D'un ange, il n'en a que l'apparence

Avec la permission d’Enma, la justicière se téléporte grâce à l’émetteur de Kaito à l’endroit qu’il lui avait mentionné.

Arrivée à Conton-City, Claire fut fascinée par l'animation et l'énergie qui se dégageaient de cette cité cosmique. Elle déambulait dans les rues bondées, observant les multiples Trunks, Krillin et Son Goku qui vaquent à leurs occupations… Rien d’anormal, surtout ! Ses yeux ébahi et sa bouche bé découvrent, stupéfaits, cet endroit qui semble trop beau pour être vrai. Le “pire” (enfin, le mieux pour le coup) dans cette affaire, c’est que les némésis des plus grands héros de l’univers 7 se baladent librement à leurs côtés. Personne ne se fait la guerre pourtant. Quelle magie permettait un tel miracle?

Alors qu'elle se promenait dans les rues animées de la ville cosmique, elle repéra Piccolo. Le sage namekien était connu pour sa bienséance et son sérieux. Autant communiquer avec quelqu’un qui nous ressemble, on est assuré d’obtenir un dialogue facilitant. C’est ce pourquoi la claymore fut rassurée à l’idée de s’adresser à lui.

La combattante s’approche d’un pas sûr vers l’homme enturbenté, établissant un contact visuel à quelques pas de lui afin de lui indiquer son intention de lui parler. D’un sourire bienveillant, la guerrière engage alors la discussion.

“Bonjour, je me nomme Claire et je suis une amie de Kaito. Je suis à la recherche d’un certain Zamasu, pourriez-vous m’indiquer où le trouver s’il vous plaît ?”

Le stoïque martialiste incline légèrement la tête en signe d'approbation. Piccolo, réfléchissant un instant, pointe du doigt un bâtiment à l'horizon.

Piccolo: “Il fréquente souvent un café situé là-bas, près de la place principale de la ville.” Mêlant de nouveau son regard dans celui de Claire, il ne pouvait cependant se retenir de la prévenir : “Ce n’est pas un enfant de coeur, méfies-toi de lui.”

“Merci pour votre conseil. C’était un plaisir de vous rencontrer en personne.”

Celle-ci s’incline respectueusement en signe de remerciements. Le namek aura beau se creuser les méninges, il ne savait pas pourquoi une femme aussi bien élevée cherchait à frayer avec ce kaïoshin peu recommandable - mais ça n’était pas ses oignons, et Piccolo n’aimait pas se montrer indiscret avec des inconnus à l’allure bien intentionné.

Après cette conversation avec Piccolo, Claire se dirige vers le bâtiment indiqué. Elle franchit les portes du lieu et cherche Zamasu du regard. Zyeutant à la recherche d’une personne correspondant aux descriptions physiques indiquées par le Dieu du Temps, elle le repère finalement, assis à une table, en train de déguster une tasse de thé. Claire s'approche de lui et entame la discussion après une courbette en bonne et dûe forme.

“Bonjour, je me nomme Claire et c’est mon ami Kaito qui m'envoie à votre rencontre. J'ai entendu dire que vous pourriez m'aider à me rendre au Temple de Zuno.” Celle-ci finit par prendre place sur la fauteuil face au sien. “Je cherche des informations sur le Grand Prêtre.” Dit-elle sur un ton plus discret. “Je sais qu'il y a plus à découvrir sur lui, quelque chose qui se cache derrière son apparence bienveillante. J'ai besoin de réponses, et à priori le Temple de Zuno peut me les fournir.”

Bien que cela remontait maintenant à plusieurs mois, Zamasu demeurait toujours troublé par les événements ayant entraîné la fin de sa fusion auprès de son double. Il maudissait Demigra, il détestait Towa et il haïssait les dieux en général ; malgré cela, il entretenait une hantise particulière pour le traitre qui portait son propre nom. Comment ce dernier avait-il osé se débarrasser de lui et nier toute évolution et tout compromis pour privilégier, de nouveau, une croisade meurtrière. Même fusionnés, ils ne furent pas en mesure de réaliser leurs objectifs, Black pensait maintenant pouvoir gagner seul, alors ? Il estimait que le Shinjin le ralentissait ? Quel cruel et stupide manque de considération. Zamasu était indubitablement gêné d’avoir un clone mental qui eut si mal tourné. Était-ce les cellules saiyan qui eurent raison de la droiture de son âme ?

Le temps n’arrangeait rien, le kaioshin n’arrivait pas à pardonner son ancien allié et retraçait sans arrêt la liste des événements passés, cherchant irrémédiablement l’élément déclencheur de cette séparation. Il devait y en avoir plusieurs certes, mais quel gâchis, quelle colossale perte de temps. S’il était encore fusionné, il aurait pu se débarrasser de la sorcière Misha, puis en finir avec ce faible d’esprit d’Auros. Mais bien évidement, il n’avait maintenant plus aucune ressource. Le seul miracle justifiant sa survie était son empreinte temporelle. En tant que voyageur du temps, il n’entrait plus sous la juridiction des dieux de la destruction tant qu’il acceptait de travailler à Coton City. Bien que l’idée d’être inscrit dans la même hiérarchie de Kaito l’horripilait, le Shinjin préférait cela à la mort pure et simple. Car c’est ce qui l’attendait s’il décidait de faire chambre à part avec la time patrol.

Le dieu solitaire servait donc d’observateur pour le compte de l’organisation. Il scrutait les événements de certaines temporalités à l’aide d’une boule de cristal et avertissait ses supérieurs en cas d’anomalie. Un métier généralement ennuyeux qui ne dérangeait pas des êtres intemporels comme les shinjins. De plus, Zamasu disposait ainsi d’un outil lui permettant d’observer les moindres faits et gestes de son doppelgänger. C’est d’ailleurs ainsi qu’il eut quelques déconvenues troublantes en remarquant que Black avait fait équipe avec Lucifer en personne, Garlic, Evie, le Roi démon Piccolo : les pires racailles. Il était même tombé dans l’alcool et la drogue. Pire, il était devenu totalement incontrôlable en ayant trouvé le moyen de perdre son anneau du temps, preuve de sa profonde stupidité. Quel désastre.

Tout ces événements mettaient en lumière l’importance de conserver sa pureté raciale, également de ne jamais faire confiance aux saiyans. Tout ceci allait faire l’objet d’un livre que le Shinjin comptait rédiger plus tard sur l’importance de son combat. Un sujet simple qui pourrait servir de titre au dit bouquin. Mais pour le moment, Zamasu cherchait à se calmer les nerfs, comme bien trop souvent. Il s’était donc rendu au sein d’un petit café local aux abords de la ville.

Très proche de la nature, le Kaioshin avait choisi une boutique ancrée dans la verdure, perdue entre les quelques arbustes d’une réserve naturelle improvisée. L’établissement était modeste et discret, servant que quelques clients habitués qui n’appréciaient pas vraiment la compagnie de la masse. Quand Claire pénétra le bâtiment, elle découvrit un intérieur tout en bois habité par quatre ou cinq clients tout au plus. On y retrouvait Cell parfait dans un coin, il y avait aussi deux piccolos qui discutaient au centre de la pièce. Mais l’œil de la combattante fut forcément attiré par Zamasu qui se trouvait dans un angle opposé, proche d’une fenêtre donnant sur l’extérieur sauvage.

Le Shinjin fut respectueusement interpelé, salué d’une courbette traditionnelle qui témoignait de la politesse de l’inconnue. Il abandonna sa tasse de thé, se leva, et fit de même dans un mouvement mécanique. Il avait obtenu l’habitude de rendre ce genre de saluts, la faute à ses milliers d’années d’éducation stricte.

« Bonjour. »

Déclarât-il d’un ton neutre en découvrant que son la visiteuse n’était autre que Claire. Cette femme fut l’une des plus grandes combattantes de l’univers, maintenant érigée en trophée par le Grand Prêtre dans un temple de l’au-delà. Que faisait-elle ici, ne comprenait-elle pas qu’elle n’était naturellement pas autorisée par se rendre dans ce monde en tant que défunt ? Une auréole trônait bel et bien au-dessus de sa tête, signe qu’elle avait succombé. Mais le Shinjin privilégia la patience, se contentant d’écouter ce que son interlocutrice avait à lui dire. Il avait accumulé une certaine sagesse qui lui permettait d’être un tant soi peu tolérant.

Elle précisa être amie avec Kaito, ce même Kaito qui aurait désigné Zamasu comme le parfait allié pour aider la justicière à atteindre le temple de Zuno. Elle ajouta que l’objectif d’une telle visite était de récupérer des informations sur le Grand Prêtre qu’elle pensait mauvais.

En écoutant ce petit discours, le Kaioshin regagna sa place assise, son visage se couvrant progressivement d’un large sourire.

« Haha… »

Le rictus qui déformait son visage s’agrandit encore à mesure que son rire s’intensifiait.

« HAHAHAHAHAHA ! »

Il riait aux éclats comme un véritable psychopathe, dérangeant passablement la sérénité des quelques clients du café.

« Oh donc, les anges sont devenus tes ennemis, Kaito ? »

Il atténuait progressivement son rire.

Quelle déconvenue, encore. Après autant d’années à le prévenir et à mener une incroyable croisade contre l’ordre divin. Voilà que le premier défenseur de cette organisation injuste venait de changer de camp. Quel pitre ! Zamasu avait raison depuis le début ! Tout le monde aurait dû l’écouter au lieu de la prendre pour un fou ! Tous des ingrats irrespectueux !

« Et ce lâche n’a pas eu le courage de venir me le dire lui-même ?! Il ne s’est même pas excusé de m’avoir combattu tout ce temps alors qu’IL avait tort ? »

Il poussa un bref soupire.

« J’aurais des comptes à régler avec cet imbécile. »

Dit-il avec hargne en détournant le regard vers l’extérieur. Plusieurs secondes s’écoulèrent, promptes à la réflexion quant à la direction qu’il devait lui-même prendre.

« S’il ne mérite aucun pardon, je sais que toi, tu luttes avec une grande fermeté. J’apprécie ta dévotion à la vraie justice, je peux le lire dans ton cœur. »

Effectivement, l'âme de la noble combattante brillait d’une flamme particulière, emplie d’une détermination et surtout d’un fanatisme sans faille. Naturellement, il lui faisait ainsi d’avantage confiance qu’à un héro lambda, il était certain qu’elle luttait pour le bien véritable.

« Je peux t’emmener à lui, mais il ne sera pas coopératif, et il faudra faire vite. »

Evidement, il ne s’agissait pas d’une action légale. Le temple de Zuno était relativement proche de celui de Zenoh. L’idée que le grand prêtre soit interpelé par du grabuge restait inquiétante. Fort heureusement s’il ne l’était pas, Zuno ne risquait pas de répéter quoi que ce soit de son propre chef. Il était important de savoir ce que Claire comptait demander, une interrogation trop énigmatique ou trop longue risquait juste de leur faire perdre du temps.

« Qu’est-ce que tu souhaites savoir à propos du Grand-Prêtre ? »

Il termina son thé, abandonnant sans ménagement sa tasse pour se redresser et prendre la direction de la sortie.

« Il faudra aussi surement le menacer et lui faire peur. Tu voudras t’en occuper ? »

Interrogea le Shinjin, lui qui savait déjà comment intimider le petit être en charge du temple.

Le mélange de sa propre analyse des autres (leur manière de se tenir, de zyeuter autrui et les choses, les émotions qui régissent majoritairement les traits de leur visage, leurs tics et manières, leur rhétorique…) couplé à son ressenti instinctif permet à la claymore de cerner plutôt bien ses interlocuteurs.

À vrai dire, appréhender cet individu amateur de thé aux premiers abords fut plutôt facilitant. Son hilarité traduisait une part de grandiloquence mêlée à une confiance certaine en lui - et un égo qu’il ne tenta pas de dissimuler par ailleurs.

Claire se sentait dépassée toutefois par cette réaction saugrenue : qu’avait-elle raté à propos de ce type ? Comment était-ce seulement possible qu’elle n’eusse pas entendu parler d’un tel zigoto ? Les personnes aux alentours avaient l’air de se tasser dans leurs coins, comme s’ils craignaient d’être la prochaine cible de raillerie de cet énergumène.

Fidèle à elle-même, la combattante demeurait stoïque malgré le comportement immodéré de ce curieux protagoniste. Lorsqu’il eut enfin fini de jubiler, il posa une question dans le vide à l’intention de Kaito. Aussi alerte et puissante puisse-t-elle être, Claire n’avait qu’une vague idée des “jeux” qui se trament entre les Dieux de cet univers. Après tout, ce n’est qu’une mortelle. Il n’y a pas de sang divin ou de “promotion” au rang de déité réalisée lors de son passage dans l’au-delà, aussi privilégié soit sa position même une fois morte.

Visiblement remonté contre le Dieu du Temps, le kaïoshin ne mâchait pas ses mots - jusqu’à le qualifier d’imbécile. S’en était trop pour que la jeune femme continue d’être passive.


“Déceler la véritable d’autrui n’est pas chose aisée. J’imagine que Kaito viendra en temps et en heure en discuter avec vous. Ne soyez pas trop dur avec lui, il fait de son mieux, comme tout le monde.”


Sa nature calme et sa tendance à aplanir les choses se remarquent amplement à travers ses dires. L’avatar de la Justice ne souhaitait pas que l’on tape sur les doigts d’une personne qui se donnait corps et âme à la préservation de son monde. Faire des erreurs était inévitable.

L’impassibilité de Claire se mua en une expression de stupéfaction lorsque son interlocuteur lui révéla être en capacité de lire dans son cœur. Cette dernière fut rassurée que son véritable dessein puisse être confirmé même par un inconnu - bien qu’elle n’avait jamais douté d’où se trouvait sa place et de ce qui convenait de faire selon ses propres convictions. Une certaine confusion, nonobstant, assombrit ses pensées.


“Pardonnez mon ignorance, mais si vous êtes capable d’une telle prouesse… qu’est-ce qui vous a amené à être en désaccord avec Kaito ? Vous avez l’air de partager le même but à première vue.”


Zamasu semble enclin à l’amener au temple. Il avise sa collaboratrice que celui qui y réside ne sera coopératif - ce qui est fâcheux. Soutirer des informations à propos de cet odieux ange est primordial.


“Je veux savoir quel est son but pour mieux comprendre ses actions.”


L’informe-t-elle sans détours, sûre qu’il s’agissait là de l’interrogation la plus importante à poser en premier lieu.

Lorsque le kaïoshin lui fait comprendre qu’il va falloir user de menaces, la guerrière croise les bras, un langage indirect qui signifie qu’elle ne semble pas vraiment disposée de prime abord à faire ce genre de choses.


“Ce n’est pas vraiment dans mes compétences premières, et je ne pense pas être aussi impressionnante qu’un personnage de votre qualité. De plus, je pense que vous serez plus à même de savoir comment l’intimider si vous le connaissez déjà.”


Sincère et fidèle à ses princes, la combattante était toutefois prête à faire une concession s’il était absolument nécessaire que ce soit elle qui s’occupe de cette phase déplaisante de leur affaire. Bluffer en mettant une pression psychologique importante sur Zuno serait peut-être suffisant - elle l’espérait. En venir aux mains avec quelqu’un qui ne veut pas en découdre serait un manquement à ses principes.


“En tout cas, je suis prête.” Annonce-t-elle en décroisant les bras avant de s’approcher en douceur de son allié du moment.

« Je t’en prie, tutoie-moi. »

Claire était un personnage au cœur vaillant et aux nobles intentions. Contrairement au singe volant qu’était Kaito, cette guerrière se montrait aussi courtoise que mature, capable d’être raisonnable et de formuler des idées nettes et claires. L’honnêteté dont elle faisait preuve ne dérangea pas le concerné, elle parlait de bon cœur d’un ressenti légitime. Oui, le Shinjin était dur avec son « allié » de circonstance, il fallait dire que bien des choses les opposaient. Déjà, il aurait apprécié que Kaito vienne s’excuser, lui qui avait pourtant la langue bien pendue en temps normal, il rechignait bien d’avantage pour quérir le pardon du seul vrai lésé de l’affaire !

« S’il avait fait de son mieux, il n’aurait pas mis des années à comprendre l’évidence qui lui pendait au nez. Une telle naïveté est criminelle. »

Rétorquât-il froidement a la sympathique Claire. Visiblement, Zamasu était particulièrement aigri lorsque le sujet était plus ou moins lié à Kaito. Néanmoins, l’idée de la défunte vint éveiller la curiosité du renégat, assez pour qu’il reprenne des couleurs. En effet, Zuno était en mesure d’informer n’importe qui sur à peu près n’importe quel sujet. Connaître les grands plans de l’ennemi demeurait un avantage incroyable. Mais pour se faire, la violence et la preste était de mise, et si Claire semblait se soustraire à tout acte violent, Zamasu n’avait clairement pas les mêmes réserves.

« Je saurais le convaincre, ce n’est pas la première fois que je lui rends visite. Je ne suis pas certain qu’il soit plus courageux que la dernière fois. »

Commentât-il avec dédain, il n’appréciait pas vraiment ce dieu couard, frêle et visiblement très mal surveillé. Mais aussi nul soit-il Zuno devait disposer d’un quelconque mécanisme de secours ou d’un semblant de système d’alerte. Si intervention il devait y avoir, elle devait être très rapide, au risque de voir apparaitre le Grand-Prêtre. Si le père des anges se montrait, ou comprenait ce qu’il se passe, ce serait la fin immédiatement. Mais ça ne serait pas la première fois qu’un « Zamasu » serait sacrifié. C’est pour ça qu’il allait jouer le mauvais rôle et, au cas ou Zuno irait se plaindre à son chef, assumer les conséquences.

A l’aide de sa magie de Kaioshin, il matérialisa des menottes banales et proposa de les attacher aux poignets de la justicière.

« Je vais te faire passer pour mon otage. Tu assisteras à la scène sans agir. Si le Grand-Prêtre venait à avoir vent de nos excursions, il ne pourra pas te punir. »

Avec l’accord de la concerné, il la menotta avant de se téléporter, elle et lui, au sein du temple de Zuno, un espace situé sur un plan d’existence hors du temps, hors univers, unique.