ma tasse où l’on pouvait percevoir le reflet de la lune. Cette dernière virevoltait légèrement, bercée par un léger courant d’air. Mes mains posées près du récipient se réchauffaient de cette nuit fraîche. Tout juste infusée, son parfum commençait à remonter et je frétillais d’impatience de pouvoir goûter ce mets. On pouvait discerner une forte odeur sucrée pouvant rebuter les moins accoutumés. " De la framboise, de la fraise, de la cerise… il manque encore quelque chose. " Mon humeur était de la même teinte que mon thé, comme pouvait le suggérer cette somptueuse robe rouge que j’arborais. Mon envie était donc venue naturellement, surtout qu’il était parfaitement adapté pour accompagner la pâtisserie que j’avais choisie au préalable. Mon regard croisa rapidement ma montre et je ne pus m’empêcher de cacher un léger sourire trahissant mes émotions. Je retirai délicatement l’infuseur que j’éloignai tranquillement de moi afin d’éviter de gaspiller la moindre goûte. Ma main attrapa la tasse que j’approchai de mon visage. Une légère fumée souffla sur mon visage et je fis de même en guise de retour avant de prendre ma première gorgée. Je posais la tasse tout en affichant mon plus beau sourire. " Cette acidité est délicieuse ! Cela ne peut être que de la groseille. " Maintenant que j’avais découvert le goût, on pouvait craindre que je prenne moins de plaisir par la suite. La lassitude, terrible péché humain pouvant mener à de nombreuses erreurs. Ce thé tardif n’était pas mon seul plaisir, j’affectionnais observer les gens m’entourant. Par exemple ce couple assis à deux tables de moi. Les mots furent si rares que la seule chose qui éclairait leur soirée était la lueur de la lune. Et pour cause, les yeux de l’homme qui regardait sa campagne reflétaient le visage d’une autre femme. La femme quant à elle tenta de rester proche de lui en se raccrochant à son passé au travers de souvenirs qu’elle comptait. Ce qu’elle ignorait, ou du moins feignait de savoir c’est qu’elle était déjà décrochée de son futur. Un spectacle convenant parfaitement à ma boisson du soir. " Tout va comme vous le voulez, madame ? " Un serveur vint m’importuner, ayant sans doute besoin d’un peu de gratitude. Cela ne m’étonnait guère, ce dernier avait besoin de compenser le manque de reconnaissance de son patron, le nourrissant essentiellement à l’injurie. Je déposai ma tasse sur son socle et je tournai mon visage vers ce dernier pour lui répondre tendrement : " Ce mélange de sucre et d’acide. Ce thé noir est parfait. " Mon regard se tourna ensuite vers le couple que j’observais qui venait de se lever. Le serveur ayant obtenu ce qu’il était venu quémander partit vers une autre table pour faire de même. L’homme que j’étudiais s’éloigna et lorgna son téléphone et son expression changea brusquement. Je continuai de boire mon breuvage et je me rendis compte que j’étais déjà arrivé à la fin. Je me levai tout en poussant la chaise avec ma jambe droite. Satisfaite de ma soirée, je déposai un joli billet sur la table et pris directement la sortie. Sous l’emprise de l’euphorie, je bousculai malencontreusement l’individu que j’observais en amont. " Je suis désolée, tout va bien ? " " Vous ne pouvez pas faire attention ? P’tain, les gens de nos jours. " Craignant que son homme puisse s’énerver, sa compagne s’approcha rapidement de lui pour s'y agripper. " Vraiment désolée. " Je fis une légère courbette afin de m’éclipser avec un léger sourire sur mon visage. Je dois avouer vous avoir trompés : ce heurt était loin d’être fortuit. Sous la puissance de l’impact, l’homme avait lâché au sol le téléphone portable. Sous l’impulsion de la colère, son esprit se concentra sur moi et il oublia un court instant son mobile qu’il avait fait tomber. Sa femme qui s’était approchée de lui l’attrapa et tomba sur son infidélité. Une dispute fatale venait de commencer alors que je m’éloignais tranquillement. " Toutes les bonnes choses ont une fin. " (c)Kazu de C.G |