Damné par le passé

J'arrivai à l'endroit de Conton-City où se trouvait ce raté de Hellzetsu. D'après les informations que j'avais eues, il aurait subi un choc qui l'avait laissé dans un état végétatif duquel il ne pouvait pas se dépêtrer. Avec moi, il n'allait pas rester comme ça longtemps. Soit, il se bougerait les fesses et redeviendrait normal et fonctionnel, soit il irait dire bonjour à Enma de ma part, mais hors de question qu'un Shan demeure, tel un légume, inactif, à ruminer sur son sort. Le tout était de savoir comment m'y prendre. Devais-je y aller doucement, ou bien devrais-je directement employer la manière forte ? Je n'étais pas doué pour la douceur et en ce qui concernait la force, je n'avais pas pris le temps de me soigner correctement depuis ma dernière mission, et j'étais immédiatement venu ici, dans l'urgence. Néanmoins, j'étais encore assez en forme pour lui mettre la claque de sa vie si jamais il venait à refuser mon aider. A ce moment-là, je me demandais aussi s'il accepterait de m'écouter ou s'il serait tellement ancré dans son mal-être qu'il ne ferait pas attention au monde qui l'entoure. Je verrais bien.

Quand j'approchai Hellzetsu, je vis que ce dernier avait le regard vide. Il était aussi immobile. On n'avait donc pas exagéré quand on m'avait parlé de son état. Il demeurait là, se laissant vivre, comme si plus rien n'avait d'importance. Pourtant, je lisais dans son Ki un profond chamboulement, un déchaînement de pensées si noires. Je compris qu'il s'agissait plus d'un homme qui appelait à l'aide que d'un simple caprice d'enfant gâté qui ne voulait plus rien faire par peur. Hellzetsu avait réellement besoin qu'un membre de sa famille vienne lui parler et comme père était je ne savais où, c'était à moi qu'incombait cette tâche. Si on m'avait dit que je ferais ça un jour, je ne l'aurais jamais cru. J'eus d'ailleurs un petit moment d'hésitation. Moi, le guerrier sanguinaire et sans morale d'autrefois, j'avais tant changé. Voilà que, d'une part, je réparais les anomalies temporelles causées par des guerriers que j'aurais appelé "mes semblables" auparavant, et que, d'autre part, je me retrouvais à venir dialoguer avec quelqu'un pour qui j'avais du mépris, autrefois, bien qu'il fût un Shan. Etais-je vraiment heureux, comme ça ? Le pire étant que la réponse serait probablement affirmative. 


"Bonjour, Hellzetsu." lançai-je à celui que je devrais considérer comme étant un "petit-frère", quand bien même nous n'avions pas exactement le même géniteur. C'était compliqué, ces bêtises temporelles. "Poiko m'a tout raconté à propos de ta situation. Mais j'aimerais que tu m'expliques à ton tour ce qui te tourmente. Je pourrais peut-être t'aider." ajoutai-je, essayant d'être le plus calme et le plus compatissant possible.

Hellzetsu arrivait à peine à articuler quand il me parlait. Il me dit d'abord une première phrase, de laquelle je saisis les mots "ma vie" et "enfer". Il était évident qu'il décrivait là sa vie comme un enfer. Il était vrai que pour lui, contrairement à moi, l'enfer n'était pas un simple terrain de jeu, mais un endroit abominable. Personnellement, je pouvais aller et venir en cet endroit et m'y sentir comme chez moi. Dès lors, je voulais savoir ce qui faisait de sa vie un enfer. Je me demandais clairement ce qui l'avait mis dans cet état. Seul un profond traumatisme avait pu le plonger là-dedans. En effet, je ne pensais pas Hellzetsu aussi fragile d'esprit, au point d'être détruit mentalement pour des broutilles. Je pus alors saisir d'autres mots venant de sa bouche. De ce que j'avais compris, il me montrait un parchemin qui retracerait son passé. Je me retournai et vis effectivement un parchemin trônant à quelques pas à peine de moi. Ce dernier pourrait me fournir toutes les réponses dont j'aurais besoin pour comprendre les tourments de celui que je devais appeler "mon petit frère". 

Je saisis alors le parchemin en question et le déroulai, juste après avoir jeté un dernier regard vers le guerrier apathique à mes côtés. Après ça, je pus plonger dans l'océan de ses souvenirs. Là, j'y trouvai un vaste contraste d'émotions. Tantôt heureux, tantôt déchirants. Le passé de Hellzetsu était un véritable orage menaçant sans cesse de détruire le bateau de la santé mentale du Saiyan. J'y ai vu des choses atroces, notamment une femme, sans doute celle de père, puisqu'il était avec elle. Cette dernière, ainsi que notre père de cette temporalité, avaient péri sous les yeux du jeune Saiyan. Ce n'était pas le pire. En effet, je vis un garçon. Ce garçon avait été adopté par Hellzetsu et, un jour, une espèce de femme lézard que j'avais déjà vu quelque part auparavant l'avait tué. Une fois la lecture du parchemin terminé, me donnant ainsi une meilleure idée de ce qu'avait traversé Hellzetsu, je m'approchai de lui. 

"J'ai quelque chose à te montrer."  

Je m'éloignai pour aller chercher un parchemin qui retraçait ma propre existence. Moi aussi, tout comme lui, j'avais connu un père différent. Moi aussi, à cause de ce père, j'avais souffert, même si ce n'était pas pour les bonnes raisons. Il fallait qu'il voie. Alors, sans lui laisser le choix et, de toute façon, vu son apathie, il ne pourrait m'en empêcher, je l'emmenai dans ma temporalité, à l'époque où je vivais encore auprès de père. Nous étions tous les deux face à un Kaito maléfique et à une version antérieure (et aussi plus maléfique) de moi-même. Kaito était assis sur un trône tandis que ma version passée entrait dans cette salle du trône gigantesque. De souvenir, père était très mécontent parce que j'avais échoué à capturer un ennemi qui pouvait lui mettre des bâtons dans les roues. Je voulais montrer à Hellzetsu à quel point j'avais souffert, en lui montrant ce Kaito maléfique qui me rouait de coups à chaque fois que j'échouais, qui me méprisait et ne faisait que m'utiliser. Là, à ce moment, j'avais échappé à la mort de peu. Père m'avait battu et torturé au point que je ne dus ma survie qu'à ma volonté de vivre et à ma soif de vengeance. 

"Bien, nous pouvons rentrer."

Nous nous retrouvâmes à nouveau dans la pièce que nous avions quittée, juste avant. je reposai le parchemin sur une table et me tournai ensuite vers Hellzetsu.

"J'espère que tu as vu que pour moi non plus, tout n'a pas été rose. Tu as bien vu dans quel état père m'avait mis, ce jour-là. Si j'avais abandonné, comme toi tu le fais maintenant, je ne serais plus de ce monde." dis-je à Hellzetsu. "Alors, réveille-toi !" ajoutai-je en lui envoyant mon poing droit dans la figure. J'espérais ainsi créer un électrochoc.

Hellzetsu se retrouva un peu plus loquace suite à mon coup de poing dans la figure. Comme quoi, la violence, ce n'est pas une solution, c'est LA solution. Il me répondit qu'au départ, je n'avais rien et que maintenant, j'avais des gens qui tenaient à moi et à qui je tenais. Oui, jusque-là, il avait compris. Puis, il me fit part du contraste avec sa propre vie, où lui avait tout et maintenant plus rien. Il se trompait lourdement, très lourdement même. S'il pensait vraiment être seul dans cette galère, il était très loin du compte. Après ça, il ajouta qu'il avait tout perdu, tous ses êtres chers, à cause de sa propre faiblesse. 

"Alors, cesse de te morfondre et deviens fort !" lui répondis-je.

Je me doutai que dit comme ça, il allait se demander ce que je voulais dire par là. Ce n'était pas bien compliqué, mais je convenais que tout ceci méritait de plus amples explications. J'avais bien compris qu'il se sentait coupable de ne pas avoir été assez fort pour protéger sa famille. Il se mettait trop de responsabilités sur le dos.

"Oui, tu as perdu des êtres chers à cause de ta faiblesse, tout comme ma faiblesse m'avait empêché de me libérer de mes chaînes, jadis." dis-je, calmement. "Pour autant, tu ne pourras jamais réparer le passé. Laisse-le derrière toi. Sers-t-en simplement comme enseignement pour avancer." ajoutai-je. 

J'avais tout fait pour oublier ces douloureux souvenirs, moi aussi. Mais j'avais compris que laisser le passé mourir n'était pas une solution. Au contraire, c'était en puisant dans tout ce que le passé avait à nous apprendre que nous pourrions nous améliorer et ainsi éviter de répéter les mêmes erreurs. Dès lors, je m'étais entraîné comme un fou pour atteindre le niveau qu'était le mien, en ce jour.

"Je ne peux pas te forcer à entretenir la flamme du combat en toi, Hellzetsu, je peux juste te conseiller. Tout ceci doit venir de toi et toi seul. Tu n'as pas tout perdu, puisque tu as encore des gens à protéger, ici. Si père et moi ne nous donnons pas le droit de flancher, pourquoi toi, aussi membre de notre famille, en aurais-tu le droit ?" Je marquai une pause pour guetter le moindre sursaut chez Hellzetsu, la moindre réaction de sa part, avant de reprendre. "Oserais-tu abandonner la Time Patrol alors que non seulement ta famille mais aussi des tas d'innocents ont besoin de toi ?"

Il était temps de lui dire une dernière parole qui, je l'espérais, ferait mouche, même s'il ne s'agirait que d'une demi-vérité. 

"En continuant le combat, tu feras honneur non seulement à ceux qui sont tombés, mais aussi à nous, ta famille. Père est si fier de toi, tu sais et je dois dire...que moi aussi. Du moins, jusqu'à ce que je te voie dans cet était lamentable !" 

En vérité, je ne savais pas si père était fier de lui, même si selon moi, c'était évident qu'il l'était. En revanche, même si je n'étais toujours pas fier d'avoir un tel "petit-frère", je devais avouer que ses progrès fulgurants, avant sa dégringolade, forçaient le respect.

"Tu m'en vois ravi." 

Enfin, Hellzetsu semblait de retour. Enfin, celui que je devais appeler "petit-frère" semblait avoir retrouvé la flamme du combat qui avait disparu jusque-là. Il semblait prêt à passer à la suite des événements. Il fallait désormais qu'il montre qu'il était digne de la prestigieuse et inégalable dynastie des Shan. Par conséquent, il était temps de lui révéler quelque chose en rapport avec notre famille. Mais plutôt que de lui raconter quoi que ce soit, j'allais lui montrer, j'allais l'emmener dans un endroit que j'avais jadis exploré, accompagné de père. 

"Tu vas me prouver que tu es bien de retour, Hellzetsu. Il y a un temple, sur Vegeta. Ce temple représente notre longue lignée depuis des temps immémoriaux. Là-bas, quelques épreuves t'attendront, mais tu en sortiras grandi."

Je me souvenais des épreuves du temple des Shan. Certaines étaient de vrais casse-tête, demandant de la logique pour s'en sortir d'autres pouvaient couler de source si l'on avait des sentiments purs à l'arrivée dans le temple. Pour ce qui était des sentiments purs, je ne me faisais aucun souci pour Hellzetsu, en revanche, en ce qui concernait la logique, j'étais déjà plus sceptique. 

Il était désormais temps de partir pour la planète Vegeta, à moins que Hellzetsu refuse de me suivre. En tout cas, je ne pouvais penser qu'il refuse, puisqu'il s'agissait d'un endroit spécial pouvant le faire devenir plus fort et je savais, pour assez bien le connaître, qu'hormis les récents événements qui lui avaient donné un coup de pied aux fesses, Hellzetsu était plutôt du genre de Saiyan à vouloir se dépasser sans cesse. Sur ce point, nous étions pareils, bien que nos motivations différassent. 

"Mets ta main sur mon épaule, Hellzetsu, je vais nous téléporter sur la planète Vegeta. A moins que tu aies des questions avant qu'on y aille ?"

Une fois qu'il aurait posé ses éventuelles questions et sa main sur mon épaule, nous pourrions partir pour Vegeta, direction le temple des Shan. Il était temps que Hellzetsu sache tout.