Silence running [ft. Williams]

Je suis à la fois émerveillé et effrayé par tout ce qui m'entoure. Les odeurs qui envahissent mes narines, les paysages qui défilent sous mes yeux à une vitesse ahurissante, la brise qui caresse ma nuque tel un couteau glacial. Je ne suis que sensation, et j'en découvre tant de nouvelles que j'ai des difficultés à tout comprendre, tout analyser. Mon cerveau fait un effort phénoménal pour ne pas se laisser surmener devant la tonne d'informations que je lui fourni de force. Il faut dire que c'est ma première sortie officielle depuis mon arrivée sur la planète bleue, autrement appelée la Terre, par le biais d'un vaisseau de transport spatial depuis Mashrial. Après une phase de quarantaine un peu imposée par les autorités de la planète afin d'être sûr que je ne transporte pas avec moi certaines bactéries qui pourraient être néfastes pour ce peuple, j'ai donc pu fouler de mes pieds la Terre et ses milles contrées. Et c'et aussi beau que ce qu'on en dit dans les livres. Je me perds un moment à la contemplation pure et simple. L'herbe ici est verte, contrairement à ma planète d'enfance où celle-ci est d'un bleu étincelant. L'architecture, les formes de vie, autant de différences auxquelles j'ai bien du mal à m'accoutumer.

La réceptionniste de l'hôtel dans lequel on m'a offert un asile temporaire m'a expliqué quelques particularités locales, ainsi qu'un livre sur les us et coutumes de la Terre. La planète bleue c'est récemment ouverte aux autres peuples de l'Univers, elle qui a longtemps été tenue à l'écart des conflits qui jonchent l'espace. C'est donc encore une planète jeune et relativement naïve, qui a tout a construire en matière de politique migratoire extra-atmosphérique. J'imagine que, à terme, elle deviendra certainement l'une des plus importantes du coin, mais c'est encore loin d'être le cas. Sans véritable armée pour se défendre des menaces extérieures, il est encore difficilement imaginable qu'elle puisse faire le poids dans la balance cosmique.

« Savez-vous où puis-je trouver des informations sur... sur cette étrange coutume que vous appelez « trinquer » ou encore « tchiner » ? ». La réceptionniste de l'hôtel ne peut retenir un petit rire à mon écoute. Est-ce ma phrase qui l'a fait rire ? Peu importe, je lâche mon meilleur sourire charmeur en écoutant sa réponse. « Rendez-vous chez Oscaar's Wine, à l'angle de la rue. Vous comprendrez mieux ce que ces mots signifient. ». Un conseil avisé, que je remercie d'un signe de tête bienvenu et d'un regard long. La réceptionniste minaude, les yeux dans le vague. Un bon point pour moi.

À l'écoute, je me mets donc, dès le lendemain, en quête de ce fameux Oscaar's Wine, que je ne mets pas bien longtemps à repérer. C'est un bar à vin tout proche de l'hôtel dans lequel je dors. De ce que j'ai compris, le vin est le résultat de la fermentation d'un fruit appelé raisin, qui se transforme alors en alcool. C'est le même principe que le Patchinko sur ma planète natale. L'alcool est certainement une sorte de mets universel.

J'entre, je m'assois à une table et que je commande un verre. J'observe le monde qui s'agite autour de moi, ce nouveau monde que je dois découvrir. J'imagine que mes yeux pétillants et mon air crédule m'identifie aux yeux des autres immédiatement comme un étranger. Vais-je attirer certains regards indiscrets ?