"Etat d'Urgence." [PV]

Une fois de plus, Cabba fut tiré de sa somnolence par un vertige, des sueurs froides le long de ses tempes et de sa nuque. Encore tremblant, il s’efforça de se relever et de se rappeler que ce qu’il voyait dans ses rêves ne faisait pas partie de la réalité. Bien sûr que ce n’était pas réel, mais comme ils étaient une relecture de tous ces souvenirs qui l’avaient tant choqué, le désespoir persistait encore en lui comme s'il pouvait les revivre d’une seconde à l’autre.

Aussi loin qu’il se souvienne, il n’avait jamais été vraiment préoccupé par ses mauvais rêves. Ce n’était que des rêves, aussi vraisemblables qu’ils puissent être. Mais depuis son retour parmi les vivants, et plus particulièrement depuis qu’il avait récupéré l’étrange artefact, l’un d’eux lui revenait sans cesse. Et dès lors, il s’assurait de ne pas se laisser aller un peu trop loin dans ses méditations. Non pas qu’il était habitué à dormir longuement de toute façon : quatre ou cinq heures de sommeil étaient tout ce qu’il lui fallait pour reprendre ses forces. Mais depuis que ces visions envahissaient le peu de repos qu’il s’accordait, il redoutait de s’endormir suffisamment profondément, à l’idée d’entendre à nouveau le sifflement assourdissant de l’épée découpant l’air froid et de voir le regard profondément navré de son agresseur avant que ce dernier ne disparaisse en une gerbe de sang.

Tout ça n'était que mon imagination. se dit-il, encore une fois, tandis qu’il contemplait le reflet de la lune dans le rubis qui ornait son arme. Mais plus il cherchait à s’en convaincre, moins il en était certain.

Cette épée qu’il avait en sa possession… Quelle était sa véritable importance ? Il ne le savait toujours pas. Les circonstances de son obtention étaient tragiques et bien qu’elle soit intimement liée à ce fragment de passé qu’il n’a pas vécu, elle ne faisait que ralentir ses recherches en influençant ses souvenirs. Chaque porte qu’elle ouvrait le menait vers un dédale encore plus interminable, si bien que chaque possibilité qu’elle lui offrait pouvait bien être bénéfique comme le mener à sa perte. Mais pendant que le monde s’effondrait tout autour de lui, elle semblait être la seule chose à rester en place, invariablement, telle la pièce maitresse d’un tableau qui prenait forme à chacune de ses rencontres. S’il s’en séparait maintenant, il reprendrait probablement le contrôle sur sa destinée.

Mais quelles seraient les conséquences ?

Il préférait ne pas repenser à cela tout de suite. Comme cela lui avait été suggéré par son for intérieur, il devait se recentrer avant de pouvoir définir quelle était la meilleure stratégie à adopter. Effacer toutes les incertitudes, toutes les émotions négatives de son esprit. Méditer. Attendre, jusqu’à enfin se sentir prêt.

A l’aide d’une profonde inspiration, il ouvrit de nouveau ses sens au monde qui l’entourait, permettant à son aura de se fondre dans l’énergie naturelle de la planète et rendant son ki de nouveau perceptible par la faune et la flore autour de lui. Se confiner dans les souvenirs de sa vie d’avant comme il le faisait ne faisait qu’endommager son âme, et même s’il était souvent tenté de nier ses peurs, il avait besoin de rester connecté à cette réalité, aussi douloureuse soit-elle.

Il déposa l’épée là où il l’avait laissée avant de reprendre l’ensemble de postures qu’il avait commencé plus tôt, assemblant ses mouvements avec sa respiration, éclaircissant son esprit et revigorant son corps. L'air frais du crépuscule faisait du bien sur sa peau nue de ses bras, tout comme les étoiles scintillantes au-dessus de lui. Il maintint la clarté de ses sens, alors qu’il se déplaçait de plus en plus lestement : à son plus grand soulagement, la circulation de son ki avait une allure plus régulière, parfaitement contrôlée.

Il garda son esprit vide de toute pensée, mais les hallucinations de Vegeta et de Scalio n'arrêtaient pas de lui revenir en tête. À chaque respiration, leurs images et leurs mots s'estompèrent, bien heureusement, laissant son attention se concentrer sur son souffle et rien d’autre.

Ses paupières tombaient alors que sa conscience allait et venait, d'avant en arrière, à la cadence de ses mouvements. Bien qu’il se tenait encore debout, son corps était fatigué, résistant contre l'épuisement depuis ce qui lui semblait être des jours entiers. Mais il ne devait pas se reposer maintenant. Il ne pouvait pas se reposer maintenant. Il ne fallait pas céder aux exigences de son endurance amoindrie, de son esprit troublé, de sa mémoire incomplète. Il ne voulait pas faire face encore une fois à ce que cela impliquait : de la faiblesse, de la honte, de la culpabilité.

Et s'il ne se reprenait pas en main, s’il ne se recentrait pas, s'il ne se battait pas de toutes ses forces, s'il ne réussissait pas, alors ceux qui avaient placé leurs espoirs en lui périraient sûrement. C'était ce qui l’avait amené à accomplir tout ça. C'est ce qui le faisait encore avancer, ce qui le poussait à ne pas abandonner malgré toutes ses incertitudes.

Si je revenais sur Sadala, les choses pourront-elles redevenir comme elles étaient avant ?

Dans le silence du soir, la question se répéta comme un enregistrement passant en boucle dans le fond de son esprit, encore et encore.

Un claquement sonore se fit entendre, et le bruit lourd d’un corps tombant sur le sol se fit entendre, accompagné d’un grognement de douleur tandis qu’une légère lueur d’énergie jaune illuminait un corps portant une armure Saiyan au milieu de la nuit. Une seconde plus tôt, le Saiyan avait été face au terrible tyran Freezer. Mais désormais… Il était face contre terre, devant un Cabba qui très certainement devait être étonné.
La silhouette se releva d’une main, un liquide rouge coulant sur le sable glacial de la partie non éclairée de Végéta, et il fallut quelques instants pour que le Saiyan puisse complètement se relever… Tandis que son énergie diminuait rapidement.
Se retournant vers le Saiyan de l’univers 6, le regard d’Epina fut pris d’interrogation: il connaissait ce visage en face de lui et s'apprêtait à parler… Mais un vertige lié à la fatigue et la perte de sang vint le stopper dans son acte..

Et le Saiyan s’effondra de nouveau au sol, ses cheveux dorés et l’énergie partageant cette couleur disparaissant finalement, replongeant la scène dans l’obscurité. Epina était désormais inconscient, son sort entre les mains d’un Saiyan en train de se chercher et de se contrôler, sur une planète qui pouvait potentiellement être hostile, ou détruite d’une seconde à l’autre dépendant de l’humeur d’un Dieu-Empereur.

Cabba méditait, le passé et le présent s'entremêlant dans ses pensées. Tout cela le désorientait mais il parvenait à garder conscience de ce qui se passait un peu partout sur la planète en suivant le mouvement lointain des énergies vitales. Autour du palais, des populations entières se rassemblaient, une si grande agitation dans leur ki qu’il pouvait les ressentir comme s’il se tenait à seulement quelques lieues. Des capsules spatiales décollaient et atterrissaient, filant comme des météores dans le ciel étoilé. La guerre était inévitable et pour autant, il n’avait aucune raison d’y participer. Ce qui se passait dans l’univers 7 n’était pas de sa responsabilité, même si le futur de son propre univers dépendait possiblement de ce qu’il allait advenir de celui-ci. Pour le moment, il avait réussi à négocier l’immunité des siens sous l’égide du Dieu de la Destruction, mais les paroles de l’empereur de l’univers 13 lui avaient laissé un mauvais pressentiment...

Il eut a peine fini d’enfiler son armure et de ceindre l’étui de son épée dans son dos qu’une forte concentration d’énergie se manifesta brusquement, à quelques mètres de lui. Aussitôt après être apparue, son intensité remarquable se mit a décroitre soudainement, lui indiquant que l’être à qui elle appartenait était entrain de perdre la vie.

L'odeur du sang emplit aussitôt ses narines, mettant ses sens surdéveloppés en alerte. Face contre terre, l’étranger avait vraisemblablement utilisé une technique de déplacement instantané pour parvenir jusqu’à lui. Leurs regards se croisèrent, mais pas assez longtemps pour que Cabba puisse savoir de qui il s’agissait. Bien heureusement, les saiyans disposaient d’une perception surpassant l’utilisation des cinq sens, ce qui lui permit très vite de comprendre en face de qui il se trouvait.

"Ne dites pas un mot de plus... Gardez vos forces." conseilla-t-il, essayant de le rassurer.

Ce combattant maitrisait visiblement le Super Saiyan, cette transformation légendaire dont étaient capables les membres les plus persévérants de leur race. Et au vu de son accoutrement, il devait faire partie des plus hauts gradés de l’armée de Vegeta. S’il ne pouvait pas reconnaitre son visage, il reconnut immédiatement son ki : il l’avait déjà ressenti alors que les affrontements sévissaient en dehors du palais, sans pour autant savoir à qui appartenait une telle puissance. Il devait s’être battu de toutes ses forces avant d’être contraint de battre en retraite, s’éloignant de son adversaire après avoir essuyé une blessure mortelle. Avait-il remporté son combat ? L’avait-il perdu ? Toutes ces questions n’avaient pas d’importance : la blessure qu’il portait était bien trop près de son cœur, et il n’y avait pas une seconde à perdre s’il voulait assurer sa survie.

La pensée que la destinée de ce saiyan était de mourir sur sa planète natale lui effleura l’esprit, mais que son heure soit venue ou non, il ne pouvait pas le laisser dans un tel état. Il se devait de lui porter assistance, comme le protecteur qu’il était supposé être. Il était hors de question de laisser d’autres vies mourir entre ses mains… Il en avait bien trop vu ces derniers temps.

"Je vais vous dispenser les premiers soins… Ne bougez surtout pas."

Les premières minutes étaient cruciales, et il allait devoir agir très vite s’il voulait stabiliser son état. La circulation de son ki était anormale et surtout dangereusement faible : Cabba approcha lentement ses doigts et toucha le dos du soldat blessé, au-dessus du cœur, cherchant à réguler sa tension à l’aide de sa propre aura. Si elle était trop basse, il se pourrait bien que les séquelles sur son cerveau soient irréversibles ; mais si elle était trop haute, il se mettrait à saigner davantage. La priorité était de stopper l’hémorragie, ce qu’il fit ensuite en partageant son propre ki afin d’accélérer la régénération naturelle du saiyan : il venait d’appliquer les premiers soins comme on le lui avait appris pendant ses premières années dans les Forces de Défense de Sadala. Pour autant, il avait perdu beaucoup trop de sang et prodiguer les premiers secours n’allait certainement pas être suffisant pour le tirer d’affaire.

"Tenez bon… Restez avec moi."

Mais il était déjà tombé dans l’inconscience, et la plaie était trop profonde pour qu’il soit déplacé sans prendre de risques. Tout seul, à l’orée du désert, Cabba ne parviendrait probablement pas à le rapatrier vers le village situé sur le flanc de montagne le plus proche sans l’endommager. Mais en le laissant ne serait-ce qu’une minute sans surveillance, son état pourrait bien devenir irrémédiable… et il ne pourra pas se le pardonner, même s’il s’agissait de quelqu’un qu’il ne connaissait pas.

Que pourrait-il obtenir en retour, en plus de la tranquillité de sa conscience ?

A partir de là, ses pensées se concentrèrent enfin sur le temps présent. Il avait des compétences à mettre en œuvre, de l’aide à obtenir, un blessé à secourir, des endroits où se rendre. Il était temps d'avancer.

Il parvint à l’adosser avec une très grande précaution, en faisant attention à ne surtout pas le brusquer. Puis ses mains se glissèrent sous ses épaules afin de saisir fermement le vêtement sous son armure détruire. Sa tête ainsi maintenue entre ses avant-bras, il commença à le déplacer, peu à peu, vers l'avant-poste le plus proche.


* * *


Au bout d'une bonne demi-heure, il put enfin apercevoir les lumières des habitations établies à même la roche. Afin de ne pas plus augmenter les risques que l’état de son semblable ne se détériore, il décida de l'immobiliser dans la terre sablonneuse et d’intensifier son aura de sorte à se faire remarquer sur plusieurs centaines de mètres, agissant comme un phare dans la nuit pour quiconque pouvait ressentir les énergies.

Quelques minutes plus tard, il fut abordé par des sentinelles postées non loin : après un rapport sur l’urgence de la situation, ils l’aidèrent à transporter leur général vers les machines médicales installées dans un de leurs fortins. Des bras musclés le soulevèrent, des murmures se pressèrent dans toutes les directions, son pouls et ses constantes vitales furent vérifiées puis son corps dénudé fut plongé dans un liquide régénérant après qu’un masque respiratoire ait été posé sur son visage.

Epina était enfin hors de danger.


* * *


Assis non loin du lit où le général avait été étendu une fois sa régénération achevée, Cabba patientait en silence. A son plus grand soulagement, son sauvetage avait été un succès : il devait sa réussite à ses connaissances en survie, mais également à la disponibilité immédiate des habitants, qui n’avaient pas hésité bien longtemps avant de prendre en charge l’état de celui qu’ils avaient tout de suite reconnu comme le général de leurs armées. Ce combattant avait donc un rôle important dans sa hiérarchie, tout comme lui dans la sienne. Mais avant de pouvoir en savoir plus, il lui fallait lui laisser le temps de récupérer. Durant le quart d'heure nécessaire pour que la déchirure dans son épaule puisse se refermer complètement, il avait surveillé la façon dont les muscles et l’épiderme du haut-gradé s’étaient peu à peu reconstitués jusqu’à ne laisser qu’une cicatrice présente, mais superficielle. Cette technologie prodigieuse était également accessible sur Sadala mais autorisée avec parcimonie, réservée au traitement des blessures les plus mortelles et à la guérison des déficiences les plus fatales.

Maintenant que son devoir été accompli, plus rien ne saurait le retenir ici. Mais il ne souhaitait pas laisser derrière lui la vie qu’il venait juste de sauver : alors il attendit de le voir reprendre connaissance, espérant pouvoir obtenir des renseignements sur ce qui pouvait bien s’être déroulé depuis qu’il avait déserté la capitale.

Son regard se posa sur le visage du général alors que celui-ci reprenait connaissance, brisant soudainement la vitre d'un coup de poing. Un visage qui lui évoquait quelque chose. Mais cela ne dura qu’un moment, avant qu’une soudaine douleur au niveau de ses tempes ne le sorte de sa contemplation.

Le pod de soin travaillait lentement pour accomplir son œuvre… Enfin, lentement était peu dire, car les progrès technologiques avaient rendu les capacités de pods de soins largement supérieur aux modèles bien plus vieux. Si a une époque,Goku avait nécessité plusieurs heures avant de revenir au pic de sa forme, désormais un quart d’heure était suffisant pour les modèles les plus performants.

Ce groupe d’habitation était par un coup de chance l’un des rares disposant de modèles de ce genre, les guerriers Saiyans étant de temps à autres envoyé dans le Désert pour y combattre de toute leurs force dans de brutales entraînements pouvant coûter la vie si des soins rapides n’étaient pas administrés. Les blessures d’Epina de plus n'étaient que cette perforation de l’épaule, et le reste de son corps avait déjà été partiellement soigné un peu plus tôt grâce au gel curatif.

Dans le pod de son côté cependant, le Saiyan resta dans un état de semi-conscience où il ne pensait pas véritablement, ne réfléchissait pas. Il était dans une sorte de torpeur où la seule véritable distraction était des étranges ressenties, il pouvait sentir l’énergie des Saiyans sur la planète sans véritablement se rendre compte qu’il s’agissait de cela. Autour de son pod plusieurs Saiyans l’observait être soigné, les murmures continuaient à aller bon train et une diffusion des évènements du stade était en cours.


Vient alors ensuite le réveil… Et ce qui coïncida avec le début d’une extermination de masse. La quantité de personne qu’il ressentait diminuait de manière exponentielle, tandis qu’une étrange onde de destruction et un sentiment de danger imminent le firent sortir de sa torpeur dans un réflexe de survie, son poing vint briser la vitre, puis un second coup de poing vint démolir la porte du pod et le Saiyan en jaillissait…
“ATTENTION EN L’AIR!” Hurlat-il alors tandis que ses yeux confirmaient ce qu’il ressentait. Des rayons d’énergies qui descendaient d’une très haute altitude, piquant droit vers les Saiyans, les dizaines de Saiyans autour de lui comprirent le danger et commencèrent à se préparer à soit riposter soit à esquiver. Mais le Saiyan nota qu’un Saiyan en particulier -celui qu’il l’avait sauvé- semblait être pris de douleur…

Il se jeta sur lui, le poussant au sol juste avant le moment fatidique.
Les rayons avaient brusquement quadruplé en vitesse et chaque Saiyans sans exception fut pris par surprise, tous moururent sur le coup. Tous sauf Cabba qui était désormais allongé sur le sol, Epina sur le côté, et un trou béant à la place de là où s'était tenu le Saiyan de l’Univers 6 il y a tout juste une seconde.
Le général se releva alors en position de garde, scannant le ciel pour d'éventuelles menaces et après plusieurs secondes décida que le danger était passé et se retourna, tendant sa main vers Cabba.

“Tu vas bien?"

Trois cent.
Trois cent disparurent soudainement.
Trois cent disparurent, puis mille, puis des millions.

Les secondes s’écoulèrent comme une éternité, tandis que Cabba remarquait chaque disparition soudaine de ki. Ce fut comme si un vide avait été laissé dans son cœur, dans son esprit. Un vide si brusque qu’il laissa un vertige dans ses émotions, un déséquilibre dans ses sens et une douleur vive à l’arrière de sa tête. Toutes ces vies s’étaient éteintes les unes après les autres, éclatant comme des étoiles en fin de vie dans le cosmos de sa perception.

Quel genre de monstre Auros était-il ? N’y avait-il donc rien de sacré d’après lui ?

Son sang bouillonnait mais il ne pouvait pas le remarquer. Comment n’avait-il rien ressenti de tout cela avant ? A quel point la planète était peuplée ? A quel point ce même peuple était condamné ? Il n’était pas sans avoir compris les véritables intentions du dieu-empereur mais tout se bousculait toujours plus vite, beaucoup trop vite pour qu’il puisse réagir. S’adapter à n’importe quelle situation était l’un de ses plus grands atouts, même dans l’urgence, mais il semblait en être devenu incapable depuis qu’il était revenu de ce Néant qu’il n’aurait jamais dû quitter.

Je n’ai rien pu faire pour les sauver. Je n’ai rien fait pour les sauver. Je n’avais pas à les sauver. Je ne pouvais sauver personne. Qu’est-ce que je fais encore ici, si je ne peux sauver personne ? Je n’ai pas su sauver Vegeta. Je n’ai pas su sauver mon univers. Je n’ai pas su sauver cet univers lié au nôtre. Je suppose que j’ai toujours été ainsi, faible, inutile—

Ses entrailles se glacèrent, comme si ses bras et ses jambes étaient gelées. Il devait bouger, aider les soldats à protéger l’avant-poste de l’énergie destructrice qui transperçait le ciel, mais il n’avait pas l’impression que son corps lui appartenait. En fait, il ne pouvait même pas dire que son corps tremblait ou se mouvait parce qu’à un moment donné, il s’était encore détaché de lui-même sans s’en rendre compte.

Ça recommence—

Ce ne fut que lorsqu’il sentit une présence se rapprocher de lui qu’il revint enfin à la réalité.





Le ciel était d'un rouge profond et parsemé d'étoiles quand il reprit connaissance. Une inspiration profonde emplit ses poumons d’un air brûlant, et ses muscles endoloris se contractèrent aussitôt. Cabba laissa sa tête pencher sur le côté, cherchant à comprendre pourquoi il était là, allongé sur le dos, un profond cratère situé là où il pensait se tenir trois secondes plus tôt.

"Tu vas bien ?"

Le général qu’il avait mis à l’abri avait récupéré de ses blessures, mais son épaule demeurait encore amochée. Autour de lui, les murs s’étaient complètement effondrés et personne d’autre ne semblait avoir survécu à la catastrophe qui avait frappé la planète toute entière, ne laissant que des décombres calcinées et des corps réduits en cendres qui ne pourront pas être ramenés à la vie.

Encore.

Face à toute cette destruction, il ressentit une émotion très claire et distincte : la honte. Il voulut laisser se laisser aller à sa tristesse, à sa colère, mais cela reviendrait à lui faire perdre le peu de contrôle qu'il avait sur la situation et surtout sur lui-même. Repousser la culpabilité envahissante dans son esprit et la terreur qu’elle cachait dans son cœur était tout ce qu’il pouvait penser à faire pour ne pas perdre la face et garder un semblant d'indifférence.

"Vous feriez mieux de vous soucier de votre état, mon Général." murmura-t-il alors qu’il se redressait péniblement, ignorant malgré lui la main qui lui était tendue.

Peu à peu, le vide que tout cela laissait en lui se transforma en une étrange apathie, sans quoi son mental devenu instable ne pouvait se préserver de cette réalité qu’il peinait à accepter.

"Tout ceci est l’œuvre de l’empereur Auros, n’est-ce pas ?"

Mais il en savait trop. Il en avait trop vu.

Il avait rencontré les dieux, avait obéi à leurs ordres, leur avait même rendu service. Il avait vu ses camarades pleurer de douleur, avait vu son mentor mourir sans le moindre adieu, avait souri en regardant son corps être pulvérisé dans l’oubli comme s’il n’avait jamais été là.Il était mort, il avait été précipité dans le Néant, et il en était revenu.

Il n'y avait pas de retour en arrière possible.
Il n’y avait plus de retour en arrière possible.
Et de là, il ne pouvait qu'avancer.

"Vous devriez partir de cette planète au plus vite si vous voulez avoir une chance de vous en sortir."

“Quoi qu’il se soit passé, Auros visiblement est d’humeur massacrante. Cette ursupateur en est responsable.”

Il pouvait le sentir, une immense partie de la population était désormais morte. Un instant il se concentra pour rechercher deux signatures qu’il connaissait bien…
Son poing se serra tandis que le sol sous ses pieds se fissura, ses cheveux se figèrent pointant en l’air un court instant avant de retomber, le regard du Saiyan ne bougea pas mais ses yeux prirent une intensité à glacer le sang. Ils étaient parmi les victimes.

“Harcot… Articha…”

Son regard pointa en direction de la capitale qui était pourtant à des milliers de kilomètres de là. Il y sentait encore quelques ki. Observant alors le Saiyan, son regard perdit en intensité tandis qu’un nom lui vint en tête et son regard se porta ensuite vers l’épée que l’individu portait derrière son dos.
“Cabba hein?” Un bref sourire amusé de la coïncidence. Oui, il le reconnaît désormais, et cette épée était celle qu’il l’avait tué et libérer du jeu de Demigra.

“On dirait que le Jeu de Demigra t’as soit épargné, soit tu est également revenu à la vie. Je suis Epina, l’un des participants de cette saloperie… Et tu portes l’épée du type qui m’a ôté la vie lors de ce jeu” Voilà une découverte qui aurait presque pu le distraire du chaos qu’était désormais Végéta.
Mettant la main sur l’épaule du Saiyan, il continua.
“Je te dois la vie, et en effet rester sur Végéta ne me paraît pas être une bonne idée… Mais je ne peux pas abandonner les miens non plus, toi en revanche je te suggère de te rendre sur Terre et de rester loin d’Auros. Qui sait, si j'en ai l'occasion je viendrais t'y trouver.”

Il réfléchit alors quelques instants, puis expliqua.
“Il y a un blocus autour de la planète et les capsules standard de la base de lancement ont pas mal de chance de se faire détruire en vol. On en a quelques une spéciaux, je vais nous ramener à la base de surveillance de la Capital, de là tu devrais pouvoir accéder à la base via un petit tunnel qui t'emmènera directement vers les capsules. Ok? Ok.”

Sans laisser le temps de réagir, le Duo disparut alors…