Sweet Home Vegeta

Le simple fait que les Saiyans soient prêts à recevoir n'importe qui sur leur planète pourvu qu'il s'y rende via le système de transports prévu à cet effet témoignait déjà d'une évolution pour le moins singulière. De son temps, ils auraient probablement descendu en vol tout vaisseau non-identifié s'approchant de trop près sans plus se poser de questions.

Si cela arrangeait bien leurs affaires dans le cas présent, il n'était pas sûr de savoir  qu'en penser ; depuis quand son peuple était-il aussi hospitalier ? Ça devait cacher quelque chose également...  Se seraient-ils mis au commerce ? Que pouvaient-ils bien avoir à échanger ? Peut-être était-ce de cette manière qu'ils avaient retrouvé une place dans les relations interplanétaires après s'être libéré de l'influence de Freezer...

Il s'imaginait que cela faisait partie du retard qu'il aurait à rattraper, s'il voulait avoir le moindre rôle à jouer dans le futur de sa planète d'origine. Tant qu'y à revenir, sans doute aurait-il préféré que ce soit à bord d'un moyen de locomotion un peu plus prestigieux que cette vulgaire navette de croisière, mais il faudrait s'en contenter.

Naturellement, employer un système de transport ouvert à tous voulait aussi dire n'avoir pas le choix exact de sa destination. Sans cela, Vegeta n'aurait certainement pas choisi d'atterrir en plein milieu du spatioport, où il leur serait impossible de passer inaperçu. Les Saiyans étaient peut-être ouverts aux visites désormais, mais ils n'étaient pas sots au point de laisser l'endroit sans surveillance.
Qu'importe. Se cacher n'avait jamais été son fort, de toute manière. Il pouvait comprendre qu'Oishi préfère rester discrète, compte tenu de son abandon de poste et des ennuis qu'il pourrait lui valoir, mais lui ? Quelle raison avait-il de masquer sa présence ?

« Halte ! Veuillez décliner les raisons de votre présence. » l'interpella-t-on - un garde à l'air patibulaire, dont la banalité hurlait la classe inférieure - lorsqu'il émergea du vaisseau monoplace, avant même qu'il ait pu poser le pied en-dehors de l'habitacle.

Une précaution légitime, mais qui ne l'en prit pas moins à rebrousse-poil - à moins que ce soit le fait de ne pas être reconnu au premier regard. Quinze ans s'étaient peut-être écoulés, mais ce n'était pas une raison pour oublier le visage d'un de leurs anciens dirigeants ; plus encore lorsqu'il ressemblait autant à son propre père, et à son père avant lui. Ou se pouvait-il que, pire encore, ils n'en aient que faire ? Quoique sensiblement plus petit que son interlocuteur, Vegeta le toisa ouvertement.

« Je viens voir le général Motta. Laissez-moi passer. »
« Ben voyons. Parce que vous croyez que n'importe qui peut se pointer comme ça et - »
« Je suis rassuré de voir qu'on n'entre pas ici comme dans un moulin. Mais je n'ai pas de temps à perdre avec vous. »
« Hé, attends ! Ce type, c'est pas... » intervint en s'approchant l'un des collègues du premier garde, paraissant réaliser quelque chose après avoir longuement fixé le nouvel arrivant - lequel était déjà à court de patience.
« Hors de mon chemin ! »

Brusquement, il décolla sans laisser aux sentinelles la moindre chance de l'attraper ; ce n'aurait de toute façon pas été à leur avantage.
Pour s'être posée sur l'emplacement à côté du sien, à à peine quelques mètres, Oishi avait évidemment pu assister à l'échange - et, il l'espérait, être assez dégourdie pour agir en fonction. Sinon... Et bien, ce serait à elle de se débrouiller avec le comité d'accueil sans son aide. Il doutait qu'elle ait beaucoup plus envie que lui de se livrer à un contrôle poussé, fut-ce pour des raisons différentes.
En l'espace d'une poignée de secondes, le prince fendait l'air de sa planète natale, partant en quête de réponses et de ceux qui allaient pouvoir les lui donner.
Et rien ni personne n'allait l'en empêcher.