La source du commencement

« Aaaaahhhhhhww…. *baille* trrroooopp biennnn…. *gigote*… Enfiiiin un bon plumard douillet… baaah je veux pas me réveiller…. Buuuuuh… » 


La petite Setsuka est allongée dans un petit lit une place – pas ce que nous autres nous considérerions comme du luxe. Pourtant, cela semblait faire une paie qu’elle n’avait pas pu se reposer de la sorte, lovée dans des couvertures soyeuses. La paresse appelle parfois à plus de paresse, et aujourd’hui c’était le cas : la göranienne s’était rendormie après d’être tournée quelques fois dans ce chaleureux foyer duveteux qui l’accueillait…


…Zzz….zzZ….


ZzzzzzZ…*ronflements légers et mignons*… Rrroonfffllliiii….Zzzz…


….Zz… ?


« HEIIIIIIN ?! MAIS JE SUIS Où ?! » S’exclame-t-elle subitement en se redressant brutalement dans le lit.


Son visage qui était tout endormie il y a deux secondes et déjà parfaitement réveillé à cause de la stupéfaction. « Maaiiiiiis…. Maaaaaiiiiis… » sa tête se tourne dans tous les sens pour observer l’endroit. C’est un genre de petite chambre qui ressemble plus à une cellule ou à un truc militaire, en tout cas. « Bah ! Trop bizarre ! » La petite sauvageonne tente de se concentrer pour faire apparaître des trucs, comme celle-ci le pouvait en étant au Paradis. Rien ne se produit, à sa grande surprise. « Oh ! Oh nooooon trop nuuuuuuuulllllll ! » Celle-ci fronce les sourcils et croise les bras pour se mettre à bouder. « C’est le vilain esprit qui m’a possédé qui m’a fait changer d’endroit, j’en suis sûre ! Contente de m’être débarrassée de lui, mais ça c’est surtout grâce à… »


Une petite boule lumineuse sortit subrepticement du torse de Setsuka pour venir lui voler dans les cheveux, comme pour les ébouriffés. « Hihihi et oui ! Le pouvoir de notre lien nous permet même de faire fuir les esprits mal intentionnés ! J’ai quand même eu peur pour toi ! » 


La petite guerrière cesse de faire la tête et tapote gentiment la sphère lumineuse. « Merci Cidel ! Tout ce dont je me souviens c’est d’objets ou de visages… des souvenirs flous que m’a montré l’esprit pendant qu’il avait le contrôle de mon corps… paaaaah c’est vraiment étrange ! » L’autochtone se gratte l’arrière de la tête d’un air embêté. « Je ne sais pas trop ce qu’il voulait me montrer, mais ça avait pas l’air super de toute façon ! Ce qui m’inquiète c’est que cet esprit doit connaître Görana, car j’ai reconnu la faune de ma planète dans ses souvenirs. Il avait l’air plus en souffrance qu’autre chose, cet esprit ! Je ne crois pas qu’il était méchant ! » 


Setsuka hausse les épaules. « Bon, où est-ce qu’on est, alors ? » questionne-t-elle. Elle porte des habits similaires à ceux qu’on lui avait prêté quand elle avait résidé sur Vegeta, là où Sharotto l’avait emmené pour lui faire découvrir son peuple d’origine. « Eh bien le grand géant rouge, Enma, il a dit que c’était l’heure pour toi ! Grâce aux connaissances de Kaito mon hôte d’origine, je pense pouvoir te dire que ça signifie que tu as été renvoyé dans le monde des vivants ! »


Les yeux de la sauvageonne s’écarquillent. « Doublement nuuuuuuuuuullllleeeuuuh j’ai même pas pu dire au revoir à mes copaiiiiiiiinnnns ! » S’écrit-elle en levant les bras vers le ciel en signe de désespoir. « Pfffuuuuuu… Bon ben j’sais pas où j’ai atterri… mais ! Vu mes vêtements je dois être chez les saiyan. »


« En effet. » Affirme une voix en provenance de l’escalier qui monte jusqu’ici. Cidel décide de rentrer dans le corps de Setsuka, au cas où. « Tu es sur Paragus. Je suis contente de voir que tu es enfin réveillé. »


Une femme d’âge mûre fit son apparition. Setsuka fit sa vérification visuelle habituelle pour bien comprendre s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. 


« Salut ! C’est ton lit ? Merci de m’avoir hébergé en tout cas ! Je ne sais pas comment j’ai atterri chez toi, mais c’est sympa de m’avoir laissé dormir tranquillement ici ! » Dit-elle sans la moindre once de méfiance.


« Tu ne te souviens vraiment pas… ? » Murmure à voix basse son interlocutrice. « Tu as dormi pratiquement un jour entier, je veux bien croire que tu en avais besoin. En tout cas, tu es la bienvenue ici Elery. »


Les sourcils de l’autochtone se froncèrent en un rictus mécontent.


« Moi c’est Setsuka ! » rétorque-t-elle.


Un sourire fallacieux se dessine sur les fines lèvres de son hôte. Cette femme est une saiyan typique, à part une balafre dans le cou elle ressemble à tous les autres de son espèce. Cheveux noirs, yeux noirs, musclée, un air ferme et froid à la fois. Berk, ces gens ne sont vraiment pas chaleureux !


« Je suis bien placée pour savoir comment tu t’appelles. » Insiste à son tour l’inconnue.


Un silence s’installe quelques instants. La traqueuse se relève du lit, sa queue de singe s’agitant d’un air agacé dans son dos.


« Je sais que les saiyan ont la fâcheuse tendance à m’appeler par mon nom de naissance, mais il n’a pas de valeur pour moi. Mes parents sont les göraniens qui m’ont accueilli, et ils m’ont appelé Setsuka ! » 


Cela commençait à lui taper sur le système. Les saiyan ne sont vraiment pas commode, et en plus ils ne respectent que les « bons et fiers saiyans » comme eux. Du coup, pour un être comme la chasseuse, qui ne se sent pas de cette race, c’est compliqué.


« Enfin, ce n’est pas grave ! Je ne vais pas rester ici et t’embêter plus longtemps. Si je peux travailler pour toi en guise de remerciements pour ton hospitalité, ça serait normal ! »


La jeune femme fait le lit et sa mauvaise humeur semble se dissiper rapidement alors qu’elle se met à siffloter l’air d’une musique païenne de chez elle. La maîtresse de maison la regarde sans mot dire, l’épaule appuyée contre un mur. Lorsque Setsuka passe à son niveau et la salut de la main pour marquer son départ, sa bienfaitrice se décide à parler à nouveau. 


« Ton prénom d’origine a un minimum de la valeur pour moi, puisque je l’ai choisi. »

Sa tête pivote lentement vers son interlocutrice. L’air éberlué sur le visage de la göranienne n’est pas rendue par son hôte qui semble toute somme confiante. Lire dans les yeux de sa supposée génitrice si peu de stupéfaction est étrange. 


« Tu n’es pas obligée de rester à la lumière de cette information. Tu es libre. Les saiyan ne sont pas connu pour être très « famille », si tu vois ce que je veux dire. Et puis de toute façon tu as déjà une famille sur la planète où on t’a expédié quand tu étais bébé. » La saiyan d’âge mûre hausse les épaules d’un air détaché.


« Mais… ! tu… comment ? ! » La petite sauvageonne recule de trois pas, et sa queue de singe se fige sur place.


« C’est toi qui es arrivé ici avec ce fichier qui prouve notre lien de parenté. » Répondit celle qui lui avait donné la vie, en montrant grâce à un objet de technologie avancée la projection du fichier concernant « Elery », et donc Setsuka. L’on y faisait mention de ses géniteurs et de ses nombreux frères et sœurs. « Je ne sais pas pourquoi tu voulais me rencontrer. Tu es tombé dans les vapes peu après ton arrivée et tu as dormi jusqu’à maintenant. » 


Les informations qui défilent sous ses yeux, elle peine à y croire. Pourtant, tout est là ! Ses origines, sa famille, le poids et la taille qu’elle faisait même, à la naissance. Et « l’envoi réussi » sur la planète Görana pour conquête. 


« Maiiiiiiiis… ouaaaaaaaaaaaah. C’est trooooop bizarre !... Tu es Sabi !... mon géniteur c'est Vocado... !» Fidèle à elle-même, la Setsuka. Elle se frotte l’arrière de la nuque d’un air embarrassé. « Euh, ben je sais même pas comment j’ai eu accès à ce truc. Je connais pas ces bidules de technologies, alors c’est un mystère c’t’histoire ! » La jeune fille cherche une rambarde sur laquelle s’appuyée avant de s’asseoir sur une chaise dans un coin de la pièce. « Eh ben ! C’est… ouais, c’est trop bizarre… » répète-t-elle, aspirée dans ses pensées. « Euh.. désolée, je ne sais pas ce que je suis censée dire. »


Sa génitrice eut un sourire désabusé.


« Tu n’as rien à dire de spécial. » Cette dernière lui tourne le dos et s’apprête à quitter la pièce. « Nous autres saiyan préférons les actions aux paroles, de toute façon. Je vais m’entraîner. Tu ferais mieux de venir pour te dégourdir, tes muscles doivent être atrophiés après autant de temps à lambiner. »


La sauvageonne inspire un grand coup. Que dire face à cette situation, si ce n’est que c’est gênant et étrange ? Elle ne se rappelle absolument pas avoir fait ça ! La technologie et Setsuka ça fait quatre. Et puis ça ne l’intéresse pas de connaître ses géniteurs. Pas plus que ça, pas plus que d’autres gens, quoi. Elle est confuse. Que faire ? 


« Bon euh !... Ben j’arrive, hein ! » Mieux vaut aller à la simplicité. Ce n’est pas si important que ça le fait que ce soit celle qui lui a donné vie, si ?


L’autochtone descend en trombe pour suivre Sabi. Cette maison abrite plusieurs singes de l’espace. Une fois en bas, c’est limite si l’on ne se retrouve pas dans un bar ! Il y a une dizaine de saiyan qui parlent et qui se désaltèrent. La plupart des gens la dévisagent avec un air méfiant, voir peureux que Setsuka n’arrive pas à saisir. Encore plus bizarre ! C’est quoi ce bazar ?


« Ils me regardent trop bizarrement ! Tout est bizarre depuis que je viens de me réveiller ! Raaah ! » Dit-elle en suivant de près son hôte. 


« Disons que tu les as impressionnés quand tu es arrivé ici. » Répondit la maîtresse du domaine. « Tu as des capacités que les autres saiyan n’ont pas. »


Sa créatrice est bien plus grande qu’elle, plus épaisse et plus bourrue, aussi. Ce n’est pas forcément ce que l’on appelle une très belle femme, mais le « charme » pour les saiyan est spécifique. Setsuka passe pour un gringalet physiquement à côté des autres représentantes du sexe féminin saiyan. Elle avait eu le droit à moult moqueries sur la planète Vegeta de la part de ses congénères à cause de son physique fin – bien qu’elle soit athlétique – de son caractère, de sa manière de parler et de penser. En somme, l’autochtone ne se sentait pas à sa place auprès des gens de sa race.


Impossible de rester silencieuse avec Setsuka dans les parages. Celle-ci tenta d’engager une discussion plus agréable en parlant de Görana, sa faune et ses trésors. Toutefois, sa créatrice lui dit de fermer son clapet à moult reprises, ce qui la dissuada de poursuivre. Sabi menait la danse de leurs échauffements, puis de leurs exercices. Setsuka était absorbée dans ses pensées malgré elle. Un truc cloche de toute évidence. Tout c’est super trop bizarre. Mais bon, d’un autre côté se faire des nœuds à la tête ne sert pas à grand-chose. Du coup, la chasseresse réussit à se détendre enfin qu’en affrontement direct avec sa génitrice, qui de toute évidence était une bonne guerrière. 


En soirée, les deux femmes se posèrent finalement pour prendre du repos. L’autochtone avait déjà expérimenté plusieurs fois les entraînements de ses semblables durant son voyage de deux mois sur Vegeta. Ils ne diversifient pas tellement leurs exercices : ils disent que ça ne sert pas à grand-chose, car ils renforcent leur maîtrise dans leurs acquis de base de la sorte. 


« Alors, euh… et mon père ? » Sortit du tac-au-tac la jeune saiyan. « J’ai vu sur la photo de lui dans mon dossier qu’il n’a pas d’yeux de la même couleur que les miens. Parce qu’on m’a dit que ce n’était pas banal d’avoir les yeux bleus, pour quelqu’un de notre race ! »


Sa créatrice eut un rire mauvais.


« Ton arrière-grand-père, du côté de ton père bien entendu, n’était pas un saiyan. » Setsuka comprit qu’elle avait insisté sur le « bien entendu » pour souligner que ce n’était pas sa famille qui était à l’origine de cette branche impure. « Tu as hérité de cette aberration génétique de lui. Je me demande encore quelle mouche a piqué ton arrière-grand-mère, à vrai dire. Quelle chance y avait-il pour que tu obtiennes la couleur de ses yeux ? Remarque, l’un de tes frères aussi a eu cette malchance. »


« Ah ouais ? ! Alors il est où se frère ? ça pourrait être sympa de… »


« Il est mort pendant une conquête. C’est le destin naturel de notre race. »


La sauvageonne failli déglutir de travers en entendant cette révélation crue. Cette dernière se tut quelques instants, le regard dans le vague.


« Il te reste peut-être des frères et sœurs quelque part, je ne sais pas forcément ce qu’ils sont devenus. » Celle-ci détourne le regard et bois quelques gorgées d’eau. « Cela fait longtemps maintenant que nous n’envoyons plus les bébés conquérir des planètes. D’ailleurs, cela fait longtemps que nous sommes condamnés à être un peuple mou de la jambe. Heureusement, la dyarchie à l’origine de cette plaie est finie. » Confie-t-elle avec le plus grand sérieux. « J’ai bon espoir que sous la gouvernance de Broly, nous puissions à nouveau exprimer notre véritable nature. Nous sommes nés pour combattre, c’est dans nos gènes, c’est tout. »


Quand l’autochtone relève la tête, un air sévère se dessine sur son visage.


« Sharotto et Pythar sont mes amis et ce sont de bonnes personnes. C’est dommage pour toi que tu ne puisses pas le voir ! » Lâche-t-elle assez sèchement pour tirer un sourire satisfait à sa créatrice qui semble s’en amuser. « Ben j’espère que ce Broly vous mènera dans des batailles justes alors, comme ça vous pourrez battre des gens qui sont méchants et qui méritent une bonne correction, ça servira à tout le monde ! » 

La salle entière éclata de rire en entendant les dernières paroles de l’autochtone. Elle était pleine à craquer de militaires saiyan que l’étrangère n’avait pas eu l’occasion de rencontrer, à priori, car ils ne se firent pas prier pour se payer sa tête. Ils étaient une dizaine, ou une quinzaine peut-être, comme la peuplade de tantôt. Enfin, l’ambiance était très différente de ce matin. Mais à en juger par l’atmosphère, c’est une sorte de bande de copains saiyan qui partagent les mêmes idéaux et qui restent entre eux autant que possible. 


« Broly ? Faire quoi qu’elle a dit ? Hahahaha ! » Railla la première. 


« C’est certain, on a hâte d’aider les faibles de ce monde à se débarrasser de leurs petits soucis ! On est connu pour ça, nous autres saiyans ! » Poursuivit une congénère. 


« Ben, ouais, grâce à nos très chers anciens dirigeants, tiens ! » Rétorqua un grand barbu avec mépris.


Setsuka les regardait en faisant les gros yeux. Ils n’avaient définitivement rien à voir, eux et elle. Vraiment rien du tout. Ils passaient leur temps à être désagréable, cynique et moqueur. Quelle plaie ce peuple ! Enfin, autant les saiyan que la sauvageonne avait rencontré par le biais de Sharotto était dans l’ensemble plutôt froid et un poil mesquin, autant ceux d’ici étaient spécifiquement nazes ! 


« Allez, ça suffit. » Ordonna Sabi, ce qui calma petit à petit la foule. « Non, je ne parlais pas à vous bande de mollasson ! Je parlais à ma « fille ». » Précisa-t-elle en éclatant d’un rire gras, ce qui eut pour effet d’entraîner à nouveau la plèbe dans un fou rire. D’un coup, la génitrice de la göranienne se leva de sa chaise et tapa du poing sur la table. « Tu ridiculises notre fierté saiyan avec tes pensées de bisounours ! Tu n’es pas l’une des nôtres ! Si je te revois ici je ne me battrai pas amicalement contre toi, Elery ! Tu me fais honte ! » Vociféra-t-elle en crachant presque du venin. « Si ton père ne m’avait pas caché que son grand-père était un bâtard, je n’aurai jamais fait d’enfants avec lui ! Hors de ma vue maintenant, retournes jouer avec tes chimpanzés sur Görana. »


Le brouhaha généré par les plaisanteries désagréables de ces saiyan laissa la petite Setsuka sans voix. Ses grands yeux écarquillés les regardaient sans comprendre. Comment pouvait-on être aussi mauvais, dans son cœur ? Ces gens étaient perdus et ils ne le voyaient même pas. C’était donc ceux-là, ces saiyan extrémistes qui prêchent les « anciennes traditions ». La chasseresse en avait entendu parlé, de ces groupuscules rares qui enfonçaient cependant leur peuple dans un passé peu glorieux – car notamment il s’était effectué sous le joug de Freezer.


Que pouvait-elle répondre, de toute façon ? Rien ne saurait percer leurs âmes de pierres. Une envie de pleurer et de leur hurler dessus lui tirailla les tripes. Mais tout ça était bien inutile. Ses membres tremblaient sous le poids de ce que Setsuka contenait en ce moment. Elle se releva de sa chaise et se dirigea vers la sortie.


« Les chimpanzés de Görana vous écraseraient comme des mouches, bande de crâneurs sans cervelles ! » Lança-t-elle, furieuse, avant de définitivement tourner les talons.


Ce qu’elle ignorait encore, c’est que cette menace n’était pas tombée dans les oreilles de sourds.