Les vacances. Tempo était dans une colonie hors de Conton City pendant une semaine pour avoir les siennes. Il pouvait donc disposer. Seul dans l’appartement, il ne savait que faire. Avant l’altercation avec Mal’Ganis, il était censé partir en vacance. Puis, cela avait été retardé. Puis, il était de nouveau en vacances. Alors il était seul dans son appartement. Il venait de regarder un film franco-espagnol sur un bobo s’installant dans un bled paumé au milieu des Pyrénées et se faisant ennemi de la population locale à cause de sa fierté démesurée. C’était une étude intéressante de la gentrification culminant sur la paranoïa totale et complète qu’il y avait à rester dans un village détestant sa propre personne. Néanmoins, Zev ne pouvait pas être paranoïaque. Il n’avait pas peur de mourir. Et de moins en moins. Ses eurekas récents quant à la logique entourant Conton-City lui offraient une liberté mentale de plus en plus totale.
Zev s’était laissé allé. Il le fallait bien un peu. Une fois rentré chez lui, il s’était pris une douche, avant de simplement arpenter sa maison sans prendre le temps de mettre plus sur sa personne qu’un large sous-vêtements. Il mesura son tour de taille qu’il jugea satisfaisant pour le maintiens d’une bonne santé, avant de prendre une bière du frigos. La fatigue de son corps s’extirpa de sa carcasse desséchée à l’aide d’un râle inhumain qui sortit de sa gorge endommagée par des années de cigarette alors que ses cheveux de plus en plus dégarnis laissaient les gouttes de flotte s’écraser sur le cuir du siège sur lequel il trônait dès à présent. Il se rapprochait ainsi clairement de son humanité. La flemme et la mollesse de l’être humain qui était fatigué. Il se permettait de goûter ainsi à un petit bout de faiblesse, nécessaire pour parfaire la maîtrise de son être comme humain.
Boum.
Au loin, une explosion. Ses yeux se relevèrent péniblement. Il se redressa et se rapprocha de sa garde robe. Il mit un pantalon. Il resserra la braguette. Il mit une chaussette. Il mit l’autre chaussette. Il mit une chemise. Il boutonna la chemise. Il mit une veste. Il boutonna la veste. Il mit une ceinture. Il resserra la ceinture. Il mit ses lunettes. Il se rendit compte que ses lunettes étaient pleines de buées. Il essuya ses lunettes avec un mouchoir. Il se demanda comment il devait interprêter l’attaque qui se déroulait dehors. Il se rendit compte qu’il n’avait rien à craindre. Tout faisait du sens dans sa tête. Tempo était en sécurité. Alors les seules choses qui risquaient d’être endommagées étaient les biens matériels. Il commença alors à empiler des affaires dans des valises. Il mit son soulier. Il mit son autre soulier. Il mit son chapeau après s’être peigné.
Dans la cohue du hallway principal d’un étage d’une résidence, un vieil homme sortit avec deux grosses valises dans les mains. Les démons et civils qui l’entourent ne lui portent pas attention pour le moment. Il fit un aller-retour vers l’ascenseur avant de venir entasser deux autres valises dans la boîte métallique servant de transport entre deux élévations. Il esquiva un coup de poing au niveau de sa tête en se courbant avant de donner au rustre un coup de front au niveau du pif, avant d’aller chercher deux autres valises suplémentaires. Cette fois-ci manqua d’être la bonne, car il dût s’arrêter par deux fois pour esquiver des rayons lasers qui lui barrèrent la route. Enfin, il parvint à entasser dix lourdes et grosses valises dans l’ascenseur, qui l’emmena vers le garage au sous-sol.
L’ascenseur s’arrête une poignée de fois alors que des gens tentèrent de s’y introduire. Le vieil homme regarda avec pitié et fatigue ceux n’ayant pas de cornes ou de dents acérées qui ne purent pas rentrer dans l’élévateur pour cause de manque d’espace. Les démons qui cherchèrent une cible facile dans une tombe carrée n’eurent comme récompense pour leur curiosité qu’une balle dans la tête. Dans tous les cas, les portes se refermaient, sous les indignations des vivants qui ne pouvaient pas entrer et les râles des morts qui ne pouvaient plus penser.
Enfin, Zev arriva au garage. Il mit ses valises dans
Scorsese avant de la faire disparaître, qu’elle apparaisse dans l’une des diverses chronologies de secours que Zev utilisait pour stocker ses diverses ressources. Sa collection de films, ses lingots d’or non répertoriés et les quelques êtres si malsains qu’il se réservait un ascendant moral sur leur torture longue et douloureuse. En vérité, il n’y avait absolument aucune raison de faire souffrir le criminel, en particulier pas en agent de l’état. Mais il savait qu’il pourrait le faire et s’en sortir, parce que leurs crimes étaient dans la liste des particulièrement désavoués par la société. Cela rendait leur exécution éthique.
Les portes du garage s’ouvrent à nouveau alors qu’un vieux démon en ressort. On pouvait voir que c’était un démon parce qu’il avait des oreilles longues et pointues. Ce n’était définitivement pas un vieil homme qui s’était rendu compte de l’aise avec laquelle il pouvait se déguiser parmi la dernière des sous-races. On ne pouvait même pas voir la lumière réfléchie là où du plastique serait joint à la peau avec de la colle. Dans tous les cas, le vieux démon ne fut pas interpellé plus que ça, parce que toute cette horde était pleine d’imbéciles. Il décida d’aller vers le quartier des agents. Le chemin fut loin de lier l’utile à l’agréable, mais l’ardeur et le manque de peur de cet individu bien habillé donnaient l’impression que c’était un illustre et puissant démon qui avait mieux à faire que de se jeter dans la “bateulle royale” comme disent les jeunes.
Une fois au dit-quartier des agents, il dépassa les hangars puis les salles de cours modulables servant à instruire les troupes à l’aide de séminaires et de powerpoints si barbants que des patrouilleurs comme Paradizetsu ou Neiyak aillent se suicider sur Mal’Ganis stupidement comme ils le firent en ignorant tout ce qui se trouvaient dans leurs cours. Esquivant les attaques perdues à l’aide d’un regard des deux côtés de chaque zone de combat avant de traverser, le démon moustachu se trouva bientôt un table où séjournait ce qu’il devait croire être un sbire plus haut gradé, de par leurs attirails comparables. Un individu qui devait l’avoir reconnu immédiatement mais dont les mouvements décontractés sur cette petite table de cafétéria d’où les généraux regardaient les recrues s’entraîner indiquaient un fort léger désir de se salir. Et le plus vieux -- visuellement -- des deux lui demanda alors.
”Quel chemin pour parlementer avec Towa ?”