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 Fresh New Kicks

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Yukko
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MessageSujet: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockMer 5 Oct 2022 - 4:53


« …merde…! »

Marmonnait la garçonne dans sa barbe dans l’espoir - vain, de toute évidence - de faire fi des élancements douloureux qui la rudoyait, et ce alors qu’elle se contorsionnait de manière disgracieuse afin d’appliquer un compresse sur l’un des nombreux pansements qui jonchait maladroitement sa défroque. Le moindre de ses gestes devenait l’épicentre d’une houle de picotis lancinants, ce qui rendait sa manœuvre autrement plus désagréable qu’à l’accoutumée. Aussi désagréable que nécessaire hélas puisque, dans le cas de Yukko, cette brève séance de rafistolage de fortune se substituait à la trempette dans la cuve de bacta normalement réservée aux participants du tournoi. La galopine ne s’était pourtant pas vue déniée l'accès à cette commodité ô combien pratique, elle avait simplement refusé d’en profiter. Était-ce un flex étrange de sa part à l’égard de ses concurrents, insinuant qu’elle n’avait pas même besoin de pleinement récupérer entre chaque combat pour rester compétitive, ou bien une excuse pour étoffer son character design de garçon manqué en parsemant son corps de petits pansements mignons. Peut-être n’avait-elle tout simplement pas l’envie de passer la prochaine demi-journée à roupiller dans une bassine de liquide poisseux, vêtue d’une tenue qui, n’ayant survécu à la précédente bataille que de justesse, ne laissait qu’une part moins qu’idéale à l’imagination. Ultimement, l’interprétation du choix de Yukko est laissée à l’appréciation du lecteur.

Son raccommodage malavisé enfin accompli, la donzelle fit vite quitter la bâtisse hôte du championnat, mais non sans quelques flageolements plutôt cocasses. Ponctuée par ces quelques vacillements, sa démarche involontairement nigaude eut vite fait de remettre en question l’efficacité de son retapage improvisé. Non pas que Yukko ait le moindre doute sur ses capacités de rafistolage ; après tout, elle n’en était pas à son premier coup. Et puis même, cela restait secondaire en comparaison aux questions autrement plus importantes qui trituraient présentement son esprit. Celles-ci comprenant, entre autres : depuis quand est-ce que la semelle de sa chaussure droite est aussi rugueuse que du béton, ou encore : pourquoi existe-t-il une paire de chaussures reproduisant à l’exacte la sensation de marcher pieds nus sur un trottoir dégueulasse, et pourquoi est-ce que cette fameuse paire est celle qu’elle semble porter là maintenant ? Pourquoi ne pas directement marcher pieds nus à ce niveau-là ? Tant de questions et si peu de réponses. La curiosité éveillée par cette énigme du plus haut calibre, Yukko se décida à perquisitionner ses chaussons du regard, espérant y trouver un indice, et…

… elle ne s’attendait certainement pas à voir ses orteils à l’air libre la regarder en retour.

« …merde… »

Oui, elle s’en souvenait maintenant. Zannin lui avait croqué le pied à pleines dents (!!!) et, à défaut d’être parvenu à le lui amputer, avait complètement charcuté son soulier. Qu’elle ne s’en rappelle qu’à l’instant était sans nul doute la faute aux coups à la tête répétés qu’elle avait encaissés il y a peu. Quel personnage fascinant quand même, ce Zannin. D’un côté, c’était un guerroyeur accompli si familier avec les fondamentaux de l’art du combat qu’il avait échafaudé un style conçu spécifiquement pour défaire ceux suffisamment immatures pour ne pas chercher à évoluer au-delà de l’académisme des arts martiaux - ce qui pourrait, peut-être, possiblement, hypothétiquement, concerner Yukko, mais ne la laissez pas vous entendre le dire - de l’autre, c’était littéralement une brute épaisse qui ne rechignait aucunement à employer les coups les plus bas pour l’emporter. Si elle ne pouvait en aucun cas dénier son talent, l’adolescente avait néanmoins bien du mal à considérer le géant vert comme un véritable martialiste. La définition - probablement étroite - qu’elle s’était faite du mot ne laissait rationnellement que peu de place au genre de dépravations dont elle fut autant spectatrice que victime, et moins encore dans le contexte d’une rencontre sportive. Sérieusement quel est l’intérêt de participer à une compétition d’arts martiaux si c’est pour mordre les gens ?

Enfin, le ressenti de la garçonne à l’égard des compétences martiales de Zannin n’était pas le sujet ici, seul lui importait ce qu’il était advenu de sa paire de godasses. Le présent état de laquelle évoquait chez la jeunette une fervente colère ma foi plutôt légitime. Une colère maintenue silencieuse par la léthargie qui régnait sur son corps, et qui se noyait dans l’éreintement de son visage esquinté, mais qui n’en était pas moins réelle pour autant. Car si elle avait bien quelques vêtements de rechange, justement pour pallier ce genre de cas, la fillette ne pouvait en revanche se vanter de disposer d’une seconde paire de chaussures, et ce pour nulle autre raison que pour justifier l’existence de ce post.

Il y a un elle-ne-sait-quoi de particulièrement embarrassant à se promener pieds nus dans une citée blindée de monde. Elle savait que certains moines guerriers n’y voyaient point d’inconvénients, mais Yukko, pour le coup, ne convoitait pas ce niveau d’ataraxie. Aussi peu coquette puisse-t-elle paraître, elle restait une jeune fille et il existait bel et bien un degré de négligence au niveau duquel elle ne souhaitait pas tomber. Bien qu’elle aimait à prétendre n’avoir que faire de l’opinion des autres la concernant, quelqu’un d’aussi infatué ne pouvait réellement rester insensible au regard d’autrui. Et autant dire que ce fameux autrui n’était pas du genre à avoir énormément d’estime envers les gens qui se baladent dans la rue pieds nus et le corps couverts de blessures encore fraîches et maladroitement traitées. Même sans parler d’apparences, la pucelle ne pouvait décemment se résoudre à marcher avec un seul côté de chaussure ; c’était ridicule mais surtout inconfortable.

Elle dirigea donc son vagabondage chancelant en direction de ce qu’elle devinait être une zone commerciale. Trouver un magasin de chaussures sur le piège à touristes intergalactique qu’était Dösatz ne devrait pas être très difficile.
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockVen 7 Oct 2022 - 1:03
Ok. Le premier jour en à l’hôtel était plein de misère. Tellement la flemme de faire à manger qu’elle sortait prendre un hot dog, aucune douche, les yeux grand ouverts dans l’obscurité à se demander comment on avait mérité de manquer de mourir en train de mélanger pleurs et sueurs froides. Le second jour, on parvenait à sortir, on parvenait à ne pas être déprimée, on avait la fenêtre aussi ouverte que la chemise, on écoutait de la musique triste avec les yeux fermées dans le lit. Le troisième jour… Le troisième jour… ben… Comment dire ça ? Il restait plus grand chose.

Shemesh ne savait pas exactement ce qu’elle avait à remercier pour sa capacité à s’être remise de cette expérience aussi vite. Il y avait certaine une languignolante mélancolie qui suivait chacun de ses pas de temps à autres, mais jamais quoi que ce soit qui puisse la remettre à paniquer et à pleurer. En soit… elle n’avait plus peur. C’était con à dire, mais c’était passé. Elle n’avait pas de crise de nerf en pensant à ce tabassage. Elle n’avait pas envie de (trop) chialer. Elle n’avait pas de stress post-traumatique, entre autres. Est-ce qu’elle avait subi des hémorragies au cerveau ? Genre, des dégâts au cortex qui atténuent sa capacité de réflexion et d’être apeurée par des trucs passés ? Elle n’en savait rien, elle s’était jetée par la fenêtre de l’hôpital (CQFD, en soit🥲). Au final, elle pouvait qu’être 🌞heureuse de ne pas être malheureuse !🌞

Alors, en train de regarder la télévision tête à l’envers, fesses en l’air, mains sur le ventre et pied tapotant contre le murs quand ils ne retombaient pas jusqu’au lit pour en rebondir, attendant minute par minute qu’un nervous breakdown se déclenche… elle se rendit compte qu’elle n’avait probablement rien à attendre. Au final, ce n’était pas tant le fait d’avoir flirté avec la mort qui la dérangeant. Ce n’était pas la violence et les coups et la douleur qu’elle avait subi. C’était juste… que quelqu’un l’avait détesté autant. Se faire détester sans raison, comme ça… bon, qu’on l’appelle narcissique, okay, mais… vous imaginez être détestée, quand même ? Et ça, ça c’était résolu tout seul. Après tout, qui l’avait conduit à l’hopital après l’avoir lâché ? Le samu des clodos qui rode dans les villes abandonnées ? Pitié. Qu’importe qui soit ce crackhead gigantesque… Elle était la cible d’un grave malentendu… Juste… Un malentendu avec toute une planète 🌍… Mais un malentendu quand même. Un malentendu à résoudre le plus vite possible !😤😤😤

Après des emplettes ! 😍


Shemesh avait toujours eu un peu plus de force que l’Argusienne moyenne. En particulier l’Argusienne de haute caste élevée dans la richesse avec comme unique but de pomper dans une trésorerie et d’hériter (ou de chier l’héritier) de l’un des drapeaux des familles nobles du satellite glacial. Cela faisait que contrairement à toutes les autres, elle n’avait pas de souci à porter un gros sac plein de fringues qu’elle avait acheté grâce à la carte de crédit qu’elle avait miraculeusement sauvé du robot explosif et qu’elle savait très bien qu’elle ne porterait jamais, juste par pure capacité de s’écrouler dans un consumérisme écoeurant. Sa tracksuit lui convenait suffisamment jusque là. Cela faisait qu’elle avait des écouteurs sur les oreilles, des lunettes de soleil étoilées sur les yeux (avec les petits rebords roses qui tapent à l'œil, là !), un smoothie dans la main et la lanière du sac dans l’autre, lanière qui était aussi sur son épaule. Au début, elle pensait que toute cette endurance provenait des écailles sous ses “gants” de bandelettes… mais au final c’était bien plus. En tout cas, elle s’adapter très bien au port de chaussures. Elle les matta un instant pour s’assurer de leurs états et de sa façon de marché. Non, elle n’avait pas l’air de tituber et - attends c’est les pieds de qui, ça ?

S’arrêtant un instant et laissant ses yeux à iris lumineuses traverser ses verres inutilements noircis pour faire l’état de celui qui venait… attend, non… de celle qui venait de la croiser. Elle était complètement dégommée de partout, elle avait ses chaussures qui étaient plus ouvertes que la gueule d’un crocodiles, il y avait sa veste qui était dépecée, il y avait son futal qui manquait de tomber… Et plein de sang et de pansements partout. Cela lui rappela quelqu’un d’autre il y a moins d’une semaine, ça, huh. Alors elle se mit à trotinner dans l’autre sens, faisant un tour sur elle-même, et le gros sac qui suivi ce soudain déhanché manqua d’éclater un passant un passage.

”Pardon ! Pardon ! Sorry !”

Et elle continua sa petite accélération avant de se retrouver côte-à-côte avec cette jeune fille décoiffée dont l’état lamentable était ignoré par toute la population (Can’t have shit in Dösatz…). Ralentissant sa marche au moment où elles finissaient côté-à-côte, Shemesh pencha sa tête légèrement afin de faciliter le contact oculaire avec celle qui faisait genre dix centimètres de moins qu’elle.

”Hé, hé, hé ! Attends, attends, ça va ? Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Tu veux que j’appelle les secours ou -”

Ses paupières s’élargirent alors qu’elle resta bouche bée un instant, laissant tomber son smoothie par terre alors qu’elle se mit à sourire lentement, ses lèvres tremblantes un instant alors qu’elle se mit à sautiller.

”Tu, tu, tu, tvu, vous, vous… Vous êtes Yukko ? Celle qui a tué Freezer ?!”

Elle n’avait pas besoin de le crier autant, ni de se mettre à sautiller, laissant sa chevelure la suivre gracieusement, et son sac beaucoup moins, ses pieds se mettant alors à faire du surplace alors que ses poignets se joignirent devant son torse. Elle s’arrêta alors, poussant une expiration tremblante en relâchant ses doigts, faisant quelques exercices avec avant de les descendre pour au final laisser ses bras ballants. Elle garda ses yeux fermés, avant de continuer à lui parler, ne se rendant pas compte qu’elle continuait peut-être de marcher à côté de quelqu’un qui ne souhaitait pas s’arrêter pour lui laisser la parole. Elle continuait de sourire, son visage habité par la joie adoratrice d’une jeune fille qui rencontrait une idole.

”Vous - vous allez bien ? Vous avez besoin d’aide ? Vous avez affronté quoi ? Non, attends, mission secrète, hein ? S’ils avaient pas leak, personne aurait sû que vous avez tué Freezer. Une héroïne dans l’ombre. Vous avez besoin de fringues ? Je vous les achète !”

Elle avait pas besoin de savoir que Yukko allait triompher de toutes ces blessures comme si de rien n’était. Elle s’était mis plein de pansements, en plus. Non, mais c’était pas possible, rencontrer celle qui a buté Freezer, quoi 🤩🤩🤩. Oui, on en était là, dans cet univers de merde, d’idôlatrer celle qui avait buté quelqu’un. Niquez vos mères ! Elle avait buté Freezer ! Ah ah ah ! Putain, mais… Shemesh reconnaissait son nom quand elle fut identifiée. Mais, là, comme ça, au milieu de nulle part, dans la rue… Avec une occasion en or d’avoir un prétexte pour lui parler ! C’était trop beau pour être vrai ! Elle pointa du doigt un magasin en coin de la rue avant de nonchalamment la prendre par le bras et de la tirer vers la boutique avec un enthousiasme comblant à la différence de puissance entre ces deux individus.

”Venez, je vous paye tout ce qu’il vous faut ! Juré !”

Yukko le méritait. Elle était humble, elle était courageuse, elle était héroïque, elle avait libéré d’un rayon laser la moitié des peuples de la galaxie… elle était sacrément musclée pour une nana de l’âge de Shemesh aussi… Vraiment ! Qu’importe ce qui venait de la mettre dans un salle état, l’objectif c’était de la remettre en état, de lui permettre le glow-up dont elle avait sacrément besoin ! Si Shemesh pouvait lui rendre un service, alors elle le lui rendrait. Le sac dans une main, le bras de Yukko dans l’autre

Direction : Dosapes !!
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockSam 8 Oct 2022 - 20:47


Résolue à remédier à la décrépitude de son accoutrement, la tête blonde se pressait d’un pas hardi - sinon vacillant - en direction du centre commercial le plus proche. Fort heureusement, ce genre de bâtisses se faisaient légion sur cette planète, aussi la marche navrante de la fillette ne risquait pas de se prolonger plus longtemps qu’elle n’était supportable. Mais supportable ne voulait pas dire agréable, et Yukko ne pouvait s’empêcher de remarquer la quantité non négligeable de regards étrangers arpentant sa silhouette accidentée. Elle ignorait si cette attention était le fruit des haillons qu’elle osait faire passer pour des vêtements ou des quelques giclures de sang encore visibles en dépit de ses meilleurs efforts pour les gommer. Que ce soit l’un ou l’autre, elle n’était vraiment pas fan de tous ces yeux posés sur elle, ce qui la motivait à se hâter encore davantage. Au bout d’une petite poignée de minutes, l’entrée de la zone commerciale lui apparût enfin.

Poursuivant sa marche à l’intérieur de l’établissement, la gamine laissait ses mirettes vagabonder à gauche comme à droite. Elle progressait sur une promenade bordée de part et d’autre de magasins en tout genre sans vraiment savoir dans lequel s’introduire. Elle devinait qu’une boutique de sport risquait de lui convenir au mieux, compte tenu des principales activités auxquelles elle avait pour habitude de soumettre sa garde-robe, mais elle n’en n’avait pas encore croisé. L’endroit était immense et noir de monde qui plus est, ce qui ne l’aidait vraiment pas à distinguer les enseignes d’intérêt. Et pour ne rien arranger, il semblerait que l’un des shoppers ai décidé de s’arracher de la foule pour venir l’accoster. Si, dans sa présente condition, le seul regard d’autrui pouvait être source d’embarras, que quelqu’un vienne l’interpeller directement était pratiquement un scénario catastrophe ! L’intervention de cette consommatrice aux lunettes festives était pourtant née d’un bon sentiment ; d’aucuns diraient qu’il était temps que quelqu’un s’inquiète de l’état de Yukko, plutôt que de simplement la zieuter.

Mais bonne intention ou non, la terrienne préférait éviter tout contact autant que possible. Maquillant son visage d’un timide sourire, elle gesticula une main pour signaler son refus à sa locutrice.

« Non merci, ça va aller. »

La garçonne espérait que cela suffise à clore cette interaction. Elle était prête à en remettre une couche, au cas où, mais la réaction de cette aliène à la peau bleue fut toute autre que ce à quoi s’attendait la martialiste. C’était comme si la vue de Yukko la déconcertait tout particulièrement. Était-ce à cause de quelque chose sur son visage ? La cacophonie de pansements qui le décorait maladroitement ? Ou peut-être qu’elle ne regardait pas vraiment la fillette mais plutôt quelque chose derrière cette dernière. Quoi qu’il en soit, l’extraterrestre au crin laiteux fut si déroutée que son smoothie lui échappa des mains. Heureusement, la gamine parvint à le rattraper - nonchalamment, de surcroît - avant qu’il ne puisse s’éclater par terre. Toute défoncée qu’elle était, ce genre de réactions restait largement à sa portée. Il faut dire que c’était devenu pour elle presque aussi automatique que sa respiration, et, dans son état actuel, même plus confortable que de marcher.

Mais pourquoi une telle réaction ? La demoiselle se le demandait et un début de réponse lui parvint grâce à l’exclamation de sa présente compagnie. La nana semblait l’avoir reconnue et paraissait juste très excitée de… la voir ?

Ah… encore quelqu’un qui la connaissait grâce aux fameux leaks. Yukko n’avait toujours pas la moindre idée de comment est-ce qu’un affrontement ayant eu lieu sur la terre sacrée des divinités de la création avait pu être filmé, et encore moins comme une telle vidéo a pu finir sur les réseaux sociaux d’ici-bas. À vrai dire, elle ne savait pas si elle devait s’en inquiéter ou non. D’un côté, sa participation à deux éditions du tournoi de Dösatz lui assurait déjà une certaine notoriété sur les internets et dans certains cercles d’amateurs de baston. Mais de l’autre, ça l’emmerdait un peu - non, beaucoup - d’être reconnue comme celle qui avait tué Freezer. Cette victoire face au tyran lui était resté au travers de la gorge, et elle aurait largement préféré être réputée pour le talent martial qu’elle s’efforce de cultiver inlassablement plutôt que sa capacité à tirer un gros laser plus gros que les autres gros lasers. Elle craignait que tel était la façon dont l’Histoire risquait de se souvenir d’elle, et avait tout intérêt à y remédier en continuant à performer de son mieux lors de ses futurs combats au championnat.

Mais pour l’heure, il fallait qu’elle gère la groupie qui, dans son agitation, ne lui laissait pas même l’occasion de placer le moindre mot. Mission secrète ? Héroïne de l’ombre ?! Elle était complètement à côté de la plaque, celle-là. Yukko serait bien la dernière personne à se décrire comme une héroïne. Elle n’était rien de plus qu’une férue du sport dont l’amour envers les arts martiaux amenait par moments à participer à la défense de plus malheureux qu’elle-même. Elle ne flirtait que rarement avec le désir de justice qui anime les véritables héros, et avait plus d’une fois refusé de répondre à l’appel du devoir. Il arrive juste que, de temps à autre, se heurter à un odieux personnage se trouve être la meilleure opportunité de mettre ses compétences à l’épreuve. Enfin, dans tout ça, sa fangirl avait bien deviné juste sur au moins un point : Yukko avait besoin de nouveaux vêtements. De nouvelles chaussures, en réalité, puisqu’elle disposait déjà d’habits de rechange, bien qu’elle n'ait daigné les porter jusqu’à présent.

Après s’être laissée paresseusement traînée sur une bonne dizaine de mètres ou deux, la jouvencelle fit finalement l’effort de freiner la course passionnée de son admiratrice. D’un bref hochement de tête accompagné d’une subtile mais ferme gesticulation du bras, elle fit signe à l’extraterrestre de la lâcher. Elle lui rendit par la suite le smoothie qu’elle avait précédemment sauvé, avant de joindre ses deux mains face à son visage et de prendre une longue inspiration. Elle n’avait pas la moindre idée de comment gérer cette situation si inusuelle, mais il fallait mettre les choses au clair.

« Bon, alors déjà, bonjour… euuuuuuuh qui es-tu ? Qu’est-ce que tu me veux ? »

Elle avait cru comprendre que cette inconnue vêtu du tracksuit le plus m’as-tu-vu possible était une fan, mais l’idée d’entretenir une telle relation avec qui que ce soit lui était tellement étrangère que Yukko avait besoin de confirmation. Les gens qui la connaissaient d’assez près ne perdaient généralement que peu de temps à (essayer de) lui faire comprendre par a plus b à quel point la fillette était une mauvaise personne. Donc se retrouver directement avec une admiratrice comme une sorte de célébrité était pour le moins déconcertant.

« Des fringues gratuites ? Elle est où l’arnaque ? Dit-elle sur une pointe de sarcasme avant de poursuivre d’un ton davantage penaud, comme si une réalisation toute particulière venait de la frapper. J-j’ai l’air pauvre au point de pas pouvoir m’acheter mes propres vêtements ? »

Oui.
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockDim 9 Oct 2022 - 2:17
”Huh ?… Oh, euh, m-merci.”

Fut la réaction maladroite de Shemesh quand elle fut stoppée dans son tirage de Yukko vers Dosapes, suivie d’un autre tour sur elle-même lent et curieux, suivi d’un regard perdu vers le smoothie qui entraîna une poignée de clignements d’yeux alors que la lumière revint illuminer son esprit pour lui permettre de se rappeler que c’était la boisson qu’elle avait eu avec elle jusque là. Yukko l’avait rattrappé au vol ! Qu’est-ce qu’elle était trop forte !! Son attitude avait un peu changé entre leur première interaction où elle peinait à lui dire un “non merci” courtois. Mais en même temps, elle se faisait reconnaître dans un état qui n’était pas très digne, avec sa blouse déchirée et sa gueule cabossée et tout et tout. En même temps, c’était compréhensible. Elle avait sauvé le monde ! Elle avait tébu Freezer et sans des vieux streams 144p, personne ne l’aurait su ! Elle avait fait le bien pour faire le bien et elle était devenue populaire malgré elle, et reconnue par une étrangère, au milieu de la rue. Tenant la lanière dans une main et le smoothie dans l’autre, elle avait lié ses talents avant de se mettre droite devant elle, stressée mais sans être quand même au garde-à-vous, la regardant faire l’état des choses avec le visage dans ses mains.

Qui était Shemesh, et qu’est-ce qu’elle lui voulait… ? Bah, euh, il y avait pas vraiment de quoi faire beaucoup de mots sur ça. Notre Argusienne favorite plissa les lèvres en écarquillant davantage les yeux, surprise que le projecteur lumineux soit à présent placé sur elle. Vraiment, c’était à elle qu’on demandait des explications sur sa personne ? Sous ses lunettes, les deux pupilles luminescentes regardèrent un instant de gauche à droite comme si un inconscient déni avait pris place dans la tête de Shemesh, ne serait-ce qu’une demi-seconde. Que Yukko lui apporte tant d’importance ? À elle ? Même dans un contexte qu’elle s’avouait elle-même être trèèèès favorable à un dialogue avec son idole ? C’était un peu trop pour son coeur empoigné par la main froide du stress et de la peur de l’humiliation.

”M-moi ? C’que j’vous veux ?... C’est, euh, c’était pas obvious ? Fin… Je voulais juste vous aider, vous… ben, c’est que vous aviez pas l’air top, quoi. Oui voilà juste aider quoi…

Elle s’était un peu rabougrie sur elle-même alors qu’elle laissait la honte juvénile typique des cinq minutes avant une représentation de théâtre prendre le contrôle d’elle. Cela fut rapidement arrêté cependant quand elle se rendit compte qu’il y avait eu une première partie aux questions posées par Yukko. Ressaisis-toi, Shemesh 😣😣 !

”Moi ? Moi, m… - C’est Shemesh Perditio, de la famille Perditio, d’Argus ? Vous connaissez Argus ? C’est le satellite d’Héra. Et nous, les Argusiens, on est comme les Héras, sauf qu’au lieu d’être ou des pirates ou des esclaves sexuels on est des commerçant et on fait de la glace !”

T’as sérieusement traité ta race cousine d’esclave sexuelles, là, soeurette 😐 ? Suivant cet énorme L qui sortit de ses paroles expulsées trop rapidement de sa bouche jusqu’à parvenir à ne pas être filtrées du tout, Shemesh se mit à simplement boire aussi vite que nerveusement son smoothie, ses paupières toujours écartées permettant de voir ses iris se fondre dans le vide alors qu’elle tâchait de protéger ce qui lui restait d’amour propre dans la boisson sucrée et laiteuse. Des yeux qui se retournèrent dans ceux de la retapée quand elle demanda où était l’arnaque. C’était sarcastique, mais véridique. On était sur Dösatz. Il y avait des arrondissements terriens avec moins de traquenards et d’escrocs. Et puis Shemesh était vêtue d’une tenue de sport, c’était pas ce qu’il y avait de plus baronne du pétrole… quoi que cette expression terrienne soit. L’expression de son interlocutrice changea un instant alors qu’elle manqua de bégayer un mot…

Est-ce qu’elle avait l’air si pauvre que ça ? Visiblement elle s’en doutait elle aussi… Shemesh arrêta de boire, avant de la regarder de haut en bas puis de bas en haut, ses pomettes tirant sur sa bouche alors qu’une grimace gênée avait pris place sur son visage, semblable à un demi-rictus plein de malaise. Haussant les sourcils, elle fit tanguer sa tête de droite à gauche un instant avant de regagner un air plus neutre.

”Bah, euh… sauf votre respect… À l’heure actuelle… pas vraiment, on va dire ? Vous avez l’air… euh… vous avez l’air de vous être faite racketter sévère, quoi…”

Reprenant un peu du poil de la bête alors qu’une poussée de confiance revint l’habituer, elle releva sa main qui parfois tenait sa lanière, sans faire aucun signe avec, comme si elle voulait tapoter sur l’épaule de Yukko avant de se rappeler qu’elles ne se connaissaient techniquement pas et que tout copinage n’était que parasocial (et donc très cringe). Donc sa main revint rapidement sur la lanière, et elle espéra que cela ne se fasse pas remarquer. Arborant un sourire qu’elle voulait invitant, présentant ses dents affûtées et nombreuses comme les lances d’une phalange macédonienne, elle continua ses tentatives d’entamer le dialogue.

”Mais, euh, moi j’ai de quoi en acheter. J’ai de quoi en acheter des chers, même. Pour ça que je propose de payer ! Parce que les héros ils ont jamais un sou à leur nom… Fin, y, y paraît, quoi - je m’égare. Vu que j’suis une Perditio, j’ai de la thune à mon nom, parce que mon père fait partie de l’oligarchie, et, et, et, et c’est pas intéressant… mais juste pour dire. J’offre ! Vraiment, vous choisissez c’que vous voulez et je vous le paie. Vous avez buté le tyran qui a fait souffrir tous les peuples du monde, dont le mien, c’est le moins que j’puisse faire, non ?”

Elle se remit à pointer vers la boutique vers laquelle elle avait voulu tirer Yukko tout à l’heure dans sa hype et sa hâte, dégageant son indexe des autres qui tenaient encore sa boisson qui se vidait au fur et à mesure qu’elle buvait.

”Et, et, et même plus ! Vous avez l’air blessé, j’peux payer des soins… ou des massages, des spas, des manucures, des trucs relax après un combat, quoi… C’était quoi qui vous a mis dans cet état, d’ailleurs ? Si je puis savoir, après. Peut-être que c’était juste un autre truc héroïquement secret…”

Elle voulait juste être gentille. 😊
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockDim 9 Oct 2022 - 18:51


Elle toisait son admiratrice les bras croisés, les iris acérés qui trônaient au centre de ses quinquets smaragdins fixant les verres teintés de la consommatrice. Du bas de la dizaine de centimètres qui lui faisait comparativement défaut, Yukko demeurait en position d’autorité vis-à-vis de sa locutrice, conséquence du manque total d’équilibre dans leur relation. Il ne fallut à la garçonne qu’un unique push-back à l’égard de la ferveur de cette inconnue pour la clouer presque littéralement sur place, et voilà que cette dernière se noyait dans l’embarras. Croyait-elle réellement que la terrienne allait la suivre sans faire d’histoires, sans lui poser la moindre question ? Comprenez que, sur cet astre en proie aux plus bas maux de l’humanité, il y avait de quoi se méfier des gens qui veulent juste aider. D’autant plus que Yukko n’était pas habituée à ce que l’on veuille l’aider, et moins encore à accepter l’aide en question. Pour beaucoup, son talent martial n’avait d’égal que son mauvais caractère, et même les dieux avaient renoncé à l’idée de la guider vers le droit chemin.

Mais cette aliène n’était pas une déesse - du moins, pour autant qu’en savait Yukko - non, elle était l’héritière d’une supposément grande famille dont la tête blonde n’avait jamais entendu parlé, venue d’un astre qui lui était toute aussi inconnue.

« Argus ? Non, ça m’dit rien. »

Elle ne prit pas même la peine de relever l’image péjorative des Héras que s’était faite sa locutrice. Ce n’est pas comme si elle avait le moindre argument pour la contredire, de toute manière. Le dernier ambassadeur de ce monde désertique qu’elle avait croisé lui avait mangé ses chaussures et avait ensuite tenté de transformer l’essai en lui mâchouillant le nez. Autant dire qu’elle n’en gardait pas un très bon souvenir. On va dire que Zannin - lorsqu’il ne se laissait pas aller aux plaisirs de la Voie - avait au moins le mérite de prendre un grand soin à entretenir son apparence, à grands renforts de costards cravates. Lui, contrairement à notre galopine, n’avait pas l’air de sortir d’un tabassage dans une ruelle sombre. Shemesh touchait plutôt proche du but : ce qu’il était advenu de la paire de chaussure de la terrienne était, dans un sens, le résultat d’une tentative de racket… de son pied. La fillette grimaça, pinçant le coin de ses lèvres par frustration. Elle avait l’air d’une clocharde. Ce n’était pas la première fois qu’elle sortait d’un combat dans un tel état, mais il n’y avait pas d’habitude autant d’yeux posés sur elle.

Mais c’est pour ça que Shemesh voulait l’aider, justement. Parce qu’elle en avait les moyens, et parce que celle qui l’avait libérée elle et ses congénères du joug du démon du froid n’avait pas à subir pareille humiliation. La portée du triomphe de Yukko ne lui était pas vraiment venu à l’esprit. Elle savait bien entendu que l’empereur galactique était à la tête d’un régime persécutant maints peuples de l’univers, mais personnellement, sa vie ne fut en rien impactée par la mort du tyran. Freezer devait répondre de ses crimes, il méritait ce qui lui est arrivé, mais ce que beaucoup voyaient comme leur salut n’était pour la gamine guère plus qu’une nouvelle occasion de faire état de ses progrès. Il était difficile pour elle, pâtissant de l’immaturité égocentrique de son esprit juvénile, d’avoir particulièrement de considération pour des gens qu’elle n’avait jamais rencontré, ne rencontrerait probablement jamais, ou dont elle ignorait tout simplement l’existence. Que ces mêmes gens l’idolâtrent au point de l’interpeller dans la rue pour lui offrir des trucs gratos lui paraissait du coup un poil excessif. Son égoïsme lui rendait difficile de concevoir qu’elle puisse devenir la cible de tant de gratitude.

Ça aurait pu rapidement lui monter à la tête si l’origine de toute cette reconnaissance n’en n’était pas une qu’elle s’efforçait de renier. De toute façon, elle était trop fière - et pas encore dans une misère suffisamment profonde, quoique ça ne saurait tarder - pour accepter des dons, que ceux-ci soient le fruit de la pitié comme d’une authentique gratitude.

« Bon écoute, euuuh… Perditio. Dit-elle en posant ses mains sur les épaules de l’Argusienne qu’elle fixait avec insistance. J’suis pas une héroïne, juste une tarée qui adore les arts martiaux. Et les arts martiaux, c’est vrai, ça paie pas des masses. Mais vraiment, merci, mais j’ai pas besoin de ton argent. J’ai pas besoin de soins, j’ai pas besoin de massages, j’ai pas besoin de quoi que ce soit. J’t’ai déjà dit que ça irait. »

Elle espérait mettre les choses un peu au clair, quitte à décevoir son admiratrice. On dit qu’il ne faut jamais rencontrer ses héros. Seul le désenchantement peut naître d’une interaction avec quelqu’un que l’on tient en si haute estime. Lâchant les épaules de sa locutrice, la donzelle rangea ses mains dans les poches de son futal, miraculeusement épargnées.

« Si tu veux tout savoir, je sors d’un combat au tournoi. Le gars m’a bouffé la godasse alors j’étais venue m’en acheter de nouvelles. Peut-être de nouveaux gants, aussi - enfin bref. »

Il devait être devenu assez clair que Yukko ne comptait pas répondre à l’offre de la princesse… mais ça ne voulait pas dire que cette dernière ne pouvait lui rendre service. Puisqu’avant de la croiser, la jouvencelle s’était pour ainsi dire perdue dans l’immensité du centre commercial, et Shemesh avant quant à elle l’air familière avec l’endroit. Aussi, si l’Argusienne tenait tant que ça à l’aider, et parce que l’idée de passer un peu plus de temps en la compagnie de quelqu’un qui ne pouvait s’empêcher de chanter ses louanges ne paraissait pas à la métisse être la pire façon de passer le temps, celle-ci poursuivit le dialogue, le visage vaguement souriant.

« T’avais l’air de savoir où tu m'emmenais, à l’instant. On peut y aller ensemble, à la boutique, si tu veux. Moi j’y connais pas grand chose alors tu pourras m’aider à choisir. »

Ce serait dommage de laisser un goût trop amer à sa toute première fan.
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockDim 9 Oct 2022 - 23:04
Yukko connaissait pas Argus… En même temps, c’était pas connaître… euh… ben… pas connaître les satellites de Végéta. Ceux-là même que Shemesh ne connaissait pas non plus. Au final, elle venait d’un territoire d’outre-mer qui s’était rebellé avant la métropole et qui aimait bien être capable de se gouverner toute seule. La différence étant qu’elle avait ramassé des thunes avant de se rendre indépendante, sinon ils auraient eu l’air bien con sans les aides de la grosse planète. Mais bon, de base, qui aurait aimé vivre dans un DOM-TOM, sérieux ? Cela devait craindre un max…

Dans tous les cas, Yukko n’avait pas capté son énorme échec de charisme quant au beau stéréotype qu’elle avait balancé sur toute sa branche cousine préférant les déserts à la neige. Elle faisait que la regarder avec un mélange de gêne et de fatigue. La gêne, c’était normal. Elle se faisait reconnaître en pleine rue dans un état assez indigne. Et la fatigue, c’était également normal, à cause dudit état indigne. Shemesh s’en était rendu compte, dans la poignée de seconde où elle avait enfin fermé sa gueule. Mais ce visage, couplé aux pansements, lui avait donné un très mauvais pressentiment quand Yukko posa ses mains sur ses épaules… Genre, l’attente d’un coup de boule dans la gueule. Elle ne savait pas pourquoi. C’était peut-être l’angoisse secrète et cachée qui lui donnait le sentiment d’avoir tellement fait chier une personnalité populaire qu’elle allait se prendre une attaque physique, aussi ridicule que ce soit. Ou peut-être qu’elle avait juste peur de se faire tabasser à nouveau… Plus peur qu’elle n’en avait l’air.

Le sourire de Shemesh fondit un instant avant que Yukko ne se mette à parler, lui permettant de passer d’une mine déglutie à simplement neutre, ses yeux s’étant écarquillé une demi-seconde avant de reprendre leur circonférence habituelle. Elle lui disait qu’elle était pas une héroïne, qu’elle aimait juste les arts martiaux, et que c’était pas parce que ça payait pas bien qu’elle avait besoin qu’on lui paie quoi que ce soit… Elle resta un instant silencieuse et sa reprise de la parole corréla peut-être un peu trop bien avec le fait qu’on lui lâcha les épaules. Elle se mit à sourire un instant avant de souffler un peu du nez, regardant sur le côté, gênée, se tapotant la tête.

”Ah, mais oui, mais oui mais oui, c’est vrai, les kung-fu-tistes, les karatékas, vous vous entraînez à être humble en permanence…”

Bah oui, elle avait vu Karate Kid, elle savait qu’il y avait toujours eu des délires d’humilité bizarre dans tout ce qui était arts martiaux. Elle l’avait juste oublié parce que… bon, elle s’était un peu projetée, okay ? C’était pas le truc le plus cringe qu’elle avait fait, c’est bon 😒😒… Après, il y avait aussi la possibilité qu’elle soit cash, qu’elle dise ouvertement que le seul truc qu’elle faisait en dehors de donner des pains était de faire des memes dépressifs sur twitter en parlant d’hallucinations. Mais qu’elle ait pas envie d’obtenir de l’aide financière facilement, c’était plus légitime. Pas que Shemesh comprenne la logique derrière, mais il y avait beaucoup de gens qui refusaient des cadeaux et de la thune facile. En dehors du “t’aurais pas dûûûû…” initial qui servait à faire la fausse meuf humble, bien sûr. Mais c’était probablement pas le cas de Yukko. Elle devait vivre à partir de rien pour se forger de la discipline afin de ne pas abuser de ses connaissances pour faire du mal aux autres, un truc du genre.

”Non mais, c’est bien d’être humble. Pour le coup, si c’était moi, j’aurais pas pu m’arrêter de parler du fait que j’ai sauvé l’univers… C’est peut-être mieux comme ça, comme façon de penser.”

Shemesh n’était pas humble. Elle essayait juste de frimer sur des trucs qu’elle savait faire. Elle était égocentrique en permanence et avait la fâcheuse manie d’être trop optimiste par rapport aux autres. Elle s’était faite tabasser dans une ville abandonnée et son réflexe avait été de voir ce qui allait pas chez son agresseur. Regardant dans le vide un instant avec un air légèrement plus grave, elle recentra ses yeux dans ceux de Yukko quand elle lui informa qu’elle s’était faite éclatée par un teuteu au tournoi de Dösatz… ouais, le même qui accueillait les violeurs et les tyrans génocidaires. Et sa mâchoire se laissa tomber légèrement alors que ses sourcils se relevèrent quand il fut mention d’un bouffage de chaussures. Elle garda cet air un peu ahuri un instant avant de refermer la bouche au moment où elle manqua d’éclater de rire, laissant tout l’air gonfler ses joues avant de ressortir.

”Pffff ! What the fuck, c’est hardcore ça…”

Elle garda le sourire de son rire étouffé avant de remettre en place la lanière de son sac pour se gratter un instant la nuque.

”Et, euh… Désolé, je regarde pas trop le, le tournoi de Dösatz. J’ai plein de potes qui regardent pas non plus. Ils arrêtent pas de ramener des criminels de guerre, ils ont des bails chelous et y paraît que les gens regardent même pas trop et que ça sert juste à filtrer des taxes.”

Elle s’arrêta soudainement avant de relever sa main, paume vers l’avant, son visage apeuré à l’idée de brusquer, semblait-il.

”Maaais - mais mais maiiiiis ça veut pas dire que vous pouvez pas y prendre du plaisir, c’est, c’est juste que perso je regarde pas, quoi…”

Mais heureusement, Yukko n’en avait que faire, et au final, si elle choisissait de ne pas prendre son argent, elle était d’accord pour passer du temps avec Shemesh… Faut répéter : LA PUTAIN D’HEROÏNE DU PEUPLE ARGUSIEN ETAIT D’ACCORD POUR L’AIDER ! À ! CHOISIR ! SES PUTAINS DE FRINGUES !

”Qu - ah -”

Elle se mit alors à bondir sur place en frappant ses poignets ensemble un instant avant de le maintenir liés, son smoothie méritant une médaille d’or pour ne pas se renverser ou débarder après une pareille manoeuvre surtout quand son sac plein de fringues, lui, était en train de se secouer dans tous les sens en même temps que ses cheveux qui parvenaient à ne pas se décoiffer.

”YIIIIIIIIIIIIIIESSSSSSSS !!”

Elle rattrapa alors Yukko par la main à son atterrissage avant de se remettre à la traîner vers le magasin de fringue le plus proche : le Dosapes mentionné deux fois jusque là. C’était une boutique qu’elle n’avait pas visité durant son shopping-a-thon de tout à l’heure, donc elle pouvait également y faire des découvertes. Elle pensait avoir juste trop rempli son sac pour ajouter des trucs d’autres brocantes, mais si c’était pour aider une nouvelle bestie, elle avait bien une excuse pour traîner par ici !


L’illumination par les lumières artificielles de cet endroit se fit presque accompagnée d’un jeu de xylophone annonçant la découverte d’un lieu magique. C’en était quasiment un, après tout. C’était le lieu pour tous ceux qui ne savent ni dessiner ni moduler mais qui avaient quand même envie d’inventer des nouveaux designs. Tant que l’on était pas obèse, on pouvait créer tout type d’allure en ce lieu. C’était pas génial ? Shemesh tira avec plus ou moins de dignité Yukko vers ce qui était entre autres une cabine d’essayage, avant de poser son sac devant et de pointer son indexe vers le haut devant elle.

”Donne-moi un instant !”

Et elle disparut dans une rangée de fringues, le bruit de ses chaussures résonnant dans le magasin alors qu’elle se déplaçait beaucoup trop vite pour une touriste de son niveau… En fait, si potentiel de combat elle avait, elle le libérait ici et maintenant, pour trouver des putains de combinaisons d’attirail. Elle revint alors avec un tas de fringues devant Yukko, un tas de fringue qui contenait une veste de sport verte, un pantalon orange et des sneakers noires. Il y avait aussi un t-shirt violet en dessous, au cas où elle voulait la jouer cool. Et des chaussettes, bien sûr, mais ça on pouvait osef.

”Okay, ça, c’est pour la jouer sportive, genre sportive de lycée ou d’uni compétitive, là, montrer que t’as de l’expérience, et ça -”

Elle sortit alors du tas une chemise, avec laquelle se trouvait une jupe et un short. Jupe et short ? Comment ça ?

”Et ça c’est pour la jouer délinquante, genre, tu sais, ceux avec des battes qui frappent par terre en faisant “urah ! urah !” en roulant les R, là, comme dans les films terriens, je sais plus. J’sais pas quel âge t’as”

Elle avait complètement abandonné le vouvoiement respectueux qu’elle avait entretenu avant l’entrée dans le magasin. Elle prit enfin un pantalon plus large mais cependant serré au niveau des jambes, noir, qui se couplerait avec une veste en cuir.

”Et ça, c’est pour faire plus motard, ça peut aider durant les traversées dans la stratosphère et ça peut te protéger si tu te prends une mauvaise cascade.”

Il lui restait alors trois paires de gant. L’une qui couvrait les doigts, l’autre qui ne couvrait pas les doigts, et la troisième qui ne couvrait pas les doigts et avait les espèces de bosses sur le dos de la main, là, et qui avaient un gros scratch sur le poignet pour un maximum de style.

”Sinon j’ai ça aussi… et une cravate, pour la chemise, si tu veux… Et bien sûr, l’avantage, c’est que tu peux tout combiner comme tu veux, c’est ça ce qui est bien ! Genre tu peux mettre l’une des deux vestes par dessus la chemise, ou faire gros manteau et petit short ou plein de trucs du genre.”

Elle avait tout étalé devant Yukko avec les bras croisés et un air satisfait, avant de pointer du doigt la cabine derrière elle.

”Allez, vas-y, je te laisse essayer !”
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockSam 15 Oct 2022 - 19:42


Ah oui, l’humilité. Voilà bien l’un des préceptes les plus fondamentaux des arts martiaux, et un auquel la garçonne n’avait pourtant que récemment commencé à s’ouvrir, la main forcée par un enchaînement de déceptions et d’échecs personnels. Elle était très, très loin de pouvoir prétendre incarner ce rudiment de la Voie, mais ses dernières expériences - y compris son tout dernier combat en date - firent bien de lui en rappeler l’importance. Car pour tout ce dont elle était étonnamment capable à son si jeune âge, il y avait tout autant, sinon plus, de choses qu’il lui restait encore à découvrir. C’était en outre ce qui rendait aussi intéressant cette voie qu’elle avait choisi d’arpenter. D’aucuns s’inquiétaient de savoir ce qu’il adviendrait d’elle un fois au sommet, mais elle se savait encore assez loin du compte pour ne pas s’encombrer de pareilles questions. L’humilité pour elle était juste la chance de savoir qu’elle n’aura jamais le temps de s’ennuyer - pour ce qui concerne les arts martiaux, du moins - et qu’il lui restera toujours des choses à apprendre et des gens incroyables à rencontrer… et à affronter ! Ça ne l’empêchait pas de vouloir se faire mousser de temps à autre - plus souvent que nécessaire, sans doute - mais elle essayait de demeurer davantage consciente de ses limites qu’auparavant.

Du reste, la fillette logeait dans ce qui, de son point de vue, se rapprochait fonctionnellement le plus d’une voiture, se nourrissait le plus souvent de barres de céréales ou de nouilles instantanées, et ses dépenses plaisirs ne dépassaient que rarement l’occasionnelle bande-dessinée. Elle savait - ou plutôt avait appris à - se suffire de peu, par nécessité plus que par choix.

Yukko ne put s’empêcher de remarquer les efforts de sa locutrice pour taire son potentiel fou-rire lorsque la martialiste lui fit part d’une bribe de la mésaventure qui l’avait conduite à quêter une nouvelle paire de chaussures. Il est vrai qu’entendre dire qu’un compétiteur avait mâchouillé le soulier d’un autre avait quelque chose de cocasse. La donzelle s’en serait elle-même amusé, n'eût-elle pas été la concernée ; elle s’attendait à un minimum de décence dans un concours censé rassembler des individus respectant le code moral des arts martiaux, mais peut-être était-ce là son erreur. D’après Shemesh, le tournoi de Dösatz était réputé pour le caractère répréhensible de certains de ses participants et la corruption qui entourait son organisation d’une manière générale. La métisse n’en savait rien, n’ayant pas pris la peine de s’informer davantage sur l'événement comme ses participants. Pas sûr que ça suffise pour la dissuader de participer à ce qui, jusqu’à preuve du contraire, demeurait la compétition la plus populaire des quatre galaxies, cela dit. La promesse de duels épiques restait alléchante, et une fois sur le ring, le plus infâme des vauriens n’était rien de plus qu’un compétiteur comme un autre.

« ‘me fiche bien de savoir qui ils ramènent tant que je peux me faire les poings. »

Après, elle ne pouvait obliger qui que ce soit à regarder. L’adolescente trouvait personnellement ce genre de rencontres sportives à la fois instructif et cathartique, mais elle comprenait que ce n’était pas pour tout le monde. Tout comme les séances de shopping n’étaient pas pour elle. Elle en avait même horreur, si la simplicité évidente et le manque de style de son accoutrement actuel - dégâts exclus - ne mettaient pas déjà suffisamment la puce à l’oreille concernant l’intérêt que portait la garçonne à la fashion. Voilà pourquoi elle avait cru bon de quérir l’aide de sa fangirl. Les sacs de Shemesh avaient l’air remplis à rabord de fringues, elle devait être une pro de la mode. Nul doute qu’elle saurait trouver l’habit idéal en deux temps trois mouvements, et ainsi épargner à Yukko de devoir errer plus longtemps que nécessaire dans ce centre commercial.

Et autant dire que l’Argusienne ne prit pas la requête de son idole à la légère, sautillant sur place d’excitation avant de tirer la lycéenne par la main, sans résistance de cette dernière cette fois-ci. Toute las de son état, le simple fait de voir Shemesh s’emballer de la sorte suffisait à ôter à l’adolescente le peu d’énergie qu’elle ne savait même pas qu’elle avait encore. La scène, en plus de captiver les regards de tous les passants dans un rayon d’une vingtaine de mètres, au grand déplaisir de Yukko, rappelait à cette dernière ce qu’elle décrirait comme l’un des pires moments de sa vie. Elle se souvenait de lorsque ses copines de collège - parce que oui elle en avait, juste pas beaucoup - la traînaient similairement jusqu’à la zone commerciale la plus proche pour lui refaire sa garde-robe. Pour une raison qu’elle ignorait complètement, ses anciennes camarades de classes tenaient absolument à la mettre en valeur, lui devinant un certain charme qu’elle ne s’imaginait pas, parce qu’elle s’rait super mignonne si elle prenait un peu soin d’elle ou un truc du genre. Éternellement réticente, la fillette finissait pourtant toujours par se laisser faire, par respect pour leurs efforts plus qu’autre chose. Hélas, les occupants de sa penderie ne survivaient que rarement aux subséquentes échauffourées dans lesquelles elle avait la fâcheuse tendance de se retrouver.

Assise sur un tabouret - ceux qui servaient pour essayer de nouvelles chaussures -, la martialiste vit la jeune femme au teint céruléen s’enfoncer plus profondément dans le fameux Dosapes avec plus d’enthousiasme qu’elle ne pensait nécessaire. Yukko se serait certainement contentée d’attraper la première paire de chaussures à sa taille qui lui serait passée sous la main et puis basta. En fait, elle se rendait compte qu’elle aurait sûrement été plus vite toute seule. Elle avait mal calculé son coup. Soufflant longuement du nez pour soulager le début de frustration née de cette réalisation, la donzelle n’avait guère plus d’autre choix que de laisser Shemesh opérer sa magie. Quelque part, elle était quand même un peu curieuse de voir ce que l’extraterrestre allait lui proposer.

Celle-ci réapparut finalement face à la tête blonde avec un énorme tas de fringues à ne plus savoir quoi en faire, qu’elle déposa sur le banc lui faisant face avant de présenter à la sportive chaque pièce individuellement. Là encore, Yukko ne pouvait que saluer l’effort. Son admiratrice avait visiblement longuement pondéré chacun de ses choix afin de constituer une garde-robe à la fois coquette et s’accordant à ce qu’elle devinait être les goûts de la terrienne. La description de chaque ensemble était pour le moins imagée, mais il n’y avait qu’en les essayant que la métisse saurait si ça lui conviendrait. Hochant lassement de la tête après chaque explication, elle s’introduisit par la suite dans la cabine que lui indiquait sa présente compagnie.

Au bout de deux petites minutes, Yukko émergea de l’isoloir vêtue du premier ensemble que lui avait présenté sa styliste improvisée. La pièce principale de ce premier accoutrement était une veste sportive, le genre que portaient les étudiants universitaires dans une certaine région du monde mais dont le style était parvenu à se répandre jusqu’au pays d'Extrême-Orient d’où venait Yukko, quasiment à l’autre bout du globe.

« Ça ressemble à mon vieux sukajan. Énonça-t-elle avec un semblant de gaieté. J’suis pas sûre pour la couleur, par contre. »

Après s’être présentée à Shemesh sous différents angles, la gamine retourna dans la cabine afin de revêtir la seconde tenue. Celle-ci lui était beaucoup plus familière, peut-être même un peu trop.

« On dirait juste l’uniforme de mon lycée… Y’a vraiment des gens qui portent ça en dehors des cours ? »

L’ensemble chemise et jupe courte était véritablement iconique et avait une place presque primordiale dans la culture de sa terre natale. Pour autant, ça lui paraissait un peu étrange que quelqu’un vienne le lui recommander en dehors du cadre scolaire. L’Argusienne le décrivait comme un habit de délinquant, et Yukko voyait parfaitement ce à quoi elle faisait allusion. En fait, la jouvencelle ne pouvait pas démentir avoir traîné - certes brièvement - avec le genre de personnage auquel pensait la riche héritière, ni qu’il lui arrivait à elle aussi de rouler les R, surtout lorsqu’elle parlait dans sa langue natale. Seul le code éthique de son école d’arts martiaux lui avait empêché de tomber aussi bas que certains de ses complices.

« …mais c’est pas vraiment une tenue de délinquant. Les délinquants c’est plus genre sailor-fuku avec une jupe longue, ou genre porter le gakuran de leur copain. »

À choisir, c’était même plutôt le blouson d’avant que les racailles avaient tendance à porter. Mais cela ne voulait pas dire que Yukko n’avait pas participé à - ou œuvré à déclencher - son lot de bagarres lorsqu’elle portait encore sa marinière. Pas sûr qu’elle se soit suffisamment assagie depuis pour ne pas rechuter dans ce travers, si d'aventure l’occasion venait à se présenter à elle de nouveau. Et l’occasion risquait bel et bien de se représenter, puisque Yukko allait sans doute devoir retourner à l'école et, à terme, se trouver un emploi. Car pour tout l’amour qu’elle portait envers les arts martiaux, elle l’avait dit elle-même : perfectionner des katas ne paie pas. Fut un temps où elle pouvait compter sur sa paie de policière du temps, mais ses économies étaient aujourd’hui à bout de souffle et elle ne pourrait pas dépendre toute sa vie de la maigre monnaie qu’elle se ferait en participant aux éventuelles exhibitions martiales locales.

Enfin, la fillette regagna une nouvelle fois la cabine afin de s’habiller du dernier ensemble que lui avait proposé Shemesh, s’agissant principalement d’une veste en cuir façon motard. Cette fois-ci, l’avis de Yukko était davantage catégorique au point qu’elle ne prit pas même la peine de s’habiller complètement.

« Non, le cuir j’suis pas fan. Ça tient trop chaud puis ça m’serre trop. »

Elle n’avait jamais aimé les habits en cuir, qu’elle trouvait trop peu confortable pour se battre. Parce que oui, son objectif n’était pas tant d’avoir des vêtements stylés mais surtout pratiques et qui ne la gênerait pas dans ses mouvements. Profitant de l’intimité de la cabine, la pucelle se revêtit d’un doublon encore intact de sa tenue d’origine qu’elle avait conservé dans une capsule pendant tout ce temps. Mais sans chaussures, évidemment, puisqu’il s’agissait du seul élément qu’elle n’avait pas en double. Au final, de tout ce qu’elle venait d’essayer, Yukko ne retint que le blouson et le futal du premier ensemble, avec la paire de chaussures ainsi que les gants avec les espèces de bosses sur le dos de la main, là qui ne sont rien de plus que du rembourrage permettant de protéger les mains du porteur et, dans une certaine mesure, la caboche du gars en face. Pas la peine de prendre de chemise ou de jupe puisqu’elle avait encore son propre uniforme scolaire. Attrapant donc les objets dont il était question, l’adolescente retourna ensuite auprès de Shemesh.

« Bon euuuh du coup je vais prendre ça, mais dans une autre couleur. Pareil pour les baskets, et puis ces gants-là. »

Après avoir sélectionné des articles dont le coloris lui convenait davantage - et à propos duquel je tairais les détails parce que moi, j’ai pas encore décidé -, Yukko se rendit à la caisse afin de payer ses achats en dégainant un porte-monnaie qu’elle aurait souhaité pouvoir décrire comme étant davantage chétif qu’à l’accoutumée, mais ce serait mentir. Elle régla donc la - modique pour certains - somme de 100 zénies et enfila immédiatement sa nouvelle paire de gants ainsi que ses godasses pour ne pas rester pieds nus.
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockVen 21 Oct 2022 - 23:48
Shemesh réfléchissait encore à ce que Yukko avait dit tout à l’heure, tandis que cette dernière était justement en train de rentrer et de sortir d’une cabine d’essayage. Le rien à foutre de la corruption, la volonté de juste faire des gros combats. De “se faire les poings”... C’était dûr pour notre Argusienne favorite de s’y pencher véritablement. Cette poursuite du combat… De la compétition… Le fait que ça puisse transcender l’éthique et les standards et… et tout ça, ouais, quoi. Est-ce que l’envie de faire un beau combat mériterait de se cogner les loches de l’Alliance Maléfique ? Qu’elle raison y avait-il pour poursuivre le combat, de toute façon ? S’améliorer ? S’améliorer en démolissant les autres ? C’était le même aspect qu’il y avait derrière chaque compétition. Ce n’était pas simplement s’améliorer. C’était démonter les autres. C’était se mettre sur un podium. Le combat, en soi, fallait toujours un partenaire. Fallait quelqu’un pour se battre contre soi. C’était pas une course, un stade et un chronomètre. Fallait une cible capable d’esquiver, fallait des coups à bloquer, fallait des zones vulnérables et des zones moins vulnérables, fallait une anatomie sur laquelle appliquer les cours d’anatomie… Où allait-elle dans cette réflexion pseudo-profonde ? Elle ne le savait pas. Elle ne s’était jamais vraiment battue. Elle avait fait de l’escrime pour les jeux de jambe et avait fait des techniques de glace pour des militaires qu’elle n’avait jamais vraiment utilisés.

👏 Hop ! Retour à la réalité ! 👏 Voilà la Yukko qui ressort de sa petite boîte après avoir terminé son premier essayage. Le résultat ? Elle ressemblait aux jocks des films terriens, mais genre, en nana, ce qui avait son charme très particulier. Shemesh s’était légèrement déplacée sur le côté pour placer son coude contre une étagère afin de supporter sa tête avec sa main alors qu’elle regardait son idole se mettre des fringues toutes plus stylées les unes que les autres. Elle n’avait pas vraiment idée de ce que c’était qu’un “Sukajan”, mais ça devait être un truc de Saiyan. Ils doivent une culture plus développée que les armures et les quadriceps surdéveloppés. Ou alors c’était autre chose ? Qu’importe. Elle jouait à Barbie passion mode et s’amusait à voir un individu plus musclé que n’importe quelle poupée plastique essayer des fringues et même que c’était elle qui les lui avait conseillé !!

”Moi j’aime bien les couleurs, ça fait… synthé, mais les couleurs qui vont avec le synthé…”

Disait-elle à la première réplique de Yukko, son sourire se fondant dans le gras de sa joue poussée par la paume qui était appliquée dessus. Cela couplé à ses yeux demi-clos lui donnait un air satisfait, voire peut-être même rêveur. Elle venait d’apprendre qu’il existait dans la galaxie des uniformes de lycée. Ce qui faisait du sens dans d’autres cultures, pour sûr. Mais c’était pas un truc qui lui serait venu naturellement à la tête. La planète froide et glaciale et la contre-culture face à la légèreté de sapes de Héras avait empêché le développement de véritables politiques d’uniforme sur Argus. Tout le monde était suffisamment couvert pour éviter l'obscénité et présenter du professionnalisme sans qu’il y ait eu besoin de superviser tout cela avec des codes ou quoi que ce soit. Mais c’était pas sa culture.

”Je pense que c’est badass quand c’est bien porté, perso…”

En soit c’était pas directement la tenue de délinquant, juste de l’élève. La délinquante aurait une jupe plus longue d’un… euh, “sailor fuck you” ? Et elles portaient des bakugan ? Ni vu ni connu, elle fit une petite recherche sur son portable tandis que Yukko retournait dans sa cabine. Aaaah… Elle comprenait, les “sailor fuku” c’était les trucs des écolières dans un tout autre type d’animation terriens avec un public bien différent. Et les “gakuran” c’était les uniformes des mecs d’une espèce de sous-contrée terrienne nommée “Japon”. Quand on vivait sur un satellite et qu’on descendait d’un peuple qui était déjà uni contre un autre qui les avait dégagé… Ben, c’était fastoche de ne pas avoir de culture des pays et des régions et des territoires plus ou moins indépendants. En soit, Argus était un pays où tout le monde avait les yeux qui brille et le teint plus bleuté et des pouvoirs de glace, un pays qui détestait la métroplanète mais en même temps se devait de respecter ses cousins. Damn, les uniformes des mecs avaient l’air giga ouf, par contre. Pourquoi est-ce qu’on y mettait pas les nanas aussi ? Elle remit son portable dans sa poche quand Yukko sortit avec cette fois-ci la veste en cuir sur ses épaules, admettant qu’elle n’en était pas très fan, parce qu’elle tenait trop chaud et qu’elle limitait dans les mouvements…

”Dommage, ça aurait pu être utile pour du défensif…”

Et au final, elle prit le premier ensemble, probablement parce que c’était le plus proche de ce qu’elle portait avant de se faire casser la gueule. Elle alla choisir d’autres versions avec des couleurs qu’elle préférait cependant, dommage pour tout ce qui était déco 🚨néon🚨. Au moins, elle avait eu un impact dans la vie de son idole, quand bien même c’était lui donner des trucs quasiment comme ceux qu’elle avait portés avant. S’étant habillée avec des trucs qu’elle avait porté dans une capsule depuis tout ce temps - fin, de ce qu’elle reconnaissait au bruit depuis l’extérieur de la cabine - elle alla ensuite vers Shemesh lui annoncer ce qu’elle prenait, avant de se diriger vers les caisses.

”J’te suis !”

Et armée d’un sourire, se mettant à suivre sa salvatrice tandis que cette dernière passait à la caisse, la doublant pendant qu’elle se mettait à remettre ses chaussures et d’ajouter ses gants avec les bosses qui sont trop classes et dont elle ne connaissait toujours pas l’utilité…

C’est con que ça arrive à cause de gants.

Ses iris luminescentes semblèrent se diluer l’espace d’un instant alors que son regard se fit trouble. Elle regarda dans la direction des mains de Yukko, mais elle ne les regardait pas. Elle ne voyait rien dans sa scène actuelle. Elle voyait dans le passé, comme si ses deux yeux étaient des yeux de verre. Des mains. Celle qui l’avait frappée. Celle qui l’avait étranglée. Celle qui l’avait touchée pour lui montrer des visions de son passé. Celle qui l’avait tirée dans la forêt pour la menacer d’une épée. Le fou furieux qui l’avait confondue avec une autre et qui lui avait vidé la bouche de ses dents. Le messager qui était venu lui faire une offre qu’elle ne pouvait pas refuser. Le sauveur qui lui avait décrit son passé avant de ne plus faire apparition après sa promesse. Le rouquin qui s’était fait dérober son gosse fétiche. La Terre qui voulait l’annihiler parce qu’elle était dans un jeu de diable ou un truc comme ça. Ce n’était pas une crise de nerf. Ce n’était pas une crise de panique. Il n’y avait pas d’accélération de ses battements de coeur ou de sueur ou froide… Elle avait juste… peur. Elle avait peur de mourir de l’une de ces trois ou quatre factions qui voulaient la massacrer.

”Hey… Désolé pour la requête au milieu de nulle part… Tu pourrais m’apprendre à me battre ?”

Elle avait suivi Yukko sans vraiment réfléchir, les yeux dans ses souvenirs passés, marchant vaguement à ses côtés, jusqu’à ce qu’enfin sa question sorte, confuse et honnête, naïve et innocente. Elle s’en rendit compte, sortant de son espèce de torpeur illusoire pour se crisper, avant de déglutir et de faire un geste qu’elle pensait possiblement débile et inadapté à la situation… mais que certains artistes martiaux aimaient bien. Pliant l’échine devant Yukko, ses bras raidis vers ses hanches, elle s’inclina comme dans les films de kung-fu. Elle ne savait pas si elle devait regarder dans les yeux ou pas, mais préféra fixer le sol, au cas où.

”M-mes excuses, mais c’est juste que tu, vous, tu… T’es trop forte… Et j’aimerais beaucoup apprendre à me battre grâce à toi !”

Elle cligna plusieurs fois des yeux en continuant d’observer le sol, ses cheveux descendant sur ses tempes et son cou pour couvrir son visage crispé et honteux de procéder à une demande si égocentrique et narcissique. Après tout, elle, pauvre richou paumée parmi tant d’autres, voulait avoir l’entraînement personnel d’une si grande héroïne ?

”J’ai de l’argent… Genre, que ça ait l’air d’un job, je te paie après des séances et… et, euh…”

Elle releva alors son visage, son sac pendant toujours depuis son épaule. Un autre motivateur… Elle avait un autre argument motivateur dans la tête. Elle aimait se battre ? Elle aimait avoir des adversaires de taille ? Elle réfléchissait aux Saiyen avec leurs transformations, leurs évolutions… Elle pouvait convaincre Yukko de l’entraîner si elle lui révélait l’argument clé de son potentiel.

”Je suis… je suis la fille d’une déesse de la destruction… Donc si tu m’entraînes et que je développe ma puissance… on pourrait faire des combats de ouf, pour te, te “faire les poings”, hein ?”
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockSam 29 Oct 2022 - 23:30


C’est qu’il faisait bon porter des chaussures neuves et savoir ses orteils à l’abri des intempéries comme du regard d’autrui. Yukko en était très certainement ravie, bien qu’il serait assez difficile de le deviner. Irrémédiablement marquée non pas tant par les traits farouches de la légendaire transformation des guerriers de l’espace que par la sévérité de son éducation martiale, la frimousse de la jeunette ne se prêtait que rarement à la manifestation de la moindre allégresse. Même détendue et satisfaite, son visage demeurait froid et ne s’encombrait de guère plus que d’une risette discrète. Et Shemesh risquait de devoir s’en contenter, voire même d’apprendre à chérir le souvenir de ce maigre sourire car l’adolescente ne comptait pas prolonger plus que nécessaire cette relation largement unilatérale. Yukko avait seulement consenti à recevoir l’aide de son admiratrice pour profiter de l’expertise - toute relative - de cette dernière en matière de mode, et maintenant que c’était chose faite, elle ne voyait pas particulièrement d’intérêt à s’attarder aux côtés de l’Argusienne. Elle avait juste envie de… se reposer, en réalité. Elle sortait d’un rude combat, après tout, et n’avait pas encore eu le temps de se délasser.

Mais alors qu’elle s’apprêtait à remercier sa groupie pour son assistance, celle-ci prit la fillette de vitesse en exprimant une nouvelle requête venue tuer dans l'œuf l’espoir de pouvoir regagner la quiétude de son isolement entêté. Une requête si inattendue et sortie de nulle part que Yukko, coupée dans sa marche et le regard incrédule, ne parvint à formuler plus complète réponse qu’un simple :

« Hein…? »

Shemesh voulait qu’elle… lui apprenne à se battre ? Voilà bien la dernière chose à laquelle se serait attendue la garçonne ! D’autant plus venant d’une riche héritière coquette qui, à en juger par son opinion du tournoi de Dösatz, ne devait pas particulièrement s’intéresser aux arts martiaux. Yukko cru d’abord à une blague, au mieux une tentative maladroite de la part de sa fangirl de prolonger l’interaction qu’elles savaient toutes deux approchant de son terme, mais le geste - fort embarrassant pour elles deux - qui s’ensuivit obligea la gamine à considérer réellement la sincérité du discours de sa locutrice. L’Argusienne s’était en effet inclinée face à Yukko, une démonstration de respect proche du cœur de cette dernière mais rendue ici extrêmement gênante, et ce tant par le contexte - ou plutôt l’absence duquel - que par l’attention indésirable qu’elle attirait sur les deux demoiselles qui se retrouvaient une fois encore au centre de tous les regards.

« Qu’est-ce qui t’prends ? »

Exclama la jouvencelle d’un ton incommodé, ses pommettes tirant vers le rouge trahissant son embarras. La donzelle au teint bleuté poursuivi, nonobstant la scène qu’elle causait, justifiant sa demande en évoquant le talent indubitable - n’en déplaise à certains - dont jouissait Yukko. Il serait pour l’extraterrestre un immense d’honneur d’apprendre aux côtés de son idole, et elle était prête à mettre sa fortune au profit de la réalisation de cette ambition. La super guerrière ne savait trop comment réagir à cette sollicitation. Non pas qu’elle n'ait point déjà un avis sur la question : vous vous doutez bien que Yukko n’avait pas la moindre envie d’enseigner quoi que ce soit à qui que ce soit, encore moins à quelqu’un qu’elle devinait certainement néophyte au monde des arts martiaux. Mais là… c’était si soudain ! Shemesh ne lui laissait pas non plus vraiment l’occasion d’en placer une, une fois de plus, préférant redoubler malhabilement d’arguments pour mettre toutes les chances de son côté. Le dernier desquels sorti Yukko de son statisme d’alors, la fillette esquissant rictus grandissant, manquant de s’esclaffer.

« Une déesse de la destruction ! Mais oui, bien sûr… »

Répliqua-t-elle d’un ton railleur. On ne la lui avait jamais encore faite, celle-là. Ainsi donc, la ci-présente fangirl n’était pas simplement l’héritière d’un grand oligarque mais aussi la fille d’une déesse de la destruction. Déesse ? Cela ne faisait-il pas plusieurs centaines de millions d’années que Beerus avait hérité du titre de destructeur ? Son prédécesseur avait-il été une femme ? Quel âge pouvait donc avoir Shemesh ? Faisait-elle partie de ces personnages de dessins animés des contrées d’Extrême-Orient qui avaient l’air jeunes mais existaient en réalité depuis la naissance de l’univers lui-même ? Ou bien alors, se pourrait-il que l’Argusienne soit en train de raconter n’importe quoi à Yukko pour s’attirer les bonnes grâces de cette dernière et, ce faisant, aurait malencontreusement poussé le bouchon un peu trop loin. Enfin, mensonge ou non, cela ne changeait rien - car si la garçonne trouvait effectivement alléchante l’idée de se frotter à une potentielle déité en devenir, c’était surtout pour pouvoir apprendre des prouesses martiales et autres arcanes propres à ce genre d’individus… et dont Shemesh était logiquement incapable. Se mesurer à quelqu’un de puissant mais autrement non-initié au noble art ne l’intéressait pas vraiment, d’où sa réponse.

« Désolé mais non, Perditio. J’ai pas que ça à faire… et crois-moi, j’suis genre la pire prof. »

Ce n’était pas la première fois que quelqu’un la sollicitait de la sorte. Il lui était arrivé, dans les dojos où elle fut élève, de devoir aider un kouhai sur une notion ou un geste particulier. Mais elle qui n’avait déjà que trop peu de patience envers elle-même aurait assurément beaucoup de mal à assurer la formation d’un parfait débutant, qu’il s’agisse d’un gamin lambda comme de la descendante d’une prétendue divinité. Ce n’était pas parce qu’elle savait se battre - certes mieux que la majorité - que Yukko pouvait enseigner correctement. Au-delà de la maîtrise du sujet dont il était question, il y avait aussi une ribambelle de vertus nécessaires pour être un bon professeur - des qualités dont la gamine,  par manque de maturité, ne disposait évidemment pas - en particulier lorsqu’il s’agissait d’un domaine aussi minutieusement complexe que les arts martiaux. Et puis, il restait encore à l’adolescente beaucoup trop à apprendre elle-même pour pouvoir prétendre à enseigner. Son tout dernier combat venait justement de mettre en exergue quelques-unes des nombreuses failles de son savoir martial qu’elle se devait de combler.

« Inscris-toi dans un dojo. Y’en a des tas sur Terre, j’suis sûre que t’y trouvera ton compte. »

Cela sonnait peut-être moins glamour qu’apprendre directement aux côtés d’un combattant de renom et pourtant, c’était principalement grâce à ce qu’elle avait appris dans le modeste dojo de sa ville natale que Yukko était arrivée jusque-là. N’importe quel coach à moitié compétent saurait inculquer à Shemesh ce dont elle aurait besoin pour “savoir se battre”. Le reste ne dépendrait que de sa propre motivation.

Ceci dit, si l’Argusienne tenait tant que ça à recevoir l’éducation d’un grand guerrier, il y avait peut-être bien une autre solution, évidente qui plus est.

« Sinon, tu pourrais demander à ta mère de t’apprendre… »

La galopine ne prit pas la peine de cacher son sarcasme, pratiquement palpable, mais sa rétorque n’était pas vide de sens. Elle n’en croyait pas un mot mais, si vraiment la mère de Shemesh était une déesse de la destruction, pourquoi ne pas simplement s’entraîner avec elle ? Quel gâchis ça serait de ne pas profiter du savoir d’un tel être. Et même si cela s’avérait être faux, le père de Shemesh était lui censé être un roi ou un truc du genre. Nul doute qu’il pouvait convoquer certains des plus grands experts de son monde pour donner des cours à sa fille. C’était un peu triste que cette princesse en vienne à quémander auprès d’une mioche mal habillée et au sourire difficile alors qu’elle avait encore tant de possibilités.
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockLun 31 Oct 2022 - 11:28
Un truc qu’on oubliait souvent c’était que rester pencher comme ça sans rien faire d’autre, ça finissait à faire mal au dos. C’était désagréable de stagner sans avoir un support sur lequel se poser, de manière générale. Être debout sans pouvoir s’adosser, faire semblant d’être assise sur rien, avec les genoux en angle droit, ce genre de manœuvre. Joindre les pieds et les genoux pour ensuite maintenir le dos baissé à centre trente degrés pendant genre deux trois minutes d’affilée, ça faisait pas du bien, en particulier quand elle finissait par avoir sa longue chevelure en plein dans la gueule et qu’elle avait un, euh, certain surplus de poids au niveau du torse. En toute honnêteté, si elle pouvait se faire accepter ou rejeter un peu plus vite, au moins pour pouvoir changer de position, cela lui ferait un grand plaisir.

Yukko réagissait avec embarras à toute cette situation. Entre ses mèches retombées, la plus grande des deux pouvait voir son interlocutrice regarder sur les côtés en s’effarouchant et en rougissant, ce qui aurait été un truc trop cute si notre amie au teint bleu n’était pas concentré sur ses propres problèmes et sur sa posture bien ennuyeuse pour sa colonne vertébrale. C’était également sans compter sur ses marques vocales qui indiquaient sa confusion. Ouais, c’était vrai que Shemesh prenait un peu cette décision sur un coup de tête après un moment de bad et de malaise. C’était une autre erreur qu’elle avait fait parmi beaucoup qui commençaient à s’accumuler, pour le coup.

Mais c’est quand l’autre se mit à ricaner qu’elle se rendit compte que les découvertes qu’elle avait fait sur sa propre existence étaient assez ridicules et absurdes. L’année qu’elle venait de passer avait été en effet un condensé de découvertes et de rencontres qui étaient bien trop chaotiques pour être convenablement répertoriées… et pour qu’on puisse tout simplement y croire, pour le coup. Il y avait le guerrier d’une autre planète et la demi-déesse qu’il éduquait, il y avait le vieux con avec son caillou violet qui permettait de voir dans le passé, il y avait la Terre qui voulait l’annihiler parce qu’elle était complice avec un diable, supposément, il y avait un putain de cinglé qui l’avait tabassé dans une ruelle sombre pour des trucs qu’il pensait qu’elle avait fait, mais pas vraiment - et c’était sans compter la secte para-temporelle qui voulait lui laver le cerveau ou la buter pour le simple crime d’être sortie du mauvais vagin… Est-ce que Shemesh pouvait blâmer l’incrédulité de Yukko ? Pas vraiment, quoi qu’une histoire suffisamment absurde dans ses détails pouvait la convaincre. Ce qui était trop ridicule à entendre ne pouvait qu’être vrai.

”Mais -”

Shemesh avait relevé son visage et une bonne partie de son dos pour tenter de reprendre la parole afin de faire comprendre à Yukko ce qui se passait, mais elle n’eut pas le temps de lui dire que l’autre lui disait qu’elle avait pas que ça à faire, ce qui était aussi compréhensible. Et qu’elle n’était pas la meilleure prof, aussi. Bon. En soit, tout le monde était mauvais prof jusqu’à ce qu’il décide de s’y mettre. En soit, Shemesh pouvait se rendre compte que son interlocutrice était jeune et qu’elle n’avait probablement jamais eu d’élèves elle-même. Être une super surdouée ne voulait pas dire qu’on avait son… son… euh, diplôme d’enseignant terrien. À ça s’ajoute l’humilité inculquée par toute sa discipline. Mais c’était pas grave, Shemesh était un excellent premier pas. Elle avait suffisamment accepté d’erreurs pour se permettre d’en accepter davantage, elle qui en était une, techniquement.

”Ben, euh, en fait -”

Shemesh repoussa ses cheveux dans sa nuque tandis que Yukko lui disait qu’il y avait plein de dojos sur Terre pour l’accueillir et l’entraîner… Ouais, euh, à propos de ça - personne ne voudrait se cogner sa présence. Elle était une criminelle. Elle était dangereuse, aux yeux des terriens, pour un pauvre malentendu… enfin, c’est ce qu’elle espérait. La possibilité d’avoir été à cause de sa nihiliste maman biologique une autre personne qui pouvait se déclencher d’un moment à un autre, ça lui plaisait pas du tout. Y avait-il une autre Shemesh, quelque part ? Une Shemesh diabolique, misanthrope, qui flirtait légitimement avec des démons et des diables et d’autres trucs du type cornu et edgy ? C’était un fantasme de ses quatorze ans en ébullition hormonale, pas un truc qui se devait d’être réel… Mais est-ce que ça l’était pas, justement ? Est-ce qu’il y avait dans sa tête une double personnalité endormie qui se déclenchait secrètement sans qu’elle ne puisse y faire quoi que ce soit ?

”Alors le truc c’est que -”

Et Yukko lui proposa, avec un sarcasme débordant tellement qu’on pourrait se noyer dedans, d’aller tirer deux mots à sa mère. La même sociopathe qui avait voulu se débarrasser d’elle. La même qui avait eu une seule glissade hédoniste et qui l’avait pompée et qui l’aurait balancé au feu si son espèce de politicien caricatural de suppléant l’avait pas pris et déposé autre part. Shemesh était complètement droite, à nouveau, les bras ballants et les épaules décontractées, le visage grimaçant d’un mélange de tristesse, de frustration et peur. Elle agita sa tête de gauche à droite, les yeux fermés, avant de prendre une grande inspiration, ou plutôt, de tenter d’en prendre une plusieurs fois, parce que son rythme cardiaque avait accéléré et donc également son rythme respiratoire. Cela faisait qu’elle eut un instant de pur panique, mais un tout petit instant, qui disparut rapidement. Un pic de malaise dans son cœur. Elle releva ses mains avant de les descendre d’un coup, les laissant proches de son torse, comme si elle tenait une boîte invisible.

"Écoute !”

Elle rouvrit les yeux, et sembla se calmer. Dans ses iris se trouvait une sorte de désespoir contrôlé, comme si l’adrénaline enfin la poussait à aller dans un sens spécifique au lieu de lui faire prendre tous les chemins d’une croisée en même temps.

”Ma mère, la déesse de la destruction, là, elle ne sait pas que j’existe… Elle vient d’un autre univers ou d’une autre temporalité ou un autre délire, comme ça, que je ne comprends pas. Elle a ken mon père grâce à une brèche temporelle qu’elle a créé durant un entraînement, et pas de bol, ça m’a fait naître, et c’était son espèce de serviteur bleu qui m’a renvoyé chez mon père, sans qu’elle le sache."

Elle resserra ses poings avant de les rouvrir immédiatement après.

”Le fait que je sois pas censée exister dans cet univers, ça fait que t’as une sorte de secte, la Time Patrol, un truc comme ça, qui cherche à me buter. Il y en a un qui m’a kidnappé et a tenté de m’ouvrir comme un poisson dans mon jardin. C’est pour ça que je traîne plus chez moi, pour qu’au moins s’ils me traquent, ils touchent pas à ma famille. Et j’ai été sauvé par un vieux con avec une pierre qui fait de la magie violette et qui m’a plus jamais approché après.”

Elle passa sa langue entre ses gencives et sa lèvre inférieure, baissant le regard un instant afin de trouver ses mots.

”La Terre veut me capturer, ou me tuer, parce que supposémment il y a une meuf avec mon nom et mon visage qui les a attaqué durant un Jeu du Diable, je sais pas ce que c’est, mais j’ai ma tête sur un avis de recherche et un gigantesque mec barbu a manqué de me tabasser à mort… C’est de là que j’ai ça, d’ailleurs.”

Elle tapota sur son oeil au beurre noir, avant de remonter sa tracksuit pour en montrer des bleus - ou des bleus foncés, techniquement - sur son abdomen. Elle se dénuda pas trop, elle était pas conne, elle montra juste son pauvre bidon malmené.

”J’avais l’impression de me prendre un six-tonne dans la gueule à chaque coup.”

La redescendant, elle posa sa contre son front en regardant au loin.

”Et… il y a un rouquin qui vient d’une autre planète qui veut me buter, aussi, je crois, parce que j’ai convaincu une gosse surpuissante d’aller se réfugier auprès du gouvernement terrien ? Lui, la Time Patrol, le vieux qui m’a dit qu’il me défendrait avant de me laisser manquer de mourir, la Terre…”

Elle descendit les yeux, grimaçant de tristesse un instant, avant de forcer son visage à rester digne, quand bien même ses yeux s’humidifiaient suffisamment pour refléter la lumière, comme si elle avait des ඞ dans les yeux.

”Je veux pas faire chier avec cette backstory tragique de mes deux, tout ce que je veux dire, c’est juste - je peux pas m’entraîner où que ce soit, surtout pas pour stagner à un endroit et rien faire. Faut que je bouge en permanence.”

Elle releva ses mains, paume ouverte vers le haut dans la direction de Yukko, comme pour la présenter et la mettre en valeur.

”T’es une héroïne errante qui a sauvé la moitié de l’univers, qui voyage un peu partout, qui te fait pas trop connaître et qui sait comment se battre, je te croise au milieu de nulle part avec une excuse pour me parler, t’es, t’es… t’es genre mon dernier espoir, quoi.”

Sa voix avait craqué sous cette dernière phrase, alors que son visage manqua de grimacer et de tomber en sanglot encore une fois, avant qu’elle ne cligne des yeux pour reprendre en dignité.

”Donc, oui, désolé, je m’en fiche si t’es pas une bonne prof, je m’en fiche si je dois faire tes tâches ménagères pour y arriver, je m’en fiche si tu dois me casser la gueule pour libérer mon potentiel, ou quoi, je veux juste que tu m’aides… Et je mettrais tout ce que j’ai à disposition pour que tu sois satisfaite, même si t’aimes pas la thune.”

Elle n’en avait pas grand chose à faire du regard des passants, honnêtement. Elle avait traversé cette ville titubant dans une robe d’hopitale, elle pouvait manquer de pleurer sur un trottoire. Mais elle ne voulait pas faire chier Yukko, et donc elle éviter de lui balancer son poids émotionnel dans la gueule. Elle essayait juste de lui parler logiquement de sa situation. Elle voulait juste, logiquement, lui dire pourquoi elle avait tant, tant, tant besoin d’elle. Elle s’inclina alors une dernière fois.

”Pitié, pitié pitié pitié… entraîne-moi…”
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockJeu 3 Nov 2022 - 1:32


Si elle avait su que leur brève vadrouille prendrait ce virage-là, l’adolescente ne se serait certainement jamais risquée à consentir à la compagnie de son interlocutrice. La quiétude qu’elle quérais tant lui paraissait désormais ô si loin, et elle se sentait un poil trop impliquée pour simplement s’en aller sans dire un mot, quand bien même il s’agissait-là de son plus sincère désir. Elle espérait, en quelque sorte, que la jeune femme au crin opalin se rende elle-même compte de l’absurdité de son discours. Absurdité était peut-être même un faible mot, car Yukko n’avait jamais ouï-dire d’une quelconque déesse de la destruction - certainement pas dans le septième univers - et devinait qu’il était interdit aux déités de ce genre d’entretenir des relations de ce genre avec qui que ce soit. Plus improbable encore lui paraissait être le fait que la descendante d’une personnalité aussi majeure soit autorisée à traîner parmi les simples mortels sans surveillance, en particulier lorsque celle-ci, de son propre aveu, était incapable de se défendre. Ça faisait quand même beaucoup à avaler, et Yukko en savait suffisamment sur la hiérarchie divine pour ne pas se laisser rouler dans la farine par de tels arguments.

Le pire, c’est qu’il existait bien tout un tas d’experts en sports de combat à même d’offrir à l’Argusienne très exactement ce qu’elle recherchait et, si tenté que cette dernière n’ait point menti concernant son statut, elle avait largement les moyens de se payer leurs services. Mais alors, pourquoi mentir ? Peut-être était-ce là la raison pour laquelle Yukko n’avait pas encore décampé, parce qu’elle voulait comprendre ce qui pouvait pousser quelqu’un à galéjer aussi éhontément. Il devait y avoir plus aux dires de sa locutrice que ce dont cette dernière lui avait jusqu’alors fait part. Que la garçonne ait suffisamment de patience pour la laisser aller jusqu’au fond des choses, en revanche, rien n’était moins sûr.

Alors effectivement, cette histoire de déesse de la destruction était un poil plus compliquée qu’elle ne le paraissait au premier abord. Prenant son courage à deux mains, Shemesh fit de son mieux pour légitimer son récit, faisant mention d’ébats extra-universels qu’elle avait elle-même un peu de difficulté à appréhender. La super guerrière tâchait de considérer les paroles de l’extraterrestre avec un minimum de sérieux, abandonnant la goguenardise de sa réplique sarcastique de la minute passée et toisant son admiratrice de son regard acerbe, les bras croisés. Ainsi donc, sa propre mère n’était pas au courant de son existence ? C’était un peu difficile à croire. Yukko n’était pas dupe : elle avait déjà demandé à ses parents comment on faisait les bébés et avait cru comprendre que la mère était particulièrement impliquée dans le processus de la naissance. Cela dit, les pouvoirs des anges, comme l’espèce de serviteur bleu que Shemesh fit bon de mentionner, étaient tellement délirants qu’une telle aberration en devenait presque plausible.

Étonnamment, le récit de l’expérience de la jeune femme avec la Time Patrol était autrement moins crédible, et pour cause : il fut un temps où Yukko faisait elle-même partie de cette organisation, qui n’avait rien d’une secte et jamais au grand jamais ne se réduirait à tuer une innocente, que celle-ci soit le résultat d’une anomalie temporelle ou non. Encore fallait-il que Shemesh soit innocente, cela dit, et rien n’était moins sûr étant donné qu’elle était apparemment recherchée sur deux planètes différentes. Mais pourquoi ? Allez donc savoir. L’extraterrestre au teint azurin était sans doute entrée davantage dans les détails mais c’était trop tard ; Yukko ne l’écoutait plus que d’une seule oreille, et encore. L’adolescente n’avait pas eu la persévérance d’entendre sa locutrice jusqu’au bout, les paroles de laquelle n’amontant à guère plus qu’un enchevêtrement de geigneries lassantes à ses yeux. Elle aurait dû s’y attendre - en fait, elle s’y attendait. C’était logique que Shemesh lui raconte sa vie pour se justifier, faire connaître sa galère était certain de rendre son imploration davantage recevable auprès du bienfaiseur moyen. Mais Yukko n’était pas le bienfaiseur moyen, ni l’héroïne que s’imaginait l’Argusienne, elle était une gamine incorrigible qui n’avait de respect pour guère plus que la pratique de la chose martiale. Aussi, en dépit de ses meilleurs efforts, la métisse avait lâché pratiquement à mi-route et n’attendait désormais plus que le bon moment pour stopper sa suppliante.

Un moment qui arriva lorsqu’une fois de plus, Shemesh s’inclina face à elle. Tiraillée par la gêne d’un côté et l’exaspération de l’autre, la tête blonde vint poser sa main sur l’épaule de son admiratrice et exerça juste assez de force pour l'obliger à se redresser.

« Ça suffit, arrête avec ça. »

Elle plongea son regard polaire dans les yeux larmoyants mais pas moins déconcertants - et suspects - de la jeune femme, un bref soupire précédant la suite de sa rétorque.

« Je vois bien que t’as des problèmes, Perditio, mais… je m’en fous …tu t’adresse pas à la bonne personne. »

Il n’y avait pas à épiloguer là-dessus davantage. Elle n’était juste pas prête - et n’avait aucunement envie - d’endosser la responsabilité de prendre quelqu’un sous son aile. Prendre le temps de transmettre le b.a-ba des arts martiaux à un débutant complet risquait très certainement de freiner sa propre progression, et c’était si et seulement si elle en était vraiment capable en premier lieu. À vrai dire, la question ne se posait même pas, tant le refus de la galopine semblait formel.

Enfin, l’occasion tant attendue de s’extirper de ce mauvais pas et de partir retrouver le repos qui lui faisait tant défaut se présentait à Yukko… et pourtant, elle tardait à s’en aller. Plus rien ne la retenait désormais. Rien ne l’avait jamais retenue, en réalité. Était-il possible que la vue d’une personne dans le besoin ne la laisse point indifférente ? Elle en avait vu passer pourtant, des gens dans la misère, et rares furent les fois où elle avait daigné lever le petit doigt pour soulager leur détresse. La fillette préférait éviter se mêler des problèmes des autres, de peur qu’ils deviennent ses problèmes à elle. Et Shemesh semblait en avoir des tas, des problèmes. Mais ce n’était pas pareil, cette fois-ci. L’Argusienne ne lui paraissait pas être de ceux qui préféraient baisser les bras et s’apitoyer sur leur sort. Peut-être bien qu’elle l’était, et qu’elle n’était vraiment plus qu’à deux doigts de s’abandonner au désespoir. Toutefois, Yukko lui reconnaissait une certaine force de caractère - aussi bien dans ses paroles que dans son comportement, comme le baroud d’honneur de quelqu’un décidé à reprendre sa vie en main, à braver le fait accompli et à défier la fatalité du monde dans lequel elle s’était vu projetée malgré elle. La jouvencelle était assurément incapable de formuler pareil sentiment, mais elle savait que c’était cette même mentalité qui animait ces délinquants, ceux qui frappaient par terre avec des battes, ceux que l’adolescente avait rejoints et qui, tout comme elle, roulaient les R.

Le genre d’énergie que Yukko savait respecter. Le caractère de ceux qui ne rechignaient pas devant le sang, la sueur et les larmes.

Était-ce suffisant pour la motiver à prendre sa suppliante pour élève ?

Non.

Maiiiis…

« …bon, enfin, je comptais me chauffer un peu à la salle de sport. Menteuse. Ça m’dérange pas que tu m’accompagnes, si tu veux. »

Plongeant ses mains dans les poches de son futal, elle détourna le regard puis fit volte-face, l’air détachée. Elle leva ensuite l’un de ses talons, faisant pivoter son pied d’un côté puis de l’autre comme pour admirer son soulier tout neuf qu’elle prenait le soin de mettre en évidence.

« Prends-le comme un remerciement, pour m’avoir aidé avec les chaussures. »

Tsundere, va.
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MessageSujet: Re: Fresh New Kicks   Fresh New Kicks ClockSam 5 Nov 2022 - 1:31
Yukko s’était mise à regarder Shemesh avec son air toujours aussi dubitatif et vide que quand elle avait commencé à douter de ce qu’elle lui disait. Et Shemesh… Shemesh ne pouvait pas vraiment la blâmer. Qu’est-ce qu’elle pouvait lui dire ? “Crois-moi”, mais plus fort, pour qu’elle ne se fasse plus ignorer ? Elle savait elle-même qu’il disait la vérité, ou du moins sa perception des évènements. Ce qu’elle avait subi et ce qu’elle avait appris. Peut-être qu’elle était une dinde de la farce qui s’était faite enculée dans des trous qu’elle n’avait même découvert avant de se laisser dorer pour Noël. Peut-être qu’il y aurait plus tard une révélation sur le fait que tout était une simulation, et peut-être qu’elle finirait, éclairée tout en néon fushia par regarder un… une… nan, elle avait pas vu ce film, en vrai - en même temps, deux heures quarante d’un coup, fallait avoir la motiv - mais elle ferait probablement cette tête quand on lui révèlera qu’elle s’étaite faite avoir depuis le début par une conspiration qu’elle ne comprenait pas. Cela ne l’étonnerait pas, à ce niveau.

Dans tous les cas, Shemesh ne changea pas d’expression quand Yukko la tapota pour la faire se redresser. Elle avait des yeux qui étaient toujours larmoyants, et un visage qui était toujours creusé par la tristesse et la panique étouffée qui l’avait fait manquer par trois fois de grimacer. Ses sourcils se relevèrent légèrement et ses iris semblèrent rétrécir tandis que Yukko lui disait que ce n’était pas à elle qu’il fallait parler. Cela aurait été un bon moment pour juste fondre en larme. S’accroupir au milieu de la rue et mélanger un besoin d’expulser ses sentiments avec peut-être une dernière tentative d’obtenir un mentor par un sketch en public et un petit dosage de guilt-trip, un truc qui serait pas cool à faire mais honnêtement dans sa situation fallait faire des sacrifices.

Mais Shemesh n’en fit rien. Elle continua de regarder Yukko droit dans les yeux, et l’autre… l’autre ne faisait pas pareil. Elle avait un peu tardé à enlever sa main de son épaule et encore plus à s’en aller, restant plantée là en mettant les mains dans ses poches et en regardant l’horizon, avec la mine la plus faussement désintéressée qu’elle puisse avoir. Il fallait que notre Argusienne préférée maintienne son air attristé quand bien même elle n’était pas suffisamment dupe pour savoir que Yukko devait avoir une raison de ne pas simplement se tirer. Elle laissait simplement sa respiration lourde parler pour elle… jusqu’à ce qu’enfin ce qui devait arriver arriva : on lui proposa au moins de l’accompagner pour son échauffement ! Avec suffisamment de regard sur le côté et de “ouais mais c’est si tu veux, hein” pour avoir à éviter de présenter trop de faiblesse émotionnelle… ou juste parce qu’encore une fois c’était pour maintenir toute cette humilité, là - genre, “faut que je présente mes offres comme des services à accepter parce que mon bras est celui de la justice”, un truc du genre, elle savait pas ! Au moins, c’était pour l’avoir aidé pour les chaussures. Supposément. Peut-être.

Shemesh ne savait pas si elle l’avait convaincu et que Yukko ne voulait pas avouer croire à une histoire aussi débile, si elle avait suffisamment bien pleuré pour lui tirer sur les fils émotionnels, si elle lui avait fait pitié ou si elle l’avait motivé avec ses histoires de possible héritage de déesse de la destruction ou juste parce qu’elle était une jolie beauté bleue de dix centimètres de plus, mais… mais ! Mais, mais, mais, mais, mais, maaaaaais ! Elle ne put tout simplement pas cligner quelque fois des yeux avant de retrouver toute la lumière du soleil dans son visage, se mettant à sourire à pleine dents alors qu’enfin l’humidité de ses yeux en sortit pour glisser sur ses joues et qu’elle agrippa Yukko en l’enlaçant avant de tourner et de sautiller sur elle-même, oubliant respectueusement qu’elle venait de soulever une guerrière qui était capable de l’atomiser -

”HI HI HI HIIIIIIIII MERCIIIIIIIIIIIIIII MERCI MERCI MERCIIIIIIIII-HI-HI-HIIIIIII !!!”

- avant de la redeposer en faisant un bond de distance pour se figer honteusement et tout droit, avant de se prendre dans l’arrière de la tête le sac lourd mais moelleux et plein de vêtements qu’elle avait porté jusque là, se déstabilisant l’espace d’un instant, manquant de s’écrouler en se tenant sur une jambe avant de reprendre une posture convenable, et correcte, s’essuyant les yeux dans la partie de sa manche qui couvrait l’intérieur de son coude.

”Désolée, juste… Tu m’sauves - Tu m’sauves vraiment… Je, euh… J’te laisse me dire où on va…”
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