S'engager pour la vie [Solo]

Son grade lui donnait accès à l’armurerie de la base militaire. Il était encore nouveau dans ce monde, bien qu’il l’admirait de l'extérieur. Guidé par l’un des soldats, il arriva devant un véritable musée de l’armement terrien. Des armes à feu rangeaient comme des livres dans une librairie et dont la connaissance attendait impatiemment le protecteur terrien : fusils d’assaut ou de précision, mitraillette et mitrailleuses et enfin ce que le jeune caporal honorifique voulait : les pistolets. Ils étaient facilement transportables, dissimulables et les plus puissants pouvaient laisser une sacrée marque sur les cibles les plus coriaces. Néanmoins, lesquelles étaient les plus adaptées aux envies du joueur terrien. Il traversa les couloirs décorés par la mort et la misère. Ils prenaient plusieurs armes et les examinaient sans trop savoir ce qu’il admirait.

Il était normalement contre l’utilisation d’armes à feu, vu son pacifisme. Maintenant qu’il faisait partie de l'armée de sa planète, il se devait de dépasser sa vision idéaliste d’un monde où le sang ne coulait plus. La Terre a toujours été victime d’attaques, que ce soit de ses propres habitants ou des extraterrestres. S’il voulait être un vrai défenseur de la Terre, il devait apprendre l’impardonnable… peut-être pas à ce point, mais suffisamment pour blesser sa cible pour qu’elle ne puisse plus combattre sans la tuer. C’était son espoir, mais au fond de lui, il savait que ce qu’il allait apprendre était l’art de la faucheuse.

Après plusieurs minutes, il se décida sur un pistolet calibre .45 qu'il pensait pouvoir utiliser aisément tout en gardant la puissance nécessaire pour handicaper les monstres et les criminels de ce monde. Avec sa nouvelle arme en main, il se rendit aux stands de tirs. Il l'observa un peu avec dégoût avant de prendre une longue respiration et de souffler avant de diriger son regard vers les cibles en carton en face de lui. Il ferma les yeux alors qu'il se mettait en position en prenant exemple sur un autre soldat qui s'entraînait. Une fois qu'il les rouvrit, il se concentra sur le viseur et visa l'épaule. Avant qu'il n'appuie sur la détente, l'émeraude dans la poche se mit à s'éclaircir et une aura verte se mit à entourer l'arme à poing.

La balle fut tirée. Le son résonna dans la tête de Williams et le fit reculer par réflexe contre le mur du stand. Les premières fois sont jamais agréables, surtout quand il s’agit de jouer avec la mort. Quand il regarda de nouveau la cible, l’épaule entière du mannequin était partie. Ceci laissa un froid parcourir toute la colonne vertébrale de l’ancien pacifiste. Son arme était à ce point puissant ou l’émeraude n’avait rendue ainsi ?

Il continua à s'entraîner avec le pistolet. À chaque tirs, il s'habituait progressivement au bruit de l'arme à feu, il devenait de plus en plus précis et les dégâts sur les cibles restaient consistants avec la lueur verte qui apparaissait à chaque fois qu'il se préparait à tirer. Il venait de l'adopter : son premier outil de mort... rendue encore plus mortelle par l'émeraude qui lui avait valu la chance de faire partie de l'armée. Un flux d'informations et de sentiments contradictoires venaient dans l'esprit de Williams. Il pouvait rester une personne passive qui interrogeait les criminels, mais si sa vie ou celle d'innocents étaient en jeu durant une attaque, il fallait bien quelqu'un pour les défendre ! Il déniait ce sentiment satisfaisant d'apprendre à utiliser le .45 dans la peur que cela se traduise à une soif de sang qu'il le rendrait aussi mauvais que son double temporel.

À la fin de la journée, il prit l'arme, l'enregistra comme étant son utilisateur auprès des autorités supérieures en cas d'accident ou d'homicide volontaire et le rangea dans son sac militaire. Maintenant armé, il se sentait autant sûr de lui-même que méfiant. De grands pouvoirs impliquaient de grandes responsabilités. Il avait déjà l'émeraude qu'il devait se montrer raisonnable avec : ne pas laisser sa curiosité avoir le meilleur de lui-même et de ne pas s'en servir pour ses propres intérêts. Maintenant qu'il était armé, c'était un nouveau devoir envers lui-même de ne pas franchir la ligne et de s'en servir en dernier recours.