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MessageSujet: Retour au bercail   Retour au bercail ClockJeu 24 Mar 2022 - 22:52


Une arrivée fracassante, digne de moi. Réception parfaite, roulade stylisée par le mouvement ample de mon manteau. J'inspirai à plein poumons. Y'avait pas à chier c'te sacrée Conton-City était quand même bien sympa en comparaison des ruelles pourries dans lesquelles je courrais après les vilains. Relevant mes lunettes sur mon front, j'enfonçai mes mains dans les poches de ma veste puis me mis en route, me fondant à travers les quelques riverains qui peuplaient les rues de la cité du temps. C'était une belle journée. Je m'achetai mon bubble tea, saveur litchi aujourd'hui, le sirotant tranquillement entre deux balancements de tête au rythme du son. J'aimais prendre mon temps pour rentrer, la fin d'après-midi à Conton-City était plutôt agréable. Les étudiants sortaient tout juste des cours, les parents retrouvaient leurs enfants, tandis que les cadres et patrouilleurs les plus efficaces étaient eux aussi sur le chemin du retour. C'était une fin de semaine, la prochaine je retournerai en cours... Une de ces flemmes. Longeant l'un de mes squares préférés, j'empruntai finalement l'une rues plus discrètes qui me ramenait chez moi. J'avais la tête trop ailleurs, j'avais complètement oublié que ces gars-là existaient.

"Mais ce serait pas la p'tite Tempo ? T'as fini ta super mission miss l'héroïne, dommage que t'y sois pas resté !"

C'était Kappo et sa bande, un Hera absolument exécrable qui ne me supportait pas, comme beaucoup de gens du lycée. Je le supportais pas non plus, ce frimeur à la noix. J'avalai goulument quelques perles de tapioca, que je continuais à mâchouiller en lui répondant.

"T'aurais aimé, hein ? Ca risque pas d'arriver... Je m'inquiète plutôt pour toi et tes épouvantables clébards. Ils te beuglent toujours dessus ?"

Kappo en avait particulièrement après moi parce que j'effectuai mon stage en tant que patrouilleuse, quand lui s'était retrouvé à promener des chiens. C'était un job comme un autre, et plutôt la norme pour nous autres étudiants, mais lui se voyait comme un futur grand patrouilleur. Alors forcément, que moi l'élève moyenne ait eu accès si facilement à ce poste lui sortait par les yeux.

"La ferme, tu la ferme ! On va te remettre à ta place sale profiteuse !

Kappo était costaud, les Hera l'étaient particulièrement pour leur âge, mais c'était une brute épaisse. Il n'arrivait jamais à me toucher. Ses attaques étaient prévisibles et j'étais bien plus rapide que lui. Un simple pas en arrière, une flexion des genoux, et chacun de ses coups rataient leur cible. C'était pas la première fois qu'on se frittait, il ne gagnait jamais. Il me traitait de fuyarde parce que je ne ripostai pas, mais ce gros naze avait pas idée de ce dont j'étais capable. Je ne devais pas faire usage de mes pouvoirs hors des missions, encore moins à l'encontre de mes "camarades", alors je me contentais bien souvent de l'humilier. Une fois encore, je passai entre ses attaques pour longer son flanc, m'apprêtant à lui baissé le futal au passage. J'avais toutefois omis un détail, Kappo n'était pas tout seul aujourd'hui. Une pression sur mon pieds me déséquilibra dans mon mouvement, avant que je ne trébuche au sol et me retrouve vite immobilisé par le troisième bougre, le deuxième ayant outrageusement marché sur mon pieds.

"Ah putain connard, ma pompe ! Ca tu vas le pay-..."

Ma vision chancela, les phalanges de Kappo avaient rencontré ma lèvre inférieure, la déchirant tout en me sonnant un bon instant. Je pouvais les entendre ricaner, l'un me supportant toujours, les bras sous mes aisselles, là où Kappo et son salopard de pote me faisaient face. Il se craquait les poings, prêt à remettre ça visiblement. Là, j'étais en rogne. Je grimaçai, lui lançant un regard incendier, tout en passant ma langue sur la plaie de ma lèvre. A deux doigts, j'étais à deux doigts de m'en servir... Mais bordel de merde je pouvais pas. 'chier. Qu'une seule option.

"Tu sais ce qu'il se passera si mon père apprend qui m'a fait ça, hein Kappo ? Tu tiens à ton avenir de patrouilleur ? Ton avenir tout court ?"

Et voilà, c'était garanti, les voilà qui se décomposaient sur place. C'était toujours pareil, dès qu'on mentionnait Zev, ils se chiaient tous dessus. On me relâcha, je nettoyai d'un revers de main la poussière sur mes vêtements, la trace sur ma chaussure. Avant de me redresser et toiser la petite bande qui se souvenaient soudainement d'à qui ils avaient affaire. Kappo était assez fier pour ne pas se confondre en excuse, contrairement à ses deux copains qui joignaient piteusement leurs mains et effectuaient de nombreuses courbettes. Le chef de la bande fini par jurer avant de bousculer ses deux compères et de décamper, ils disparurent aussi vite qu'ils étaient apparu. Soupirant, je réajustai mes écouteurs et lançait une nouvelle piste audio, avant de reprendre ma route.





Je claquai la porte, me déchaussai soigneusement et déposait avec autant de précaution ma veste sur l'un des porte-manteaux de l'entrée. Attrapant la capsule au liquide temporel, objet de ma mission du jour, je la laissai rouler sur la table à manger avant de me diriger vers les placards. Un bol, mes céréales favorites, et du lait de soja saveur vanille. Avec le tout, quelques fruits secs et un filet de sirop d'érable. Un goûter protéiné que j'avais adopté depuis pas mal de temps, c'en était fini des bombes caloriques et surchargées de sucre dont je m'étais gavée plus petite. Pour compléter le moment et la routine, j'attrapai mon téléphone et le posai en mode portrait, maintenu à la verticale par la bouteille de lait. Les huitièmes de finale du tournoi de Dösatz étaient lancées. Je grommelai, le goût du sang gâchait mon repas.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockLun 28 Mar 2022 - 15:45
Conton-City. Ils vivaient directement à Conton-City maintenant. Plus besoin de passer par les péages. Plus besoin de montrer son badge. Plus besoin de terrifier les stagiaires. Eviter la non-nécessité. C’était une mutation qu’il n’appréciait pas forcément. Tempo ne pouvait plus faire mumuse avec ses pouvoirs. Il y avait un oeil écarquillé posé sur elle, et cet oeil voulait voir des dérogations à la norme des chronokinétiques habituels. Cette ville puait l’eau de javel. Il l’avait vérifié. Sa moustache suintait encore des restes de sa dernière promenade. Trop propre. Trop organisée. Trop surveillée. Le trajet était plus court. Cela lui donnait moins de temps pour rêvasser. Il comptait les yeux grand ouverts dans son lit pendant plus longtemps. Il ne parvenait pas à dormir plus, donc il passait le temps comme il pouvait. Plus de temps libre à gaspiller quelque part. Il n’avait pas de hobby du matin dans lequel gaspiller ce temps libre. Il n’avait que du temps libre, car il se réveillait tout le temps à la même heure. Il ne pouvait que tenter de dormir plus.

Les étoiles. Regarder les étoiles était synonyme de regarder dans le vide. C’était rassurant. Il voyait un autre vide que celui de son cerveau. Il voyait des cailloux et des boules de gas qui brûlaient. Des imbéciles sortaient pour donner des noms à certaines de ces boules de feu. Parfois, c’était les amas qui les inspiraient. Zev ne voyait que des points lumineux. Il ne parvenait pas à sourire selon les concepts philosophique de beauté environnementale. Ce n’était pas beau. C’était bleu sombre avec des points blancs. Parfois, il tentait de comparer ces lumières aux éclats dans les yeux larmoyants. Cela avait plus de chance de le faire sourire. Il n’était pas imaginatif. Il l’avait vérifié. L’imagination ne le sied pas trop. Il a conscience du réel. Il en est satisfait, même quand il est frustré. Pourquoi imaginer autre chose que le réel ? Les trouillards s’en servent comme échappatoire. Zev n’a pas besoin d’échappatoire.

La terrasse. Leur nouvel appartement avait une terrasse. Il avait eu cette terrasse depuis qu’ils ont emménagé ici. Il s’y tenait après avoir fini sa journée pour observer les étoiles. Les étoiles n’étaient pas au rendez-vous, parce qu’il n’était que dix-sept heures. Il ne faisait que fumer. Il était en avance. Il voyait des nuages. Ils étaient gris, comme tous les nuages. Il tenter de voir d’autre couleurs à la place, mais il ne faisait que voir des nuages. Il pensait à son boulot. Il listait ce que le pilote automatique avait entrepris. Il avait arraché des dents avec une clé à molette. Il avait aussi étranglé un Namek. C’était suffisant. Il avait fait le point sur sa journée. Il avait fait souffrir deux individus. C’était assez. Il en était content, à petite dose. Suffisamment pour vivre. Pas assez pour faire une rechute d’addiction à la joie. Est-ce qu’un Saiyan mangeant un cerveau Saiyan l’amènerait à faire une dégénérescence mentale comme les humains qui mangent des cerveaux humains ? Peut-être qu’il pouvait causer une mort lente et discrète de quelques Saiyen lors de la prochaine kermesse.

De la porte vitrée qui mène à la terasse, Zev est visible de dos par la jeune demoiselle qui rentre chez elle. Il entend son arrivée et se retourne. L’espace d’un court instant, il paraît profondément frustré, mais reprend sa mine paternelle et tranquille qu’il porte habituellement. Il finit sa cigarette avant de se diriger vers la porte qu’il ouvre alors pour entrer dans la salle à manger.

La joie. Une autre source de joie. Tempo. C’était satisfaisant de la voir. Il n’y avait pas de meilleure explication. Il aimait l’idée de son existence et sa confirmation visuelle. Elle n’était pas une hallucination. Il l’avait vérifié. Il avait tenté d’être fou un jour mais cela lui avait déplu. Il préférait être tout simplement instable. Une plaie était présente sur la lèvre de la jeune fille. Il fut courtement habité à l’idée d’empaler une tête sur le portail menant aux bâtiments administratifs. Il ne savait pas encore à qui appartenait cette tête. Il était suffisamment en colère pour désirer une mort. Elle n’avait pas besoin de le savoir. Il fallait trouver de quoi amorcer une conversation. Il était nécessaire de dialoguer afin de maintenir un bon rapport. Il l’avait vérifié. Cependant, cela ne devait pas se faire trop intrusif.

Zev fais le tour de la table en relevant la main pour rencontrer celle de sa championne dans un high-five, une marque silencieuse de rebienvenue à la maison, avant de sortir une pomme d’un placard pour croquer dedans pour se rediriger vers la table, prenant la fiole, avant de la secouer. Un sourire en coin apparaît sous sa moustache.

”T’as oublié de l’emballer. Il faut mettre les preuves dans des sacs. Tu peux perdre des points sur ça.”

C’était comme ça que d’autres parents s’y prenaient. Penser aux résultats et aux relevés de notes. C’était un moyen convenable de lancer une conversation. Il pensait cela correct. Il ne s’attendait pas à obtenir une réponse favorable. Il y avait des règles à respecter lorsque l’on récupérait des preuves ou du matériel employé par les criminels temporels, afin de pouvoir obtenir des objets le moins contaminés possible par les différences d’atmosphère des différents mondes explorés. Ainsi, par rétro-ingénierie, les différents outils des ennemis de la patrouille temporelle pouvaient être identifiés jusqu’à leurs sources. Une faille a pour but d’être rectifiée. Si le fluide venait à être contaminé, le travail des chercheurs serait ralenti. Il pourrait même être saboté.

Zev sort un sachet plastique de sa poche après avoir revu le visage de sa fille. Il esquisse un sourire en coin tout en mettant la fiole dans le sac avant de le fermer et d’en enrouler l’ouverture, observant son contenu. Il regarde Tempo à nouveau, avant de secouer le sac.

”Laisse, je vais faire. Aaah… Du tachyon liquide. L’un des seuls carburants qui ne brûle pas. Ils utilisent ça pour passer d’une époque à l’autre. La transformation d’une particule qui va plus vite que la lumière, à énergie théoriquement infinie, sous forme liquide. Ils utilisent ça pour projeter leurs machines d’une époque à l’autre, mais les risques de surchauffe sont tels qu’ils ne peuvent faire qu’un seul passage sans une certaine période de temps pour éviter la surchauffe. Il y a plus d’énergie dans cette petite fiole que dans un dieu de la destruction - Réflexe !”

Il jette le sac contenant la fiole vers Tempo. Même si elle venait à la louper, le récipient était trop résistant pour se casser sur la table ou sur le sol. Il était fait pour éviter des conséquences désastreuses lors d’un voyage d’une époque à une autre. Zev ricane un instant avant de poser ses mains sur le dossier de la chaise, faisant face à la jeune adolescente. Son sourire disparaît tandis qu’il se tapote la lèvre inférieure de l’index.

”C’était le lycée ou la mission, cette p’tite cochonnerie, là ?”

Il a l’air calme. L’éclat protecteur dans ses yeux n’annonce rien de bon. S’ensuivit un instant permettant la réponse de Tempo, et la conclusion de Zev, puis l’ouverture d’une autre branche de discussion :

”Comment s’est passé la journée, en dehors de ça ?”

Pas seulement la mission. Toute la journée. Il établissait un intérêt envers ses moments passés. Il pourrait donc comprendre ses frustrations et enjailler ses joies. C’était faire preuve d’empathie.
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockSam 9 Avr 2022 - 22:47
"H'mch..."

Répondis-je en machouillant mon porridge. Ses façons d'aborder les conversations étaient toujours aussi barbante, commencer par un reproche c'était bien son genre. J'augmentai le son du live. Purée il était balèze le type qu'affrontait c'te Yukko. Elle était vraiment fortiche. Les autres terrains étaient franchement inintéressants. Papa s'agitait, il sortait un sac plastique. Je croisai son regard, les joues gonflées, avant de déglutir. Voilà qu'il se lançait dans un exposé au sujet de la matière liquide qui avait fait l'objet de ma mission.

"Je sais c'que c'est."

Je lâchai ma cuillère en hâte, celle-ci plongeant dans mon bol en frappant son bord. Zev avait cru bond de me faire le coup du réflexe en plein goûter, il choisissait vraiment mal ses moments. Il semblait content de me retrouver. J'attrapai donc sans mal le projectile, que je laissai chuter sur la chaise à ma droite sans la moindre précaution, foudroyant mon père du regard.

"T'as l'air d'avoir passé une bonne journée toi."

Il avait remarqué la blessure sur ma lèvre. Je passai la langue dessus, avant de la tapoter à mon tour en grimaçant.

"Le mec que j'ai coursé s'est pas laissé faire. Mais c'est rien, je lui ai réglé son compte... En fait il s'est carrément fait sauter. Ces gars préféraient mourir que de nous laisser remettre la main sur leur tachyon à la con. Il a forcé un Rappel."

Je fini mon goûter goulument, soulevant le bol tout en basculant la tête en arrière, puis le déposai victorieuse sur la table. J'effaçai d'un revers de main la moustache de lait qui s'était dessiné sur mon minois, avant de l'essuyer sur mon jean.

"Journée tranquille, rien à signaler capitaine. J'ai passé la matinée à glandouiller sagement en attendant qu'il se décide à sortir de son trou. Je songeai à adopter un racoon. Il serait en danger avec t-... nous. Bref, après la mission j'suis rentré tranquillement, j'ai croisé des potes de l'école, et puis voilà. Pas envie de reprendre les cours la semaine prochaine. J'comptais profiter de mon week-end en fait, on a rien de prévu hein ?"

La fin de ma phrase fut ponctuée par un léger spasme, je tapotai au dessus de ma poitrine pour laisser s'échapper le rototo symbolique d'un bond repas. J'avais mentionné la rencontre avec Kappo et sa bande. Il n'y avait aucune raison qu'il doute de la version que je lui avais donné, mais par précaution peut-être aurait-il mieux valu que je n'en fasse aucune mention. C'était pas pour rien que la seule mention de papa les ait fait décamper. Sa réputation pouvait paraître utile comme ça, mais au fond c'était vraiment lourd. J'attrapai mon téléphone, hésitant un long moment à quitter la table et rejoindre ma chambre sur le champ, mais je me décidai plutôt à couper le live et retirer mes écouteurs. Il fallait changer de sujet. Attrapant ma vaisselle, je rejoignis l'évier.

"Toi quoi de neuf ? T'as tué combien de type aujourd'hui ?"
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockDim 10 Avr 2022 - 17:51
L’ennui. Tempo était ennuyée. Elle était énervée. Le sujet de conversation employé était une méthode incorrecte d’entamer le dialogue. Les adolescents n’aiment pas que l’on leur rappelle les failles dans leurs raisonnements ou leurs actions. Ils préfèrent oublier les fautes commises. Non, il se trompait. La raison de l’ennui était le rappel des erreurs commises après une journée d’efforts. Une fois les efforts faits, le corps humain cherchait à se détendre. C’était donc contre-productif que de commencer le dialogue avec un repproche. Il pensait l’avoir fait suffisamment tendre. Il avait fait une erreur. Le résultat de son erreur était un rehaussement des sourcils et une tombée des paupières. Mais son erreur pouvait être fatale dans un examen. S’il la laissait dans son confort, est-ce qu’elle éviterait l’erreur quand il le faudrait ? Des souris pendues avec des lacets qui tournaient sur le plafond, accrochées au ventilateur. Il tentait d’imaginer Tempo avec une feuille sur laquelle le vingt sur vingt couleur rouge brillait comme un flash photographique. Il préférait l’imaginer en train d’écraser la tête de ses camarades dans l’entre-deux de la porte.

Le tachyon liquide. Tempo était toujours ennuyée. Elle savait ce que c’était. Fait : apporter une connaissance déjà connue à un individu désirant la tranquillité était un moyen de l’ennuyer. Il lui fallait éviter de refaire cela. Il voulait juste communiquer. Le dialogue. Il voulait tenter de dialoguer, mais il dialoguait mal. C’était mauvais signe. Elle savait déjà. Le manque de fluctuation dans ses sourcils signifiait qu’elle n’était pas contente du lancer. Ce n’était pas une activité à faire durant le goûter. Sa journée. Est-ce que la journée de Zev fut bonne ? C’était la question de Tempo. La journée de Zev. Une torture. Un meurtre. Une sauvegarde temporelle. Le montage de l’aller. Le montage du retour. Le passage inévitable du temps. La malléabilité des lois quant au nécessaire. Le mal nécessaire. Chaque avancée de chaque faction est basée sur des atrocités. Il était une atrocité. S’il n’en était pas une, d’autres atrocités seraient commises pour faire d’autres avancées. La Time Patrol avait décidé que ses avancées étaient préférables à celles des autres. Ainsi, Zev était relativement moral. Il n’était pas une atrocité.

Zev lâche un petit ricanement alors que Tempo attrappe le sachet en lui faisant la gueule. Son sourire paraît presque niais. Il profite de la vie. Quand elle théorise à voix haute s’il a passé une bonne journée, il hausse les sourcils en fermant des yeux, son sourire toujours présent en coin témoignant de sa satisfaction habituelle. Il pose ses mains sur le dossier de la chaise faisant face à celle de Tempo, en tapotant légèrement du doigt le sommet tordu et métallique du siège. Il regarde Tempo dans les yeux alors qu’elle mentionne le résultat de sa mission. Les siens ne clignent pas quand elle mentionne le suicide explosif de sa proie et l’utilisation forcée de ses pouvoirs. Il relève simplement la mâchoire en descendant le regard et claquant une fois de la langue dans son coin de bouche. Il semble dépité du sort de l’imbécile. Il fait rapidement son deuil tandis que Tempo finit son bol.

”Tant pis pour lui.”

La journée de Tempo. Il y avait eu la mission. Elle ne pouvait qu’attendre que sa cible soit découverte. Elle n’avait rien fait d’autre. Elle avait dû jouer aux jeux de son portable. Elle avait pensé à adopter un animal, mais pensait qu’elle serait en danger avec Zev. Elle ne savait pas très bien mentir. Il ne voulait pas l’en empêcher. Forcer un adolescent à être honnête ne faisait que renforcer sa créativité dans sa malhonnêteté. Il resterait malhonnête. Zev ne ferait jamais de mal aux animaux. Il était doux et mielleux. Tempo avait peur pour son hypothétique raton-laveur anglicisé. Elle avait croisé des amis. Des amis de l’école. Elle avait des amis. C’était bien. Elle n’avait pas hâte de reprendre les cours. Les jeunes n’aiment pas les cours. Ils sont mal écrits. Il y a trop d’informations sans intérêt. Y avait-il quelque chose de prévu ce week-end ?

”Tu pourrais m’accompagner à une formation. Voir quatre vieux qui parlent de statistique face à des employés du bureau, ça t’éclaterait, non ?”

Zev souffla du nez. Il était satisfait de sa blague. Il sortit son portable pour voir quelle heure il était. Son sourire disparaît alors que Tempo se retourne et avance vers l’évier.

”Laisse, je ferais la vaisselle.”

S’il ne se faisait pas convoquer pour une mission d’urgence, bien sûr. Sinon, ce serait à elle de la faire, et ce serait chiant. Mais au moins son intention comptait. Il relève le visage quand Tempo lui demande combien de gens il avait tué. Il regard la table un instant, avant de la regarder à nouveau.

”Un seul. Et pas un “type”, techniquement. C’était un Namek. Tu sais, un hermaphrodite. Il avait capturé un fille importante dans une chronologie où Namek et la Terre se sont connues plus rapidement. C’était ça ou elle. Pourquoi, ils s’indignent encore sur mon job, au lycée ?”

Il prend une légère inspiration durant le temps de réponse de Tempo. Il semble légèrement nerveux. C’est rare. Il sort une enveloppe ouverte de sa poche. Il en sort une feuille, avant de la regarder gravement un réajustant ses lunettes.

”En soit, t’as peut-être un empêchement ce week-end… Que je me gourre pas de feuille, une seconde… “Je, sousigné, bla bla bla, bureaucratie, officier de la Time Patrol, désirons engager madame Tempo Brzęczyszczykiewicz comme Patrouilleuse Junior officielle…” et ensuite encore plus de blabla sur quoi faire si tu acceptes, si tu refuses, si t’es malade, si t’en branles… Bref…”

Il pose la lettre sur un meuble avant d’écarter les bras avec les épaules relevées. Son visage est partagé entre un grand sourire satisfait et des yeux qui semblent tout percer. Tempo pouvait finir dans les grandes équipes, maintenant. Elle pouvait même être une sbire personnelle de Kaito.

”Tu peux enfin jouer dans la cour des grands, maintenant !”
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockDim 24 Avr 2022 - 0:31
J'ouvrai le robinet afin de remplir le fond du bol d'eau de sorte à ce que le reste de céréale ne s'accroche pas en séchant. Je laissai tomber la cuillère bruyamment dans le bol, avant de déposer plus doucement le récipient au fond du lavabo. J'adressai un sourire pas franchement amusé mais bien complice en réponse à la blague de mon paternel, qui faisait toujours de son mieux pour agir comme un bon parent. Il se donnait du mal, et c'était l'une des raisons pour lesquels je l'aimais. Toujours dans une dynamique positive, Zev me dit de laisser la vaisselle, affirmant qu'il la ferait lui-même. J'hésitai un instant, l'éponge à la main, prête à la couvrir de liquide vaisselle. D'habitude, je me délesterai volontiers de cette tâche, mais aujourd'hui quelque chose faisait que je ne le souhaitai pas.

"J'ai plus deux ans papa, je peux laver mon bol."

Aussitôt je m'exécutai et commençai à frotter le récipient énergiquement. Ce genre de repas n'était pas le plus salissant. Et la quantité de vaisselle était ridicule, aussi je finis en quelques secondes, disposai le bol et la cuillère sur l'egouttoir et attrapai un torchon pour m'essuyer les mains. Tandis qu'il me détaillait sa victime du jour comme les raisons de son assassinat, je rangeai le paquet de céréale ainsi que les quelques autres ingrédients qui avaient servi à assaisonner mon goûter. Zev demandait pourquoi j'avais posé la question, songeant que cela avait un rapport avec ce que les autres élèves pouvaient penser de lui.

"Certains oui, mais je m'en tape de ce qu'ils pensent. Moi je sais pourquoi tu fais ce que tu fais, et au moins tu le fais bien. Si c'était pas toi, ç'aurait été un autre, pas vrai ?"

C'était la vérité, j'étais loin de mépriser mon père. Il n'était pas juste un assassin, le problème étant que j'étais certainement la seule à le voir comme tel. Le plus dur, c'était pas les railleries à mon égard, mais bien ce qu'on pouvait dire à son sujet.

"Dis, papa... Est-ce que tu comptes retrou-..."

Peut-être avait-il senti la nature de la question et avait choisi de l'avorter, ou bien était-ce seulement un mauvais timing, mais Zev sorti quelque chose de sa poche. Quelque chose qui me concernait. Une lettre. Il commença à lire, et mes yeux s'illuminèrent soudainement. J'en oubliai aussitôt mes inquiétudes et mes interrogations au sujet de sa vie sentimentale, et attrapai la lettre qu'il venait de déposer sur un meuble en trépignant.

"Enfiiiiin ! T'as vu ça p'pa ?! Je vais devenir une vraie patrouilleuse !"

Sur la pointe des pieds, je l'enlaçai chaudement en passant mes bras autour de sa taille, avant de bondir sur le canapé, ne pouvant m'empêcher de relire la lettre encore et encore en gloussant.

"Héhé... Kappo va être vert d'apprendre ça..."

Lançais-je l'air de rien, puis laissant ma tête tomber en arrière pour toiser le paternel de ma frimousse espiègle.

"Comme quoi je fais bien mon boulot, hein patron ? On y va ensemble diiiiit ?"
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockMer 27 Avr 2022 - 4:28
Les responsabilités. Tempo était responsable. Elle ne l’avait pas toujours été. Elle ne l’était pas toujours non plus, quitte à y penser. Le masque de rebelle qu’elle portait pouvait s’envoler à n’importe quel coup de vent. La psychologie inversée étaient la maîtresse qui faisait danser ses fils. Il aurait préféré la faire lui-même, la vaisselle. Parce qu’il avait proposé le service, elle décidait de le refuser et de se le rendre à elle-même. Zev était biaisé, car il trouvait l’illogisme de Tempo acceptable. Sous les fondations d’un hôpital des hypocrites pourissaient encore. C’était comme ça. Il avait accepté que c’était comme ça. Tout le monde était biaisé. Cela le rendait plus défectueux. Plus imparfait. Plus incorrect. Plus humain. C’était sa part d’humanité. Il l’aimait bien. Elle grognait encore. Elle faisait un sourire après sa blague. Ce n’était pas une bonne blague, et donc pas un bon sourire en retour. Elle essayait. Il essayait aussi. Elle ne devait pas essayer comme lui. Plus deux ans. Elle n’en avait en effet plus deux. Elle en avait dix-sept. Elle était fière de pouvoir nettoyer son bol elle-même. Il se demanda s’il avait suffisamment cligné des yeux, du moins à un rythme naturel.

Les autres élèves. Tempo était obligée de vivre en société. Avec un peu de chance, cela lui plaisait. Mais il ne pouvait jamais en être vraiment sûr. Tout n’est pas clair. Tout n’était pas clair pour lui. Il ne sait pas exactement ce qu’il est. Il ne sait pas exactement non plus à quel point il peut être jugé. Des monstres dans des hôpitaux avec la clause de folie. Zev ne pouvait pas être dédouané de ses actes. Le Zev du cinéma et le Zev du script font barrière. Il se lient ensemble pour éviter tout problème. La société. Les jeunes gens rigolaient de ce nom. Tempo riait-elle de sa société ? Il fallait rire de quelque chose. Sauf quand on était Zev. Ce qui faisait rire Zev était toujours moralement répréhensible. Son one-man show était censuré par l’unique comique. Tempo était-elle censurée dans ses actions par une petite Tempo dans sa tête ? Elle se moquaient de ce que ses camarades pensaient par rapport au travail de son papa. C’était bien. Il ne fallait pas être défini par les autres. Il fallait être défini par soi-même. Les autres sont un chemin tracé et possiblement des chaînes pour ralentir ou immobiliser. Leurs commandements sont une ligne directrice pour éviter de finir prisonnier. Zev tuait bien. Elle disait qu’il tuait bien. Et si c’était pas lui qui tuait, ç’aurait été quelqu’un d’autre. Pas vrai ?

”Oui, oui, les lycéens aiment toujours avoir une cible de moquerie…”

Zev regarde dans le vide un instant. Il a confondu les sujets de question et semble ne pas s’en être rendu compte. Ou alors il le fait exprès. Peut-être un peu des deux. Ses paumes sont toujours sur le dossier de la chaise, mais c’est maintenant son bassin qui y figure également. Son visage semble presque apaisé. Ses iris ne se sont pas concentré sur quoi que ce soit. Il semblerait presque inconscient les yeux ouverts, songeant peut-être à son adolescence à lui ou bien au temps de pose qu’il marquerait avec sa cigarette, avant de subitement repasser à son visage légèrement nerveux qui précédait l’arrivée de la lettre dans ses mains depuis sa poche. Il n’a pas l’air d’avoir réagi à la question interrompue que lui pose Tempo.

”Retrouver quoi ? L’amour ? Ce n’est pas pour moi, Tempo. Je n’ai plus l’âge pour ça, et je n’ai jamais eu le coeur pour. Tu es née d’une cinglée avec qui j’ai couché dans un élan hédoniste et une association inouïe de miracle. J’ai buté ta mère parce qu’elle voulait t’exploiter à des fins de gourou apocalyptique et parce que ton regard était la seule chose qui m’a fait ressentir autre chose que du dégoût et de la colère depuis des années. J’ai vu ses yeux sortir de ses orbites quand j’ai donné des coups de pieds dans sa tête quand elle était par terre, Tempo. Je ne retrouverais rien comme ça. Cela me va.”

Zev reste silencieux. Il n’a rien dit alors que son visage se penche légèrement sur le côté tandis que Tempo attrappe la lettre. Sous sa moustache, un sourire authentique se dessine. Ses paupières inférieures se relèvent légèrement. Ses coins de joues s’approfondissent. Il était heureux. Il ne pouvait pas s’empêcher de l’être. Elle lui demande s’il a vu qu’elle allait devenir une vraie patrouilleuse, et il répond avec sa voix grave qui s’élève enfin :

”J’ai vu ! Oui, j’ai vu ! Hé, c’est même moi le premier à l’avoir vu !”

Un rail de bonheur. Il s’en autorisait un. C’était plus qu’un shot. C’était un verre entier. Il pouvait se le permettre. Il n’en avait pas eu depuis un moment. Tempo était si heureuse. Il en finissait content également. Cela n’allait pas durer. Il le savait. Il préférait en profiter. Ses inquiétudes étaient inutiles. Elles étaient ironiques. Deux individus autant liés au temps. Et pourtant, il avait peur de quand cet instant allait se finir. Une joie qui ne vient pas de la souffrance d’un individu. Avoir une prise réelle avec la satisfaction par celle d’autrui. C’était rare. Il en était content. Elle lui faisait un câlin. Cela faisait un moment qu’elle ne lui avait pas fait un câlin. L’adolescence. Il pensait que la volonté de s’opposer à son père était suffisante pour éviter les câlins. Il n’en avait que faire. Il était juste content. Il essaya d’arrêter de réfléchir et de juste ressentir. C’était difficile.

Zev répond au câlin de Tempo en l’enlaçant de même, ricanant un instant avant de lui faire un bisou sur sa tête, dans ses cheveux, avant de secouer sa tignasse rousse en rigolant à nouveau. Heureusement, il n’y a plus de goût de cigarette et de rêves brisés dans sa bouche. Il lui tapote les épaules quand elle cesse son calin, et son rire s’estompe pour au final ne laisser derrière qu’un sourire en coin. Alors qu’elle s’écrase sur le canapé, Zev fait simplement quelque pas en arrière pour s’adosser contre un mur entre deux meubles. Son pouce et son indexe caressent son visage de la moustache au menton un instant tandis qu’elle parle probablement de ses camarades de classe. Son visage penche un peu sur le côté tandis que ses sourcils se lèvent alors que Tempo lui dit qu’elle fait du bon boulot.

”J’espère pour toi ! Sinon, c’est leurs standards de recrutement qu’il faudrait évaluer.”

Y aller ensemble. Bosser ensemble. Est-ce que c’était une bonne idée ? Cela ne semblait pas être une bonne idée. Cependant, Tempo semblait ravie à l’idée de travailler avec son père. Zev avait du mal à se rappeler qu’elle puisse l’aimer. Pourtant, il le savait également. Le fait qu’un autre prenne l’initiative de vouloir passer du temps avec lui. Il y a une différence entre la démonstration d’une émotion et une ligne marquée dans sa liste de faits mentale. Tempo allait être mise en danger. Elle restait en danger si elle ne maîtrisait pas ses pouvoirs. Elle restait en danger si elle les maîtrisait trop. Elle restait en danger si elle était enfermée dans Conton-City. Elle restait en danger si elle sortait dans ses missions à lui. Cependant, il y avait un choix où elle était heureuse et en danger, et une ou elle était malheureuse et en danger. Il voulait garder ce sourire présent quelques minutes de plus.

”Si tu veux tant que ça me voir à l'œuvre rester dans une voiture en espionnant les va-et-viens d’imbéciles, je ne peux qu’accepter mes demandes. Tu verras que ça devient assez rapidement barbant, ce que je fais.”

Zev disait ça avec un sourire marquant son manque de sérieux. Clairement, il exagérait.

”Mon planning du moment c’est de tenter un pourparler avec quelques adversaires, puis aller ennuyer une guerre civile entre des terriens et des anges car certains d’entre eux auraient des armes littéralement chronophages. Tu voudras m’accompagner ? J’enverrais un message ou deux à ton rectorat.”

Il haussa des épaules.

”Jamais ils refuseront un mot d'absence du grand méchant Zev.”
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockDim 1 Mai 2022 - 16:02
Un sujet sensible, je savais d'expérience qu'en parler n'apportait jamais de réponse satisfaisante. Voir pas de réponse du tout, désormais. Mais je savais de quoi il en retournait. Lorsqu'il parlait de Maman, il parvenait à décrire sans le moindre remord la façon dont il s'en était débarrassé, comme des desseins indignes d'une mère qu'elle avait pour moi... Je n'en tirais jamais quelconque nostalgie, pas réellement de tristesse, peut-être un brin de curiosité concernant ma génitrice. C'était anormale de ne rien ressentir de tel en se remémorant l'enfance, mais rien de la mienne ne pouvait susciter un tel sentiment. Il y avait bien eu quelques moments heureux, mais notre situation faisait que je n'avais pas eu accès à une véritable stabilité avant il y a peu.

Ces moments de complicité s'étaient raréfiés depuis que le quotidien au sein de la cité du temps s'était installé. Je restais consciente des efforts conjoints que nous avions dû mettre en oeuvre pour trouver une place dans ce nouvel environnement, et si il était toujours difficile de savoir ce que ressentait mon sociopathe de père, j'avais fini par me faire à cette petite vie. Aussi, lui prouver à lui ainsi qu'à moi-même que j'étais prête à m'installer durablement dans cette nouvelle vie était important. Ma joie était bien réelle, et plus que d'un objectif de vie atteint, c'était la reconnaissance de mes efforts qui me rendait véritablement jouasse. Zev aussi semblait content de cette nouvelle. Le bonheur de l'un faisait le bonheur de l'autre, c'était là la raison pour laquelle nous avions besoin l'un de l'autre... Mais était-ce bien normal, de dépendre autant de son parent ?

Papa ne semblait pas réticent à l'idée de me le laisser l'accompagner dans sa prochaine mission, je décelai au contraire une certaine fierté à pouvoir me montrer concrètement ce pourquoi il était respecté, ou au moins redouté. De mon côté, cela faisait bien longtemps que j'envisageai de le voir à l'oeuvre. Les rares souvenirs qu'il me restait de ses combats menés, bien souvent pour me protéger, ne correspondait pas exactement à l'idée que je me faisais de son métier. Il faisait ça bien, désormais, c'était un professionnel. Me gratouillant le bout du nez tandis qu'il me mettait en garde au sujet du côté barbant de son activité, j'effectuai une roulade pour m'extraire du canapé et pointer ensuite mon doigt dans sa direction.

"A d'autres ouais, si tu veux de la barbe j'te met plutôt au défi de venir assister au cours d'histoire de m'sieur Gloudu. Je suis certain qu'on fera une équipe de choc... Genre Barman et Rollin !"


J'enchaînais ensuite quelques coups de poing dans le vie, me dandinant en sautillant dans une chorégraphie qui se voulait plus ou moins martial, avant de porter des coups de pieds déjà plus convaincant qui témoignait de la souplesse naturelle dont la nature m'avait doté.

"Et puis si tu rates ton coup, Tempo sera là pour montrer à tous de quel bois elle se chauffe ! Tu verras, j'ai pas mal progressé depuis la dernière fois."

Convaincu ou non, Zev semblait prêt à me prendre avec lui pour des missions assurément plus hypante que toutes celles qu'on avait pu me donner jusqu'ici. Une guerre civile, sans déconner ?! Je brandissais mes poings en l'air avant de les rabattre à hauteur de taille d'un geste triomphant, martelant frénétiquement le vide devant moi dans l'optique de dissiper le trop plein d'énergie que cette nouvelle m'apportait.

"Let's goooong, trop bien p'tain ! On part quand ?
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockMer 11 Mai 2022 - 22:25
Bizarre. Zev ne savait pas si c’était bizarre pour une fille de ne pas être triste de ne pas avoir eu de mère. Ne pas avoir eu de mère était anormal en soit. Quel est le normal dans l’anormal ? Peut-être que le manque de mère expliquait son choix de vêtements. Peut-être que cela expliquait aussi son choix de coupe de cheveux. Peut-être même son anneau de nez. Zev était anormal. Il l’avait vérifié. Il ne pouvait exactement atteindre une vision correcte de si Tempo était normal ou non. Il interprétait que cela puisse être étrange que Tempo n’ait pas besoin de mère. Il suivait la théorie de la mort de l’auteur. Son interprétation en tant que père était valable comme celle de tout autre individu. Tempo était bizarre parce qu’elle maîtrisait le temps. Il ne pouvait pas savoir si un débardeur à motifs de camouflage de jungle sous un manteau long de cuir était bizarre. Ce n’était pas pratique. C’était tout ce dont il pouvait être sûr. Esthétiquement déplaisant. C’était subjectif. C’était peut-être arriéré. Il était vieux. Il avait été esthétiquement déplaisant dans sa jeunesse. Si être esthétiquement déplaisant rendait Tempo contente, alors son sourire était esthétiquement plaisant. Il était bon public. Il aimait quand elle était contente.

Barbant. Tempo n’aimait pas les cours de l’un de ses enseignants. Monsieur Gloudu faisait un cours d’histoire qui n’était pas suffisamment entraînant. Zev ne connaissait ni le programme ni l’individu. Il imaginait un Namek par rapport au nom. Un nom visqueux pour un être visqueux. Du sel sur la peau verte. Elle avait fait une roulade hors du canapé. Les os de Zev ne pouvaient pas lui permettre ce genre de galipette. Tempo était effectivement jeune. Il était bon de s’en rappeler. Des chaînes autour de son arthrose. Un minimum de charisme était attendu de la part du corps enseignant. Si Zev n’aimait pas le programme, il le disait à ses élèves. Il se faisait apprécier des jeunes en rabaissant son amour des cours au leur. Il n’avait pas enseigné depuis un moment. Il avait tenté. Il n’avait pas aimé. Il espérait ne pas être un monsieur Gloudu pour Tempo. Il ne semblait pas l’être. Tempo lui disait qu’ils feraient une équipe de choc. Barman et Rollin…  

Zev relève son sourcil gauche.

Rollin. Elle venait de rouler. C’était là où se trouvait l’astuce. Cela entraînait une autre question.

”J’ai l’air d’un barman ?”

Après une seconde et demie, Zev souffle du nez en élargissant son demi-sourire. L’allure traditionnelle des barmans est celle d’une virilité vieillotte et rurale. Il est clair qu’en conservant sa moustache et sa chemise à cravate, il pourrait efficacement prendre la position d’un barman. Il est donc probablement en train de se moquer de sa propre apparence.

Frapper dans l’air. Frapper dans l’air pouvait être synonyme d’échauffement. Avec Tempo, cependant, cela voulait dire qu’elle affrontait des adversaires imaginaires. Zev pensait qu’il y avait suffisamment d’ennemis dans le monde pour ne pas avoir à en rajouter. L’imagination pouvait être très dangereuse et très fertile pour attirer des ennuis. Il l’avait vérifié. Elle avait des petites mains. Elle risquait de se faire mal à donner des coups de poing. Ses coups de pieds étaient plus impressionnants. La gymnastique de jeunesse et la puberté lui permettaient de faire preuve d’une souplesse avantageuse en combat. Touche la mâchoire. Brise les dents. Fais sortir les yeux. Ecrase la glotte. Ils s’étouffent, ils s’étouffent, ils s’étouffent, ils s’étouffent, il s’étouffent -

”On risque surtout de parler et de négocier pendant les trois quart du temps. T'emballe pas trop vite.”

Un sourire niais et taquin se dessine sur sa moustache. Il retire ses lunettes et prend un pli de sa chemise avant de souffler sur le verre droit puis le verre gauche avant de finalement frotter dessus, pour les remettre lentement sur son visage. Il les replace sur son visage avant de relever la tête et le sourcil face à la soudaine exclamation de Tempo. Son sourire n’avait pas quitté son visage.

”C’est nouveau, ça, “let’s gong”.”

Un gong. Un instrument massif permettant d’annoncer un certain évènement sur une grande zone. Le jeu de mot se mélange à “let’s go”, une abréviation de “let us go” qui indique une requête assez impérative. Il pouvait être un ordre envoyé à un groupe pour passer d’un objectif à un autre, une demande d'accélérer une suite d’action ou simplement dire à haute voix son appréciation de quelque chose. Le gong devait donc être associé afin de faire métaphore et jeu de mot, sous-entendre que l’exclamation était telle qu’elle pouvait être comparée au retentissement d’un gong. C’était créatif. Quelqu’un d’autre aurait trouvé ça amusant. Zev avait écrasé le visage de quelqu’un avec un gong une fois. C’est un instrument très lourd. Ses percussions sont dangereuses.

Il penche la tête vers son poignet avant de relever sa manche. Il regardait l’heure. La ville prétendait être hors du temps, mais le présent restait le présent. Il était préférable de ne pas être en retard.

”Bon, lave toi les dents, vérifie que ton portable est chargé, puis on prend la voiture d’ici une demi-heure.”

Il se déplace jusque dans le couloir menant à la salle de bain pour arriver jusqu’au porte manteau, afin d’y prendre sa veste et son chapeau ainsi que son portable posé sur un meuble. Il a l’air dépité l’espace d’un instant. Son chargeur n’avait pas chargé son appareil. Il avait du mal à efficacement positionner la prise avec un petit point d’appui. Il regarde fixement l’appareil pendant dix secondes complètes, sans bouger, le regard vague et les yeux mi-clos, avant de ranger l’appareil dans sa poche.

”Notre mission, si tu l’acceptes : nous allons tenter d’établir un rapport avec des ennemis de la Time Patrol qui pourraient être considérés comme influençables. Il y en a une, par exemple. Frêle de corps mais bon potentiel. Enseignante très jeune pour son âge. Elle faisait partie de la patrouille avant, pour le coup. Puis elle se fait agresser sexuellement durant une séance d’entraînement par une brute qui utilise la différence de puissance comme moyen de dissuasion, la rage la conduit à nous trahir, une histoire très classique. À ton avis, à quoi nous servira ce premier dialogue ?”

Quelques secondes passent pour laisser à Tempo le temps de formuler ses réponses avec la clarté que lui permet du dentifrice dans la bouche. Zev s’est adossé au meuble. Il a les bras croisés.

”Nous allons tenter d’obtenir suffisamment d’informations pour pouvoir filtrer les possibles agents problématiques de notre propre organisation et définir les plus incontrôlables tout en ayant l’air suffisamment sympathiques pour pouvoir la motiver à possiblement revenir dans notre camp durant une prochaine rencontre. Le premier contact d’une mission sur la durée, donc.”

Il penche légèrement la tête sur le côté en relevant le sourcil à nouveau, un sourire se dessinant dans le coin droit de sa bouche.

”J’espère que t’es toujours motivée.”
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockDim 22 Mai 2022 - 16:24
Mes pommettes se fendirent d'un large sourire, tandis que mes prunelles scintillantes fixaient Zev intensément. J'acquiesçai frénétiquement de la tête sans prendre réellement en compte ses remarques au sujet de mon engouement, jusqu'à ce qu'il ne se décide à donner le top départ. Singeant un garde-à-vous, je m'élançai sans attendre à l'assaut de la salle de bain pour y effectuer ma première mission: le lavage de dents. Attrapant le tube de dentifrice en déboulant face au lavabo, je l'envoyai virevolter dans les airs tout en saisissant ma brosse à dent, qu'elle aussi je fis tournoyer entre mes doigts juste avant de la passer sous l'eau. Dans un timing précis, je récupérai le tube à la volée et alignait ma brosse de sorte à la recouvrir de patte à dent. Un coup d'eau supplémentaire sur la brosse à dent, un bouchon replacé sur son tube, et je gobai joyeusement l'ustensile de soin pour frotter énergiquement. Papa venait de me rejoindre pour m'exposer plus en détail les termes de la mission. Ecoutant avec attention, ma hype s'amenuit quelque peu lorsque j'entendis parler d'agression sexuelle. Zev me posa la question de l'utilité de cette entrevue.

"Humf... 'sh'dirais la ra'sh'urer 'sh'ur nos intention... Et pi' e'sh'ayer d'en apprendre plu'sh' sur le porc qui l'a agre'sh'é..."

Un coup de tête en arrière pour rattraper le filet de bave qui s'était échappé durant ma réponse, puis un autre en avant pour cracher toute cette mousse dans le lavabo. Un petit rinçage de bouche, de gorge, puis je passai un grand coup d'avant-bras sur mon minois pour me débarrasser l'humidité... L'économie de serviette ça me connaissait, n'en déplaise à mes fringues ou ma peau. Durant ce temps, Zev complétai ma réponse.

"Et si elle n'est pas ouverte à la discussion, on fait quoi ?... HIIIIII."

Poussais-je en grimaçant devant le miroir pour observer ma dentition. Assuré qu'aucun résidu ne soit resté coincé entre mes dents, trop la honte, je me tournai pour faire face à mon père en frappant décidée ma paume de main par mon poing.

"Quoi qu'il arrive je t'en filtrerai moi de l'agent problématique. Un jour viendra où je prendrai la tête de la patrouille, et je m'assurerai que tous les gros dégueulasses ravalent leurs instincts primitifs. Motivée comme jamais p'pa !"

Sur ces mots, je me faufilai pour passer la carrure imposant du paternel et retrouver mes affaires. Un passage dans ma chambre me permis de changer rapidement mes fringues, délaissant le treillis pour un jean bien large à la limite du baggy. Une grosse ceinture à boucle le maintenait à ma taille, tandis que j'effectuai les ourlets à la fois fashion et pratiques. Je troquai mon camo shirt pour un tout aussi large mais un peu plus fantaisiste, avant de réajuster mes lunettes sur le haut de ma tête.

"Rah 'chier... J'ai 20%, j'prends ma batterie externe, pas l'temps."

Le téléphone et la batterie trouvèrent refuge dans l'une des amples poches de mon vieux manteau, qui restait l'un des piliers de mon style vestimentaire. J'hésitai un plus long moment quant à la pair à choisir, il était pas question d'une course poursuite mais tout était à prévoir... Allez, ces White Navy's étaient une source sûre ! Coinçant ma langue entre mes dents tandis que j'enfilais mes chaussures, derniers équipements et éléments de style, j'étais fin prête en un temps record !

"Hop hop hop, tu traînes Zev, on y go ! Ah et j'pourrais conduire s'teup' ?"
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MessageSujet: Re: Retour au bercail   Retour au bercail ClockLun 30 Mai 2022 - 17:54
Les dents. Les gens n’aiment pas perdre leurs dents. Il l’avait vérifié. Les petites choses font plus peur que les grandes. Les gens ont une réaction plus primale face à la perte de leurs doigts comparée à celle de leurs bras. Ainsi, il était préférable que Tempo se lave les dents avant de finir avec des caries. Les progrès dans la technologie médicinale pouvaient permettre aux dents de repousser, mais elles étaient coûteuses et chronophages. Zev préférait conserver son temps. Il n’en avait jamais assez. Garder son corps en bonne santé lui prenait trop de temps. Dormir lui prenait trop de temps. Travailler lui prenait trop de temps. Quand le temps était enfin libre, les activités devenaient indisponibles. Quand il pouvait prendre du bon temps, il craignait la fin. Tempo jonglait avec le tube et la brosse. Des couteaux qui ne demandaient qu’à tomber dans de la chair. Ses iris rétrécirent légèrement quand elle entendit les mots qu’il ne fallait pas entendre. Les violeurs sont plus barbants que les tueurs. C’était généralement vrai.

L’agression sexuelle. Le viol n’avait pas d’utilité. Les gens normaux ne l’aimaient pas pour cette raison. Il ne pouvait pas y avoir de logique en dehors d’une poursuite de l’hédonisme personnelle. Tuer un individu était une solution définitive. Un individu ne peut plus faire de mal. Un individu ne peut plus faire de torts. Un danger est définitivement effacé au prix de complications. Il devient une preuve à faire disparaître, une scène à nettoyer, un alibi à inventer. Voler revient à l’acquisition d’un bien. Blesser est tuer mais en moins définitif et moins efficace. Violer… Violer était moins pire que tuer. Un individu survit au viol. Il peut avoir des traumatismes. Mais les traumatismes peuvent être réparés. Certains n’en ont pas. Certains ont de faibles complications. La victime survit. Il l’avait vérifié. Le meurtre est pire que le viol. Pourtant, l’être normal le voit comme pire. Plus odieux. Plus malsain. Il n’est pas irréparable. Il est simplement… sans intérêt. Les gens s’imaginent moins violer que tuer. Ainsi, ils condamnent. Zev aimait les violeurs. Personne ne voulait les pardonner. Donc, ils étaient des cibles sans attache. Il était très humain de leur faire du mal.

Zev se gratte sa barbe de deux jours tandis que Tempo mentionne la possibilité que leur cible refuse le dialogue. Il inspire. Son visage redevient neutre. Le professionnalisme qu’il possède face à l’adversité reprend le dessus. Ses yeux sont à un tiers clos. Ses lèvres ne présentent aucune émotion. Sa voix est monotone et comparable à celle d’un prof bienveillant qui répète ce qu’il vient de dire pour un élève distrait, ou bien à celle d’un père qui tient tête à un directeur d’école borné incapable de reconnaître les capacités de sa fille surdouée.

”Nous lui rappelons que nous sommes son plan de secours. C’est une criminelle temporelle. Nous en attrapons tous les jours et nous en condamnons tous les jours. En échange d’information, nous lui assurons sa survie à elle et à ceux qu’elle aime et nous lui garantissons une peine réduite si son plan ne fonctionne pas. Et nous savons qu’il ne fonctionnera pas, mais nous n’avons pas besoin de la convaincre, juste de la faire douter. Nous lui rappelons tout simplement que c’est toujours bien d’avoir un plan B, et qu’elle n’a rien à perdre hormis un peu de fierté à parler d’un passage sombre de son passé.”

Ses sourcils se relèvent tout comme l’un des coins de sa bouche alors que Tempo annonce que durant sa teneur de la patrouille, elle tiendra en laisse tous les chiens en rut présents parmi les troupes. Ce sourire en coin devient complet alors que ses paupières inférieures se relèvent et qu’il cligne quelques fois des yeux. Il était fier d’elle alors qu’elle frappait son poing dans sa paume et qu’elle annonçait sa motivation.

”C’est ce que j’aime entendre, ça ! T’es ambitieuse, c’est bien.”

La mode. Zev ne comprenait pas la mode. Il savait qu’il avait bonne figure avec une chemise, une veste, une cravate, un pantalon et des souliers. Il portait un chapeau en plus pour être mémorable. Il devait posséder une réputation qui le précédait afin d’avoir une autorité élargie. Il savait qu’il était grand et qu’il avait des épaules larges, ce qui faisait qu’il n’avait pas besoin de porter autre chose qu’un costard cravate. Il ne les trouvait pas plus inconfortables qu’un autre type de vêtements. Il avait plusieurs fois la même panoplie dans son armoire. Il n’en avait que faire. Tempo cherchait à diversifier les produits de tissus qui servaient à éviter à son corps d’être nu et qui la protégeaient du froid. Le consumérisme la rendait heureuse. Il l’avait vérifié. Il la jugeait. Il ne l’empêchait pas de s’amuser. La seule chose prise de véritablement utile fut sa batterie externe. Leurs téléphones portables étaient tous les deux à court de courant.

Zev a déjà ouvert la porte et pris les clés alors que sa fille lui disait d'accélérer la marche, une pochette pleine de dossiers sous le bras. Il ne change pas son expression faciale face au comique de la situation, fermant la porte derrière eux avant de la fermer et de la verrouiller à double tour. Il regarde sa montre. Ils étaient en avance. Tempo veut conduire. Il souffle du nez.

”Hah ! Non.”

Descendant les escaliers, il garde ses mains dans ses poches.

”Je te l’ai déjà dit : tu n’as même pas l’âge pour passer le permis. Même si tu l’avais, tu toucherais pas à ma caisse. Peut-être que je te paierais un scooter, si t’es sage. Ou tu pourrais enfin commencer à économiser.”

La DeSoto Adventurer. Elle était noire et décapotable. Deux paires de phares. Le pare-brise bien nettoyé. Les ailes luisantes. Les capot luminescent. La plaque d’immatriculation remplie de 4. Depuis qu’il avait agressivement hérité de cette voiture, Zev en avait pris bien soin. En entrant dans le parking souterrain, sa fille croirait entendre un chœur angélique et voir un projecteur éclairer le véhicule qui était bien plus vieux qu’elle.

Zev pose la pochette sur la banquette arrière. Il se gratte l’intérieur des dents en se regardant dans le rétroviseur en attendant que Tempo s’installe. Une feuille de persil provenant de son dernier couscous. Son autre main appuie sur un bouton de son porte-clé. La porte du garage commun de la résidence s’ouvre tandis qu’il installe la clé dans la voiture. Tempo était dans le véhicule. Il l’avait vérifié. Posant une paire de lunettes de soleil par dessus ses lunettes de vue, l’électricité traversant le véhicule allume la radio et laisse la musique coupée à la fin de la dernière sortie résonner à nouveau dans le souterrain. Son coude se pose sur la portière alors que l’autre se place sur le volant, son sourire satisfait devenant carnassier alors que sa tête accompagne de hochements le rythme de la musique. Niais, il se tourne vers Tempo.


”Let’s gong, hein ?”

La sortie était simple : le tunnel hors du garage permettait de passer d’une temporalité à une autre par un système de relais. Les lumières qui accompagnaient ces voyages étaient splendides. Du haut de leurs coussins, Zev et Tempo pouvaient voir des millénaires de passés, de présents et de futurs se mélanger simultanément. Ainsi commençait une nouvelle aventure.
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