Boule de Cristal, dis-moi qui est ce Dragon chez moi.

“Voici donc le fameux palais.”

A plusieurs centaines de mètres d'altitude, une figure humanoïde regardait les bras croisés la relativement impressionnante bâtisse.
D’après les informations qu’il avait pu recueillir, la sorcière qui vivait à l’intérieur de cet endroit pouvait pour une forte somme répondre à n’importe quelle question que lui posait les visiteurs. Une enquête plus approfondie par l’un de ses serviteurs confirma l’information, ce n’était pas de la poudre de perlimpinpin comme dirait certains mais bel et bien un fait.
Elle disposait véritablement de cette capacité.
Cependant son serviteur n’avait pas pu en apprendre bien plus que cela car cette information fut tout ce qu’il fallait au Sénéchal.

Il gérera le reste comme il l’entendra.


Se posant délicatement devant l’entré, le Dieu-Dragon qui revêtait sa forme “humaine” entra alors sans hésitation dans la bâtisse, arrivant dans l'accueil, désormais il n’avait plus qu’à attendre que quelqu’un vienne se quérir de la raison de sa présence.
Il aurait put se faire remarquer en prenant sa véritable forme mais, bien que cela aurait été fun, il ne voulait pas non plus s’antagoniser d’une source d’information potentiellement précieuse. Et puis, il pourra toujours imposer sa présence plus tard si nécessaire.

Au beau milieu du désert se tenait un imprédictible point d’eau, une vaste étendue dont les formes artificielles étaient celles d’un carré d’environ 3 kilomètres d’envergure. On ne trouvait rien de particulier autour du lac, les arbres ne poussaient pas et le calme commun au reste de cette région aride s’affirmait sans peine. Mais cette anomalie n’était pas sans intérêt pour autant : comme l’avait remarqué les serviteurs du Sénéchal, un modeste palais se dressait aux bords des vagues. Une structure simpliste composée de deux plateformes, une en mer et une sur terre, les deux reliées par un pont. La première connectait la seconde au reste du monde, proposant un bâtiment d’accueil dans lequel l’être draconique s’était naturellement dirigé.

Fort heureusement, le monstre qui fut colossal avait choisi la discrétion en revêtant une forme d’avantage commune qui lui permettait d’entrer dans des bâtiments terriens. Il était néanmoins important de noter que le seigneur d’un autre monde restait en possession d’ailes gigantesques et d’une apparence bestiale qui ne laissait d’aucun indifférent.

Quoi qu’il en soit, il pénétra dans une bâtisse de briques brunes en dôme, à l’intérieure de cette dernière séjournait deux gardes squelettiques. Ce duo de sac d’os surveillait l’entrée, quand ils virent le Sénéchal s’approcher, ils s’écartèrent pour lui ouvrir le passage, visiblement, Baba l’attendait. Mais était vraiment étonnant ? Si elle pouvait tout savoir, elle devait également avoir conscience de son propre destin, la menant à compléter son agenda de rencontre plusieurs années à l’avance.


L’invité antique eut l’honneur de traverser le connecteur entre les deux parties du palais, parvenant ainsi à une pièce arrondie sans décoration au cœur de laquelle reposait une petite table, derrière elle Baba. La salle était mal éclairée par quelques fenêtres rectilignes ne laissant entrer qu’une bribe de lumière, l’endroit était sombre, assez pour que la sorcière ait placé quelques torches entre elle et la porte d’entrée.  

« Bienvenue… Dieu ancien. Ce n’est pas tous les jours que j’ai la visite de quelqu’un de plus vieux que moi. »

Déclara la vieille femme en poussa un petit rire. Elle était âgée pour une terrienne et disposait entre de beaux jours devant elle, pourtant, elle ne faisait clairement pas le poids devant les millions d’années d’existence du Sénéchal. Mais ils n’étaient pas là pour jouer la mélancolie de l’aube de l’humanité, le voyageur de rang supérieur désirait en savoir plus sur le monde qui l’entourait.

« Si tu es arrivé jusqu’ici, tu dois savoir que mes services sont payants. »

Elle zieuta de haut en bas le corps en armure juste au corps de son invité de marque.

« Heu… Tu n’as pas apporté d’argent ? Enfin, tu n’as pas l’air d’avoir de sac… »

Oui, aucune sacoche, zéro serviteur, nada, que dalle… ! Il ne venait pas avec l’intention d’obtenir ce qu’il voulait gratuitement quand même ?! La magicienne allait se montrer claire à ce sujet.

« C’est 100 zenies. Je ne me nourris pas d’amour et d’eau fraîche. »

Elle craignait que ce dragon soit un voleur, qu’il vienne la menacer pour obtenir des réponses sans lâcher un sou. En conséquence, et bien que ça semblait ridicule, les deux gardes squelettes se manifestèrent, l’un d’eux tenait une paire de fusils mitrailleurs MG34, des reliques de la deuxième guerre mondiale.

Oui, en effet le manque d’argent se révélait être un problème comme s’en doutait le Sénéchal. Cependant il gardait un petit espoir de négocier l’accès à l’information d’une autre manière, il doutait que le seul moyen d’utiliser les dons de la Sorcière ne se faisait que grâce à des moyens financiers, en fait il lui semblait même avoir clairement distinguer en arrivant un cercle un peu plus profondément dans l’architecture du palais qui ne pouvait faire penser qu’à une arène. Il resta de marbre devant le spectacle qui s’offrait à lui, les deux squelettes qui désormais ne le lâchait plus de leurs orbites, l’un portant deux armes à projectile qui tranchait net avec tous les préjugé que l'on donnaient aux gardes squelettes.

“Mes salutations Madame, je suis le Sénéchal. Hélas mes moyens financiers sont pour l’instant inexistants. Une solution est en ce moment même trouvée pour y remédier par les miens. Je vous présente mes sincères excuses pour ce désagrément Madame.”

Commença à répondre l’individu qui se dressait devant Baba une certaine noblesse dans son ton.
Observant du coin de l’oeil les deux squelettes, il ne put alors réprimer un sourire amusé.
“S’il vous plaît, pensez-vous réellement que ces deux êtres qui n’ont même plus la peau sur les os pourraient me poser le moindre danger? Vous n’avez rien à craindre de ma personne.”
Dit-il sur un ton plus rassurant, mais qui ne pouvait cacher son amusement. Reprenant alors d’une voix plus sérieuse, il continua.
“Ayant connaissance de ma stature, peut-être que vous pourrez voir grâce votre fameux don de Divination la raison de ma venue. Une raison particulièrement sérieuse pour votre monde sur le très long terme. Cependant, un service demande paiement. Et s’il n’y a point d’autres options, je reviendrais à une date ultérieure munie de l’argent que vous convoitez. Cependant, je peux à l’heure présente vous proposer mes services et ma puissance en guise de paiement. ”

Ses yeux semblaient luire plus fortement une fraction de seconde, une fraction qui correspondait au mot “puissance”, trahissant sa fierté et sa confiance envers celle-ci.

L’atmosphère tamisée de l’antre de la sorcière ne semblait pas peser sur la détermination du Sénéchal à obtenir les informations qu’il convoitait tant. Il avait soif de reconnaissance et de justice et sa témérité l’avait poussé à faire appel aux forces occultes. Mais malheureusement, ce dernier ne semblait pas avoir les moyens d’y parvenir : Il était fauché, pauvre, un dragon sans la moindre écaille à vendre. Craignant par la présente d’être victime d’une prise d’otage, la vieille femme fit appel à ses deux serviteurs, chose qui ne fit pas tressaillir le monarque ailé. Le duo de squelettes faisait effectivement pâle figure face au Sénéchal, une approche agressive n’était certainement pas la meilleure.


« Tu n’as pas d’argent ? Mais tu as l’air riche ! Rohhh… »

Elle était déçue, elle n’allait clairement pas offrir ses serviteurs au premier venu, elle lui avait d’ailleurs déjà bien fait comprendre. Fort heureusement, le concerné laissa entendre que s’il n’était pas disposé à payer sur le court terme, il était en mesure d’accomplir une tâche en échange de l’information qu’il convoitait. Voilà ce qui pouvait arranger les affaires de la sorcière locale : elle avait effectivement besoin d’aide, du moins, un de ses amis.


« Tu serais disposé à rendre un service ? Hé bien j’ai justement besoin d’aide. Un de mes proches et retenu prisonnier au nord d’ici, dans les montagnes du Caucase près d’une vieille forteresse. Il s’est fait enlevé par des bandits qui sévissent dans la zone depuis l’explosion des bombes. »


Voilà qui était clair, il devait voyager environ 500km vers l’horizon, là où se dressait quelques pics qui laissaient entrevoir un fin manteau de neige.


« Tu dois le ramener en vie ! Je tiens beaucoup à lui ! »


Prévint en addition la vieille femme, elle était visiblement très attachée à cet inconnu qu’elle s’évertuait à ne pas décrire.


Pendant ce temps, aux abords de WulhutTown…




« KIIIIIIIEEEEEEEEE ! »


« WOOOOOUUUHHHHH OUUUUHHHHHHH ! »


« C’est parti mon kiki ! »


Une horde d’environ 15 colosses à la coupe iroquoise se ruait vers un modeste village situé à quelques kilomètres du flanc de montagne. L’ensemble de ces personnages peu recommandables étaient habillés d’un simple short auquel pouvait accessoirement se coupler une ou deux épaulières. Ce troupeau sauvage semblait avoir fait main basse sur le bourg, assujettissant les locaux à la loi du plus fort. Ces brutes n’étaient clairement pas les gardiennes de l’otage tant convoité par Baba, cependant, elles menaçaient la survie d’une dizaine d’innocents, femmes et enfants.


Les forbans venaient d’aligner les plus belles et jeunes femmes, s’organisant la répartition du butin entre eux. D’évidentes et bruyantes disputes survirent pour se départager les plus belles pièces, à bon entendeur.


« Non ! Elle est pour moi ! »

« Tu rigoles ? tu pues de la gueule ! »

Evidement, il ne s’agissait d’humains normaux mais de véritables armoires à glace d’au moins deux mètres de haut, sans sourcils, et visiblement aussi bêtes qu’hideux.

Soudain, le seul homme habitant le village se redressa brusquement, incapable d’assister passivement à une telle immondice. Le jeune paysan qu’il était refusait de voir sa mère brutalisée par des animaux sauvages dans leur genre. Il tenta d’envoyer son plus vaillant crochet contre le pectoral gauche d’une des brutes, ne causant littéralement aucun dommage à cette dernière. Le concerné se retourna vers le malheureux, visiblement autant surpris qu’énervé, ses yeux étaient injectés de sang et sa musculature était tant colossale qu’elle semblait se mouvoir, parée à combattre. Le brigand toisa avec mépris le résistant, les choses risquaient de mal tourner.



Le garçon regrettait déjà son acte, titubant maladroitement en arrière, manquant de tomber à la renverse tant son courage se faisait fébrile en compagnon d’un pareil personnage. Nul doute que les jours de cet inconscient étaient comptés s’il ne recevait pas rapidement de l’aide.


S’il le souhaitait, le Sénéchal pouvait perdre du temps pour sauver le village. S’il préférait se soustraite à ce devoir moral, il pouvait reprendre la route du fort, ce dernier commençait à se distinguer des roches lointaines et se situait à environ une heure à vol d’oiseau.

Une tâche à accomplir, elle en avait bien une. Et non des moindres, secourir un otage retenu par d’autres. Voilà qui intérieurement se fit s’esclaffer le Dragon une fois de plus, généralement on venait secourir des otages qu’il tenait en joue. Un coup classique qui permettait aisément de jauger tant de la moralité du Héro ainsi que sa détermination, rare avait été les fois où cela s’était mal terminé pour le ou les otages.

“Cela sera fait.” Répondit-il simplement en se retirant en marchant à reculon, ses ailes se déployant dans toutes leurs splendeurs tandis qu’il quittait le bâtiment. Ses ailes se levèrent vers le ciel, puis s’abattirent sur le sol, propulsant dans les cieux le Dieu qui fut alors entouré de lumière et revêtit sa forme originelle.
Désormais un Dragon Noir d’une longueur d’environs 20 mètres et un corps tout aussi grand proportionnellement à cette longueur se dressait dans les cieux fasse au palais, et aussitôt commença à prendre de la vitesse en direction de son objectif. Il ne lui fallut que quelques instants pour atteindre un quasi-Mach 1. Déjà la Montagne se rapprochait petit à petit.


Mais il y avait un souci, son estomac se mit à gargouiller quelques instants. Si pour un être humain la faim pouvait être tolérée assez facilement sauf s’il devenait affamé. Pour un Dragon le simple fait d’être à ressentir le besoin infime de manger prenait le pas sur le reste. Le métabolisme était tel qu’un Dragon qui mangeait restait au sommet de ses capacités pour de longue durée, comme un réservoir qui affichait une capacité de remplissage qui était au maximum pendant un long moment malgré une utilisation continue avant de subitement perdre en remplissage à vitesse grand V.
S’il voyait un animal sur son trajet, les chances pour que ce dernier ne termine son bout de vie dans son estomac était très forte.


Près de 25 minutes plus tard, le Dragon était arrivé devant la Montagne et ses yeux se portent sur le flanc de celle-ci. Déjà il commençait à humer l’air pour recueillir différentes informations, une présence humaine qui venait de sa gauche avec en prime une odeur de sang qui ne manqua pas d’activer ses papilles gustatives. Et il sentait également quelque chose venant de la Montagne, quelques minutes de recherche lui permettra de trouver la source plus précisément. Seulement voilà, il avait faim et cette odeur de sang le rendait curieux. Dans le meilleur des cas, il pourra trouver là-bas quelques bêtes sauvages à dévorer, sinon du bétail -il avait arrêté de manger de l’humain depuis un bon millier d’années, le goût n’était pas si fameux que cela, et en prime il avait constamment meilleur comme viande chez lui.

Redescendant d’une centaine de mètres d’altitude, ses yeux draconiques trouvèrent relativement facilement la source de cette odeur de sang et il constata avec un certain plaisir la scène relativement familière qui se déroulait sous ses yeux.
“Une bonne vieille scène de pillage, et avec viol prochain à la clé.”
Un petit classique que ses propres troupes avaient régulièrement fait quand c’était à son tour de passer à l’offensive. Bien entendu ses troupes étaient composés en majeure partie de non humains, troll, goblins, loup-garous et d’autres créatures. Mais une petite partie était tout de même composée des humains de la pire engeance qui ne manquait pas de l’impressionner de part leurs cruautés. Comme une contre-balance au fait que la plupart des Héros qui se dressait face à lui étaient également des humains.
Oh bien sûr il avait été un Héro en son temps, servant sous sa Déesse Blanche. Mais un Dragon obtenant ce rôle était plus l’exception que la règle.
Piquant alors vers le village, il avait déjà pris sa décision, ou plutôt son estomac avait fait le choix.

La brute qui faisait face au jeune garçon s’apprêtait à commettre l'irréparable d’ici quelques instants. Mais...

La Terre trembla tandis qu’une projection de terre le toucha par l’arrière ainsi qu’une impressionnante bourrasque de vent. Plusieurs hurlements de terreur résonnaient, principalement de la part des villageois.
Il pouvait également apercevoir l’ombre d’une immense créature projetée par le soleil qui s’était trouvé dans son dos -pratique pour un effet dramatique-.
Il aura tout juste le temps de se retourner, avant que sa dernière vision ne fut celle d’une mâchoire se refermant sur lui et la sensation d’un écrasement qui fut d’une douleur sans égal pour les quelques secondes que cela lui prit pour mourir.



Le Sénéchal avait rapidement identifié tous les bandits et si d’ordinaire il aurait joué le rôle du Dragon destructeur de village grâce à son souffle ardent, ici il était simplement pour un fast-food.
Il n’avait même pas fini d’avaler le premier bandit que déjà ses yeux se tournaient vers le bandit suivant le plus proche de lui. Ignorant complètement le jeune garçon qu’il venait par hasard de sauver. De toute manière, même s’il avait été sans distinction parmi ses proies potentielles, le jeune freluquet était bien trop maigre pour représenter un repas correct. Les bandits avaient en revanche du muscle et de la graisse à donner à foison.
A table!

« UHHHHAAAAAAAA ! »

La brute venait d’être intégralement dévorée par le Sénéchal, un spectacle aussi morbide que soudain qui choqua autant les agresseurs que les agressés. Il fallait dire qu’aucun d’entre eux n’avait jamais eu la chance de rencontrer un dragon, mais savoir que ces êtres éthérés ne descendaient sur Terre que pour trouver un repas était une réalité décevante. Mais l’heure n’était pas à la philosophie, un tel monstre ne pouvait pas être combattu par une simple horde de brigands, quand bien même ils étaient eux-mêmes géants. Face au décès ridicule de leur camarade, les quelques mauvais-bougres qui n’étaient pas déjà partis sonnèrent la retraite en pagaille.

« Cassons-nous ! »

« Sauve qui peu ! »

« Serait-ce Alduin ? Le dévoreur de monde ? L’ombre libérée ? »

En quelques secondes, l’ensemble des envahisseurs avait disparu, ils s’étaient rués vers plusieurs véhicules semblables à des jeeps aux abords du village. Les quelques habitants ne se sentaient pas sauvés pour autant, ils criaient à tue-tête, les femmes s’abritant maladroitement au sein de cabanes de fortunes. Il va de soit que si le Sénéchal souhait poursuivre son repas, il n’aurait aucune résistance.

Plus tard, lorsque la créature mythologique aura repris la route vers le fort, elle pourra constater que ce dernier était plus simplement une sorte de tour de brique d’environ quarante mètres de haut pour une vingtaine de large. Une grande construction dépourvue de fenêtres ou quelconques autres décorations. Quand aux alentours, on pouvait distinguer une muraille de fortune ceinturant le périmètre de cette base bandit. Au sein de la cour de se trouvait de nombreuses âmes, toutes plus mauvaises les unes que les autres. A l’aide de sa vision supérieure, l’être très ancien pourrait remarquer que cette quarantaine de personnage était rassemblés en cercle, au centre combattait deux volontaires mieux bâtis que les autres. Au-delà de ce groupe pouvait se remarquer une dizaine de gardes surveillant l’horizon à plusieurs endroits autour de la tour, mais ils étaient indéniablement incompétents pour ne pas avoir déjà vu Sénéchal.

Mais quand me reptile survola les environs du fort, les quelques surveillant vinrent enfin sonner l’alarme à l’aide d’un réseau de cloches toutes reliés par une corde, ce sur toute la muraille.

« Il y a quelque chose là-haut ! »

Hurla l’un des brigands, son étonnement fut rapidement suivi de celui de ses congénères.

« Aux armes ! Un dragonoïde ! »

« Aux baves ! »

Aussitôt qu’il serait posé, le dragon serait attaqué dans toutes les directions par des bandits galvanisés par le nombre. Il était bon de rappeler qu’il ne s’agissait pas de simples humains mais de véritables surhommes dignes, tous, des plus grands catcheurs de notre monde.

Pendant la bataille, deux ou trois pillards de la forteresse amenèrent un authentique canon de 75mm, le genre d’arme utilisée pour détruire des chars de combat. Le modèle utilisé par le groupuscule était vétuste, mais sa puissance de feu restait inchangée.



Aussitôt, l’arme de siège tira un obus HE explosif à haute vélocité en direction du Sénéchal.

Ils s’étaient très vite enfuis. Bien plus vite que le Dragon ne l’aurait cru et aujourd’hui était leurs jours de chance.
Le Sénéchal ne les poursuivra pas et pour une raison toute simple, le bandit qu’il avait précédemment dévoré avait un goût absolument atroce à tel point qu’il faillit avoir un haut le cœur. Voilà une autre raison pour laquelle il avait arrêté de manger de l’humain depuis un grand nombre d’années, il était rare de tomber sur un qui valait véritablement le coût. Mais une réalité était que plus l'individu consommé était maléfique, plus dégueulasse il était, les rares exceptions étant ceux qui étrangement portaient des titres de noblesse et s'élevaient bien au-delà du banditisme commun..
Donnant un coup d’aile pour s’envoler, le Dragon retourna vers son objectif principal tout en essayant de se décoincer quelques bouts coincés entre ses dents... Avant de finalement simplement lâcher un petit jet de flamme pour calciner les restes et les dégager grâce à son souffle, plus pratique qu’un cure-dent et efficace pour s’occuper des restes de chevaliers.
Sa faim avait disparu pour l’instant, mais elle ne tardera pas à réapparaître, il pouvait le sentir...

Suivant de nouveau son odorat, il tomba finalement sur son objectif. Un fort de brique de taille relativement petite mais dépourvue de moyen d’entrer convenablement. Il fallut plusieurs long instant avant que sa présence -qu’il n’avait pourtant pas chercher à cacher- et ce fut finalement l’alarme qui fut donné.
Quand il faut y aller, il faut y aller.
Se plaçant au centre du fort toujours en hauteur, le Dragon se mit à luire et sa taille sembla se réduire.
Et réduire sa taille était bien ce qu’il avait fait. Désormais seulement long de 10 mètres de longueur, il serait bien plus facile pour lui et c’est avec une certaine lourdeur intimidante que le Dragon se posa en plein centre de la cour.
Aussitôt chaque bandit fonçait sur lui, tous pensaient avoir l’avantage et la majorité des bandits fut rapidement à portée.

Le Sénéchal complimenta en son for intérieur la bravoure -ou inconscience totale, c’était au choix- de ces bandits qui ne s’étaient pas fait dessus en le voyant avant de simplement utiliser sa queue comme arme. Faisant un 360° sur lui-même, sa queue ne manquait pas de venir frapper à très forte vélocité tous les bandits qui s’étaient bien trop rapproché et inutile de préciser que le corps humain n’était pas conçu pour résister à de tels chocs.
Ceux qui n’étaient pas mort sur le coup étaient désormais propulsés au loin, gisant dans leur corps brisé et très certainement souffrant de multiples fractures.
Les quelques uns restaient verraient leurs armes avoir une certaine difficulté à ne serait-ce qu’entamer l’armure d’écaille du Dragon.

La seule chose qui fit un quelconque effet fut le tir du canon de 75mm qui le toucha en plein visage. La force du choc du projectile sur son corps le fit visiblement vaciller... Mais sa peau restait en bon état. Les artilleurs venaient simplement de gagner un ticket pour une fin assez typique de ceux qui s'opposent à un dragon.
Prenant une inspiration, le Dragon cracha une gerbe de flamme qui vint frapper la portion de la cour où se trouvait le canon et ce qui s’était trouvé là ne fut qu’un tas de cendres et de métal fondu.

Quelques secondes plus tard, les quelques derniers survivants étaient soient morts, soit trop blessés pour bouger.
Seul quatre chanceux avait été indemne et désormais était littéralement tête à tête devant le Dragon qui se mit à leurs parler.
“Vous avez un otage ici, donnez-le moi, et je vous laisserais en vie. Cela me semble être un bon échange non?”

Malgré sa taille volontairement réduite, le Senéchal était parvenu à se défaire du groupe de brutes dont les survivants se comptaient sur les doigts d’une main. Le canon d’assaut avait été rôti, tout comme ses utilisateurs, les bandits étaient désemparés et pouvaient difficilement s’opposer à la volonté du dragon carnassier. Le plus courageux des rescapés prit alors la parole, cherchant à comprendre d’où sortait ce mystérieux monstre ailé.

« Attend, malheureux ! Notre prisonnier n’est autre que le légendaire KENSHIRO ! L’héritier du nento de vison ! C’est le Seigneur Raoul en personne qui a ordonné sa capture ! »

Il était fort probable que le dieu très ancien ne soit pas réceptif à l’évocation du nom de ce tyran de Raoh.

« Mais c’est comme tu veux ! Tu seras responsable de ton cas quand il viendra te cherc… ?! »

Aussitôt, une grande détonation se fit entendre. A la surprise générale, la tour venait d’exploser à sa base pour s’écrouler brusquement sur la cour, tuant l’un des quatre survivants sur le coup. Les gravats et la fumée révélèrent alors un être gigantesque à l’allure bouffie mais solide. Ce mauvais bougre mesurait au moins 10 mètres de haut et pesait certainement 4 ou 5 tonnes. Ce géant partageait certaines similitudes avec les brigands que le Sénéchal avait rencontré précédemment : Pas de sourcils, des bretelles à piques comme seul haut de tenue et un regard mauvais qui laissait transparaitre sa malice.




Braillat-il de sa voix grave en dévisageant la bête mythologique, il n'avait pas froid aux yeux. Les quelques gardes faisaient pâle figure à coté de ce colosse gigantesque.

Serait-ce lui ce fameux “Raoul” que l’un des gredins avait mentionné? Non, sans doute pas. Il avait plus les traits d’une brute servant de lieutenant que d’un leader. Sa taille était impressionnante pour une humain, d’ailleurs l’était-il seulement? Mais le Sénéchal ne se faisait guère d’illusion sur le vainqueur de ce combat qui s’annonçait.


“Humpf, je n’ai pas l’habitude de défier quelqu’un qui tiendrait plus du buffet à volonté que du combattant mais soit, je ferais honneur à ton courage potentiel, et ton inconscience certaine. Si je te bat, les tient libérerons le prisonnier que vous gardez ici.”
Le Dragon semblait lever un sourcil, visiblement amusé par ce géant qui pensait pouvoir imposer sa présence.
“Viens donc, mortel! Montre moi ce que vaut la force des Humains sur cette planète!”

Ses ailes se déployèrent tandis que son corps se pencha vers l’avant, le Dragon était clairement en position de combat, attendant désormais que son adversaire fasse le premier pas.

Le gigantesque baroudeur agrandissait son sourire au fil des paroles du Sénéchal, tirant la graisse de son visage de manière à le rendre d’autant plus terrifiant. Si l’être draconique était incontestablement un monstre, il n’en demeurait pas moins la créature la mieux instruite des environs. Car s’il était intelligent, le sumo titanesque aurait compris que se mesurer à un adversaire volant était une stupide erreur et ce serait simplement retiré. Malheureusement, l’égo dont semblait faire preuve ce même colosse l’empêchait de se retirer du potentiel conflit, voyant en cette bête le dernier obstacle à sa sortie de geôle.

Le guerrier embonpoint s’avançant lentement vers son futur adversaire, chacun de ses pas faisant trembler le sol et certains des brigands qui s’étaient réfugiés derrière lui vinrent tenter de le retenir.

« Hey ! Reviens ici, Kenshiro ! »

Hurla l’un des trois bandits, assez fou pour s’agripper aux jambes du colosse dans l’espoir de l’immobiliser dans sa tentative d’évasion. Evidement, l’acte était aussi ridicule qu’inutile, le garde était trainé au sol, les deux bras enlaçant l’un des pieds malodorants du titan. Dérangé par se moustique, le combattant gigantesque s’abaissa pour ramasser de ses mains jointes l’idiot qui tentait de le retenir. Les mains de « Kenshiro » étaient si grandes qu’elles permettaient d’y contenir un adulte d’1m80 au garrot ; c’est avec cette bonne poigne qu’il commença à compresser sa prise.

« Avorton !  Je ne serais pas votre prisonnier plus longtemps ! »

Le punk capturé entre les paluches colossales du géant se mit à hurler de douleur face à la pression croissante, et ce jusqu’à exploser, littéralement, boom boom. Les deux autres brigands, restés à distance raisonnable du sumo, se mirent à pleurer la mort de leur associé.

« Non ! Il a assommé Marcel ! »

« Il a cassé sa montre ! »

S’exclamèrent-ils en cœur en contemplant la flaque de sang qu’était devenu leur ami. Quoi qu’il en soit, ils étaient suffisamment abattus pour abandonner toute tentative de s’opposer à quiconque et prirent rapidement leurs distances.

Content de ne plus être dérangé, le gros plein de soupe repris sa marche, recevant en cours de route la réponse de son adversaire, c’était plus une provocation qu’une affirmative. La cible de ces insultes était arrogante et susceptible, il s’énerva presque immédiatement.



Il semblerait que par son nom quelque peu ressemblant, il ait été confondu avec le véritable héritier du couteau de cuisine.

« Prépare-toi !! »

Braillât-il en se jetant vers l’animal mythique, tentant illico de saisir le cou du dragon pour le compresser dans un « bear hug ». A l’aide de sa force surnaturelle, le géant tenta, tout en étranglant son adversaire, de le maintenir au sol, il voulait éviter que le Sénéchal s’envole et n’attaque qu’a distance.

Ensuite il profita de sa grande taille pour grimper sur l’être pseudo divin, afin d’avoir une place de choix pour lui fracasser l’arrière du crâne. Comme s’il le chevauchait, Nightmare Kenshiro multiplia les efforts pour se maintenir sur le dos de son rival tout en causant le plus de dommages possibles. Il fallait dire que le colosse n’avait pas l’habitude d’affronter des dragons, il manquait donc d’idées et il avait du mal à imaginer comment il pouvait transpercer l’armure d’écailles de la créature. En attendant d’avoir un plan, il se concentrait sur des frappes contendantes avec comme ultime objectif d’assommer le Sénéchal.

« Finalement, je vais plutôt faire de toi ma monture ! BWAHAHAHAHAH ! »

“Tss, ridicule.” Ne peut-il s’empêcher en sentant l’étreinte autour de son coup. Une attaque si minable n’était pas digne de l’inquiéter... En temps normal. Sa force présente était limitée, en accord avec la permission donnée par les dirigeants suprême de cette dimension il ne pourrait jamais faire usage de sa pleine puissance qui le mettrait aisément de sommet de la chaîne alimentaire. Non, il devra passer des caps fixés par les Dirigeants et ne pourra pas aller plus haut. Bah cela ajoutait du challenge.

Poussant sur ses pattes avant, le Dragon avec le géant désormais sur lui se propulsèrent vers l’arrière... Et Kenshiro se retrouva au sol sur le dos, désarçonné. Le Sénéchal quant à lui eut soudain un déclic.
"Une minute”

... Il s’était décrit comme prisonnier d’ici? Est-ce qu’à tout hasard.
“Ne seriez-vous point à tout hasard une connaissance de la sorcière Baba?” Demanda t-il tout en se levant et prenant quelques pas de recul.

Malgré la supériorité physique certaine du Sénéchal, Nightmare Kenshiro ne lâchait rien et tenta tant bien que mal de maintenir sa prise. Malhreusement, ses efforts ne furent pas suffisants et il termina sa course dans la boue. Ce n’était pas la fin pour autant, le géant disposait d’une résistance phénoménale qui lui assurait un long combat qu’il espérait être une guerre d’attrition. Roulant au sol suite à son échec, il se redressa prestement, adressant un regard noir à son rival draconique, prêt à poursuivre.

Mais c’est alors que l’être ailé l’interrogea sur une potentielle connaissance commune : Baba la Sorcière. Le colosse, qui canalisait son élan pour charger de nouveau, s’immobilisa en pleine préparation, visiblement éberlué par cette soudaine évocation. Le titan était profondément surpris, bouleversé et sa face de sumo le retranscrivait à la perfection.

« Maman ? »

Tout hâte combattive venait de s’évaporer et le gigantesque guerrier baissa les poings.



Il adressa une bien basse considération au Sénéchal qu’il n’appréciait pas pour autant. « Kenshiro » aurait préféré se sauver seul mais il avait fallu que les bandits qui le retenait prisonnier aient compris son point faible. Quel était ce talon d’Achille ? Mystère, ce golgot semblait invincible.

« Bon, bah on va rentrer… »

Il se mit en route, certainement accompagné par le mercenaire engagé pour le secourir. Il descendit la bute permettant l’accès au fort maintenant réduit en ruine et observa l’horizon lointain, le palais de Baba se trouvait à environ 500 kilomètres. Cette distance impressionnante demandait plusieurs jours de marche pour être couverte, même en prenant en compte la taille grotesque du géant. Pour ce qui était du vol draconique, le poids excessif du protégé de la sorcière était tel que le Sénéchal ne pourrait pas le porter sur un tel trajet.  

« Je vais pas marcher pendant 1000 ans ! »


Nightmare Kenshiro fulminait, jamais il ne s’impatienterait à ramper dans les dunes ! Il observait les alentours du fort, remarquant un camion doté d’une remarque capable de le transporter, malheureusement, il manquait un pilote. A cause de sa taille ridicule, il ne pouvait pas lui-même conduire. Peut-être qu’un humain en était capable ?


Et même s’il y avait un volontaire pour le transporter, il allait falloir traverser le désert pendant deux ou trois heures. Un voyage au cours duquel pouvait s’inviter quelques bandits supplémentaires, du moins, s’il existait des pillards assez fous pour combattre un géant et un dragon.

Si Kenshiro n’avait jamais vu un dragon bouche bé, il pouvait désormais en voir un.
La gueule grande ouverte, les yeux sans pupilles et complètement blanc.
Se secouant rapidement la tête, la créature légendaire se reprit.

Il était passé à deux doigts de potentiellement tuer la personne qu’il était censé ramener à la Sorcière.
“... Les autres vont se foutre de moi pendant au moins trois cycles s’ils l’apprennent.” Ne peut-il s'empêcher de murmurer. Une erreur de débutant, voilà ce qu’il avait fait. Puis son esprit divagua sur une autre question... Baba avait mit au monde ce géant absolu?!
L’image mentale failli poindre dans son imagination, mais le Sénéchal dans sa grande sagesse détruisit l’idée avant même qu’elle ne puisse se formuler. Certaines choses étaient destinées à demeurer dans l’inconnu pour l’éternité.

Suivant sans véritable mot à prononcer le géant. Le Dragon se contenta de simplement de manière assez mal à l’aise prendre forme humaine pour conduire le camion.
Un dragon qui sait conduire un camion?! Oui, le Sénéchal bien que n’ayant pas officiellement son permis dans cet univers savait bien conduire les véhicules de ce genre. Après tout, le domaine de certains de ces confrères et consœurs Dieux et Déesses était bien plus avancé technologiquement. Le sien était cependant un qui restait cloitré dans une époque semi-médiévale avec peut-être un peu de technologie usant de la vapeur, mais principalement de la magie. Il n’avait pas spécialement bloquer la progression technologique, mais il s’avérait qu’à chaque fois que la civilisation commençait à progresser, des conflits éclataient et l’usage de la magie faisait que rien au niveau de la science ne progresse réellement, voire disparaissait, la magie de très haut niveau pouvait être aussi dangereuse et efficace qu’une bombe H, voir plus. Une fois la moitié de la planète avait été soufflée dans une explosion cataclysmique et il fallut une gigantesque énergie de magie pour contrecarrer cette explosion et limiter ses effets. Ce jour-là, le Sénéchal avait sérieusement eu chaud d’ailleurs..

Conduisant depuis désormais près d’une heure, le Dragon prit le risque de commencer une discussion discussion.
“Alors... Comme ça votre Mère est la Sorcière Baba hein?”
Transporter ce géant qu'il avait faillit tuer l'avais quelque peu chambouler. Lui qui était avant tout un Animal noble et avec un sens de l'honneur et une expérience qui se comptait sur une échelle du temps incalculable, il n'était tout simplement pas encore bien préparer à ce genre de retournement de situation inattendu. L'un des rares moment ou l'on pouvait apercevoir le Sénéchal ne pas être en pleine maîtrise de la situation... Et certainement pas l'une des dernières fois qu'on le verra comme cela.

C’était totalement incroyable, plutôt que de chercher un moyen de transport alternatif, le Sénéchal avait opté pour une reconversion dans le secteur routier. Il était assez surprenant de voir un prétendu dieu antique revêtir une forme humaine pour, de surcroit, conduire un camion à travers le désert. Il fallait voir le bon côté des choses : Il ne craignait pas le ridicule, une qualité que bon nombre d’êtres supérieurs ne pouvaient pas se vanter d’avoir. Quoi qu’il en soit, Nightmare Kenshiro était rassuré de savoir qu’il n’allait pas devoir marcher pendant deux jours sous un soleil de plomb. Il s’allongea maladroitement sur la remonte qui couinait à chacun de ses mouvements, elle était solide et vaste, mais le bougre pesait toujours plusieurs tonnes. Fort heureusement, l’attelage tint bon et les deux monstres étaient partis pour un road trip Américain au cœur des zones les plus désolées de la Terre. Une balade qui s’assumait lente… Le truck disposait d’une vitesse de pointe d’environ 40 km/h en raison de son importante charge, sans compter la très mauvaise qualité du terrain qui rendait la route impraticable.

Malgré tout, le secouriste mercenaire se maintenait dans la dragée haute des pilotes de l’extrême en évitant les obstacles et les pièges sur le chemin. Après seulement quelques minutes de trajet, le Sénéchal se montra curieux en interrogeant son allié de circonstance quant à ses origines. L’être draconique avait parfaitement le droit de croire que ce colosse maléfique n’avait pas le moindre brin d’ADN en commun avec Baba la voyante.
Cette question poussa le combattant à se taire quelques secondes, il cherchait ses mots tout en observant l’horizon, l’air songeur.

« Oui, je la considère comme ma mère… »

Il prit une grande respiration, sa rencontre avec la sorcière l’avait grandement changé, il avait découvert des sentiments d’attachement qu’il n’avait jamais eu pour quiconque d’autre. Il n’appréciait pas l’idée d’en dire trop, mais il devait bien ce service au Sénéchal qui était venu à son secours.

« Je proviens d’une lointaine planète sur laquelle… J’ai fait beaucoup de bêtises. »

La tournure de la phrase sous-entendait qu’il avait commis de graves crimes dont le routier n’allait pas obtenir les secrets.

« Je me suis alors exilé sur Terre ou je vis depuis lors. Je suis resté un brigand, un paria. Puis un jour… »

Il y a 4 ans…


« A mort ! »

« C’est vous le plus fort, maître ! »

« Baston ! Baston ! »

Nightmare Kenshiro se dressait fièrement au cœur d’une arène circulaire aménagée de débris, sur des gradins de fortune se départageaient ceux qui le soutenaient lui, ou son adversaire. Ce petit champ de bataille improvisé de bric et de brac s’était imposé au centre des ruines d’un village montagneux du nom de « WulhutTown ». Cette citée était l’épicentre de ce nouvel univers apocalyptique.

Face à lui se dressait un rival d’une taille presque normale, n’excédant pas le mètre quatre-vingts, une différence flagrante de gabarit qui semblait à l’avantage du colosse. Cet opposant était noblement habillé, son visage fin s’accommodait parfaitement à ses cheveux d’or. Mais cet ensemble gracieux était perverti par un regard sombre, fou, d’une arrogance sans borgne.



Il s’adressait à la magnifique jeune femme qui siégeait à ses côtés. Le visage de cette dernière était sublime mais transpirait d’une tristesse qui résumait tout de sa situation. Cette sainte portait une longue robe blanche qui tranchait radicalement avec l’aspect violacée doux de sa longue chevelure.

« Shin, tu n’es pas obligé de faire ça… »

Remarquât-elle fébrilement, l’espoir d’une résolution pacifique lui semblait déjà impossible. Et elle avait raison, sans aucune considération morale ou éthique, le gaillard réhaussa ses épaules pour faire face, prêt au combat. Ce mouvement fit tomber l’épaisse cape de velours qu’il portait, le laissant seulement habillé d’une tunique monochrome mauve.

« Oh, mais si mon amour ! Je vais te montrer que personne en ce monde ne m’arrive à la cheville ! »

Nightmare Kenshiro poussa un rire grave tout en dévisageant le blondinet qui lui servait de casse-croute. Il avait entendu parler de la réputation de cet homme, un héritier du nento de fourrure, un martialiste exceptionnel qui contrôlait toute la région jusqu’à Montélimar. Malgré tout, le géant restait convaincu de sa supériorité : il était certainement vingt fois plus gros et une centaine de fois plus fort !




Shin s’enveloppa alors de Ki, canalisant tout autour de lui un bouclier d’éclairs qui frappèrent les malheureux assez fous pour s’en approcher. Dans un second temps, il prit sa position de combat martiale, la véritable et authentique posture des héritiers de l’étoile du sud, favorisant la défense et la contre-offensive.

Mais l’extraterrestre n’était pas impressionné par ces quelques fioritures, préparant une charge ô combien délétère. Dans un puissant cri guerrier, il abattit ses mains jointes sur son adversaire, portant un coup marteau d’une amplitude surhumaine.

«  Meurs ! »

Mais son coup colossal fut immédiatement retenu par le despote local qui lui échangea un regard glaçant puisque sadique.

« C’est tout ? Tu fais pitié ! »

Désemparé mais loin de la déroute, le monstre débuta une série de frappes qui furent toutes facilement évités ou esquivés. Cette fois-ci, Nightmare Kenshiro perdit confiance, comprenant qu’il ne faisait pas le poids malgré ses six tonnes.



S’en suivit alors une déconfiture totale, son rival le mitraillant de frappes si rapides qu’il ne saurait les décrire, un calvaire terriblement douloureux. L’immense bandit se souvenait simplement de sa chute, lorsqu’il s’écrasa au sol dans un vrombissement terrible et pourtant si prévisible. Il se remémorait encore et encore les paroles de son bourreau.

« Tu n’es qu’un porc ! Un misérable qui ne mérite même pas qu’on l’achève ! »

Les nombreux observateurs respectèrent, plutôt de force que de grès, la décision de Shin, quittant tous le champ de bataille qui fut rapidement vide. Il ne restait que le corps mourant de Nightmare, son âme était plongée dans un mélange de colère et de regrets.


Puis, après presqu’une heure de souffrances, il entendit la voix éreintée d’une vieille dame. Il ne saurait énumérer ses paroles, tout ce qu’il savait, c’est qu’il s’agissait de Baba la sorcière. Cette dernière parvint à l’amener au sein de son foyer puis à le soigner intégralement, sacrifiant nombre de ses propres ressources. D’où provenait donc cet acte désintéressé ? Le colosse n’en avait toujours aucune idée, il lui était éternellement reconnaissant.

Il se réveilla sur un sommier de fortune bâti pour l’occasion à partir de paillasse et tissus divers, zieutant immédiatement les alentours avant de découvrir qu’il se trouvait au sein d’une bâtisse assez grande pour le contenir.

Il croisa alors le regard de sa nouvelle héroïne.

« Ha bah t’es enfin réveillé ! Tu vas me faire le plaisir de prendre un bain. Ça sent la mort ici ! Et après tu iras vider mes poubelles. »

Elle ne savait même pas qui il était, et pourtant elle l’aidait, elle semblait bienveillante et ne demandait que des services enfantins en échange de son hospitalité. Et malgré cette amabilité, Nightmare Kenshiro se montra plusieurs fois grossier, kleptomane ou malveillant, pourtant, elle était toujours là. C’est au fil de ces nombreux écarts que le titan se rendit compte que derrière son fort caractère, Baba était d’une grande gentillesse.
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Le baroudeur avait tout expliqué au Sénéchal qui devait avoir une meilleure vision des événements passés de la vie de son compagnon de route.  

« Voilà voilà… »

Et alors qu’il avait terminé son histoire, le domaine de la magicienne semblait de nouveau visible. Le véhicule n’avait aucun mal à se garer à coté de l’entrée.  Proche de la porte principale se tenait la vieille dame que le dieu très ancien avait rencontré précédemment, elle se tenait sur une boule de voyance flottante et semblait très reconnaissante.

« Tu as réussi ! Tu me l’as ramené ! »

« Maman ! »

S’écria le gros lard en courant vers elle, provoquant un séisme tant il était lourd. David et Goliath s’enlacèrent, puis Baba se tourna vers le l’être draconique qui avait mené sa mission avec brio. Elle avait le sourire jusqu’aux joues et ne cherchait pas à le cacher.

« Dis-moi ce que tu veux savoir, dieu ancien, je te dirais tout. »

Pas la peine d’avoir un rituel en intérieur, visiblement, la diseuse de bonne aventure pouvait tout savoir en direct, sans effort, le reste n’était que de la mise en scène. Mais au delà de toute récompense monétaire, le Sénéchal avait su rendre un grand service à une petite famille qui en avait grandement besoin. N'était-ce pas déjà une bonne fin en soit ?

“Tout combat dont vous sortez vivant est un combat qui n’a pas été vain. Et bien souvent, c’est de nos défaites que l’on apprend le plus, point de nos victoires. Vous avez trouvé quelqu’un qui compte pour vous, et vous comptez pour elle. C’est bien plus que ce que beaucoup de guerriers peuvent se vanter d’avoir.”

La réponse fut brève, le Sénéchal continuant de conduire il gardait les yeux sur la route. L’histoire de ce géant était en tout somme plutôt classique. A bien des reprises, le Dragon avait eu affaire à des affaires différentes, la plupart de ses hommes de mains étaient d’ailleurs des anciens adversaires qu’il avait recueillis. Un nombre incalculable désormais: il se souvenait de chacun d’entre eux.

Après quelques heures supplémentaires de conduite, le palais fut enfin en vue. Et la scène de retrouvaille se déroula sous ses yeux.
Vient ensuite la récompense, un acte de divination ici et maintenant, il lui fallait simplement expliquer la situation.
“Ma mission dans votre univers est simple: retrouvez une bombe d’une puissance Apocalyptique sur une échelle dimensionnelle. Une bombe qui détruira la réalité elle-même, et toute forme d’existence.”
Sa main vint se placer paume vers le haut, et la figure en trois dimensions d’un drôle d’engin vint se dessiner. Un cylindre plutôt long, avec une boule qui descendait sur une courte hauteur reliée par un tuyau. On croirait voir un vieux vaisseau de science-fiction.
“Elle fut envoyée ici par mes ennemies, et j’ignore sa position. De ce fait, je fais appel au maximum de sources possible pour trouver l’engin et le neutraliser avant qu’il n’explose d’ici quelques millions d’années.”