[Capsule de Cabba] "... En Quête de Réponses."

"… que vous pouvez encore m’aider."

Cabba termina sa phrase, mais réalisa aussitôt que la capsule qu’il avait empruntée venait tout juste d’arriver à destination. Il regarda un instant de l’autre côté de la vitre, intrigué. Il ne se souvenait même pas être parti ni avoir pu admirer l’immensité de l’espace pendant son trajet, mais apparemment, il l’avait fait. Avec un haussement d’épaules, il se leva et vérifia qu’il n’ait rien laissé à l’intérieur avant de se diriger vers la sortie du débarcadère.

"… de… l'Univers… à vous… faire part… d'une grande..."

Le justicier scruta les environs d’un regard vigilant. Il était certain d'avoir entendu une voix, bien que la base de lancement entière soit déserte. Aucune trace d’énergie vitale n’était détectable sur au moins une centaine de mètres. Comme si l’endroit avait été évacué il y a peu…. Déterminé à comprendre ce qui avait bien pu se produire, il prit l’initiative de se présenter à qui voulait bien l’entendre.

"Y'a-t-il quelqu'un ?"

Pas de réponse.

"Sachez que je ne viens pas en ennemi."

Rien.

"Qui êtes-vous ?"

Prudemment, il commença à inspecter les environs, mais il fut bien rapidement stupéfait de voir que de nombreuses rampes d’atterrissage avaient été endommagées, des capsules à moitié ouvertes voire perforées étaient encastrées hors de leurs glissières, encore brûlantes. Cabba arrêta sa marche et baissa les yeux sur les dalles à ses pieds : des traces de sang et de souffre dessinaient de longues empreintes qui semblaient se prolonger hors de l’édifice, comme si des voyageurs ou des soldats blessés s’étaient précipités dehors, comme si leur vie en dépendait.

Qu’a-t-il donc bien pu se passer ?

"... Un attentat ?"

Ce fut alors que la voix retentit à nouveau à travers toute la base de lancement, bien plus distinctement cette fois-ci.

"… le roi des saiyans n'est plus… je l'ai vaincu… et mis un terme à son existence… que son sort serve… tous ceux qui soutiendront la cause et les agissements de cet être à la fois abject et…"

C'était une voix d'homme, distante et étouffée. Cabba regarda autour de lui, ne sachant pas si son esprit lui jouait à nouveau des tours. Sa nouvelle lame, maintenue dans son dos grâce à un superbe fourreau de cuir, paraissait peser avec insistance sur ses omoplates tandis qu’il approchait de plus en plus de la provenance de ce discours, et de ce ton autoritaire qui était loin de lui être étranger… La cadence de ses pas accéléra jusqu’à ce qu’il se retrouve enfin face-à-face avec la personne dont il était finalement parvenu à mettre un nom sur l’intonation.

Enfin, pas tout à fait face-à-face.

L’entité dont il était question se tenait devant lui, imposante et vacillante, mais elle était encadrée par l’écran qui diffusait à toute la planète le message qu’elle était entrain de donner. Tout comme lorsqu’il avait assisté à la retransmission du premier discours de l’Empereur de l’univers 13, le sadalien resta figé, sans mot dire, face à ce regard inquisiteur qui paraissait pouvoir scruter les moindres recoins de cet univers. Le décor qui s’étalait par-delà les épaules et la cape écarlate de ce dernier paraissait majestueusement ornementé, et cette salle présentait de nombreuses ressemblances avec la salle du trône de son propre souverain…

Suis-je déjà venu ici ?

Quand bien même il avait souvent imaginé les points communs que son peuple et ses homologues de l’univers 7 pouvaient avoir, Cabba ne pouvait réaliser combien leurs architectures et leurs territoires étaient parfaitement conformes — comme s’ils étaient le reflet l’un de l’autre, séparés par l’infinité du cosmos.

"Comme je l'ai annoncé au cours de ma visite sur Terre, les gouvernements hostiles à la supervision élyséenne sur cet univers seront écrasés et remplacés par des dirigeants dignes de représenter nos valeurs..."

Ainsi, les dirigeants terriens avaient choisi de capituler ? Non, tout cela était allé bien trop vite ! Combien de temps était-il resté sur Dösatz ? Combien de jours s’étaient écoulés entre la première annonce du Dieu de la Destruction et sa prise de pouvoir sur Terre ? La Patrouille Galactique... Les Défenseurs de la Terre... N’y avait-il donc personne pour arrêter les plans de conquête de cet être à la rancœur déraisonnable ?

"… et c'est pourquoi j'invite tous les candidats désireux d'obtenir la couronne à se présenter ici, au château ! Soyez nombreux, soyez présents car je déciderai moi-même qui sera digne de représenter nos valeurs en montant sur le trône. Vous avez bien entendu, j'offrirai le commandement des deux planètes Vegeta à l'un d'entre vous mais gardez ceci à l'esprit : un seul candidat sera sélectionné. Quant aux autres... ils seront tous exécutés !"

La respiration qu’il retenait jusqu’alors revint douloureusement emplir ses poumons et un cri de détresse sortit de sa gorge avant même qu’il n’ait eu le temps de réagir. Il ne put alors que réaliser l’horrible vérité que ce qu’il venait d’entendre impliquait : si Vegeta était bien à l’origine de la résurrection de sa planète et qu’il avait reprit la gouvernance de son peuple… Cela voulait dire que c'était lui que Auros était venu détrôner de force, il y a quelques heures à peine, usant de ses pouvoirs divins et destructeurs pour l'anéantir, condamnant le retour à la vie du Prince des Saiyans pour toujours.

Ne lui avait-il pas dit qu’il tiendrait sa promesse ?

"Non… Non, c’est impossible !"

Ne lui avait-il pas promis de lui apprendre à mieux protéger son peuple ?

"C’est—"

N’était-il pas censé pouvoir protéger son peuple mieux que quiconque ?





Ses yeux s’écarquillèrent, mais il ne parvint pas à discerner quoique ce soit. Tout était flou, et peu importe combien il clignait des yeux, rien ne redevint clair pour autant. Quelque fut l’émotion qui le traversa de part en part à ce même moment, rien de ce qu’il ressentait ne sembla réel. Le mouvement de ses pensées cessa brusquement, réduit à un néant impénétrable. L’incompréhension se métamorphosa bien vite en impuissance. La colère et le désarroi déchirèrent son esprit. La confusion et la trahison virent renforcer la fureur qui embrasait tout son corps, tout son cœur, tout son être. Mais bien vite, toute la culpabilité qu’il éprouvait se fondit dans un torrent de dédain.

Dédain envers sa propre personne, incapable de protéger ce qui comptait tant pour lui. Dédain envers sa propre mémoire, qui n’avait de cesse de lui induire des bribes de souvenirs qui le terrifiaient et remettaient en question sa propre perception des choses, ses propres principes, ses propres convictions. Dédain envers les dieux qu’il avait servi avec tant de dévotion et qui semblaient de toute évidence avoir choisi de l’abandonner à un sort peut-être même plus inextirpable que le Néant où ils l’y avaient précipité.

Et tandis que ses jambes le firent se propulser à une allure si vertigineuse que sa silhouette parut disparaitre à travers l’espace-temps, il prit tous ces sentiments d'hésitation qui le dévoraient de l’intérieur, chaque notion persistante de doute qui l’enchainaient à ses peurs, et les écrasa jusqu’à ne plus ressentir l’insurmontable aversion qu’il éprouvait envers lui-même. Il s’efforça de repousser tout affection dans son cœur, toute faiblesse dans son esprit, toute fatigue dans ses muscles, afin de reprendre enfin le rôle du sauveur qu’il avait toujours été, ce pour quoi il avait tant œuvré et si valeureusement donné son âme.

Si les entités supposées faire régner l’ordre ne pouvaient protéger les personnes qu’il portait dans son cœur de toutes formes d’injustice, alors tout ce qui lui restait à faire était d’incarner la justice là où ces mêmes entités dérogeaient à leurs responsabilités.  

"Ceci...", pensa-t-il, essuyant les derniers vestiges de larmes qui demeuraient sur ses joues, "Ceci sera la dernière fois que je me montrerai aussi faible."

"L'Univers est sur le point de changer. Libre à vous de faire partie ou non des rouages qui amèneront ce grand changement. D'une façon ou d'une autre, l'ancien système deviendra obsolète. Faites le bon choix."