Vegeta vs Hellzetsu

Heureusement, le prince n'eut pas à attendre longtemps.
Après le premier tour, les organisateurs avaient l'air d'avoir décidé d'accélérer le mouvement. Tant mieux : s'il lui avait fallu patienter autant qu'il avait été contraint de le faire pour son premier combat, il aurait dû trouver un moyen de se défouler. Celui-ci l'avait tant frustré qu'il fallait impérativement qu'il se passe sur les nerfs, qu'importe sur qui ou sur quoi.
En l'occurrence, le tirage au sort avait apparemment décidé que son punching-ball ne serait autre que le dénommé Hellzetsu. Ignorant tout de lui, Vegeta n'avait pas pris la peine d'assister à son premier combat.

S'il se rappelait bien, c'était lui qui s'était mesuré à l'amie d'Oishi, cette fameuse Soya dont elle lui avait déjà vanté les mérites. Cependant, ne l'ayant pas rencontrée en personne, il n'avait aucune idée de la valeur qu'elle pouvait avoir au combat.
Le fait que sa protégée la tienne en haute estime aurait certes pu constituer une forme d'indicateur, mais elle-même avait considérablement augmenté son niveau depuis qu'elle était venue le chercher sur Terre. Que ce soit grâce à leur entraînement ou à la mésaventure à laquelle elle s'était trouvé mêlée par sa faute, son niveau était incomparable avec celui qu'il était encore à son arrivée.
Si elle devait la voir à l'œuvre, cette ancienne sœur d'arme - supposait-il - lui semblerait-elle encore aussi impressionnante qu'autrefois ? Oishi était la seule à pouvoir le dire.

Concernant cette dernière, il avait entendu dire qu'elle avait remporté son premier match ; il n'en attendait pas moins de sa part. Si elle continuait sur sa lancée, ils se retrouveraient au prochain tour... L'idée le fit sourire alors qu'il quittait les vestiaires : il serait curieux de voir comment elle se débrouillerait face à lui dans de telles conditions.
Mais tout d'abord, il fallait déjà se charger de son nouvel adversaire. Qui que soit ce Hellzetsu, il allait regretter d'être tombé sur lui. Appelé tant par les organisateurs que par la foule, Vegeta entra dans l'arène sans se faire prier, pressé de passer aux choses sérieuses. Ses poings serrés craquèrent l'un après l'autre tandis qu'il toisait le concerné.

« Je ne sais pas qui tu es, mais mon premier adversaire m'a beaucoup déçu. J'espère pour toi que tu seras un peu plus à la hauteur... » Faisant peu de cas des salutations auxquelles celui-ci aurait pu s'attendre, il se mit en garde, d'ores et déjà prêt à ouvrir les hostilités ; il n'attendait que le signal de départ. « Essaie de tenir au moins cinq minutes, tu veux ? »

La désillusion fut immédiate. Non seulement le dénommé Hellzetsu ne payait pas de mine, mais n'avait en plus rien trouvé de mieux à faire pour répondre à sa provocation que de la lui renvoyer. Piètre performance. Inutile de dire que les espoirs que le prince pouvait avoir de disputer un combat digne de ce nom s'étiolèrent instantanément.
Certes, peut-être ferait-il montre de plus de répondant sur le terrain qu'en matière de répartie, et Vegeta se raccrochait à cet espoir... Mais au vu du rayonnement que cette compétition était censée avoir, il pensait être en droit d'espérer mieux. Qu'importe.

« Crois-moi, personne ici ne sait de quoi je suis réellement capable. » Il fit craquer sa nuque. « Fanfaronne autant que tu veux, mais si tu penses me connaître par cœur, tu risques d'avoir une mauvaise surprise. »

Même ceux qui le connaissaient de réputation ne  savaient rien de la manière dont il avait évolué depuis l'époque où son nom faisait trembler la galaxie. Et s'ils croyaient qu'il était resté le même après tout ce temps, ils allaient être sacrément déçus.
Certains d'entre eux devaient encore avoir une dent contre lui, même après des dizaines d'années ; il n'irait pas leur reprocher. La mort et la destruction qu'il avait causé sur son passage - fut-ce au nom de Freezer ; ce n'était pas comme s'il n'y prenait aucun plaisir, à l'époque - n'étaient pas de ces choses qu'on peut facilement oublier.
Mais il était devenu un autre homme, et si ce n'était pas suffisant pour faire disparaître tous ses péchés - même si Shenron lui-même semblait le considérer comme un bienfaiteur, désormais -, il mènerait sa rédemption à son rythme. Alors oui, si ce crétin anonyme se basait sur de simples rumeurs, il risquait bel et bien d'être surpris.

Le coup d'envoi fut donné, et Vegeta ne perdit pas un instant pour se lancer à sa rencontre.
Bras tendu, il fit naître au bout de ses doigts une lame d'énergie de laquelle il parut vouloir frapper - mais qu'il enfonça dans le sol à mi-parcours, lacérant les dalles du ring sur lesquelles ils étaient censés combattre ; puis, d'un large mouvement circulaire, il projeta poussière et débris en direction du visage de son adversaire, avec la claire intention de l'aveugler.
Le prince n'avait jamais rechigné à user de méthodes dites déshonorables pour s'assurer la victoire. S'il refusait d'en abuser au point que le combat lui-même n'ait pas lieu - de la même manière qu'il s'était jadis opposé à ce qu'on détruise les cyborgs avant leur activation -, une fois celui-ci entamé, tous les moyens étaient bons pour prendre l'avantage.
Tout guerrier qu'il soit, il était avant tout un soldat, et connaissait à ce titre la réalité du terrain ; élite ou pas, il savait qu'une bataille ne se remporte pas en essayant d'être « fair-play ». Depuis quelques temps, sa puissance était devenue telle qu'il n'avait plus besoin d'employer de tels stratagèmes, mais sa condition actuelle remettait les choses en perspective.

Bien sûr, cet usage détourné de la Spirit Sword ne l'empêcha pas de la mettre également à profit de façon plus conventionnelle, essayant de taillader le torse de son opposant de l'épaule à la hanche. Pas pour le fendre en deux, évidemment ; à l'instar du tournoi de la Terre, celui-ci rechignait à les laisser mettre à mort leurs adversaires… Mais cela n'empêchait pas à priori de le blesser grièvement. Et puis, la façon qu'il aurait de réagir à cette entrée en matière lui donnerait immédiatement une idée de ce qu'il pouvait attendre de sa part.

Le prince n'en resta cependant pas là ; bondissant en arrière pour reprendre ses distances et ainsi éviter de lui faciliter une hypothétique contre-attaque, il généra une large sphère d'énergie d'une paume pointée dans sa direction. Sans être sa meilleure technique, le Big Bang Attack avait suffi à mettre un terme à son dernier combat ; peut-être en ferait-il de même cette fois-ci. Il ne demandait qu'à le vérifier, et fit donc feu sans plus attendre.

« Prends ça ! »

« C'est avec ça que tu comptes m'impressionner ? Mon fils s'est transformé pour la première fois à l'âge de huit ans. Le Super Saiyan est dépassé depuis longtemps ! Tu devrais te mettre à la page, mon pauvre ! »

C'en était presque risible, à bien y penser. Il avait passé si longtemps à poursuivre le mythe du Super Saiyan pour que celui-ci soit à la portée de tous quelques années après. Depuis, il était presque inconcevable qu'un Saiyan digne de ce nom en soit incapable, pourvu qu'il y mette un peu du sien.
Si fier soit-il de son fils pour y être parvenu à un si jeune âge, il y avait de quoi en être quelque peu médusé - mais cela prouvait bien que cette forme n'était pas aussi spéciale qu'on aurait pu le croire.
N'avaient-ils pas appris depuis qu'il en existait un second niveau, et même un troisième ? Sans parler de cette forme divine que Kakarot avait réussi atteindre grâce à l'aide de Pythar et de ses proches... Qu'il avait sans doute affiné depuis pour pouvoir l'utiliser à volonté.
Non, définitivement, ce n'était pas avec cette transformation obsolète que ce Hellzetsu pourrait retenir son attention. Moins encore avec la confiance en lui déplacée qu'elle semblait lui procurer. Même le Super Saiyan 2 qu'il prétendait garder pour plus tard - que cela pouvait-il être d'autre ? - n'était plus si impressionnant. Le prince était bien placé pour le savoir, n'ayant jamais lui-même dépassé ce stade - n'en ayant pas eu besoin.

Il plissa les yeux en sentant fluctuer l'aura de son adversaire, trahissant que celui-ci était en train de manigancer quelque chose. Ce n'était pas discret, entre l'aura blanche qui s'était superposée à celle, dorée, du Super Saiyan et ses yeux soudain dénués de pupilles ; il put donc se préparer à le recevoir - quand bien même il ne s'attendait pas à une telle vitesse de sa part.
Dans l'urgence, il eut recours à l'un de ces tirs de barrage dont il avait fait sa spécialité ; s'il était conscient que cela ne suffirait pas à l'arrêter, il espérait lui enlever une partie de son élan, assez pour lui faciliter la tâche au moment de se défendre. Ce n'était pas grand chose, mais au moins put-il ainsi contrer ses coups lorsqu'il vint l'attaquer au corps à corps.

D'une certaine manière, Hellzetsu incarnait tout ce que Vegeta avait récemment rejeté. Si certes il venait s'en physiquement s'en prendre à lui, il le faisait après avoir multiplié les artifices, les « trucs et astuces » pour s'arroger autant d'avantages que possible avant même d'oser l'approcher. Avait-il si peu confiance en ses capacités pour avoir besoin de déployer un tel arsenal avant de se mesurer à lui ? Cela ne faisait que le conforter dans sa récente décision ; celle de se concentrer sur la technique, sans recourir systématiquement à des expédients qui, s'ils faisaient l'affaire sur le moment, ne lui donnaient aucune occasion de progresser. Cette accumulation de pouvoirs divers et variés était peut-être visuellement impressionnante, mais en partant de ce point de vue, il ne pouvait que trouver cela paresseux.

Évidemment, son opposant puéril jouissait d'une claire supériorité en matière de puissance brute - pour le temps que durerait son cocktail de renforcements, tout du moins -, mais Vegeta n'avait pas à rougir de la succession d'esquives et parades qu'il déploya pour s'en protéger.
S'il ne réussit bien sûr pas à se soustraire à l'intégralité des dégâts subis, comme il s'en était douté, il put en revanche faire en sorte qu'aucun de ses coups n'atteigne exactement l'endroit souhaité ; il était hors de question qu'il se laisse couper le souffle par ce petit gringalet ! Chaque impact le forçait à reculer et mettait à rude épreuve les parties de son corps qu'il dédiait à le bloquer, mais il tint bon tant bien que mal.
Le choc plus douloureux était encore celui reçu au niveau de sa jambe, seul qu'il n'avait pu dévier ne serait-ce qu'un peu et qui l'obligea à se mettre en flottaison pour ne pas devoir y prendre appui, mais c'était un moindre mal.

Quoique manifestement sur la défensive, et dès lors incapable de rendre les coups tant que durait ce premier assaut, le prince des Saiyans se rebiffa subitement lorsque son agresseur forma une vague d'énergie.

« N'Y PENSE MÊME PAS ! »

Faisant soudainement preuve d'une vivacité qu'il n'avait pas laissé deviner jusqu'alors, il profita de l'effet de surprise pour décocher un Final Impact en direction de l'attaque adverse. Infiniment plus concentré que ne l'étaient la plupart des faisceaux du même acabit, ce dernier avait vocation à pouvoir transpercer tout ce qui se trouvait sur son passage - y compris ce genre de technique, et pourquoi pas la main qui en était à l'origine s'il en avait l'occasion. Et s'il ne doutait pas que son propriétaire n'avait pas l'intention de se laisser gravement mutiler de la sorte, encore faudrait-il qu'il puisse l'éviter, si tant était qu'il ne soit pas trop surpris d'avoir été ainsi contré.
C'est le moment que choisit Vegeta pour se jeter sur lui et enfin commencer la riposte qu'il gardait de côté - qu'il avait entrepris de concevoir alors même qu'il se démenait pour ne pas trop souffrir de cette première pluie de coups. Et là où son adversaire pensait semble-t-il pouvoir anticiper le moindre de ses mouvements, peut-être aurait-il la désagréable surprise de constater qu'il ne se déplaçait pas du tout comme il aurait dû le faire.
Ainsi est-ce avec les mouvements de Kakarot qu'il s'employa à lui envoyer son coude dans le plexus solaire, avant qu'il n'emprunte à Piccolo la manière dont il essaya de lui balayer les jambes d'un puissant mouvement circulaire. De même est-ce à son propre fils d'un autre temps qu'il emprunta la manière dont il tenta ensuite de lui abattre violemment sa jambe à l'arrière du crâne - méthode que celui-ci avait sans doute lui-même dû tirer des enseignements du Son Gohan de son époque.
Ce n'était pas les seuls qu'il était capable d'imiter : des styles comme ceux de Nappa et Raditz - bien qu'il n'en garde qu'un lointain souvenir - y passèrent également tandis qu'il faisait en sorte de le frapper à la gorge du tranchant de sa main, puis finalement de lui abattre son crâne sur le nez. Marquant une pause, il cracha un filet du sang que les frappes d'Hellzetsu lui avaient laissé dans la bouche d'un air dédaigneux.

« Imbécile ! Je me bats depuis ma naissance. Tu crois vraiment que je suis incapable de changer mon style de combat ? Tu es beaucoup trop jeune pour pouvoir me vaincre ! »

Vegeta avait affronté de nombreux adversaires au long de sa vie, certains à de multiples reprises ; s'il n'avait pas le goût de son rival pour ce qui était de leur soutirer des techniques, il n'en était pas moins capable de se battre comme eux ponctuellement s'il s'en donnait la peine. Combien de fois s'était-il livré à des simulations mentales contre chacun d'entre eux - s'était-il, pour beaucoup, imaginé les mettre en pièces et réfléchi aux meilleurs moyens d'y parvenir ?

Soudain, il rabattit ses deux bras devant lui, paume au clair - et chacun d'entre eux fit naître une orbe massive, similaire à celle qu'il avait fait s'abattre sur lui un peu plus tôt, pulsant de la même énergie destructrice et entrant en résonance l'une avec l'autre alors qu'il les projetait dans sa direction. N'ayant jamais encore auparavant tenté une telle manœuvre, le prince n'eut d'autre choix qu'improviser :

« DOUBLE BIG BANG ! »

Quand bien même il ne s'agissait en vérité que de la même attaque utilisée en deux exemplaires, il était bon d'avoir un nom à y attribuer. Même si par miracle Hellzetsu arrivait à ne pas être touché directement, elles exploseraient au moment d'entrer en collision ; on verrait alors si sa panoplie d'aptitudes tape à l'œil pouvait le sauver.

« En tant que légume ? » se gaussa le prince. « C'est vrai que tu n'as pas l'air bien malin, mais tout de même ! »

D'autant qu'il voyait mal comment du temps passé dans le coma - comment pouvait-on se retrouver dans un tel état dans l'Autre Monde ? - pourraient compter comme des années d'entraînement. L'Au-Delà - le Paradis en particulier - offrait des opportunités qu'on ne trouvait nulle part ailleurs, mais pas au point que l'on devienne plus fort en bavant dans son lit.
Quel que soit l'âge véritable qu'il pouvait avoir, il démontrait à chacune de ses prises de paroles que son mental était loin de suivre. Un gamin arrogant et immature, voilà ce qu'il était - et en matière d'arrogance, Vegeta était bien placé pour la reconnaître quand il en voyait.
Oh, sans doute n'était-elle pas entièrement infondée ; il devait avoir connu quelques succès pour avoir une si haute opinion de lui-même. Le prince en personne n'aurait pas pu développer un tel ego dès l'enfance si celle-ci n'avait pas été jalonnée par des prouesses toujours plus impressionnantes pour son âge. Lorsque tout vous vient facilement, l'on a tôt fait de se croire au-dessus de tout le monde - et la chute, quand elle finit par venir, n'en sera que plus douloureuse.
Pour lui, c'avait été son premier voyage sur Terre. Pour l'autre blanc-bec, et bien... Peut-être ici, qui sait.

Ce dernier continuait d'évoquer des faits qui n'avaient rien à voir avec lui et dont il se moquait éperdument. Sans doute était-il attaché d'une quelconque manière à cette « Patrouille du Temps » dont on lui rebattait les oreilles ces derniers temps.
Bien qu'il ne les connaisse qu'à peine, Vegeta les avait déjà en horreur, eux et la manière qu'ils avaient de lui dire quoi faire. Et en plus, voilà maintenant que l'un d'entre eux se permettait de croire qu'ils se connaissaient, tout ça parce qu'il l'aurait soi-disant observé où il ne savait trop quoi.
C'était parfaitement ridicule.
Pour avoir lui-même grandi dans une tour d'ivoire, à l'époque où il était encore sur la planète qui portait son nom, il était bien placé pour savoir qu'il n'aurait rien su de son peuple s'il n'avait pas pris la peine de s'y mêler.
De la même manière, il était risible que ces énergumènes prétendent savoir quoi que ce soit de lui - lui tel qu'il était ; pas une autre version de lui-même ou il ne savait quelles autres inepties - sans l'avoir rencontré au préalable.
Au Diable ces histoires de réalités alternatives et de voyages temporels. Peu lui importait qu'il existe ailleurs ou en d'autres exemplaires. Il était le seul Vegeta qui comptait. Et plus Hellzetsu s'obstinait à vouloir attester du contraire, plus il nourrirait son mépris à son égard.

« Je n'ai pas de conseils à recevoir de toi. » lui cracha-t-il donc, ne tolérant plus la condescendance dont il pensait pouvoir faire preuve. S'il avait eu la moindre espoir de gagner sa sympathie, c'était un échec cuisant. « Mêle-toi de tes affaires, monsieur je-sais-tout. »

D'autant plus si ce qu'il avait à dire se résumait à ce genre de phrase toute faite. Évidemment, Vegeta n'était pas sans savoir que l'âge n'était pas un critère de puissance ; Son Gohan l'avait illustré à merveille en son temps - quel gâchis ! -, et c'étaient dorénavant les deux bambins qui semblaient bien partis pour devenir eux aussi de puissants guerriers... Bien sûr, à condition qu'ils arrêtent de compter uniquement sur la Fusion pour poursuivre leur entraînement personnel.
Mais tout prodige que l'on soit, rien ne pouvait remplacer l'expérience, la vraie, celle acquise sur le champ de bataille - dans le feu des combats. L'on pouvait être mieux disposé que les autres, mais cela ne servait à rien si l'on ne savait pas quoi faire de toute cette force.
Et si Hellzetsu n'était pas entièrement démuni, montrant même des promesses plus que notables à chacun de leurs échanges, il avait - quoi qu'il en dise - encore beaucoup à apprendre. Et serait incapable d'avancer tant qu'il ne s'en serait pas rendu compte.

Son opposant se transforma encore, passant au stade de puissance supérieur. Oui, peut-être était-il un peu plus fort que Trunks, finalement.
Vegeta ne broncha cependant pas. Il y a quelques mois encore, peut-être cela aurait-il pu l'impressionner ; de la même manière que le Super Saiyan originel avant lui, le deuxième niveau s'était peu à peu répandu au sein de leur groupe, perdant le prestige qu'il pouvait y avoir à se l'approprier - mais ça n'en restait pas moins un palier important.
Or, s'il n'avait que dédain pour le Super Saiyan 3 et ses nombreux défauts, le prince avait en revanche pu contempler l'existence d'un pouvoir encore supérieur. C'était même plus que cela ; il l'avait ressenti dans sa chair lorsque Kakarot et lui avaient combiné leurs forces pour faire renaître Vegeto. Et bien que ces sensations ne soient les siennes qu'à moitié, il n'était pas près de les oublier.
Alors oui ; il fallait désormais plus que cela pour l'éblouir.

« Et alors ? Tu es fier de toi ? » lui lança-t-il, sans aucun amusement dans la voix cette fois. Que son interlocuteur soit en train de préparer ce qui semblait être sa meilleure attaque - à en juger par son temps de préparation -, et ne prête donc sans doute qu'une oreille distraite à ses paroles, était sans importance. « Tu abats toutes tes cartes sans aucune précaution. Tu gaspilles toutes tes forces sans réfléchir, pas parce que tu en as besoin mais seulement pour te convaincre que tu es le meilleur. Tout ce que tu vas réussir à faire, c'est te ridiculiser. » Du poing, il essuya le sang de sa lèvre fendue, maculant son gant d'écarlate. « J'espère pour toi que tu n'as rien à protéger. Tu as de la chance que ce ne soit qu'un tournoi insignifiant. » Tout bien réfléchi, était-ce vraiment à Hellzetsu qu'il parlait... ? Qu'importe. Sentant l'imminence de ce que l'intéressé présentait déjà comme un ultime assaut, il reprit une posture guerrière. Il n'avait pas encore dit son dernier mot. Paré d'un rictus narquois, il conclut : « Je refuse de me transformer face à quelqu'un comme toi. Approche ! »

Oui, d'une certaine manière, Hellzetsu incarnait en cet instant tout ce qu'il détestait en lui - ce qui l'avait mené à emprunter la voie du mal à nouveau en succombant au sortilège de Babidi. C'était précisément pour se défaire de ces mauvaises habitudes une bonne fois pour toutes qu'il avait renoncé à une partie de ses forces. Être confronté à un tel individu ne faisait que le conforter dans l'idée qu'il avait pris la bonne décision. Il n'était plus cet homme-là, plus maintenant, pas après avoir appris la valeur de ce qu'il avait la chance d'avoir - de ce qu'il avait à perdre, s'il n'y prenait pas garde.
Et c'était précisément d'avoir pris cette résolution qui l'avait mené à consulter les enregistrements des anciens championnats du monde des arts martiaux, lorsqu'il avait décidé d'en revenir aux fondamentaux. Cela incluait ceux auxquels Kakarot lui-même avait participé, bien avant qu'ils daignent venir le chercher. Et si, fierté oblige, ne prenait pas forcément plaisir à l'admettre, force était de constater que même dans sa jeunesse, son rival avait peut-être une ou deux petites choses à lui apprendre.
C'est pourquoi, lorsqu'Hellzetsu fonça sur lui en traversant - certainement sans dégâts, porté par l'élan de sa propre attaque - son barrage de tirs d'énergie, pourtant trois fois plus dense que d'ordinaire, ce serait pour le trouver avec une technique autrement plus dangereuse entre les mains, déjà prête à servir. Non pas dirigée vers lui... Mais bien vers le sol à ses pieds.

« Final Flash ! »

Car s'il voyait bien ce que son adversaire essayait de faire, celui-ci avait commis une erreur : à la différence des faisceaux traditionnels, le Big Bang Attack quittait sa main sous la forme d'une sphère compacte dès l'instant où il était lancé, que ce soit à une ou deux reprises. Il pouvait continuer à l'appuyer pour augmenter les chances qu'il s'écrase sur sa cible, mais ce n'était aucunement obligatoire - et ce n'était pas son intention. Au contraire, il avait besoin de toute sa mobilité pour se maintenir hors de portée - et surtout d'avoir les mains libres pour échapper à cette charge acérée, dût-il pour cela abattre sa meilleure carte.

Et s'il n'en réchappa pas intégralement, deux ou trois des frappes tranchantes d'Hellzetsu parvenant bel et bien à l'atteindre et mutilant notamment son bras gauche, Vegeta ne s'en éleva pas moins dans les airs à toute vitesse - pulvérisant la portion du ring sur laquelle il se tenait encore un instant auparavant ; là où son adversaire était en train de se ruer pour l'achever, sans doute sans pouvoir s'arrêter. Jusqu'à se jeter dehors de lui-même, avec un peu de chance.
Hélas, énième preuve de son inconséquence, il n'avait visiblement pas mesuré le danger qu'il pouvait y avoir à utiliser une puissance pareille dans un stade rempli à ras bord de spectateurs. Encore en train de retomber après cette pirouette, le prince n'eut donc d'autre choix que de trahir sa position en hurlant pour l'arrêter - du moins l'espérait-il - avant qu'il n'arrive malheur :

« Fais attention à ce que tu fais, pauvre idiot ! »

Doutant que cela suffise, il préféra néanmoins préparer dans l'urgence une nouvelle attaque - pratiquement à une main, son bras gauche n'étant plus que ruines après ce qu'il avait eu à subir. Par chance, il n'avait pas besoin de plus pour exécuter un semblant de Galick Gun qui, malgré l'empressement dans lequel il avait été lancé, serait peut-être à même de bousculer Hellzetsu assez loin avant qu'il ait des morts sur la conscience.

À peine venait-il de décoche un Galick Gun dans sa direction que Vegeta put voir Hellzetsu remonter vers lui, faisant apparemment en sorte de... Remonter le long de son rayon avec le sien ? Qu'est-ce que cet idiot était encore en train de faire ?
Une telle manœuvre aurait pu lui poser problème s'il s'était trouvé au sol, et donc limité dans ses possibilités de mouvement. Dans les airs, ce n'était cependant pas le cas, ce qui lui laissa tout le luxe de pivoter latéralement pour laisser le rayon passer au-dessus de lui, à l'endroit exact où sa tête s'était trouvée l'instant d'avant. Il sentit son souffle et sa chaleur à côté de lui, assez proches pour que c'en soit désagréable, mais pas davantage.
Et si son opposant avait effectivement réussi - miraculeusement - à ne toucher personne dans les gradins, ni avec cette attaque ni avec la précédente, Vegeta était loin d'attribuer cette bien maigre consolation à une quelconque prouesse de sa part.

« Ta grande maîtrise ? J'espère que tu plaisantes. Tu es pratiquement à court d'énergie, tu tiens à peine debout. Tu crois que je ne m'en rends pas compte ? Tu n'as aucune rigueur en tant que guerrier, tu devrais avoir honte ! »

Son Super Saiyan 2 n'était pas tant en faute que ses méthodes, mais cela n'en faisait pas moins une disgrâce aux yeux du prince.
Certes, Hellzetsu avait réussi à faire preuve d'un certain talent depuis le début du combat, mais tant qu'il dilapiderait son énergie de la sorte sans réfléchir aux conséquences, il serait incapable de remporter les combats qui comptent vraiment.
Cela, sa prétendue expérience n'avait manifestement pas suffi à lui apprendre, et Vegeta entendait lui donner une leçon de rattrapage. Au-delà de continuer ou non dans un tournoi qui n'avait pour lui aucune importance, c'était une question de principe, désormais.
Cet affrontement aurait au moins le mérite de lui rappeler que ce qu'il croyait être un acquis primordial - comme se battre sérieusement - ne l'était pas forcément pour tout le monde, et qu'il avait tout intérêt à veiller à ce que Trunks ne développe pas ce genre de comportement. Sa fusion avec le fils de Kakarot faisait déjà remonter à la surface des écarts identiques, après tout.

En terme d'état, lui-même n'en menait pas beaucoup plus large, surtout avec un bras dans cet état, mais il s'était montré sensiblement plus économe sur ses diverses dépenses énergétiques, n'utilisant que le strict nécessaire pour répondre aux attaques adverses - et n'ayant, par ailleurs, revêtu aucune transformation qui drainerait lentement mais sûrement ses réserves.
Sur ce terrain-là, il avait l'avantage, au moins pour le moment.
À l'inverse, dans son empressement à se revendiquer supérieur, Hellzetsu semblait avoir abattu toutes ses cartes au point de s'en blesser lui-même. Que pouvait-il encore bien lui rester après ça, hormis ses yeux pour pleurer ?
Ainsi donc, à moins qu'il ait gardé une quelconque arme secrète, Vegeta pensait pouvoir estimer que le pire était derrière lui - ce qui ne signifiait pas encore qu'il soit tiré d'affaire, mais contrairement à lui, il ne baisserait pas sa garde.

Malgré la fatigue, son adversaire était venu le chercher au corps à corps une fois encore, et il allait cette fois le lui faire regretter. Se jetant sur lui, il tenta de lui encastrer son genou dans la cache thoracique de front ; puis, pivotant sur lui-même, lui expédia son pied au niveau de la tempe, avec la ferme intention de l'assommer une fois pour toutes s'il parvenait à l'atteindre.
Jouant de la mobilité accrue que lui offrait le fait de se trouver en vol, il le contourna en passant en dessous de lui d'une pirouette, pour pouvoir ensuite essayer de lui planter son coude entre les omoplates avec toute la violence dont il était encore capable. Ce n'est qu'alors qu'il pointa sa main valide dans sa direction, les doigts tendus vers lui.

« Final Impact ! » s'exclama-t-il alors.

Il ne visait cependant que son épaule, le but n'étant pas non plus de lui infliger une blessure fatale... Ne serait-ce que parce que le tournoi lui interdisait.
Néanmoins, de par ses propriétés perforantes, cette attaque redoutable n'était pas de celles que l'on pouvait se permettre de parer simplement, à moins de vouloir se retrouver transpercé de part en part. Quant à savoir si Hellzetsu avait encore de quoi s'en défendre efficacement, surtout à cette distance... Le prince ne demandait qu'à le vérifier.

Malgré toute sa vantardise, Hellzetsu n'était plus en état d'aller plus loin. Preuve en fut qu'il n'eut même pas le temps de chercher à esquiver le rayon perforant qui lui arrivait droit dessus - quand bien même Vegeta avait fait en sorte de l'atténuer pour qu'il ne soit pas transpercé de part en part.
Porté par la violence de l'impact, il fut décroché du ciel où ils se tenaient tous les deux et termina sa course dans les gradins, encastré dans les sièges précédemment occupé par des spectateurs qui avaient eu le bon sens de se lever avant qu'il leur atterrisse droit dessus. Plus de peur que de mal, fort heureusement.
Ainsi jeté au milieu du décor, son opposant était hors-ring, sans aucun doute possible. Ses cheveux avaient retrouvé leur noir naturel. L'espace d'un instant, le prince redouta de lui avoir porté un coup fatal, mais les brancardiers qui se précipitèrent pour le ramasser confirmèrent bien assez vite qu'il était juste inconscient.

« ...Que ça te serve de leçon. » maugréa-t-il sans que personne puisse l'entendre, les acclamations de la foule noyant instantanément son filet de voix lorsqu'elle eut pris conscience de ce qui venait d'arriver - du fait qu'il venait de l'emporter.

Une fin peu glorieuse, mais au moins le combat était-il à présent terminé. Il était temps pour lui de se reposer ; il estimait l'avoir bien mérité - au moins le temps que son prochain adversaire soit déterminé. Prudemment, le prince revint au niveau du sol et dut mobiliser toutes ses forces pour ne pas vaciller.
Cet affrontement l'avait épuisé plus qu'il ne voulait bien l'admettre, mais il avait tenu sa promesse : il ne s'était pas transformé. Il n'aurait pas pu, de toute façon, en étant physiquement incapable pour l'heure, mais n'avait pas même essayé par réflexe, ni n'avait regretté de ne pouvoir le faire.
Certes, il lui en avait coûté, mais cet adversaire n'était pas digne, et c'était une distinction qu'il devait apprendre à faire s'il voulait pouvoir progresser. Le Super Saiyan n'était pas la solution à tous leurs problèmes, quel que soit l'adjectif qu'on pouvait lui associer.
Un pas après l'autre, il se dirigea hors de la surface de combat, tenant son bras meurtri dont il mesurait pleinement la douleur maintenant que l'adrénaline n'était plus là pour la mettre en sourdine. Ce n'était évidemment pas sa seule blessure : tout son corps le faisait souffrir. Néanmoins, il était hors de question de gaspiller l'un des précieux haricots qu'il avait emmené avec lui pour un vulgaire tournoi, ne sachant pas quand il pourrait en avoir besoin.
Les organisateurs ignorant probablement l'existence de ce remède-miracle - il n'avait jamais rien vu de tel dans tout l'univers avant d'arriver sur Terre -, sans doute avaient-ils pris des dispositions pour soigner les participants au cas où ceux-ci se trouveraient un peu trop amochés. Quel spectacle y aurait-il à voir deux infirmes s'affronter ?

« Préparez-moi une machine médicale. » ordonna-t-il en passant à côté de l'arbitre qui venait de proclamer sa victoire, passant à côté de lui sans même le regarder. Il n'avait pas de temps à perdre en vaines tergiversations ; la suite l'attendait.