L'enfer de Freezer 2

Freezer n’avait pas été surpris de son sort, condamné à revivre un calvaire qu’il ne connaissait que trop bien. Enveloppé au sein d’un cocon de tissu imperturbable, le seigneur du mal se trouvait incapable du moindre acte de résistance, immobilisé pour l’éternité devant une étendue verdoyante. Cette vue ennuyante ne constituait qu’une fraction de son supplice ; le tyran n’était pas seul, il était régulièrement perturbé par des parades d’animaux en peluches et autres babioles ayant miraculeusement pris vie. Un miracle dont il se serait bien passé : Les troupes de jouets patrouillaient en musique autour de sa cage. A l’aide d’instruments adaptés à leur gabarit, les petites créatures réalisaient un véritable concert chorégraphié. Ce capharnaüm se répétait chaque jour, peut être toutes les heures, l’enfer au sein du paradis. Mais telle était la chose la plus insupportable pour un tel monstre, se trouver impuissant face à des animaux en peluche.

Crier ne servait à rien, le frère de Cooler avait mainte fois demandé la fin de cette mascarade, il avait menacé, supplié, marchandé. Mais que faire face à un orchestre d’idiots heureux ? Aucune logique pragmatique n’affectait ce troupeau de brebis insouciantes ! Que dire de plus ? Il n’y avait rien d’autre à faire pour causer la profonde exaspération de Freezer, laquelle était en voie de devenir une pure folie. Fort heureusement, le démon du froid avait le cuir solide, le préservant d’une insanité malvenue.

Mais afin de compléter son malheur, l’habitant du petit jardin disposait de retransmissions en direct du monde des mortel. Comme n’importe quel défunt, le cadet Cold pouvait observer le monde, constant les conflits et échecs de la politique de son empire. Du moins, de l’imperium Coolerium ; ultime affront à sa mémoire. Dès qu’il fut vaincu, Freezer fut privé de toute postérité, voyant ses planètes distribuées à son chien de frère. D’ailleurs, ce n’était même plus un membre de sa famille, ce n’était qu’un pantin, un robot dirigé par un ordinateur hostile à toute forme de vie. Ce faux Cooler allait mener l’union galactique à sa perte ; travail rondement bien initié par son alliance auprès de Broly. Quelle folle idée de former une faction auprès de ce singe, le pire ennemi de l’empire ! Comment Artic pouvait tolérer une telle accalmie ? Un tel laisser-aller était une honte ! Dire que Freezer avait mis en péril sa propre existence pour mettre fin au joug de ce crétin millénaire ; tant d’efforts pour rien ! Mais cette frustration grandissante fut empirée lorsqu’il prit conscience de la guerre approchante entre ses pairs et l’alliance maléfique.


Freezer était tiraillé entre une intense colère et une incontrôlable haine, deux sentiments forts résultant de la trahison de ses seuls alliés. Oui, le seigneur tyrannique avait manœuvré habilement pour récupérer la planète portant son nom tout en normalisant les relations des deux coalitions. Cet accord fut ébranlé lorsque Warui et Kopi prirent d’assaut Vegeta. Néanmoins, le rôle de l’agresseur dans cette affaire était clairement du côté de l’alliance maléfique, justifiant une faute de leur part qui demandait à être réparée. Mais plutôt que d’entretenir leurs relations, les serviteurs de Majin Vegeta préféraient jouer aux sauvages en profanant les bases mêmes de l’entente cordiale. Comment ? En tentant de reprendre la planète qu’ils avaient eux-mêmes cédé.


Quelle farce !


Evidement, il s’agissait du même duo d’imbéciles que sur Vegeta, à savoir Kowel et son ami Magma. Ces misérables justifiaient leur acte en affirmant un écart de la part de Freezer lui-même, pourtant, ce dernier n’avait fait que se défendre. Mais pourquoi chercher un quelconque raisonnement ? S’ils étaient intelligents, ils auraient arrêté de servir leur vil maître pour travailler dans un projet qui servirait leurs intérêts. Ici, ils ne faisaient que défendre le domaine de leur supérieur, navrante forme de soumission d’ailleurs bien malvenue pour être pseudo omniscient comme Kowel.  


Le regard inquisiteur de Freezer guetta ainsi l’ensemble des négociations entre le Roi Cold, Broly et Warui. Car eux seuls étaient aux manettes des échanges qui eurent lieu. La fusion démoniaque n’apportait rien aux différents sujets si ce n’est de mentir, notamment au sujet des expériences de Rellum. Quant à Lava, il présentait sa vision d’honneur dont tout le monde se fichait. Pour Cooler, il suivait la route tracée par le colosse légendaire, acceptant d’être mis à l’épreuve contre feu Kopi. Enfin une bonne nouvelle ! Un combat à mort entre ses deux pires ennemis était une aubaine : quoi qu’il advienne, un de ces rivaux allait disparaitre. Même mort, Freezer ne pouvait que jubiler à l’aube de ce spectacle.


Cependant, quelques imprévus vinrent transformer ce duel organisé en pagaille générale. En cause, le comportement de la recrue maléfique, suffisamment imbu d’elle-même pour provoquer un furieux tel que Broly. Cette inconscience venait de provoquer la défaite de l’alliance maléfique, se trouvant immédiatement opposé à Broly et 6 représentants de l’empire. Leur destin était scellé : C’était Kowel qui allait mourir. Du moins, c’est ce que pensait Freezer à l’aide du pragmatisme qui lui était propre. Mais comment pourrait-il en être autrement ? Le fils de Paragus avait écrasé un démon du froid en forme golden, en forme divine ! Le cadet Cold ne pouvait pas accepter qu’un minable lambda soit capable de défaire sa Némésis ! Cela signifierait que Kowel était plus fort que lui ! Quant à Warui, s’il venait à défendre son camarade, il se frotterait certainement au reste de l’empire ; entrainant un combat totalement déséquilibré dont il ne sortirait sans doute pas gagnant. Dans cette affaire, Freezer espérait que son confrère soit tué lors de l’affrontement, bien entendu.

Bien qu’il ne soit plus de ce monde, Freezer observait avec attention les événements présents et futurs, priant pour la mort de Cooler et de Kowel en ce saint jour de guerre.

Comment décrire ce qu’il venait de se passer sur la planète Freezer ? Le défunt empereur d’or ne pouvait répondre que par « cacophonie », « capharnaüm » ou « chaos ». Lui qui s’attendait à un duel en bonne et due forme, il découvrait avec stupéfaction l’erreur grossière de Kowel. L’être qui se disait au-dessus de toute chose avait bêtement énervé Broly, causant une réponse presque immédiate qui mit fins aux jours du puissant guerrier de l’alliance maléfique. Le cadet Cold observait ces événements avec déception, il n’y aurait pas de duel ni de mort de Cooler. Mais comment faire parvenir sa frustration ? Il était attaché dans un cocon limitant ses mouvements, incapable de faire étalage de son intense colère. Donc, à défaut de mieux, le fils d’Artic semblait grogner en permanence, frisant la folie.

« Gggggggrrrrrrrrrrrrrrr… »

Ce qu’il voyait ne lui plaisait pas. Imaginer l’empire Cold soumis au singe de la légende, c’était d’une tristesse accablante. Était-ce l’avenir proposé par son stupide frère ? Quelle honte ! Le régent de Vegeta indiquait vouloir prendre le contrôle de l’univers tout entier en soumettant chaque monde à sa loi martiale, unir chaque peuple sous sa coupe. Savoir qu’aucun représentant de son alliance n’était capable de tenir tête ou fomenter un semblant de plan pour écraser Broly était exaspérant.

« Grrrr… »

Et non content d’accepter la domination de l’envahisseur macaque, Cooler semblait maintenant destiné au couronnement pour le titre de Roi, un écart supplémentaire qui rendait le jeune démon du froid furieux.

« Enfoiré… Quand je te retrouverais, je t’exploserais, je me baignerais dans ton sang ! »

Visiblement, l’isolement forcé au paradis ne bonifiait pas du tout Freezer, bien au contraire, il semblait de plus en plus énervé. Qui sait ce qui pourrait arriver s’il revenait un jour à la vie ?

Que ce soit par intérêt ou dans un fougueux élan de camaraderie, Riki suivit à la lettre les instructions de Poutine, attachant puis retirant immédiatement la potala. Bien informé du pouvoir de cet artefact magique, le survivant des enfers avait jugé bon de se servir d’une claymore d’énergie comme appui pour ne pas être emporté. Il avait bien raison, aussitôt qu’il s’en été équipé, il fut irrémédiablement attiré vers la démone.  Ces précautions évitèrent une fâcheuse fusion entre les deux soldats de Mechikabura ainsi que quelques moqueries de leur adversaire.

Mal en point, la magicienne fut brusquement tirée du sol, non pas par Kaito mais par l’intense magie Kaioshin. Propulsée à haute vitesse, elle traversa le portail au côté duquel se tenait le guerrier de l’espace. Il semblait évident que Riki fit immédiatement de même, chose qui ne fut pas du gout de Majin K. Le révolutionnaire maléfique fulminait déjà de la disparition de Poutine, il se redressa et se rua vers la porte invoquée dans l’espoir de rejoindre celle qu’il méprisait tant.

« Nous n’avons pas terminé nos affaires ! »

Fort heureusement, la providence scénaristique autorisa le jeune mercenaire à devancer le tyran d’une seconde à peine, juste assez pour que Poutine ferme le portail d’un bref revers de main.

« Vous ne pourrez pas vous échapper pour toujours ! »

La voix du Shan résonna autour de la manifestation magique, un instant avant qu’elle ne disparaisse. C’était une sorte d’avertissement qui n’était pas destiné à un public sourd : Riki n’avait clairement servit à rien et la lieutenante à ses côtés était allongée sur le dos, la respiration alourdie par ses blessures profondes. En observant les alentours, le loup solitaire remarqua la singularité de son environnement, une région qui dégageait une atmosphère différente de ce à quoi il était maintenant habitué. Le ciel sanguin n’était plus, remplacé par un magnifique éther d’azur couvrant une plaine jaunie par d’immenses pans de fleurs. Ce lieu avait tout d’un paradis, l’atmosphère chatoyante mettait en valeur les minces reliefs des steppes chaudes. Au milieu de ces étendues idylliques se présentait un cerisier massif qui ne l’était pas moins, ses pétales roses flottants au vent au rythme de brises aussi douces qu’agréables.




Il n’était clairement plus dans « l’enfer » tel qu’on le considèrait chez les mortels.

Le sang de sa camarade tachait le tapis floral d’une teinte carmine.


Elle tendait difficilement sa main sur sa droite directe, matérialisant au prix d’intenses efforts une petite trousse médicale, elle ne pouvait pas faire davantage. Afin de se soigner, elle tenta de se redresser, lentement. Mais rien, rien de concret, elle grommelait juste de douleur en pliant le dos du mieux qu’elle pouvait. Poutine ne souhaitait pas se résoudre à l’assistanat de son allié de circonstance, néanmoins, elle se rendit vite compte qu’elle n’était pas en mesure de se panser seule. Elle reposa son dos, cherchant Riki du regard.


« Je ne sais pas… ou nous sommes. »


Précisât-elle lentement avant de laisser échapper un râle de douleur. Elle plaça ses mains sur son flanc le plus mal engagé afin de contenir son inévitable trépas. Inévitable si le saiyan à ses côtés ne lui procurait pas les premiers soins. La caisse proche de la magicienne contenait le néccéssaire pour la remettre sur pied, il ne manquait qu’une dose de bonne volonté.

Qui aurait pu croire que même le diable avait la générosité d'offrir une échappatoire ? Afin d'échapper aux dévoreurs ailés, Jojiba n'eut d'autre choix que d'aller au fin fond du lac, là ou ces créatures infernales ne pourraient pas le suivre. Une fois le grand plongeon exécuté, l'homme à queue de singe n'avait plus qu'à retenir son souffle et à continuer de nager vers le fond. Après un cours instant, il y vit la lumière... et la vie, au delà des racines des arbres morts. Comme Demigra l'avait prédit, tout n'était pas encore fini pour lui. Lorsqu'il sortit de l'eau pour atteindre l'autre coté, le rescapé ne chuta point. Défiant la gravité, la protection magique du passage emprunté le fit retomber au ralenti dans ce lieu baigné de lumière. Telle une feuille portée par le vent, celui à maintes reprises échappa à son destin, découvrit ce lieu utopique à la frontière du paradis et des enfers.

*Nous y voilà.*

Qui aurait pu croire qu'un vaste champ de fleur comparable à un jardin sans fin se trouverait là, sous cette étendue d'eau azurée ? Est-ce qu'un lieu aussi magnifique pouvait véritablement exister ? Ou bien était-ce encore l'un de ses satanés pièges ? Une illusion du Malin ? Non, ça ne semblait pas être le cas. Même si c'était trop beau pour être vrai, ce morceau de paradis était bel et bien réel. En son milieu s'y trouvait un cerisier majestueux, entouré d'adorables musiciens pelucheux et de fées. Passer d'un véritable cauchemar sans fin a une atmosphère aussi joyeuse en si peu de temps, cela devait faire un sacré choc mais au moins, le danger était passé. Ceci dit, le saiyan n'aurait clairement pas pu manquer la présence d'autres individus sur ces lieux, chose qui ne manqua pas de surprendre le démon.

*Comme c'est étrange. Je m'attendais à ce que tu sois seul mais nous ne sommes visiblement pas les premiers à poser les pieds ici.*

Même lui n'avait su prédire cette arrivée. Contrairement à ce que ses actions portaient à faire croire, le Majin n'était pas devin, il était seulement malin. Les deux inconnus se trouvaient à plusieurs dizaines de mètres d'eux. La demoiselle vêtue de jaune n'était pas étrangère au dieu-démon. L’homme en armure, en revanche, il ne parvenait pas encore à l’identifier mais cela ne saurait tarder. A présent, il était temps pour lui de jouer son rôle et tenir parole en apportant une porte de secours à celui dont le cœur bat encore chez les morts.

*Cela importe peu. Comme convenu et en échange de ta modeste contribution, voilà ta sortie.*

Sa contribution ? Quelle contribution ?! Jojiba n'avait fait que se rendre d'un point A à un point B. Le barbu n'avait rien fait de plus que de se diriger vers un lieu ou le spectre de Demigra... serait en mesure d'utiliser ses pleins pouvoirs ? Avant même qu'il ne s'en rend compte, le ministre plaça son bras en avant, paume ouverte et ouvrit une faille spatio-temporelle. De l'autre coté, il y avait la Terre. Oui, la Terre, plus que de la terre... renfoncée jusqu'à former un gigantesque cratère, car c'est tout ce qu'il restait de la Capitale du Sud. Comment ne pas exploser de colère face aux conséquences de son échec ? Combien de victimes Cabba avait-il enterrées ? Est-ce que quelqu'un avait réussit à le stopper ? Pour obtenir des réponses à ses questions, il n'y avait qu'à traverser la brèche... mais c'était impossible.

« Mais avant cela, j'ai une affaire à régler. »

Évidemment, c'était trop beau pour être vrai. Ayant perdu le contrôle de son propre corps, le guerrier fut obligé de ce mouvoir contre sa volonté. Faisant volte face, il s'éloigna du portail et entama le chemin vers le grand cerisier. Non sans passer à coté d'une amie de longue date, ce diable lui adressa deux mots pour signaler sa présence.

« Bonjour, Poutine. »

Un petit sourire illumina son visage en réaction à cette inattendue retrouvaille. Chacun de ses pas sonnait comme un mauvais présage. Ignorant les éventuelles injonctions de la démone ou de son compagnon, il continua son chemin jusqu'au pied de cet arbre sacré. Fuyant sa présence comme s'ils étaient naturellement repoussés par son aura, les petits gardiens de cette prison enjolivée s'éloignèrent, les laissant seul avec l'être tourmenté qui hurlait sa douleur. Plongeant le bras droit vers l'avant, paume ouverte, le possédé fit apparaître le sceptre de éternel ennemi. En empoignant celui-ci, le sorcier dessina deux cercles dans le vide, faisant ainsi apparaître deux fenêtres vers des plans qui n'étaient pas inconnus au propriétaire de ce corps : il s'agissait d'un visuel reliant 'image de cet endroit au Bureau d'Enma et au Sanctuaire de Claire.

« Ceci est un message d'outre-tombe. A vous qui vous êtes mis en travers de mon chemin, voilà ce que je fais de votre chien. »

Avançant encore de quelques pas vers l'avant, il passa entre les hublots magiques relâcha son artefact, la laissant disparaître dans le néant. N'étant plus qu'à quelques centimètres de son objectif, le saiyan emprisonné par les actions de son bourreau fut forcé de se voir commettre un terrible péché. La main apposée contre cet arbre que nul n'aurait osé touché, le vil magicien avait atteint son objectif. Tout sourire, son hôte libéra un sortilège de feu depuis ses doigts ensorcelés, embrasant l'arbre par les flammes exaltés. L'incendie semblait inarrêtable, le maître du destin s'en était lui même assuré. En seulement quelques secondes, ses branches furent dévorées dans l’incandescence de ce moment et le prisonnier de cet enfer fut libéré de son tourment.

Aussitôt la déclaration fut-elle faite que l'aura du Malin se dissipa en même temps que son image éphémère. Même mort, cette trace qu'il avait laissé derrière lui avait causée de bien nombreux tracas et Jojiba ne fut rien de plus qu'un outil pour en accomplir un autre... mais tout espoir n'était pas perdu. Ayant reprit le contrôle de ses mouvements, le héros de la Terre pouvait encore regagner le portail et sauver sa propre peau, à défaut de celle des autres. A présent, il lui fallait fuir. Oui, fuir dans l'attente d'un meilleur avenir car ce n'est qu'en vivant un jour de plus qu'il pourra saisir l'opportunité de retrouver une vie normale.

Combien de temps avait-il été enfermé dans cette dimension maudite ? Isolé de tout contact ou notion physique, le malheureux Cold avait tout simplement oublié, incapable de compter les mois et années qui le séparait de sa dernière bataille. De toute manière, sa fureur fut trop forte pour qu’il puisse ne penser à quoi que ce soit d’autre qu’a sa vengeance. Voulait-il son match retour contre Setsuka, Jojiba, Claire et Yukko ? Oui, certainement. Mais il ne s’agissait pas de sa plus grande source de frustration. Car aussi minables pouvaient-ils être, ces héros du dimanche n’étaient pas la principale angoisse du défunt tyran. Son pire ennemi était infiniment plus fourbe et proche de lui.

« Cooler… »

Marmonnât-il tout seul, le seul bruit ambiant étant les prouesses orchestrales de l’escadron en peluche.

Son frère mécanique, son plus ancien et redoutable rival. Depuis son décès, le cadet avait le déplaisir constant d’être informé en direct des moindres actes de sa fratrie. Et quel ne fut pas sa surprise quand il constata que ce dernier finalisait son couronnement d’empereur galactique. Dans quelques heures, Cooler deviendrait le seul et unique régent de l’univers, occultant définitivement la légitimité de Freezer. Que dire ? Le démon vaincu n’avait plus les mots, aucun grommellement ne suffisait à exprimer sa profonde rage. Il ne pouvait que protester en silence, observant la déchéance flagrante qui touchait son empire, le SIEN, RIEN QU’A LUI.

Qu’il était insupportable d’observer les efforts titanesques déployés par ce touriste pour convaincre son père de la futilité de le ramener ! De ses machinations pour prendre le pouvoir le plus vite possible ! Comme s’il savait qu’au fond de lui, le risque d’un retour du cadet prodigue restait entier…

Mais les pensées du génocidaire spatial furent coupées par un bruissement d’herbe inhabituel et lointain. En passant autant de temps dans cette dimension infernale, Freezer avait appris à identifier le moindre coup de vent, le bruitage caractéristique de chaque fleur, il perçait à jour l’inconnu. Et de sa vision d’aigle, le démon du froid parvint à identifier deux personnages qui semblaient étranger aux enfers. Le premier était un macaque, un saiyan dont l’aura malodorante lui montait au nez comme une vilaine moutarde. La seconde était en sale état, une sorte de représentante des makaioshins ? Il ne le savait pas.

Le tyran ne pouvait pas séparer son regard de ces silhouettes mystérieuses, c’était la première chose originale qu’il voyait depuis des lustres. Il vit donc guerrier de l’espace soigner sa gueuse avant d’explorer les environs, invariablement attiré vers le gigantesque cerisier sous lequel il était emprisonné. Parfait ! Le fils d’Artic voyait ici une possible occasion de sortir, il suffisait de convaincre cet imbécile de le libérer avec une histoire à l’eau de rose ! Oui, il était désespéré.

Mais un troisième personnage fit irruption, un autre saiyan. Ce représentant de la planète Vegeta disposait d’une carrure massive et était couvert de blessures parfois superficielles, souvent graves. Que faisait-il, lui aussi ? Était-ce une fête destinée à moquer le sort de l’empereur ?! Non, il semblait différent. La démarche de ce paysan était patibulaire et robotique, comme un jouet qui serait mal articulé. Était-il possédé ? Il s’approchait encore et encore de l’arbre, une excellente nouvelle qui méritait encouragement.

« Oui… Approche… »

Lui susurrait le démon alors que le guerrier s’avançait toujours un peu plus.

Dans sa marche rapide, cet inconnu se révéla d’avantage, son visage n’était pas totalement étranger à la mémoire du changeforme. Oui… C’était le gros lourdeau ayant participé à son exécution lors de la bataille au kaioshinkai ! Tout l’enthousiasme de Freezer disparu, remplacé par un torrent de haine.



Mais ces provocations n’eurent aucun effet. Jojiba semblait réellement contrôlé par quelque chose. Le Cold se tut alors, observant en silence ce qui pouvait-être une aide providentielle. Et il eut bien fait car le combattant ensanglanté fit usage de drôles de magies, l’une pour communiquer avec d’éventuel spectateurs, et l’autre pour incendier l’arbre ! Oui ! Le démon du froid ne saisissait pas tout, mais l’essentiel était là : Il allait être libre ! Enfin !


« Oui ! HAHHAHA ! »

Et d’une voix bien peu naturelle, le paysan lui annonça qu’il était relâché.

Le cocon enflammé libéra le corps du tyran qui s’écrasa au sol, juste en face du pauvre Jojiba qui retrouvait à peine le contrôle de ses mouvements. Lentement, comme s’il profitait mille fois de cet instant, le mauvais se redressait en contemplant son environnement. Ses pattes foulaient le tapis de fleurs, sa peau était au contact direct avec les rayons du soleil, la fanfare était maintenant à bonne distance… Tout était déjà parfait. Il zieuta un instant son libérateur, ricanant en comprenant que cet acte n’était pas de son plein gré.
Il ne le remarquait pas, mais il n’avait plus d’auréole.

« Hinhinhin… Oh que tu sembles déçu… »

Le pauvre saiyan devait être détruit, le Cold l’ignora et passa à côté de lui pour rejoindre Riki et Poutine.

« Ohoh… Mais qu’avons-nous la ? »

L’être maléfique observait la magicienne qui semblait tenir debout depuis qu’elle avait reçu les premiers soins.  Elle était indubitablement une démone, le genre de sorcière comme Towa ou Demigra, des sortes de dieux du mal. Pourtant, elle ne dégageait pas une once de méchanceté, Freezer pouvait le sentir. Que faisait-elle donc alliée au monde des ténèbres ? Le second protagoniste était le singe qu’il avait observé précédemment, visiblement un soldat rallié à cette dernière. Ils étaient arrivés en même temps et il avait pris l’initiative de la guérir.

Finalement, son regard se porta vers l’invocation magique de feu le malin : Un portail menant directement sur Terre. Les pièces du puzzle s’assemblaient bizarrement dans l’esprit du tyran. Ce groupuscule trainait dans la région des Enfers et semblait avoir été manipulé par un diable. Quoi qu’il en soit, ces trois idiots n’étaient pas ses amis, et il ne comptait pas leur offrir la possibilité de fuir. Il se positionna donc proche de la porte dimensionnelle pour barrer la route de tout fuyard.



Le monstre concentra alors sa colossale énergie, un ki dément qui fit immédiatement trembler le sol. Il était fort probable que le caractère brusque de cette émanation fasse chuter les malheureux qui y firent face. Les fleurs virevoltèrent aux quatre vents tandis que l’atmosphère se peignait d’une teinte violacée. La puissance du ressuscité était tout bonnement abominable, il semblait totalement impensable de le vaincre. Non transformé, toute la teneur de l’aura du tyran était sensible de tous, un calvaire qui menaçait chacun d’un éternel désespoir.

Maintenant les mains dans le dos, toujours face à l’unique porte de sortie de ses interlocuteurs, Freezer devenait l’ultime obstacle à la libération de Riki et Jojiba. Et sans une coopération instantanée, presque naturelle, ils étaient condamnés.

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Freezer était devenu le dernier rempart séparant les deux malheureux de la liberté qu’ils désiraient tant. Ils vivaient tous les deux dans l’unique but de servir les intérêts du mal depuis trop longtemps. Ils brisaient leurs chaines, ils cessaient le jeu.  

Face à l’ultimatum du saiyan bien avisé, le démon du froid haussa les épaules, constatant qu’effectivement, le portail qu’il protégeait perdait rapidement en intensité.

« Des paroles sages. »

Remarquât-il en dévisageant la sorcière démone que Riki venait de prendre en otage. Cette dernière semblait très mal en point, à la limite de sombrer dans l’inconscience, voir la mort. Il scruta ensuite le singe puant qu’était Jojiba, lui adressant un fin sourire.

« Oh ne vous en faites pas, je vais partir. Tu peux avoir la satisfaction d’avoir sauvé tes petits amis. »

Il fit dos aux guerriers de l’espace, observant sa porte de sortie perdre en amplitude.

« Il y aura un match retour, je vous le garanti. Surtout pour toi, gros lard. »

Il balança sa tête au niveau des épaules pour observer une dernière fois l’invocatrice terrassée.

« Et toi aussi, vile imposteur. »

Terminât-il avec Poutine avant d’emprunter le portail et disparaitre.

La magicienne gisait au sol suite aux soins précisément exécutés de son camarade d’infortune, la majorité de ses blessures étaient pansés et les afflictions qui menaçaient ses organes ne suffiraient pas à la faire passer de vie à trépas. Elle se redressa lentement, gémissant à chaque effort en raison des profondes plaies qui dominaient ses hanches. Bien qu’elle eût parfaitement acquis que Riki détestait les démons dans son ensemble et qu’il agissait par pur opportunisme, elle le remercia.

« Fais en ce que tu veux, mais je te remercie. »

Elle tituba quelques pas vers l’immense cerisier, remarquant ainsi que ce dernier fut incendié par un inconnu, un homme ampli d’énergie maléfique. Et cette même corruption disparue aussitôt qu’il eut fini sa besogne. Pas de doute, il s’agissait d’un mauvais sort destiné à contrôler ce voyageur. Le résultat fut catastrophique, au sommet de cet arbre résidait un prisonnier terriblement dangereux : Freezer. Aussitôt sur pied, le Cold s’opposa à la seule échappatoire du trio en annonçant qu’il allait tous les tuer pour son simple amusement.

Voilà un être ignoblement mauvais, un véritable monstre, autant dans le fond que la forme. Poutine ne pouvait pas se débarrasser de lui dans son état. Si seulement Kaito n’était pas apparu lors de leur affrontement contre Shroom ! Sans concertation, la démone fut empoignée par l’épaule, visiblement utilisée comme appât par Riki pour faire fuir le fils d’Artic. Une brillante idée, cette tactique permettait d’éviter toute forme d’affrontement et de passer le problème « Freezer » dans les mains d’un autre, certainement ceux qui se trouvent de l’autre côté de la porte. Mais dans l’urgence, c’était le mieux à faire.

Afin de faciliter la crédibilité de son associé, Poutine se donna l’air plus affaiblie encore qu’elle ne l’était vraiment, mimant une respiration faible, un regard porté vers le sol vide d’âme et des mouvements aussi lents que patibulaires.

Ce plan basé sur le culot eut l’effet escompté, le tyran galactique prit congé, n’hésitant pas à meubler son départ de quelques commentaires. Déjà, il semblait avoir une dent contre l’homme ayant incendié son enfer, une drôle de considération face à celui qui l’avait libéré. Ensuite, il qualifiait Poutine d’imposteur. Visiblement, il ne comprenait rien à la situation, le monde maléfique n’était pas uniforme et tous les démons n’étaient pas stupidement maléfiques. Mais ces paroles passaient au-dessus de la concernée qui n’attendait qu’une chose : qu’il parte.

Ce qu’il fit après une petite minute de méchanceté, le portail se refermant quelques secondes après lui. De toute façon, il serait bien con de le rejoindre sur Terre de suite.

L’invocatrice invita son allié à la libérer. Si Riki ne voulait pas lui rendre la pleine possession de ses moyens, elle appliquerait une force qui lui garantirait de la retrouver quand même. Elle fit quelque pas vers le second saiyan en faisant attention à ne pas le brusquer, ce dernier était tremblant et assez gravement blessé.

« Je n’ai rien compris à ce qui t’es arrivé. C’est du contrôle mental ? »

Demandât-elle en cherchant à comprendre pourquoi Jojiba venait de libérer l’une des pires menaces de l’univers. Elle se doutait que ce n’était pas la volonté propre de cet homme qui l’avait poussé à agir ainsi, mais tout indice était bon à prendre.

« Je peux te soigner, tu n’as pas l’air en état de faire quoi que ce soit. »

Ajouta-t-elle en observant le niveau de fatigue extrême et les graves blessures du fermier.

Visiblement, il lui fallait aussi du repos, mais il y avait peu de chance pour qu’il fasse une pause ici. Poutine elle-même ne souhaitait pas s’attarder dans un tel lieu. Mais d’un autre côté, elle n’allait pas mener cet inconnu au Makaioshinkai de Mechikabura. A en juger par la destination du portail, il voulait se rendre sur Terre, là ou se trouvait désormais le tyran Cold. S’il voulait avoir la moindre chance de survivre à cette journée, il allait devoir soit patienter, soit se cacher dans une région perdue et hostile aux confins de la planète bleue.  

« Je ne pense pas que rejoindre Freezer soit une bonne idée. Je propose de faire une halte intermédiaire dans un endroit tranquille. »

Elle tendit son bras droit vers Jojiba, matérialisant à ses côtés un petit portail bien peu impressionnant. Poutine disposait de faibles réserves et avait du mal à concevoir ne serait-ce qu’un petit passage dimensionnel. La porte magique invoquée menait tout droit vers Namek. Il s’agissait d’un monde si tranquille qu’ils ne risquaient pas d’y croiser qui que ce soit. Suite à son sort, la jeune femme poussa un lourd soupire, elle avait le souffle court, exténuée par cette suite d’événements rocambolesques.

« Bon, ça vous va ? »

Ils avaient parfaitement le droit de refuser, mais la magicienne avait besoin de se reposer et elle n’allait pas prendre le risque de le faire ici, en plein enfer. Mais le second personnage n'était pas vraiment coopératif, alors Poutine invoqua un second portail pour qu'il puisse se rendre sur Terre, au plus loin de Freezer.

« Prends ce portail. »