L'inextinguible

Même dans les heures les plus sombres, son stoïcisme emprunt de sagesse ne ternissait pas. Même alors que l’esprit de Charlo continuait de vrombir de colère, faisant se couvrir le paisible sanctuaire de nuages chargés d’électricité, Claire méditait inlassablement.

Dans cette posture qui requérait un entraînement de toute une vie – en plus d’une sensibilité particulière à l’Immatériel – la guerrière voyageait via son corps astral. Sans encombre, cela lui permettait de se rendre n’importe où dans son univers, ou dans d’autres puisqu’elle en avait la permission.

Depuis cet étrange « niveau de réalité » qui diffère tant de ceux que connaissent les gens en général, la claymore observait, analysait, se renseignait dans le silence. Parfois il lui suffisait de chuchoter à l’oreille des braves pour les aider à faire le bon choix, et d’autres fois il ne lui était possible que de ressentir de la peine en voyant ce que les mortels pouvaient faire de pire. Les siens – car oui, Claire demeurait une mortelle de naissance.

Mais il n’y avait pas que les mortels pour battre les records du pire. Le Grand Prêtre en personne était l’incarnation de la cruauté – et de ça l’Avatar de la Justice en était convaincu. Alors la haine qui émanait de son ami Charlo, faisant frétiller l’air tout autour – et ce phénomène était perceptible pour des personnes en chair et en os - de lui alors même qu’il n’était plus qu’un « simple » esprit était plus que justifiée.

Des questions demeuraient sans réponse en cette ténébreuse époque. Est-ce que tout le monde qui devrait normalement se souvenir de lui se rappelait seulement de qui était Pythar ? Ou est-ce que son effacement pur et dur de la réalité allait affecter les mémoires de ses proches ?

Il n’y eut que le vide pour lui répondre. Impénétrable, insondable. Mais il n’avait rien de terrorisant. Le vide faisait peur par le mystère qu’il représente ; mais pour quelqu’un qui s’y jetait à corps perdu depuis des années, il était familier. Il ne devait pas forcément être « rempli » comme le croit à tort les gens en général.

Ce néant conscientisé est souvent diabolisé car peu de personnes savent comment s’en servir à bon escient. Il est là pour nous aider à faire la part des choses, à ne plus être harceler par notre flux incessant de pensée.
En s’ouvrant ainsi à la dimension du vide, on comprend qu’il existe des « paliers » d’éveil de la conscience. Et c’est ainsi que peut débuter un voyage spirituel de plus en plus profond quand l’on s’exerce avec conviction à la chose. Cela nous permet d’entendre. De comprendre. Ce que l’on est, ce qui nous entoure.

Et cela nous permet aussi parfois d’entrer en résonnance avec l’âme d’une autre personne et de percevoir son message.

« Qui a tué le monde ? »

Une voix gutturale résonna alors dans son esprit. Ce n’était pas l’interrogation en soi qui perturba sa position de transe méditative à ce point, mais bien la voix qu’elle reconnue immédiatement.

« Toi. » Répondit à sa propre question l’intrus. « Mais je n’en ai plus besoin. » Conclut-il finalement.



La noirceur totale submergea son cœur.




Claire ouvrit grand les yeux. Son corps se redressa avec l’agilité du guepard. Ses muscles se contractèrent avec vélocité, lui permettant de bondir sur ses deux jambes et de dégainer sa gargantuesque arme presque qu’inconsciemment. Son expression faciale n’avait plus rien de serein.












Mais il n’y avait personne.





Pas même l’ombre du D̸̬̲͆́̊ȩ̴́͠v̵̛̞̗̾̕ő̷̬̭͝ŕ̴̹͍é̶̞̘̈ͅu̸̹͒r̴̨̘̈̾ ̶͙̎́d̸͓̺͇̈́͛è̵͚̥͑͒ ̵̞̤̃̿̕M̶̨͍͌̆͠o̴̡̧̓ṇ̵͈̔d̷͙̭̊̀͠ḛ̴̇s̵̝̦̅͂.̸̮̼́͝

Pourtant… L’Esprit de Justice distinguait clairement son rire faire écho dans sa tête.