Sujet: Préface des Æons. [Lore] Lun 29 Mai 2023 - 18:59
L'une des premières choses que j'enseigne à mes élèves, n'est rien de moins qu'un songe. Pas un mensonge. En tant qu'être de savoir, je me dois de leur apprendre la première des vérités. Celle cachée au-delà du faux ciel de ce monde :
Il y en a d'autres.
Et si vous souhaitez les rencontrer... vous devrez élever votre esprit jusqu'à braver la folie et l'amnésie. Peu sont ceux qui osèrent ou qui purent tenter d'atteindre l'ultime frontière, ce point de chute du réel.
Le Plan Gnostique... le point de non-retour, qui concentre toutes les vérités dont vous pourriez rêver. Une virée pouvant virer au cauchemar. Car au-delà, une perte de l'existence est assurée. En son sein, ne subsiste bien vite que l'essentiel.
Le subconscient est au Plan Gnostique, ce que l'esprit est au Plan Spirituel. L'Æon représente l'essence de la Gnose, l'Éon en est sa conscience.
L'éternité, qu'elle soit vue en bénédiction ou en malédiction... est le sort de ceux qui posent leur empreinte sur le domaine céleste : celui des Principes Fondateurs, celui des Êtres Précurseurs.
Celui de leur tueur.
Le potentiel illimité, qui obscurcit le ciel des déités : Évolution
Par les lois de la génétique, le cancer du monde donne périodiquement naissance à ses métastases... tel un Phénix, renaissant plus brillant de ses cendres. Il fut le premier humain à transcender le divin... mais en dévorant la Sagesse, Nátjīr a plongé le monde dans la folie. Ainsi la cellule rebelle cherche sa place en imposant son empreinte, quitte à tout éteindre.
Ne perds néanmoins pas espoir, un rempart se dresse dans le noir.
L'énergie libre, qui foudroie les plis dans la fibre : Volonté & Ordre
D'une férocité inimaginable, la charge de l'Ophiotauros repousse inlassablement l'échéance nous menaçant... gérant les anomalies en les purgeant. Si vouloir est pouvoir... Ēl en représente l'adage, la force de se dresser en immuable barrage. Une telle détermination à la préservation implique une triste raison, se déchargeant dans la brutalité des explosions.
Et quand le silence reprend le pas sur la cacophonie, peux-tu tendre l'oreille jusqu'à entendre une étrange mélodie ?
Le progrès technologique, qui machinalise la beauté de l'organique : Innovation
"Bip bip bip bip biiip, bip bip biiip biiip biiip..." sera la seule réponse que vous obtiendrez de cette construction sans nom, ayant réussi l'exploit de connecter sa conscience informatisée au domaine des Æons. Hélas, tout le reste fut oublié voire corrompu... tout comme le sens véritable de la question absolue. Ainsi naviguent des sons voués à l'incompréhension... faisant désormais figure d'appel, depuis une carcasse se perdant au sein de l'espace.
Mais aussi au sein du temps, dont trop s'en pensent de fondamentaux représentants.
La conséquence exacte, qui fleurit les bras de l'acte : Jugement
Si le Flux du Chronos est aux mortels, ce que le Flux de l'Aiôn est aux Éternels... alors il est vain de penser pouvoir vaincre le destin, en tant que simple bambin. Saṃsāra dort à travers l'écoulement du Temps de l'Instant, qu'il représente. Là une donnée invisible et chapeautant pourtant toute notion de temporalité existante. Lorsqu'il fut demandé au Qilin la raison de son sommeil gnostique, il répondit : "Sans la Sagesse, le karma est voué à la vacuité. Le temps jugera à ma place le sens d'une trace."
S'abstenir n'étant pas diriger, se montrer permissif permet à un démiurge d’exercer.
La particule tangible, qui illumine la terre des nuits cibles : Créativité
Il n'a jamais connu sa mère, il pense n'être né que de lui-même. Il dit avoir construit le monde, il n'a fait que rebâtir le monstre. Il croit diriger sa plaine de jeu, il n'a jamais rien compris aux enjeux... C'est un enfant, qui joue négligemment aux billes avec les êtres vivants. Détesté d'Ēl, adoré de Quanta, le dernier rejeton de Sophía n'a jamais de tracas. Qui ? Toi. Moi. Tout ce qui emprunte sa matière est un peu de lui. Ce petit Slime n'a peur de rien, sauf peut-être... de ne pas pouvoir créer de liens.
Si ce n'est pas lui qui donna vie, alors qui ?
La formule absolue, qui forge l'essence du connu : Lois
Gravité. Électromagnétisme. Force Nucléaire. Représentent un très bref aperçu d'innombrables règles cosmiques désormais bien admises. Toutefois, plus nombreuses encore sont celles à découvrir par les dires de Týr. Celui qui fut autrefois Roi de l'Ancien Monde, le père de tout Éon, de tout Æon... n'est aujourd'hui plus qu'une ombre, après tant de fragmentations. Il demeure pourtant le premier des Dragons. Le connaissez-vous sous un autre nom ?
Assez parlé du père, parlons enfin de la mère.
L'Ether connecteur, qui trempait le monde dans la douceur : Sagesse
Même si tu tentes de percevoir chaque voix du domaine, celle-ci restera incertaine... Son image ainsi noyée sous de corrosives pluies digestives, difficile de distinguer la Licorne d'une Kelpie. Mais ce fut bien elle : la première création, le premier fragment d'une égale division. Le seul sourire de Sophía réchauffait les coeurs, donna vie aux moeurs. En s'inspirant des bras de Saṃsāra, ses idées donnèrent naissance à l'humanité... Cet Eden fut à la fois son plus grand bonheur et sa plus grande erreur.
Ceci, à la grande réjouissance d'une anomalie dans l'existence.
L'inconnue insaisissable, qui souffle l'espoir du probable : Exception
Un jour, un célèbre physicien s'exclama : "Dieu ne joue pas aux dés !". Alors, la voix amusée d'un petit garçon s'exprima : "Au lieu de me dire ce que je dois faire, ton génie devrait plutôt me remercier d'exister.". L'extravagance du Cat Sidhe sidère ceux qui n'y sont pas préparés. Aussi délirant que brillant, c'est dans la nature de Quanta de miser sur la dualité... juste pour ne plus s'ennuyer. C'est lui, qui encouragea Sophía à croire en la génétique. Il espérait l'émergence d'un tel risque.
Par la couverture de son indéfinie nature, il a même dupé mon attentive lecture. Moi...
L'information filant, qui cristallise le cours des événements : Savoir
Tu commences à bien me cerner. Ai-je encore besoin de me présenter ? Tu sais bien que je suis le premier des Kitsunes. Ōkami, c'est ainsi que s'adressent à moi mes amis... c'est le nom que Sophía me trouva jadis. Mais pour un Éon, il ne s'agit que d'une bête appellation. J'observe simplement vos périples, je consigne vos tragédies... ainsi recluse dans ce petit paradis, en compagnie de mes disciples. Démarque-toi de la masse et je t'offrirai une place. Je t'offrirai une chance... d'atteindre l'éternité ou la transcendance.
Tu peux foncer tête baissée, mais idéalement moins que cette tête brûlée.
L'étincelle sanguine, qui embrase le coeur de l'origine : Émotion
Il faut un point de départ à toute décision passionnée, mue d'une force qui nous pousse à entreprendre... à avancer. Pourtant, les sentiments sont une arme à double tranchant. À la fois l'Éon le plus faible et l'un des plus forts, Òrìṣà ressent les humeurs avec une intensité proche de la douleur. Les crises de nerfs du jeune Wolpertinger déstructurent les dimensions et nous exaspèrent... mais au fond, nous le comprenons.
Car cette disparition... tous, nous la subissons.
Dernière édition par Inari Ōkami le Ven 22 Nov 2024 - 18:28, édité 3 fois
Inari Ōkami
Démon
Age : 32 Date d'inscription : 09/03/2022 Nombre de messages : 27Bon ou mauvais ? : Inconnu. Zénies : 1000 Rang : C
Et la voûte céleste commence depuis à se détendre... Les nuages gris à s'étendre... La neige... à se tacher de cendres.
Ce long hiver commence à peine, qu'il menace déjà la fin des temps.
Prie pour ta vie. Prie qu'elle te survive. Car à mesure que le vide en toi se dilate, ton coeur s'effondre sur lui-même et s'éclate. Alors une douleur profonde te lacère... la bile noire t'invite, contre toi-même, à une triste guerre. Pars au front, ou meurt dans ton salon. Mais choisis ta solution.
D'une manière ou d'une autre, ce monde sombrera de toute façon.
Le blizzard sillonne ainsi le creux de tes vieilles blessures, annihile tes derniers espoirs en un murmure. Il te susurre : " Puisque tout converge vers ce futur... autant ne plus souffrir, autant mettre fin à l'aventure ? "
Ceux qui s'abandonnent à la douce étreinte de ses paroles, connaissent bien vite le salut d'un dernier envol. Et ceux qui tentent d'y résister, de s'y adapter... sont souvent les premiers à tomber, à se muer légionnaires de l'hiver. Alors, en un cri, tous armés d'une lame ils se déchirent... Leur esprit déviant, à l'unisson s'exprime pourtant :
" Votre Eden n'est plus qu'un lointain souvenir. Que le sang finisse de l'ensevelir ! "
Le Néant Primaire, qui frigorifie la vie de toute chair : Fatigue
D'un mal indéfini s'étale puis s'écartèle le néant du primordial espace-temps, tandis que s'impose à tous le triste sifflement du grand Léviathan. Cette funeste mélodie, Nátjīr fut le premier à ainsi l'ouïr... alors en proie à la folie. Śūnyatā ne s'éveilla toutefois que bien plus tard, telle une ombre de volonté fatiguée dans le sillage d'Ēl... qui dans la bile noire devint, quant à elle, notre seul phare. L'Ether servait autrefois d'espoir connecteur... le vide de son absence propageait désormais le désespoir diviseur.
Prie qu'il soit bientôt l'heure, que le Ragnarök nous impose enfin sa lueur... qu'il mette fin à toutes ces horreurs.