Une bouffée d’air sec et froid emplissait des poumons revigorés par le souhait d’un héros. Une vie avait été restaurée, elle qui fut la victime la plus indirecte des manigances de la sorcière Towa. De nombreuses sensations revinrent à cette guerrière du treizième univers, toutes plus désagréables les unes que les autres. Elle sentit ses formes épouser maladroitement le sol ordurier sur lequel elle reposait. Sa cavité nasale fut emprise par l’air pestiféré ambiant, fruit pourri d’une bataille désastreuse. Cet univers malsain la poussa au réveil, lui rappelant en moins d’une minute qu’elle avait naguère participé à une guerre perdue d’avance. Il lui revint également le souvenir âcre de sa défaite, source d’une colère qu’elle comptait retenir le temps de revenir à elle. Tout lui apparaissait vague et ouvrir les yeux lui semblait impossible, son corps était endolori par sa résurrection. Une bonne minute de concentration fut nécessaire à la résistante pour qu’elle puisse faire quoi que ce soit.
Les mirettes de Valeriana s’animèrent alors, bousculant en douceur ses lourdes paupières. En récupérant son acuité visuelle, la lutteuse éprise de justice découvrit l’aspect calamiteux des formations nuageuses. Ce ciel charbon supervisait une région désertique et grise, privée de toute vie. Les seuls éléments ponctuant les reliefs n’étaient que de vieilles constructions dévastées, des monts rocheux et quelques arbres mourants. Elle se redressa péniblement, découvrant avec effroi qu’elle reposait sur un tas de corps sans vie. Ecarquillant les yeux, la militaire s’affola, perdant son maigre équilibre sous le coup de la panique généré par un si macabre spectacle. Cette centaine de cadavres représentaient certains membres de son régiment, quelques civils et une poignée de rebelles alliés.
Cette vision d’horreur la fit déballer cette colline d’épouvante dans une roulade incontrôlable qui la fit s’écraser sur le sable gris en contrebas. Elle redressa son visage en vitesse pour cracher les grains avalés et tenter de recycler l’oxygène vicié qu’elle avait tant de mal à respirer. Son souffle était court, affecté par la tension du traumatisme intense qu’elle était en train de vivre. Sa vision était floue, ses membres tremblaient tout en conservant ce caractère endolori propre à son récent réveil. Davantage de souvenirs lui revenaient à l’esprit, autant de tortures. Elle se remémorait avec mélancolie ses promesses de victoire, de liberté et d’espoir. Tant de messages qu’elle n’avait pas su porter jusqu’à l’aboutissement de son combat.
Elle parvint à se redresser, les jambes toujours flageolantes. L’horizon était d’un désespoir profond, d’une noirceur infinie, tout ce qui se trouvait autour d’elle aspirait à l’affliction. Pourtant, il restait une lumière au milieu de cet océan de ténèbres. Car malgré la terreur qui hantait son esprit, Valeriana conservait une motivation à toute épreuve. Elle avait juré allégeance à l’idéal de paix qu’elle promulguait à ses pairs depuis l’aube de son insurrection. Nul ne pouvait ébranler la ferveur de sa noble entreprise. Elle serrait mollement les poings, adressant un regard désolé vers les piles de cadavres. Elle voulait exprimer son ressenti, parler, mais chaque tentative se concluait par un lourd raclement de gorge. L’Elyséenne subissait la sécheresse de son gosier, lequel lui interdisait la moindre élocution. Finalement, c’est après avoir toussé à une dizaine de reprises qu’elle fut capable de faire sa déclaration solitaire.
« A- Auros… Tu vas me le… payer. »
Non, elle secoua la tête.
« Je vais leur rendre… justice… »
Monologuait-elle en maudissant cet être tyrannique. Elle ne put en dire davantage, sa gorge était irritée, un profond gout de fer l’envahissait.
Elle fit alors quelques pas, sentant lentement ses sens revenir. Elle scrutait le lointain, guettant sans réelle attente une éventuelle base de lancement. Non, il n’y avait rien ici. Ce n’était pas bien grave, nul doute qu’elle parviendrait à bricoler un vaisseau. Sa solitude manifeste était peut-être une bonne chose, son état actuel ne lui permettait pas d’immédiatement reprendre ses fonctions. Amorphe comme elle l’était, il lui serait sans doute nécessaire de se reposer une journée entière. Et bien qu’un tel sort pût sembler triste, la martialiste était en réalité une illustre veinarde. Elle était la seule revenue, il n’incombait qu’à elle de venger ses camarades, de vaincre Auros et de sauver le monde. Et fort heureusement, l’habile jeu du destin avait choisi une courageuse guerrière, qui jamais ne recula devant l’idée de construire un monde meilleur.
Cette utopie qu’elle entretenait la maintenait vaillante et souriante. Cette nouvelle chance était une occasion de parfaire son projet de paix.
La chaleur de Valeriana revenait tranquillement, une énergie incroyable dévolue à la libération de son cher univers.
« Je suis de retour. »
Xemnas
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Sujet: Re: Icare Ven 14 Jan 2022 - 22:12
L’inconscience d’une enfant tirée par la lumière, l’histoire d’une battante aux illusions d’ordre. Personne n’était en mesure d’apporter la paix avec de grands discours, des actes civilisés ou des recadrages symboliques. Seul la peur et la méfiance étaient en mesure d’étalonner le courage de la masse, un élément discriminé mais nécessaire dans toute société composée d’individus égocentriques. Qu’avait-elle imaginé en s’opposant au dieu de la destruction ? Rêvait-elle d’une passation larmoyante de flambeau ? Jubilait-elle à l’idée de voir la démocratie l’emporter ? Elle ne disposait d’aucun recul, d’une jugeote à la limite du négatif. La définition même du rôle d’Auros interdisait l’événement heureux qu’elle attendait tant. Malgré la vérité pragmatique, cette officière avait rompu les rangs pour soutenir la misérable résistance d’un peuple voué à l’exil. Un sacrifice sous l’autel de la bien-pensance ; quelle ridicule perte de temps. Le sort avait été clément, cette jeune imprudente reprenait lentement ses sens, découvrant avec effroi la nature du champ de bataille. Elle désirait venger ses associés, mais c’est bien elle la responsable de ce carnage. Sans son intervention basée sur une éthique idéaliste, ces hommes, ces femmes, ces enfants, tous seraient encore en vie. Mais tout ceci n’avait pas d’importance.
Elle observait l’horizon, animée d’un sourire alliant sa confiance et sa détermination, une futile distraction qui, alliée à sa récupération récente, faisait d’elle une cible facile. Ce sont quelques mètres derrière elle qu’un portail de mauvais augure déposa le voyageur sans cœur. L’homme était encapuchonné par un long trench coat sombre comme seul habit visible. Impossible de décrire ce personnage qui semblait être de grande taille. Sans un mot, il s’approcha d’un pas lent et assuré vers la militaire, prenant soin de ne pas alerter cette dernière. Puis, lorsqu’il ne fut qu’à quelques mètres, peut être trois tout au plus, il s’élança vers elle pour lui porter un brusque coup de pied sauté. L’attaque fut dirigée vers les vertèbres lombaires de l’Elyséenne, la projetant en avant à haute vitesse.
Le râle d’incompréhension de cette dernière ne priva pas l’inconnu de poursuivre son exaction, usant de sa danse de l’air pour la rattraper en un instant. Une fois à portée, il dégaina deux lames d’énergie rougeâtre du creux de ses mains, usant de ces matérialisations magiques comme d’épées improvisées. A l’aide de son agilité surprenante, le combattant d’ailleurs multiplia les estocs, des tranches et les tailles à l’encontre de son adversaire. Un ensemble d’entailles qui firent plusieurs fois mouche, arrachant davantage d’agonie à l’innocente victime de cet assaut forcené. Le commanditaire de cette agression surprise se fichait bien des commodités morales d’un affrontement loyal. S’il combattait aujourd’hui, à cet instant précis, c’est parce qu’il avait conscience que son opposante n’aurait aucune chance.
Suite à sa mise en exergue de ses talents d’épéiste, la mystérieuse figure se propulsa en arrière, abandonnant ses lames au profit d’une émanation énergétique annonciatrice de l’utilisation d’une technique avancée. Sorties de terre, 4 chaines d’un acier épais vinrent percuter chacune l’une après l’autre la malheureuse. Ces manifestations métalliques n’étaient pas de simples objets, il s’agissait d’un métal animé capable de suivre sa cible. Quand les tristes impacts prirent fin, le mercenaire disparu dans un déplacement soudain : une téléportation. Naviguant tout autour de la guerrière, l’insipide lutteur cherchait à perdre la concentration de cette dernière. Après quelques instants de cette technique confusante, il se jeta sur elle tout en la mitraillant d’une dizaine de projectiles transperçant. Au contact, il enfonça sa botte droite contre l’abdomen de la résistante, puis seconda sa frappe d’un coup de pied retourné porté au menton.
Envoyée dans les hauteurs, la justicière fut de nouveau rattrapée, mais cette fois-ci par une paire de chaines qui vint l’entraver par les bras. Immobilisée, elle fut victime d’un nouvel assaut de l’agent qui se rua vers elle, de nouveau équipé de ses épées laser. Ses armes croisées, l’être fade préparait une attaque en croix, une double entaille meurtrière.
Rosemary
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Age : 32 Date d'inscription : 08/01/2022 Nombre de messages : 24Bon ou mauvais ? : Bon Zénies : 1000 Rang : -
Alors que les pensées de la vierge guerrière se dirigeaient vers les étoiles, un brusque craquement se fit entendre. Une onde, un impact, une violente percussion qui lui arracha un vif cri de douleur, loin d’être altéré par sa profonde léthargie. Une puissante frappe venait de mettre à mal sa condition physique fraichement restaurée, son dos avait été victime d’une brutalité qui ne disait pas son nom. La vive douleur parcourra l’entièreté de son corps à la manière d’une brulure inarrêtable, un calvaire qui lui fit vite oublier ses précédentes visions d’horreur. Propulsée, elle s’agita en catastrophe afin de se stabiliser en l’air à l’aide de son Bukû Jutsu. Cette manœuvre lui demandait plus de temps qu’a l’accoutumé, la faute à son réveil récent. Cet instant la plongea dans une profonde incertitude quant à ce qui lui arrivait. Un assassin silencieux cherchait à lui nuire. Était-ce un des deux dieux de la destruction ? Mais avec un tant soit peu de lucidité il était possible d’écarter la possibilité qu’Auros ou Makra soient les commanditaires d’un aussi vil attentat. Non, impossible, que ce soit l’un ou l’autre, ils conservaient un pseudo sens de l’honneur qui leur interdisait de telles pratiques. Alors qui ?
Pendant que son inertie lui faisait traverser le champ de bataille à haute vitesse, elle fut soudainement dépassée par une ombre : un être entièrement vêtu de noir aux cheveux argentés. Ce dernier semblait tenir deux lames rougeâtres composées de ki, une dans chaque main. Consciente que de tels artifices étaient destinés à son minois, la résistante s’immobilisa presque immédiatement, profitant de sa hausse brutale de tension pour être davantage vivace. L’inconnu ne prononçait aucune parole, ne faisait presque aucun son, il semblait entraîné et préparé à ce genre d’intervention. Malheureusement, ses mouvements rapides rendaient confuse n’importe quelle analyse de son faciès. Qu’importe, l’urgence n’était pas de l’identifier mais de le terrasser.
Brandissant ses épées, le meurtrier fit étalage de ses capacités, réalisant un ensemble de coups assimilables à une danse mortelle. Spécialiste du corps-à-corps, la combattante Elyséenne évita certaines tranches par des mouvements au seuil de l’instinctif. Elle pouvait remercier son incroyable condition et sa maîtrise technique des affrontements de mêlée. Néanmoins, son savoir et sa vélocité ne la préservait pas totalement des assauts de son adversaire. L’ombre mystérieuse la dominait et de nombreuses éraflures témoignaient les unes après les autres de cet écart grossier. De si petites blessures n’inquiétaient pas réellement la lutteuse, elle en avait connu d’autres. Cependant, une dernière entaille plus profonde que les autres se dessina sur ses abdominaux, déchirant en partie son débardeur au passage. Un nouveau cri de douleur se fit entendre, lequel semblait résonner comme le seul son des environs.
L’inconnu prit ses distances, canalisant une sorte de pouvoir énergétique. La main droite apposée contre sa plaie, Valeriana tendit son bras gauche vers cet assassin, l’air alarmé.
« Attends ! Tu n’es pas obligé de faire ça ! »
Peut-être était-ce un mercenaire contraint par Makra, ou bien un pion de Jarvis ? Ces technocrates de l’oligarchie despotique menaçaient souvent les familles des rebelles pour obtenir les concessions qu’ils voulaient. Peut-être que cet homme était en réalité la victime de ses tristes sires. Mais ses appels bienveillants n’eurent aucun effet, la mine de l’étranger ne changeait pas d’un iota. C’était un individu qui semblait terriblement fade, plat, monotone. L’expression de la militaire était déconfite, se confrontait-elle à un robot ? Un être sans cœur ? Le serviteur bienheureux d’un oppresseur ?
Soudain, plusieurs chaînes firent irruption du sol, ces fers se ruaient vers elle. A en juger par le métal épais, sa vitesse et sa direction, tout ceci était l’œuvre du sordide meurtrier. Surprise, la gardienne fut touchée en pleine omoplate, ainsi emportée sur quelques mètres par l’acier magique. Un nouveau râle de souffrance se fit entendre, un tourment qui semblait sans réponse. En plus de sa grave blessure au bassin, elle héritait maintenant d’une épaule ensanglantée et mortifiée. Pour éviter de nouvelles déconvenues relatives aux chaînes, la renégate érigea en vitesse un bouclier sphérique. Tout autour d’elle se dressa une bulle protectrice de lumière qui repoussa les attaques à répétition des invocations macabres. Retenir de si puissantes entités n’était pas une chose aisée, la malheureuse perdait beaucoup de sang et restait à la fois confuse et endolorie. Fort heureusement, le spectacle métallique prit rapidement fin, laissant la guerrière relâcher son champ protecteur. Elle poussa un bref soupir, fatiguée et incapable de panser ses blessures. Tout autour d’elle, la mystérieuse figure se téléportait en désordre, causant un embrouillement certain de son esprit.
« Ce n’est pas possible… »
Grommelait-elle face à la multiplication des déplacements éclairs de son adversaire. Une telle aisance dans les transpositions successives indiquait que ce dernier était un agent de grande qualité. Sur ses gardes, Valeriana détecta immédiatement la nature de la charge de l’antagoniste, se dressant face à ce dernier pour dévier les multiples projectiles à l’aide de ses seules mains. Mais alors qu’elle s’attelait à ses parades, une vive souffrance relative à sa profonde blessure à l’épaule lui fit faire un faux pas. Grommelant, elle fut incapable de bloquer une partie des kikohas tirés sur son flanc droit. En conséquence, elle fut touchée à de nombreuses reprises, chaque coup éreintant un peu plus sa défense.
Arrivé au contact, l’homme encapuchonné tenta d’abattre sa botte droite contre la blessure de la lutteuse, un coup audacieux qui méritait toute l’attention de cette dernière. Si elle ne bloquait pas cette frappe, elle était fichue, cela transformerait sa plaie en hémorragie et elle se viderait de son sang en quelques secondes. Avertie, elle tendit ses bras joints pour retenir l’élan de son adversaire en saisissant la botte porteuse du coup. En multipliant ses efforts, elle parvint à annuler l’impulsion et à sauver son abdomen. Cependant, ce travail l’avait obnubilée et la rendit impuissante face au second coup porté à son menton. La mâchoire de la résistante fut écrasée, elle était totalement sonnée et tituba en arrière.
Comment pouvait-elle lutter contre une telle force de la nature dans son état ? Elle était terriblement confuse et déçue qu’un tel drame lui arrive à l’aube de sa seconde chance. Elle espérait qu’un être courageux sortirait de l’ombre pour la sauver. Mais dans l’univers 13, le plus triste de tous, il n’y avait pas de héros.
Armé du même tour que précédemment, l’impitoyable magicien entrava la combattante à l’aide d’une paire de chaînes qui semblaient indestructibles. Le fantôme se rua vers elle pour porter une attaque fatale au même moment, profitant de l’occasion qu’il s’était lui-même fabriqué. Agitée, Valeriana concentra les forces qui lui restaient pour briser ses fers dans une explosion d’énergie blanchâtre. Avec beaucoup de volonté, il était possible de sortir de n’importe quel mauvais pas, elle en était convaincue. S’évadant via la danse de l’air, elle se propulsa en arrière, gagnant quelques instants pour préparer son inévitable mêlée.
Perturbé par la douleur intense que lui provoquait ses amples blessures, elle prit la décision de combattre le feu par le feu en faisant usage de sa maîtrise de la magie de lumière. Dans ses mains jointes se matérialisa une longue lame de ki d’or blanc, une magnifique manifestation de ses compétences de création. A l’aide de cette arme de fortune, elle se confronta aux épées carmines de l’assassin. La frappe croisée s’heurta à la solide flamberge de la justicière. La friction des deux techniques provoqua un duel de force brute ponctué par la bataille lumineuse des instruments opposés.
« Mais… Bon sang, qui es-tu ? »
Interrogeât-elle avec difficulté, elle avait tant de mal à retenir ce redoutable inconnu. Convaincue de n’avoir aucune réponse, la militaire Elyséenne fut surprise d’entendre la réplique cet épéiste silencieux.
« Xemnas. »
A peine eut-il fini de prononcer son unique mot qu’il leva brusquement ses lames, forçant la résistante à faire de même. Le caractère abrupt de ce mouvement brisa la garde de la malheureuse qui fut sans défense. L’être insipide enchaîna immédiatement avec un coup de pied retourné qui vint percuter l’une des tempes de la justicière. C’était terminé, la violence de cette frappe la plongea immédiatement dans les limbes, elle venait de perdre connaissance. Dans un dernier soupire, elle chuta en arrière, projeté quelques mètres en arrière par la dernière attaque du magicien. Que dire d’un tel calvaire ? Finalement, aucune destinée manifeste ne souriait à la jeune femme, victime de la convoitise maladive d’un être dont elle rêvait de ne jamais entendre le nom.