Souffrance, agonie

Setsuka marchait seule à travers les bois profonds de Görana, le vent léger jouant avec ses mèches noires, tandis que le chant des oiseaux l'entourait. Mais ce jour-là, les murmures familiers de la forêt ne parvenaient pas à apaiser son esprit troublé. Depuis quelque temps, des bribes de souvenirs s'insinuaient dans ses rêves, des images vagues et troublantes qui laissaient une trace amère dans son esprit. Elle les chassait comme on chasserait un insecte importun, se persuadant qu'ils n'étaient rien de plus que des fragments de cauchemars.

Dans ses rêves, elle se voyait parcourir des mondes étrangers, des planètes étranges aux cieux teintés de couleurs improbables. Elle se souvenait d'une planète où le sol semblait battre comme un cœur vivant, où les arbres pleuraient des larmes rouges qui tâchaient tout ce qu'elles touchaient. Sur une autre, elle avait vu des êtres aux yeux vides, leurs corps se tordant dans des spasmes de douleur, déformés par une force invisible et implacable.

Ces visions, bien que floues et déconnectées, étaient empreintes d'une terreur sourde, d'un sentiment d'impuissance. Mais chaque matin, en se réveillant, Setsuka se persuadait que ce n'étaient que des rêves, des créations de son esprit fatigué. Après tout, elle n'avait jamais quitté Görana, elle n'avait jamais exploré les mondes au-delà de son foyer à part jusque récemment. Comment pouvait-elle avoir vu ces horreurs ailleurs ?

Cependant, quelque chose en elle savait que ces souvenirs étaient réels, enfouis profondément dans les recoins de son esprit. Parfois, un détail ressurgissait dans la lumière du jour : une odeur de cendres, le cri d'une créature inconnue, le goût du métal dans sa bouche. Ces sensations étaient si vives qu'elles la laissaient tremblante, déstabilisée.

Les étoiles de Görana scintillaient paisiblement, et la brume de la soirée enveloppait la planète d'une douceur réconfortante. Les lamias, les dragons, et les autres habitants de cette terre mystérieuse s'étaient retirés dans la tranquillité de la nuit, ignorant la tempête imminente qui se préparait. Setsuka, ayant passé la journée dans l'univers étrange de Mr Jack, se prépara à rentrer chez elle. La magie des portes se refermait derrière elle alors qu'elle se dirigeait vers sa demeure.

Dès qu'elle fit son entrée, elle fut accueillie par une scène qui déchira son âme. Des flammes dévoraient les habitations lamias, les cris de douleur et les hurlements de terreur se mêlaient aux rugissements du feu. La douceur nocturne avait été remplacée par une cacophonie chaotique, un contraste brutal avec la sérénité qu'elle connaissait.

L’autochtone fit un pas en avant, son cœur battant à tout rompre. Elle avait à peine le temps de réaliser ce qu'il se passait que l'odeur du sang et de la fumée la frappait comme une vague glaciale. Ses yeux cherchaient désespérément un signe de vie parmi les décombres et les flammes, une lueur d'espoir dans cette nuit de cauchemar. Mais ce qu'elle découvrit en avançant était un tableau de désolation. Les débris des maisons étaient éparpillés, des corps sans vie jonchaient le sol, et le feu consumait tout sur son passage.

La chasseresse sentit un poids sur ses épaules, une pression immense qui lui serrait la poitrine. Ses mains tremblaient alors qu'elle tentait de rassembler ses pensées, de comprendre ce qu'il se passait. Les cris s'intensifiaient, résonnant dans ses oreilles, et la panique montait en elle comme une marée noire.

Elle se précipita dans la direction d'une maison qu'elle reconnaissait, espérant y trouver des survivants ou des indices sur l'origine de cette attaque. Mais en entrant, elle découvrit une scène qui fit écarquiller ses yeux de terreur.

Le corps de Séthys, sa mère adoptive, était étendu au milieu de la pièce. Les murs étaient couverts de marques de combat, et la pièce était baignée dans une lueur rougeâtre, éclairée par les flammes qui luttaient pour se propager. Sa mère était dans un état pitoyable, son corps marqué par les coups, ses écailles déchirées, et son visage était figé dans une expression de douleur et de désespoir. Son sang formait une flaque sombre autour d'elle, une mer sinistre dans laquelle Setsuka se trouvait maintenant immergée.

Le choc la frappa comme un coup de tonnerre. Ses jambes faiblirent et elle s'effondra à genoux, les larmes coulant abondamment de ses yeux. Elle serra les poings, son visage crispé par une douleur indicible. La vue du corps de Séthys, si proche et pourtant si irréel, fut un coup porté à son âme. Elle n'avait jamais imaginé que sa mort puisse être aussi cruelle, aussi brutale. Rien n’indiquait qu’elle puisse connaître une telle fin…


« Non… non, maman… » murmura-t-elle, sa voix étranglée par les sanglots. Elle secoua la tête, comme si elle pouvait chasser la vision insupportable devant elle. Ses mains se tendirent vers le corps de celle qu’elle aimait tant, mais elles restèrent suspendues dans les airs, incapables de faire quoi que ce soit. La chaleur des flammes environnantes lui brûlait la peau, mais c’était la douleur intérieure, celle qui lui lacérait le cœur, qui était la plus insupportable.


Les cris de ses amis, le souvenir de leur vie ensemble, des moments partagés, tout cela envahissait son esprit. Chaque souvenir était une aiguille dans sa poitrine, chaque image, chaque sourire échangé, n'était qu'une torture supplémentaire dans ce tourbillon d’horreur.

Setsuka ferma les yeux, se laissant aller à un désespoir profond. Ses larmes coulaient librement, mélangées à la sueur et au sang. Elle pleurait non seulement pour la perte de sa mère, mais aussi pour tous les habitants de Görana qui avaient souffert, pour tous ceux qui avaient perdu leur vie dans cette attaque impitoyable. L'injustice de la situation la frappa de plein fouet. Comment pouvait-elle avoir échoué à protéger ce qu'elle chérissait ? Comment avait-elle pu laisser cela arriver ?

Ses pleurs étaient une symphonie de douleur, une mélodie de désespoir qui résonnait dans la nuit. Elle se sentait perdue, accablée par la culpabilité et l'impuissance. Chaque goutte de ses larmes semblait porter un fragment de sa douleur, une offrande à la mémoire de ceux qui étaient tombés. La colère, la tristesse, et la douleur se mélangeaient en elle dans un tourbillon de sentiments intenses…

L’incompréhension laissa prit place dans son esprit : qui ? pourquoi ? comment ? Les espèces résidant sur Görana étaient en paix depuis des temps immémoriaux, ce n’était pas possible qu’en son absence quelque chose d’extrêmement grave se soit passé au point d’en revenir à la guerre !

La chaleur des flammes n'avait d'égale que celle qui brûlait dans le cœur de Setsuka. Alors qu'elle fixait le corps mutilé de Séthys, une rage sourde montait en elle, se mêlant à la douleur dévastatrice qui déchirait son âme. Le chaos autour d'elle semblait s'effacer, laissant place à une seule pensée : elle devait honorer la mémoire de sa mère adoptive, la femme qui l'avait élevée, aimée, et protégée.

Setsuka essuya ses larmes d'un revers de main, son regard se durcissant alors qu'elle prenait une décision silencieuse. Elle ne pouvait pas laisser sa maman ici, exposée à l'horreur de cette destruction. Elle devait la sortir de cet enfer.

Sans un mot, la saiyan attrapa le bas de son t-shirt noir et le retira d'un mouvement sec, révélant son tank top serré en dessous. Elle s'agenouilla à nouveau devant le corps de sa mère et plaça délicatement le vêtement sur le visage de celle-ci, couvrant ses traits défigurés avec un soin presque sacré. C’était la seule chose qu’elle pouvait faire pour protéger sa dignité, pour préserver ce qu’il restait de sa mémoire.

Ses mains tremblaient légèrement, non pas à cause du poids de Séthys, mais à cause du torrent d'émotions qui la submergeait. En levant doucement le corps de celle qui l’avait tant aimé, elle sentit sa gorge se serrer davantage. Chaque mouvement était une lutte, non seulement physique, mais aussi mentale. Elle devait rester forte, ne pas craquer maintenant. Séthys méritait d'être enterré avec respect, loin de ces flammes destructrices.

Avec une force née du désespoir, Setsuka sortit de la maison en ruine, portant Séthys dans ses bras. Le monde extérieur était un champ de bataille, mais elle repéra rapidement un endroit non atteint par les flammes, un coin paisible à l'abri du chaos. Là, elle déposa le corps inerte de Séthys avec une tendresse infinie, arrangeant ses vêtements avec soin.


La fille éplorée s'agenouilla à côté du corps, fermant les yeux pour offrir une dernière prière silencieuse, ses mains posées doucement sur celles de sa mère. Les mots ne parvenaient pas à sortir de sa bouche, mais son cœur criait en silence. « Je te le promets, maman... je vais te venger. »


En se relevant, Setsuka sentit un changement dans l'air, une présence qu'elle ne pouvait ignorer. Un frisson glacé parcourut son échine, et elle se retourna lentement, son regard s'endurcissant. Debout à quelques mètres d'elle, se tenait Sabi, sa mère biologique.

Sabi fixait le corps de Séthys avec un mélange de dégoût et de mépris visible sur son visage. Ses yeux se plissèrent, et ses lèvres se tordirent en une grimace de répulsion.


« C’est donc ça, ta "vraie" mère ? » La voix de Sabi était tranchante, chargée de dédain. « Cette créature pathétique que tu oses pleurer ? »


La göranienne sentit sa poitrine se serrer, son cœur battant de plus en plus fort. La colère et la douleur s'entrechoquaient en elle, menaçant de la submerger à chaque instant. Comment pouvait-elle dire ça ? Comment pouvait-elle mépriser ainsi celle qui l'avait aimée de tout son cœur ?


Sa mère de sang continua, s'approchant de sa fille d'un pas lent et assuré, son armure saiyan brillant d’un éclat sombre sous les lueurs des flammes. « Je suis venue ici pour reprendre ce qui appartient à notre peuple. Tu as échoué, lamentablement. Görana aurait dû être conquise depuis longtemps, mais au lieu de cela, tu t’es laissée séduire par des sentiments faibles, par des attachements inutiles. »


La petite brune, les poings serrés, respirait de plus en plus fort. Ses yeux, habituellement doux, étaient maintenant empreints d'une fureur grandissante. « Séthys… Séthys était ma mère. Elle m’a aimée, elle m’a élevée, elle m’a appris ce que signifie la vraie force. Tu n’as aucune idée de ce qu’elle représentait pour moi ! »


Le rire de la cruelle marâtre résonna dans l’air brûlant, un son froid, sans la moindre trace d'empathie. « Une faible créature comme elle n’a rien à t’apprendre, Elery. Tu es une Saiyanne, tu es ma fille ! Nous sommes des conquérants, pas des protecteurs de ces êtres inférieurs. Regarde ce qu’elle t’a fait ! Elle t’a affaiblie, elle t’a transformée en une chose pitoyable, incapable de remplir son devoir ! »


Chaque mot de sa génitrice frappait la göranienne comme une claque au visage, alimentant la colère qui bouillait en elle. Elle savait que sa mère biologique ne comprendrait jamais ce qu’elle avait vécu, ce que Séthys signifiait dans sa vie. Sabi ne voyait que la faiblesse là où Setsuka voyait la force la plus pure, celle de l’amour et de la compassion.


Sabi s’arrêta à quelques pas de Setsuka, la regardant de haut. « Je vais conquérir cette planète moi-même, et tu apprendras ce que signifie être une véritable Saiyanne. Je t’offre une dernière chance, ma fille. Rejoins-moi, et ensemble nous détruirons ce monde et bâtirons un empire digne de notre race. »


L’autochtone secoua la tête, sa vision se brouillant de larmes et de rage. La chasseuse se redressa, ses poings serrés, son corps tremblant sous l’effet d’une énergie brute qu’elle avait du mal à contenir. « Non... je ne te rejoindrai jamais. Tu ne comprends rien à ce que signifie être forte. La véritable force ne vient pas de la destruction, mais de la protection de ce que l’on aime. »


Le mépris dans les yeux de Sabi se transforma en une fureur glaciale. « Tu es pathétique, Elery. Tu as perdu ta voie, tu as oublié ce que signifie être une saiyanne. Tu n’es qu’une déception, une honte pour notre race. »


Ces derniers mots frappèrent Setsuka en plein cœur, mais ils ne firent qu’attiser davantage les flammes de sa colère. Elle sentit une énergie puissante se concentrer en elle, une force qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant. Son corps commença à trembler, et son aura devint de plus en plus intense, une lueur dorée émergeant autour d'elle.


Sabi recula légèrement, un mélange de surprise et de curiosité apparaissant dans son regard. « Que… que fais-tu… ? »


Setsuka poussa un cri de rage, sa voix résonnant dans l'air brûlant, et son énergie explosa autour d'elle. Ses cheveux noirs se hérissèrent, se transformant en une teinte dorée éclatante, ses yeux prenant une teinte vert émeraude. L'air autour d'elle crépitait d'énergie, et le sol sous ses pieds se fissura sous la pression. La transformation en Super Saiyan était achevée sous le regard horrifié de sa génitrice.

Le silence tomba, lourd, presque palpable, alors que Setsuka, maintenant transformée, fixait Sabi avec un regard brûlant de détermination et de colère.

Sabi fixait Setsuka avec un mélange de stupéfaction et d'incrédulité. Cette lueur dorée, ce pouvoir écrasant... C'était impossible. Comment sa fille, celle qu'elle avait toujours considérée comme la plus faible de ses enfants, pouvait-elle se transformer en Super Saiyan ? Une rareté que même les plus grands guerriers Saiyans n'avaient pas atteint, pas même elle.

Le cœur de sa génitrice battait à tout rompre, mais pas seulement de colère ou de mépris cette fois. Une peur sourde commençait à naître en elle, une sensation étrangère et dérangeante. Elle, qui n'avait jamais douté de sa propre supériorité, se retrouvait soudain face à une force qu'elle ne pouvait comprendre, ni contrôler.

Setsuka, de son côté, sentait l'énergie bouillonner en elle, comme un volcan prêt à exploser. Sa transformation en Super Saiyan n'était pas simplement un déchaînement de puissance, c'était l'expression brute de sa douleur, de sa rage, et de la perte qu'elle venait de subir. Tout ce qu'elle avait enduré, tout ce qu'elle avait retenu pendant tant d'années, éclatait maintenant dans une furie aveugle et incontrôlable.

Son regard, autrefois si doux, était maintenant perçant, froid et déterminé. Les larmes qui coulaient encore de ses yeux ne faisaient qu'attiser les flammes de sa colère. Elle sentait la tristesse profonde mêlée à une soif de vengeance qui ne pouvait plus être ignorée.


«Tu ne peux pas... tu ne devrais pas...» balbutia Sabi, sa voix trahissant pour la première fois une pointe de crainte. Ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'elle reculait instinctivement d'un pas. Cette dernière était horrifiée par cette transformation, non seulement parce que Setsuka était maintenant bien plus puissante qu'elle, mais aussi parce que cela remettait en question tout ce qu'elle croyait savoir. Si sa gamine la plus chétive pouvait devenir une Super Saiyan, alors tout son monde, sa hiérarchie, son pouvoir, n'était que mensonge et illusion.


La göranienne ne répondit pas immédiatement. Elle avançait lentement vers cette horreur qui lui avait donné la vie, chaque pas lourd de menace. Ses poings étaient serrés à en blanchir les jointures, et son aura dorée crépitait d'une énergie incontrôlable. L’autochtone n'entendait plus les cris autour d'elles, ni les bruits des flammes dévorant la ville. Tout son être était concentré sur une seule chose : faire souffrir Sabi pour ce qu'elle avait fait à Séthys.


« Tu m'as pris ma mère... » murmura Setsuka, sa voix tremblante de rage contenue. « Et maintenant, tu vas souffrir. »


Sans crier gare, Setsuka se jeta sur Sabi avec une rapidité fulgurante. Sa mère de sang, paralysée par la peur et l'incompréhension, ne put même pas réagir. Le poing de Setsuka s'écrasa contre la poitrine de Sabi avec une force dévastatrice, brisant plusieurs côtes d'un coup sec. Le cri de douleur de sa victime résonna dans l'air, un son aigu, perçant, trahissant l'horreur de la situation.

La Super Saiyan ne s'arrêta pas. La douleur dans son propre cœur réclamait justice, et chaque coup qu'elle portait à sa mère biologique était un acte de vengeance pour Séthys. Elle attrapa le bras de Sabi et le tordit sans ménagement, brisant l'os avec une facilité terrifiante. Celle-ci hurla, mais elle était impuissante, complètement dépassée par la puissance de sa fille. Le choc, la douleur, et l'humiliation se mêlaient dans son esprit, la plongeant dans un abîme de désespoir.

Setsuka serrait les dents, chaque craquement d'os résonnait en elle comme une symphonie macabre, chaque cri de sa génitrice lui apportait un soulagement mêlé à une tristesse insoutenable. Elle n'avait jamais voulu devenir ce qu'elle était en train de devenir, une guerrière animée par la vengeance. Mais Sabi l'avait poussée à bout.


La meurtrière, à genoux maintenant, se tordait de douleur, ses forces l'abandonnant peu à peu. Elle leva des yeux suppliants vers Setsuka, un mélange de larmes et de sang couvrant son visage. « Arrête... Elery, je suis ta mère... »


« Tu n'es pas ma mère ! » hurla la jeune femme, sa voix déchirante. « Séthys était ma mère ! Elle m'a aimée alors que tu ne voyais en moi qu'une arme, un outil pour accomplir tes désirs de conquête ! »


Les larmes coulaient librement sur les joues de Setsuka maintenant, mélangées à la sueur et à la poussière. Elle ne ressentait aucune satisfaction à voir Sabi dans cet état. C'était une victoire amère, teintée de regret et de chagrin. Mais la combattante ne pouvait pas s'arrêter, pas tant que la douleur dans son cœur ne serait pas apaisée.

D'un mouvement brutal, la petite saiyan attrapa le cou de sa génitrice, la soulevant du sol comme si elle ne pesait rien. Elle plongea ses yeux émeraudes dans ceux de sa mère biologique, cherchant une trace de regret, une quelconque rédemption. Mais tout ce qu'elle voyait, c'était la peur, le mépris, et l'incapacité de Sabi à comprendre l'amour qui avait nourri la colère de Setsuka.


« Tu n'auras jamais le pouvoir que je possède… » murmura Setsuka, sa voix brisée par l'émotion. « Parce que tu ne comprendras jamais ce qu'est l'amour. C'est cet amour qui m'a permis de devenir une Super Saiyan... C'est cet amour qui me donne la force de te détruire. »


Sabi ne pouvait plus parler, ses yeux commençaient à se voiler sous l'effet de la douleur et du manque d'air. Setsuka sentit son cœur se serrer, une dernière fois. Elle savait que cette vengeance ne ramènerait pas Séthys. Elle savait que cela ne ferait que creuser un peu plus le trou béant dans son âme. Mais elle ne pouvait plus reculer.

Avec un cri déchirant, Setsuka jeta Sabi au sol, la laissant retomber lourdement. Le corps brisé de sa mère biologique s'étala devant elle, immobile, silencieux…

Le silence pesant qui suivit la chute de Sabi fut rapidement brisé par des pas précipités. Trois silhouettes se découpaient dans la lueur des flammes, s’approchant du champ de bataille avec une urgence palpable. Les trois Saiyans, alliés de Sabi, se hâtèrent de rejoindre leur chef, ignorant encore l’horreur qui les attendait.

Mais lorsqu'ils aperçurent le corps brisé de Sabi, étendu au sol, la terreur envahit leurs visages. La puissante Sabi, celle qu'ils suivaient avec dévotion, gisait là, immobile, comme une marionnette désarticulée. Ils ne pouvaient pas croire ce qu'ils voyaient. Sabi, leur leader, était vaincue, son corps massacré par une force qu'ils ne comprenaient pas.

Leur regard se porta instinctivement sur Setsuka, toujours debout, son aura dorée crépitant faiblement autour d’elle. Ses yeux, qui avaient autrefois brillés d'une douce compassion, étaient désormais glacés, reflétant une détermination sans faille et une haine qu'ils n'avaient jamais vue auparavant.


« Vous arrivez trop tard. » lança Setsuka d'une voix froide, presque détachée. « Votre maîtresse a subi son sort, et vous ne ferez pas exception. »


Les trois Saiyans échangèrent des regards inquiets. Ils sentaient l'énorme écart de puissance entre eux et la jeune femme devant eux. Pourtant, l'instinct guerrier qui les animait les empêcha de fuir. Ils rugirent à l’unisson, leurs auras éclatant dans une tentative désespérée d’intimider leur adversaire.

Setsuka esquissa un sourire, sans joie. Leur bravoure serait leur perte.

Le premier Saiyan, un guerrier massif avec des cicatrices zébrant son visage, s’élança en avant, croyant pouvoir la prendre par surprise avec sa vitesse et sa force brute. Mais Setsuka disparut de son champ de vision en un instant, réapparaissant juste derrière lui. Avant qu'il ne puisse comprendre ce qui lui arrivait, son poing frappa le milieu de son dos, brisant sa colonne vertébrale avec un craquement sinistre. L'homme s'effondra, son cri coupé net par la douleur intense.

Le deuxième Saiyan, une femme à la chevelure sauvage, tenta d’utiliser une rafale d’énergie pour abattre Setsuka à distance. Mais avant que l’attaque n’ait pu atteindre sa cible, Setsuka était déjà sur elle. Elle attrapa le bras de la guerrière, l’arrachant presque de son épaule avant de la jeter au sol avec une force telle que la terre elle-même se fissura sous l’impact. Le cri de douleur de la Saiyan déchira l'air, mais il s'éteignit rapidement sous le coup de pied violent que Setsuka lui infligea au visage, réduisant son crâne en miettes.


Le dernier des trois guerriers, le plus jeune, recula en titubant, les yeux écarquillés par la peur. Il comprenait maintenant l'étendue de l'horreur à laquelle il faisait face. « Non... ce n'est pas possible... » balbutia-t-il, sa voix trahissant son effroi.


Setsuka se tourna vers lui, son regard perçant traversant son âme. « Vous avez pris tout ce que j'avais... maintenant, je vais vous prendre la vie. »







Sa pose dynamique parlait pour elle de la violence de son prochain assaut. D'un simple mouvement, elle créa une sphère d'énergie bleutée dans sa main. Le jeune saiyan tenta de se défendre, levant ses bras pour parer l'attaque, mais c'était futile. Setsuka propulsa la sphère avec une force implacable, et elle explosa à l'impact, pulvérisant le jeune Saiyan en une pluie de débris fumants.

La göranienne resta immobile un moment, respirant lourdement, son corps vibrant encore des restes de sa transformation. Autour d’elle, le silence régnait à nouveau, seulement troublé par les crépitements des flammes dévorantes. Elle avait vengé Séthys, massacré ses ennemis sans pitié, mais la douleur dans son cœur ne s'était pas apaisée.

Elle se retourna pour regarder une dernière fois le corps sans vie de Sabi, ses alliés éparpillés autour comme des feuilles mortes. La rage la quittait peu à peu, laissant place à une tristesse profonde… un vide impossible à combler.

La göranienne tomba à genoux, son énergie dorée s'éteignant peu à peu, laissant place à une simple tristesse, profonde et insondable. Setsuka avait vengé sa mère, mais à quel prix ? Ses larmes, silencieuses, coulèrent à nouveau, cette fois pour elle-même, pour l'enfant qu'elle avait été, pour la femme qu'elle était devenue.

Après plusieurs longues minutes de douleurs, la saiyan se releva, chancelante, le regard perdu dans le vide. Celle-ci savait qu'il n'y avait plus de retour en arrière. Le chemin qui l'attendait serait long et solitaire, marqué par la douleur et le deuil. Mais, pourtant, elle devait avancer. Pour sa mère, pour l'amour qui avait forgé sa force, et pour l'espoir qu'un jour, elle pourrait trouver la paix.

La chasseresse s'agenouilla une dernière fois près du corps inerte de sa maman, prenant une profonde inspiration pour calmer son esprit. Elle était prête à l'affronter, ce deuil, afin d’honorer la mémoire de Séthys - et pour prouver que, même dans la douleur, c’était en son pouvoir que de rester fidèle à l'amour qui lui avait donné cette puissance inimaginable. Ses bras soulevèrent la défunte pour la ramener contre son buste.

Alors que le silence s’installait à nouveau sur le champ de bataille, l'aura dorée de Setsuka s’envola pour de bon. Son souffle court, ses mains tremblantes, elle se tenait au milieu des ruines, entourée des corps brisés de ses ennemis, celui de sa mère tout contre elle. Ses yeux, encore brillants d’une rage inextinguible, se fixaient sur l’horizon, mais son esprit était ailleurs, englouti par une mer de douleur et de confusion.


C’est alors qu’une voix familière, douce et réconfortante, perça le brouillard de sa colère. « Ma Setsuka… ma fille… »


La chasseuse se retourna lentement, et là, parmi les décombres se tenait César. Son père adoptif, le seul homme qui avait su voir en elle plus qu’une simple guerrière. Son visage était marqué par l'inquiétude, mais aussi par un profond émoi. Celui-ci avait vu les flammes de loin, senti la perturbation dans l’énergie de sa fille, et il avait accouru aussi vite que possible.

En s’approchant de sa progéniture, le chimpanzé sentit la chaleur résiduelle du pouvoir de son enfant se dissiper dans l’air. Son papa pouvait voir dans ses yeux que quelque chose en Setsuka s’était brisé. Son cœur se serra en imaginant ce qu’elle venait de vivre. César avait toujours su que sa fille possédait une force incommensurable, mais il savait aussi qu’elle portait en elle une fragilité que peu de gens comprenaient.


« Setsuka, je suis là... » dit-il doucement en posant une main réconfortante sur son épaule. Le contact sembla briser une digue invisible en elle. La jeune femme se sentit soudainement si faible, si épuisée.

« Papa... » murmura-t-elle, sa voix se brisant, laissant entrevoir toute la douleur que cette dernière essayait de contenir. Les larmes que la göranienne avait tenté de retenir dévalèrent enfin ses joues, alors qu’elle se tournait vers son père, cherchant un réconfort dans ses bras.


César l'enlaça sans hésitation, la serrant elle et Séthys contre lui avec une tendresse infinie. Il ne dit rien pendant un long moment, se contentant de lui offrir la chaleur et le soutien dont sa fille avait désespérément besoin. L’anthropoïde sentait ses épaules secouées par les sanglots, et chaque larme qu’elle versait lui brisait un peu plus le cœur.


« Tu n’as pas à porter cette douleur seule, Setsuka. » confia t-il doucement en caressant doucement ses cheveux. « Ce que tu as fait... ce que tu as traversé... personne ne devrait avoir à le vivre. »


La concernée enfouit son visage dans le torse de son père, son corps tremblant de chagrin. L’autochtone voulait parler, dire à quel point elle se sentait perdue, à quel point la douleur était insupportable, mais les mots lui manquaient. Tout ce que la saiyan pouvait faire, c'était pleurer, laissant enfin sortir toute la douleur qui l’avait rongée.

Son papa continua à la tenir, ses propres émotions l’envahissant. Ce dernier ressentait une profonde tristesse pour la perte de Séthys, mais aussi une immense fierté envers sa progéniture. La voir ainsi, dévastée par la rage et le chagrin, lui rappelait à quel point elle était humaine, malgré la puissance qui coulait dans ses veines de Saiyan. Et en cet instant, il savait que sa fille avait besoin de se rappeler qu’elle n’était pas seule.

Finalement, les sanglots de la sauvageonne s’apaisèrent, remplacés par une fatigue écrasante. Le chimpanzé recula légèrement, posant une main sur sa joue pour essuyer doucement ses larmes.


« Nous allons honorer Séthys. » dit-il avec une douceur ferme. « Elle mérite un adieu digne de l'amour qu’elle nous a donné. »



Setsuka hocha la tête, ses yeux rouges et gonflés fixés sur le visage de son père adoptif. Le regard plein d'amour et de compréhension de César était exactement ce dont elle avait besoin pour se rappeler qui elle était, au-delà de la colère et de la haine.


« Oui… elle mérite un hommage à sa hauteur…» murmura la jeune femme éplorée, sa voix encore tremblante mais résolue. « C'était un être exceptionnel. »


Avec un dernier regard vers les corps inanimés de ses ennemis et le no man’s land qui avait failli l’engloutir, la combattante s’en détourna finalement. La douleur ne disparaîtrait pas du jour au lendemain, mais avec ses proches à ses côtés, la guerrière se sentait prête à affronter ce qui venait.

Ensemble, père et fille s’éloignèrent du carnage, leur mission désormais tournée vers un acte d’amour et de respect. Le chemin de la vengeance était terminé, et il était temps de rendre hommage à celle qui avait donné à Setsuka la force de se battre pour ce qui comptait vraiment.

Le soleil amorce sa descente vers l’horizon, étalant une lueur douce et dorée sur la plage de Görana, où le bruit apaisant des vagues contraste avec la peine écrasante qui pèse sur chaque être présent. Setsuka et César avancent côte à côte, en tête d’un cortège silencieux qui les suit sur le sable. Derrière eux, des lamias vêtues de toges grises ou de draps blancs tiennent des lanternes, leurs visages empreints d’une dignité douloureuse.

Séthys repose au centre d’un dais de soie tissée avec soin, enveloppée dans un cocon sacré pour les autochtones. Le tissu léger scintille à la lumière de la fin d’après-midi, sa surface presque translucide laissant deviner les contours de son corps enroulé. Autour d’elle, d'autres corps des lamias tombés lors de l’attaque reposent eux aussi dans leurs cocons, formant une ligne silencieuse et solennelle sur le sable, rappelant les vagues qu’ils bordent. Toutes les communautés de la planète, unie dans cette douleur commune, s’assemble pour rendre hommage à leurs morts, un moment empreint de silence et de respect, de chagrin et de recueillement.

La sauvageonne avance jusqu’au corps de sa maman, sa gorge nouée, chaque pas enfonçant ses pieds dans le sable avec une lourdeur presque insoutenable. Cette dernière laisse échapper un souffle tremblant en se tenant devant le cocon, posant une main hésitante sur la soie. Le tissu est si doux sous ses doigts, comme si elle pouvait encore sentir la chaleur de sa mère à travers. Mais il n’y a plus rien, plus aucune chaleur, et la saiyan ferme les yeux pour étouffer le poids insupportable de cette réalité.

Son père s’avance à ses côtés, et d’un geste tendre, pose une main rassurante sur l’épaule de sa petite. Il la regarde avec une compassion qui transperce la douleur de son propre cœur, puis incline la tête respectueusement vers le corps de sa compagne.


« Le moment est venu. » murmure-t-il avec une voix remplie de tristesse, mais aussi de force.


Setsuka prend une inspiration et lève la tête, regardant au-delà de Séthys, au-delà des corps étendus de ceux qui ont péri, vers les habitants rassemblés en silence. La combattante sait qu’elle doit parler, leur offrir des mots qui rendront hommage non seulement à sa mère, mais à tous ceux qui ont perdu la vie pour défendre Görana.

La chasseresse inspire une nouvelle fois et s’adresse à la foule, sa voix vacillant légèrement.


« Ma… mère, Séthys. » commence-t-elle, les mots lui échappant dans un souffle douloureux, « M’a tout appris. Elle m’a appris à aimer cette terre, à respecter la vie en chacun d’entre nous, et à défendre ceux qui n’ont pas la force de le faire eux-mêmes. Elle m’a offert un foyer, un amour que je n’avais jamais connu auparavant, et un sens de l’appartenance que je n’aurais jamais imaginé trouver. »


Un silence profond accompagne ses paroles. Chaque mot semble s’imprégner dans le sable, se mêler aux vagues qui caressent le rivage. La jeune femme baisse la tête, sa main tremblante cherchant celle de son papa pour y trouver un soutien, et celle-ci poursuit avec une douceur étreinte de chagrin :


« Maman ne mérite pas cet adieu, pas plus que ceux qui reposent ici aujourd’hui avec elle. Ils méritent la paix, la quiétude, et ils méritent que leurs âmes continuent de nous accompagner à travers chaque brise, chaque murmure de cette mer qu’ils aimaient tant. »


La fille éplorée se tourne vers son père, qui lui adresse un léger signe de tête, et ensemble, ils prennent un pas de recul, laissant les résidents s’approcher à leur tour. L’un après l’autre, chaque membre s’agenouille ou pose une main douce sur le cocon de leurs proches, murmurant des prières discrètes, des chants qu’ils adressent à Gaska, le dieu réincarnateur des âmes.

Le crépuscule a maintenant teint le ciel d’une palette magnifique de pourpres et de bleus, alors que les prières se taisent peu à peu. César se penche et allume une lanterne, puis une autre, avant de tendre la main pour offrir la lumière à tous, qui font circuler la flamme sacrée. Ces petites lueurs vacillantes se multiplient et éclairent les corps des disparus, formant une chaîne lumineuse, comme une barrière d’espoir dans l’obscurité naissante.

Setsuka, alors, s’accroupit doucement près du cocon de Séthys, et effleure le tissu de soie une dernière fois, ses doigts traçant des adieux silencieux. La saiyan chuchote, seulement pour elle et sa mère disparue :


« Maman… Que tu puisses renaître dans la paix, et que tu sois libre. »


Puis la jeune femme se redresse lentement, laissant son papa la soutenir d’une main solide. Elle sent un poids incroyable dans sa poitrine, mais également une étrange légèreté, comme si le vent lui-même venait la toucher, soufflant doucement pour apaiser son âme.

Lentement, les cocons sont déposés au pied de la mer, les vagues les effleurant avec délicatesse. Après quelque temps, ils semblent se mouvoir, les premières déchirures délicates se formant sous l’enveloppe soyeuse. Un premier papillon, aussi fragile qu’il est splendide, s’extrait du cocon de Séthys, ses ailes déployées pour la première fois au contact de l’air marin. Setsuka l’observe, le cœur serré, tandis que d’autres papillons éclosent des autres enveloppes, ajoutant leurs petites présences au flot d’âmes libérées.

Les lépidoptères s’élèvent, un par un, formant une danse aérienne au-dessus du sable et de la mer. L’espace d’un instant, ils tournoient autour du cortège, passant près de l’autochtone, de César, et de tous ceux qui leur ont été chers. Un dernier regard, un dernier adieu, avant qu’ils ne s’éparpillent au gré du vent, libres et prêts à poursuivre leur voyage.

La petite göranienne lève les yeux, les larmes scintillant sur son visage alors qu’elle contemple ce départ symbolique.


« Elle sera toujours avec toi, avec nous, dans chaque souffle de cette terre. »


La sauvageonne hoche la tête, incapable de répondre, ses yeux suivant encore un des papillons qui virevolte au-dessus de la mer. Alors que le dernier papillon disparaît dans le crépuscule, Setsuka ferme les yeux, laissant le calme l’envelopper doucement.