Age : 34 Date d'inscription : 18/07/2012 Nombre de messages : 349Bon ou mauvais ? : Neutre Zénies : 1240 Rang : Z
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Sujet: Le chef-d'œuvre de la Science Dim 20 Oct 2024 - 18:09
Dans l'intimité du bureau de l’Alpha, les murs semblaient absorber toute l'agitation extérieure, laissant place à un calme presque irréel. Il s’était tramé de nombreuses péripéties dans la base militaire dernièrement. Alors ce moment de répit était le bienvenu. La louve avait fait du thé vert, disposé deux tasses sur la table basse présente dans ce lieu qui lui servait aussi de résidence, et déposé des gâteaux secs qui convenaient parfaitement avec l’arôme du breuvage choisi.
Savoir recevoir ses “invités” était une marque de grand respect, et cela était tout bonnement naturel car la cheffe avait fait appelé Ekko. La jeune fille venait de se confronter à Akaza, et pourtant la femme aux cheveux mauve n’était pas inquiète. Le potentiel décelé d’ores et déjà chez la gamine était quelque chose de complètement à part, difficilement qualifiable avec les termes existants dans notre langue native.
Mais alors que le Loup Ancestral s’était plongé dans ses pensées, une puissante aura perceptible à travers bien des mètres l'interpella. Tirée de sa rêvasserie, Narumi fronça les sourcils - qu’est-ce que c’était que cet étrange KI ? Il n’était comparable à rien de ce qu’elle avait vu auparavant. C’était une sorte de tourbillon magique, à la fois serein et tourmenté, un tourbillon majoritairement transparent et pourtant étincelant de bribes rougeâtres, telles des flammèches. Il s’étendait pratiquement aussi loin que sa propre aura, ce qui était plus qu’inquiétant. S'agirait-il…
Quand on toqua à la porte, la militaire vint ouvrir d’un pas pressé.
C’était bien elle !
Le regard intense de l’Alpha se plongea dans les yeux uniques de la jeune fille.
“Comment un être tel que toi peut-il exister…” murmura la louve, visiblement plus à elle-même qu’aux autres. Celle-ci eut un étrange moment de tétanie avant de reprendre ses esprits, bien que son visage restait marqué par ses préoccupations. La cheffe se racla la gorge avant de reprendre d’un air plus solennel. “Sois la bienvenue, entre.”
Après avoir refermé la porte derrière son invitée, la louve lui fit signe d’un geste du bras de prendre place sur l’un des fauteuils en face de son service à thé et des délices qui l’accompagnent. Le monstre passa sa main sur son visage comme pour se tirer d’un songe avant de venir s’asseoir en face de l’adolescente.
La lumière douce qui baignait la pièce dans une teinte dorée faisait scintiller l'aura d'Ekko, visible uniquement pour ceux qui pouvaient ressentir les auras divines et spéciales à l’effigie de la militaire. L'énergie qu'elle dégageait était bien différente de la première fois qu'elles s’étaient rencontrées. L’aura d'Ekko était plus intense, presque palpable, emplissant la pièce d’une chaleur étrange, mais apaisante.
Narumi croisa les bras, légèrement inclinée vers l’avant, le regard perçant.
“Ekko, la dernière fois que nous nous sommes vues, tu venais tout juste de commencer à explorer ton potentiel… Maintenant, je te sens bien différente. Plus… pleine d’énergie. Mais je ne suis pas là uniquement pour parler de ton aura. Je veux savoir comment s'est passé ton combat contre Akaza.”
Son aura fluctuait légèrement, laissant voir les flammes écarlates qui parsemaient les contours de l’énergie blanche. En fait, maintenant que le miracle sur pattes lui faisait face, Narumi voyait clairement que son aura semblait provenir de son crâne. De son cerveau. Ses yeux, autrefois emplis d'une douce innocence, brillaient maintenant d'une sagesse nouvellement acquise. Sa vitesse d’apprentissage était bel et bien totalement hors norme. D'ailleurs, des stigmates de son affrontement étaient encore visibles, pourtant ce n'était absolument pas ce qui retenait l'attention de l'Alpha.
La combattante resta silencieuse, attentive, attendant que la jeune fille déroule son récit. Cette dernière observait avec curiosité et soif de savoir cet être à la marge, ce prodige dont l’aura semblait croître à un rythme effrayant. Bien que sa puissance actuelle soit inférieure à la sienne, cette montée en puissance constante rappelait à la lycan que le potentiel d'Ekko était immense.
Ekko
PNJ
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Sujet: Re: Le chef-d'œuvre de la Science Ven 25 Oct 2024 - 10:56
Retour au QG. À celui de l'armée terrienne. Retour à la réalité, à ses tracas. Retour sur la terre des choix et de leurs conséquences. Même si, en vérité, Ekko ne l'avait jamais vraiment quittée. Cette jeune fille en robe blanche avait juste subi une absence de quelques temps, de quelques jours, de quelques semaines, qui sait... lors de laquelle la Terre fut attaquée. Et si la planète bleue eut la chance que des héros viennent la défendre, ils ne furent hélas pas en assez grand nombre ou d'une assez grande force que pour prévenir - d'immenses dommages collatéraux - ce refuge à la vie.
* C'est de ma faute... Akaza était fort, comme Williams et Narumi. Ils auraient peut-être pu intervenir et gérer la situation plus efficacement, si je n'avais pas... * rumina intérieurement la petite silhouette à la longue chevelure de neige.
Allongé sur son lit, les membres écartés et le visage à peine éclairé d'une bande lumineuse outrepassant les mailles du rideau de la chambre baignée dans la pénombre, l'enfant au potentiel grandissant fixait le plafond avec amertume. Le regard fatigué et les lèvres sèches, la triste gamine restait ainsi affalée depuis maintenant un bon moment. Oui, là déjà plusieurs dizaines de minutes - comptons même en heures - à se repasser encore et encore le fil des événements. Tout ça pour aboutir sans cesse à la même conclusion culpabilisante.
La fille de Queen Nemor ignorait que Namoringa était intervenu et s'était occupé des dommages aussi bien que des morts... Toutefois, même en l'apprenant, cette première trouverait certainement encore le moyen de s'en vouloir pour toujours. Car ces héros inespérés avaient dû batailler d'autant plus dur et risquer leurs vies, pour éviter que la situation ne s'empire. Car rien ne prédisposait à penser qu'il serait forcément possible d'invoquer à nouveau le dragon des souhaits. Et surtout... qu'en était-il des esprits traumatisés ?... Non, Namoringa n'avait pas nécessairement tout arrangé. Il avait corrigé la forme, mais quant au fond ?
* Kaito a raison... Cela ne sert à rien d'y penser en boucle. Je dois avancer, maintenant. Avec... le poids de mes erreurs, pour moteur. *
Seul celui qui ne tente rien, ne rate jamais rien. Des erreurs, cette pauvre petite continuerait certainement d'en faire. Personne n'était parfaitement devin. Pas même un être divin. Alors, la seule chose à faire restait effectivement d'avancer. Juste... un peu plus prudemment. Toute expérience la rendrait plus grande et avertie, tant que cette chère demoiselle prendrait la peine d'en tirer les conclusions qui s'imposent... tant qu'elle s'évertuerait à devenir une meilleure version d'elle-même, pour un avenir plus radieux.
Comme pour joindre le geste à la pensée, Ekko se redressa finalement quoique mollement. Jambes désormais croisées en tailleur, l'Eve d'une race nouvelle joignit bientôt calmement ses mains au niveau des chevilles et commença alors à prendre une longue inspiration... Cette dernière se voulant bien sûr suivie d'une tout aussi longue expiration... Et la petite Seiche alienne recommença. Elle recommença, lentement et plusieurs fois... Au début, cela lui semblait un peu ridicule. Pourtant, elle sentit instinctivement qu'elle en avait besoin... que cela lui ferait du bien.
Et cela lui fit du bien.
Tout du moins, la jeune fille eut-elle déjà l'agréable sensation d'une flottante relaxation. Elle cacha même au monde ses doux saphirs, au cours du processus. Pour ensuite rouvrir ses perles pâles, en balayant la pièce via un regard enfin plus sage. Et ainsi, elle perçut enfin la présence de ce nuage grésillant tout autour et en tous points... ce voile étrange et si instable qu'il en semblerait presque probabiliste, qui lui fit plisser d'incrédulité les paupières et pencher quelque peu la tête sur le côté.
* Ce sont... des électrons ?... *
TOC TOC TOC !
" Allez on se réveille, là-dedans ! La cheffe t'attend dans son bureau. Et t'as plutôt intérêt de pas la faire attendre. "
Wow. Ekko avait beau ne pas avoir fermé l'œil de la nuit, cette interaction avait pourtant de quoi clairement la brusquer. Son corps en sursauta même machinalement !
" D-D'accord ! J'arrive tout de suite ! " répondit-elle alors en se retournant, à moitié en panique.
Reposant néanmoins un œil en direction de la précédente constatation, la jeune fille soupira un instant en remarquant ne plus être en mesure de réitérer son observation. Peut-être que ce cœur, battant à tout rompre, empêchait son propriétaire de se concentrer assez sur ses sens. Ou alors était-ce le flot de pensées, qui déjà assaillait à nouveau de questionnements et de doutes la gamine au stupéfiant potentiel.
Oui, il fallait l'avouer : l'Eve d'une race nouvelle appréhendait beaucoup cette nouvelle rencontre avec la louve. Surtout après un tel appel... Ekko ne pouvait malgré tout pas en blâmer cet officier. Non, c'était surtout le moment de faire face aux conséquences des actes plus tôt entrepris. La fille de Mercury était en fait persuadée d'avoir de grandes chances de se faire au mieux enguirlandée pour tout le trouble causé. Elle s'était mêlée d'une affaire qui ne la regardait pas, avait même encouragé Williams à se retourner contre Narumi. Et bien que ce fut dans le but de faire entendre raison à cette dernière, la situation prit ensuite un chemin disons critique.
Saisissant sa robe au niveau du cœur, la gamine à l'esprit tourmenté ferma de nouveau les paupières. Juste là le temps de se forcer à déstresser et à trouver le courage de poser pieds nus au plancher. Elle ne se débinerait pas. Elle ferait face à la tempête qu'elle pensait en approche. D'ailleurs, c'est en saisissant la poignée de la porte d'entrée, que la fillette fronça à peine les sourcils en réalisant que - entre tous les reproches qu'on pourrait lui faire - elle avait tout de même sauvé tant de citoyens de l'emballement des machines, au parc d'attraction.
* Sauf... que je n'étais pas censé m'y trouver et encore moins en compagnie d'un inconnu... Et l'entité qui a provoqué l'accident, elle l'a fait pour vérifier mes capacités. Je ne sais toujours pas pourquoi, d'ailleurs... Ce garçon était bizarre. Mais je suppose que l'armée ne sait rien à son propos, il a peut-être même esquivé toute attention. *
Pas exactement... L'on faisait même difficilement moins discret que d'humilier aux échecs un garde de l'armée, avec pour enjeu toute information sur un de leurs membres. Surtout quand on s'écroulait par après de rire sur l'échiquier, en entendant parler de la gamine prodigieuse sous la tutelle de ce cher Williams Auguste. Alors, si en plus le même morveux était apparu l'instant d'après dans le viseur des caméras d'une attraction ou aux yeux de certaines personnes se trouvant sur place... Enfin bref ! Assez parlé de ce chat de malheur, il y en avait bien d'autres à fouetter.
D'une démarche pas si assurée bien que se voulant pourtant suffisamment régulière, Ekko arpenta donc les couloirs censés la mener droit à Narumi. Parfois un regard discret prenait la direction de l'officier accompagnant la gamine à la longue chevelure blanche... Néanmoins, l'expressivité de ce dernier ne laissait rien transparaître de spécialement fiable.
La petite prodige aurait bien pu lire dans les pensées du trentenaire. Mais en de tels instants, elle ne l'osait pas. Déjà car elle n'était pas sûre d'apprécier ce qu'elle y verrait. Puis parce qu'il demeurait une possibilité gênante que cet homme le remarque, comme Akaza l'avait remarqué. Enfin, pour avoir des réponses, il suffisait de prendre son mal en patience... Alors, autant éviter les intrusions gratuites.
En arrivant sur les lieux, l'accompagnateur ralentit progressivement la marche puis s'écarta de quelques pas... incitant la gamine à toquer d'elle-même à la porte. Ce qu'elle hésita un instant à faire, en approchant sa frêle poigne. Encore ce satané cœur, n'en faisant qu'à sa tête...
Mais elle toqua.
Elle toqua, car la sensation d'être menée à l'abattoir et à travers le couloir de la mort... s'en irait plus vite ainsi.
C'est alors que la psychiste la sentit arriver ! Et pas juste aux pas empressés... Quelque chose d'intense approchait. Oui, là une énergie trop accentuée que pour appartenir à n'importe qui. Cette énergie n'était pourtant pas déployée autant qu'elle le puisse, juste que la perception de l'enfant aux yeux bleu pâle ne s'y trompait pas : cette signature était bien celle de Narumi. Cependant... quelque chose de particulier avait trouvé refuge en elle. Quelque chose de...
Ouvrant plus perceptiblement et progressivement ses paupières au moment où la cheffe de ces lieux débuta l'ouverture de la porte, Ekko réalisa alors et de concert à quel point la personne lui faisant face avait changé. C'était comme fixer directement les rayons du Soleil, au lieu d'en distinguer le reflet sur la Lune. Une telle différence, en un si court laps de temps... c'en était absurde. En fait, c'était si intense... que la seule explication possible ne tarda à sauter au visage de la petite Seiche. Oui, bien sûr... Ce Ki face à elle...
* C'est... divin ?... *
Mais, comment ?... Comment Narumi avait-elle bien pu faire ?... À vrai dire, la fillette n'avait pas connaissance du petit jeu auquel se livrait l'Ange Whis pour satisfaire son disciple et Dieu de la Destruction. La dame à la balafre semblait même en mesure de dépasser l'intensité énergétique nouvellement acquise par sa chétive interlocutrice. Et ce n'était pas peu de le dire, après la récente croissance de cette dernière.
En un sens, cela rassurait la demoiselle aux yeux bleus : il existait encore des humains en mesure de lui tenir tête au sens brut et si besoin, disons au moins pour un temps. Car au moment de sa pleine adolescence, qui savait le danger qu'elle pourrait représenter ? Son potentiel grandissait à un rythme exponentiel, à un rythme dont même les Anges pourraient finir par s'inquiéter.
" Comment un être tel que toi peut-il exister... "
Ah. Euh... Quoi ? Et bien... face à telle interrogation, que répondre ? À part lui offrir un clignement des sourcils, la jeune adolescente ne trouva rien d'autre à ajouter. Déjà, ce questionnement pouvait s'interpréter de bien des manières. Que ce soit positivement ou négativement, pour commencer...
Heureusement, la louve ne laissa pas trop le temps à l'enfant de laisser vagabonder son imagination vers de sombres horizons. Rapidement, elle invita plutôt à ce que toutes deux s'assoient à la table basse et au creux de confortables fauteuils. Ce à quoi Ekko répondit par un léger hochement de la tête, tout en s'avançant doucement... Bon, il y avait pire comme signe, concernant un éventuel début de confrontation. Dans l'instant, semblait-il d'ailleurs plus juste de parler d'une franche conversation.
Néanmoins, le regard impliqué de l'adulte à la queue de cheval intimida tout de même la frêle silhouette à l'aura si particulière, lorsque les deux figures féminines furent finalement assises l'une en face de l'autre. Et le moins que l'on puisse dire, c'était que Narumi ne comptait pas y aller par 4 chemins. Elle plongea directement les pieds dans le plat. Et, quelque part... même si cela déstabilisait davantage la gamine serrant la surface du fauteuil sous ses fins doigts... au moins l'instant paraissait propice, car elle avait encore l'énergie mentale d'affronter ses démons à peu près dignement. Devoir évoquer ce jour maudit n'était hélas pas sans rappeler ces affreux souvenirs et... ce visage, aux expressions débectantes.
Les lèvres de l'enfant à la peau douce commencèrent alors à trembler, tout comme pour sa voix... Ses pupilles vibraient quelque peu, mais elle tiendrait bon. Elle dirait ce qu'elle avait à dire, même si aborder certaines choses ne feraient sans doute pas plaisir.
" Je... Je pense qu'Akaza méritait qu'on calme ses ardeurs, à tous niveaux. Les relations sociales... ne devraient pas être considérées comme un jeu. Williams n'a peut-être pas respecté certaines procédures et s'est laissé emporter... mais Akaza, lui, a été à mon sens bien plus loin que ça. Je voulais juste... qu'il comprenne que s'accorder une liberté totale dans ses actes, impliquait qu'il puisse s'en voir privé pour toujours. Alors... je l'ai affronté et... je l'ai congelé. J'ai tout donné pour le battre au plus vite et sans le tuer... espérant revenir suffisamment à temps que pour éviter un drame, entre vous et Williams. Juste que... je ne me suis pas débrouillée aussi bien que je pensais pouvoir le faire. "
Abaissant son regard, Ekko prit une respiration lourde... La revoilà : la culpabilité, s'infiltrant dans la chair comme un ver dans celle d'une pomme. La psychiste avait commencé par la partie héroïque... mais au final, l'aboutissement de ces choix...
" Je sais pas... si j'ai pris une bonne décision. En fait... j'étais quand même un peu hors de moi. J'en ai pas... l'habitude. Mais je trouvais la situation si injuste... que la simple idée de le voir s'échapper à si bon compte, d'un conflit qu'il avait sciemment et sournoisement amplifié... Non, je n'ai pas pu l'accepter. Il... n'en avait pas le droit. Pas comme ça. "
La gamine à la robe blanche ramena bientôt ses jambes contre son torse... tandis que sa mèche relativement calcinée lui effleura le bras gauche. La fillette aux pieds nus secoua ensuite un peu la tête... comme pour appuyer d'autant plus sa précédente affirmation. Puis, elle trouva la force de soutenir à nouveau l'attention de la cheffe des armées.
" Sauf que, la vérité... c'est sans doute que je vous ai tous mis en danger. C'est qu'aucun d'entre vous n'ait pu affronter ce Zamasu, lorsqu'il décida d'attaquer cette planète... Mais je sais que si – ce jour-là – je n'avais pas pris cette décision, que je n'avais pas imposé ma volonté par-dessus vos règles... je ne serais pas tombée dans le coma. J'aurais pu aider à défendre ces terres qui m'accueillent, aussi bien au combat qu'auprès des citoyens... Au lieu de ça, je vous ai imposé mon rétablissement et j'ai trop honte que pour juste vous remercier, plutôt que de me sentir désolée... " continua la créature à l'aura exotique... une larme coulant soudainement sur son tendre visage, à la fin de ces dernières paroles.
Non, allez, pas déjà... Elle ne devait pas déjà craquer. Elle n'avait même pas encore clairement répondu à la question lui ayant été posée !... Elle avait préféré commencer par cette introduction, par ces lourds aveux et pendant qu'elle en avait encore la force autant que le courage. C'était bien. Il fallait s'assurer d'en parler. C'était important. Communiquer dans le calme ses émotions, c'était important... pour se comprendre.
Essuyant ses larmes – d'un revers de bras – Ekko renifla par la suite, du plus discrètement qu'elle le puisse. Bien sûr, cela s'entendait tout de même. Au moins, faisait-elle là preuve de bonne volonté. Et à présent, redéposant progressivement ses pieds à terre, la frêle demoiselle agrippa à la fois ses genoux... tout en plongeant un regard dans ses douloureux souvenirs et à travers le pavage de cette chic salle. De sa voix tout de suite plus vacillante, elle poursuivit alors...
" Le pire, c'est que je crois que ça n'a servi à rien... Durant presque tout le combat et qu'importe son état, Akaza s'est amusé. Et... c'est moi, qui était terrifiée... En fait, j'ai pas gagné... j'ai juste réussi à le cryogéniser. Et lui... lui, il m'a... Toutes ces flammes, cette fumée suffocante, cette horrible fournaise... Je n'ai jamais eu aussi peur de quelque chose, de quelqu'un. Au creux de cette forêt, je me sentais si fragile... comme si la moindre erreur pouvait me briser en deux, ou plutôt me consumer en moins de deux... À la fin, il m'a souri. Il a souri à pleines dents et m'a dit... que quand il parviendrait à se libérer, il espérait que moi aussi je sois libre... Sur le moment, j'étais un peu dans un état second et je n'aurais certainement pas voulu le laisser encore entrer dans ma tête. Mais maintenant, je comprends... Je comprends que sa liberté n'a pas de prix. Pas même celui d'une absence de conscience. Parce qu'il ne vit que pour cette liberté absolue... Et moi, je ne l'ai au mieux ralentie que pour un temps. "
C'était vrai. Avant sa congélation, Akaza avait eu le temps d'enclencher l'ordre d'une dernière offensive. Quant à son corps, il n'avait pas en tout point atteint le Zéro Absolu avant la perte de conscience de la gamine. Seconde après seconde, l'attaque en question gagnerait donc du terrain et ce corps finirait par progressivement se réchauffer. En absence d'une pression psychokinétique accentuée sur elle, la Glace-Neuf était destinée à se voir dominée par Akaza et même à se rapprocher sensiblement du point d'évaporation... ce qui briserait l'anormale intensité de la liaison entre les molécules d'eau et leur ferait retrouver leur attraction habituelle entre elles. C'était la faiblesse de la Glace-Neuf.
Néanmoins... à l'aide de la technologie, l'armée s'était potentiellement chargée d'accélérer ou de ralentir le processus. Voire même de le stopper pour de bon. Cela dépendait de leurs besoins et de leur point de vue, quant au cas du pyromane. Possiblement même que cet entretien avec la louve avait un rapport avec une telle prise de décision. Auquel cas... il semblait avisé de ne pas prévenir cet enfant qui, sinon, serait certainement capable de se considérer responsable du sort d'Akaza. À vrai dire, même après de telles péripéties et quels que soient les risques, Ekko ne pouvait pas se résoudre à souhaiter la mort de quelqu'un. Et puis... c'était sa promesse envers ses mères, que de ne pas tuer d'êtres humains. Enfin... si l'on pouvait dire que cette création des enfers avait encore une once d'humanité en elle...
En conclusion des souvenirs depuis lesquels cette jeune fille s'extirpait maintenant et tant bien que mal... cette dernière soupira enfin sa culpabilité certaine, en relâchant la pression des doigts sur les genoux. Alors, déglutissant un instant et déposant la paume de ses mains contre la surface du fauteuil, la jeune adolescente finit par pencher sa tête vers le sol... tel un bambin honteux de sa bêtise.
" Je suis désolée... pour tout le mal que j'ai causé. Je voulais bien faire, mais... Pardon. Pardon pour tout... Et pardon aussi d'avoir autant douté de Scalio... À la base, ce jour-là je voulais vous rencontrer pour évoquer sa rancœur envers les dieux. Et pour faire part de ma crainte qu'il entraîne la planète entière dans un conflit ouvert avec eux... À présent, je ne suis plus si sûre de ce que je devrais croire, ni de ce qu'il faudrait faire... Alors, demandez-moi ce que vous voulez. J'assumerai le prix de mes fautes. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour me racheter !... Si c'est seulement encore possible. " conclut-elle en serrant la mâchoire, combattant l'élixir de vie aux abords de ses paupières innocentes et à peine masquées par la blanche frange.
Puis le silence s'imposa enfin dans la pièce, pendant plusieurs secondes... Ekko avait-elle jeté un froid ? Elle avait surtout communiqué ce qui pesait sur son coeur. Et elle avait dit ce qu'elle avait à dire. Enfin... en partie. Au moins du mieux qu'elle le puisse.
Narumi Karuzaki
Démon
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Sujet: Re: Le chef-d'œuvre de la Science Mar 29 Oct 2024 - 11:25
Narumi resta silencieuse quelques instants, les yeux plissés alors qu’elle observait Ekko avec attention. L’enfant lui faisait face, le regard baissé, la posture crispée. L’alpha voyait bien la culpabilité qui la rongeait de l’intérieur, cette lutte profonde entre ses intentions et les conséquences de ses actions. C’était un fardeau trop lourd pour les épaules d’une enfant - toutefois, la concernée était bien plus mature que son apparence le laissait supposer - et puis elle savait que ces choix la définiraient en tant que personne et future combattante. Alors, après un bref moment de silence, la militaire s’adossa au fauteuil et prit une inspiration profonde.
« Je comprends pourquoi tu as fait ce que tu as fait. Tu as réagi selon ce que tu pensais être juste, et c’est une qualité précieuse. Cependant… » La guerrière fit une pause, cherchant les bons mots pour expliquer l’importance de ses choix, sans démolir l’esprit déjà tourmenté de son interlocutrice. « Parfois, même les intentions les plus nobles peuvent mener à des résultats catastrophiques, surtout lorsque l’on joue avec des forces que l’on ne maîtrise pas complètement. J’en ai fait les frais à plusieurs reprises. » Malgré sa franchise, son visage demeurait imperturbable. « Tu as affronté Akaza pour ce qu’il représentait, pour ce qu’il avait fait et pour la menace qu’il faisait peser sur les autres. En cela, tu as montré une bravoure rare. Mais le combat n’a pas été sans conséquences, et ces conséquences, nous devons toutes les deux en porter le poids, car je t’ai moi-même impliquée dans tout ça. » Les sourcils du Loup Ancestral se froncèrent un instant, exprimant une intense réflexion avant de reprendre. « Nous avons tous des limites, Ekko. Moi, toi, même Akaza. Et lorsque nous les dépassons, ce n’est pas toujours avec sagesse. Le rôle de quelqu’un avec un pouvoir tel que le tien n’est pas seulement de l’utiliser pour protéger, mais aussi de savoir quand ne pas l’utiliser. Cela demande de la patience, et je sais combien cela peut être difficile, surtout quand on a conscience de son potentiel. On veut l’exploiter. Tu as senti l’injustice dans les actes d’Akaza. Et tu as voulu y remédier toi-même car tu en avais le pouvoir - et tu sais que personne dans ce bas monde n’est réellement apte à t’arrêter. Pour être franche, je pense en être capable pour l’instant - mais je ne suis pas dupe. D’ici quelques années, tu me surpasseras. »
Son regard exprimait de la crainte mêlé à de l’admiration. Comment pouvait-on être destiné à devenir si fort que l’on en transcende la condition humanoïde ? Déjà se battre contre Beerus avait été un défi qui avait amené la louve aux portes de la mort - et entrevoir le potentiel de Whis l’avait traumatisée - mais est-ce que cet enfant allait obtenir une sorte de puissance comparable à l’ange ? S’en était terrifiant. Car Ekko, elle, contrairement à ce séraphin, vivait parmi les mortels, pas à part dans un endroit bien spécifique. Ce qui entraînait le fait que cette petite pourrait retourner complètement des conflits entre mortels d’un claquement de doigt à l’avenir.
« Je ne te reproche pas d'avoir voulu le stopper, et encore moins d’avoir cherché la justice. Tu n’as pas à être punie ou redevable d’une quelconque manière envers l’armée ou moi-même. Ma vision d’Akaza est très pragmatique. Tant qu’il est sous mon contrôle, il peut être utile. Je vais m’assurer qu’il comprenne les limites de ses actions. Ce genre de comportement ne sera pas toléré, pas dans mon armée. Mais c’est moi qui m’en occuperai, de manière officielle, et dans le respect des règles. Tu as ouvert la voie, maintenant laisse-nous nous en charger. » Elle soutint le regard d'Ekko, y cherchant une lueur de compréhension.
Cette confiance dont l’alpha parlait n’était pas quelque chose qu’elle avait eu souvent dans sa vie, peut-être même jamais avant de rejoindre le QG de l’armée terrienne.
« Regarde-moi, Ekko. Ce que tu ressens… ce poids de la culpabilité, de la responsabilité, je le connais bien. Moi aussi, j’ai fait des erreurs, et certaines ont coûté cher. Mais on ne peut pas se laisser briser par nos erreurs. On apprend, on grandit, on devient plus fort. » La combattante se redressa dans son fauteuil et prit un ton plus sévère, mais non dénué de bienveillance. « Tu as un potentiel que peu d’entre nous peuvent imaginer, Ekko. Mais tu dois apprendre à le maîtriser. La puissance n’est rien sans contrôle. Si tu continues à agir de manière impulsive, en te fiant uniquement à tes émotions, tu risques de causer plus de dégâts que tu ne le souhaites, même en voulant bien faire. » Le monstre se leva alors de son fauteuil et fit quelques pas dans la pièce, jetant un coup d'œil par la fenêtre. « Le monde dans lequel tu évolues est bien plus complexe qu’un simple combat entre le bien et le mal. Et avec ton potentiel… » La militaire se tourna de nouveau vers Ekko, ses yeux brûlant d’une intensité farouche, une énergie divine pulsant presque de manière visible autour d’elle. « Avec le potentiel que tu possèdes, tu as un devoir. Pas seulement envers toi-même, mais envers tous ceux que tu pourrais impacter, que ce soit positivement ou négativement. Tu n’es pas seule dans ce voyage. Je suis là pour t’aider. Williams est là. Tous les autres au QG sont là aussi. Fais-nous confiance. N’aie pas peur de te reposer sur les autres, parce que même les plus puissants d’entre nous ont besoin de soutien.»
Si elle-même avait compris ça plus jeune, bien des choses auraient été différentes, se disait la pratiquante de la MMA. Mais ruminer le passé n’avait rien de bon en plus d’être parfaitement inutile - ça aussi, Narumi aurait voulu l’intégrer bien plus tôt dans sa vie. C’était à la jeune fille de faire la part des choses et de choisir vers qui se tourner. En tout cas, des options étaient présentes pour l’épauler.
« Concernant Scalio, je ne sais que te dire. Je ne le connais toujours pas. Qu’il haïsse l’ensemble des Dieux existants est son problème, pas celui de la nation. Donc, tant qu’il se tient à carreaux, ça ira. En tout cas, lui et Draven n’ont rien fait pour travailler main dans la main avec moi, et j’ai du ressentiment envers eux. Mais j’irai à sa rencontre prochainement. »
En effet, le fameux Scalio lui avait fait parvenir un message pour une entrevue. De toute façon, s’il ne l’avait pas fait, il y avait eu fort à parier que la cheffe des armées elle-même serait venue prochainement le confronter.
Elle marqua une pause, observant Ekko avec un mélange de sévérité et de fierté. « Pour te résumé ma pensée, tout ce que tu as à faire, c’est de continuer à avancer. Retiens les leçons de cette expérience, apprends à maîtriser ton pouvoir, et surtout, apprends à faire confiance aux autres. Je ne doute pas que tu deviendras une force de bien, quelqu’un de vraiment grand. Mais cela nécessitera de la patience, de l’humilité, et un cœur aussi fort que celui que tu as montré aujourd’hui. »
La louve espérait que l’adolescente se sentirait plus légère, comme si un poids venait de se dissiper, remplacé par une résolution nouvelle.
Narumi se rassit, son regard s’adoucissant en attendant la réaction de sa compagne du jour.
Ekko
PNJ
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Sujet: Re: Le chef-d'œuvre de la Science Mar 12 Nov 2024 - 6:00
Le silence a toujours été une notion floue, déterminée par la perception sensorielle de son observateur tout autant que par sa définition de ce que représenterait tel phénomène. Aujourd'hui encore, cette notion se retrouvait mise à mal par tant de facteurs. Ni le tic des aiguilles filant, ni le toc des particules rebondissant, n'offraient de répit aux oreilles sensibles. Sans parler du bruit de nos pensées, nous tourmentant sans pitié. Il fallait se rendre à l'évidence : l'on ne pouvait mettre le monde en sourdine. Car il ne chantait pas pour nous.
Il chantait à travers nous.
Ce qui paraissait en revanche bien plus modeste à affirmer, restait que tout le monde ne pouvait l'entendre nous bercer. Flottant depuis toujours en ce bruit ambiant, la petite demoiselle aux yeux bleus ne voyait donc pas tant là une mélodie atténuée. Au mieux cette dernière paraissait-elle allégée dans sa multiplicité, l'un des volumes s'atténuant l'espace de quelques instants.
Hélas, dans le même temps ce refrain cérébral trop accusateur augmentait de concert. Quel triste choix d'opter pour ce réglage... l'on n'aurait pas fait de cet enfant un si bon disc jockey. D'autant plus que se présentait alors à la cheffe de ces lieux l'opportunité de mener à la baguette l'orchestre. Oui, ici un pouvoir immense entre ses mains, une chance d'assurer un spectacle conforme à ses attentes... d'accéder à un succès tant désiré. Et pourtant...
" Je comprends pourquoi tu as fait ce que tu as fait. "
Elle ne parut manifester l'ombre d'une répression. À vrai dire – et à moins qu'elle ne soit adepte de quelque fourberie comportementale – tout dans l'attitude de la louve semblait démontrer que son besoin de justesse pesait plus dans la balance que ses désirs égoïstes. Quoique l'on ne puisse réellement déjà s'exprimer sur la meilleure des marches à suivre quant au futur. Après tout... choisir la justesse pourrait bien avoir tout de répréhensible, en situation de crise... Au moins pouvait-on parler de bonne volonté. Penser à la satisfaction de la communauté avant la sienne, ne cesserait de représenter l'une des clés essentielles pour demeurer un chef respecté.
Relevant un regard encore là caché en majeure partie par ces quelques mèches à peine argentées, la fille de Mercury s'apprêtait désormais à plonger son attention dans les justes propos qui suivraient bientôt. Avec une bienveillance notable, mais sans pour autant qu'elle ne s'enlise dans une indulgence excessive... la Karuzaki commença ainsi à pointer du doigt les données sur lesquelles il serait préférable que son interlocutrice porte attention à l'avenir. De même qu'elle mit l'accent sur l'importance des intentions et des actions louables entreprises.
* J'ai agi de manière empressée... elle a raison. Je pensais que la situation justifiait cette urgence... mais quitte à tout de même intervenir dans le conflit, j'aurais sans doute dû le faire autrement. Hors de moi, j'ai cédé à la violence, pour répondre à la violence. J'ai laissé mes émotions me submerger... Je n'ai pas fait preuve d'assez de sagesse et c'est précisément ce que je crains d'être tentée d'accentuer au fil des années. C'est vrai... le potentiel de Narumi... je l'atteindrai sûrement bientôt. Je dois me maîtriser, je dois apprendre à gérer mes émotions... le plus tôt possible, pour éviter une nouvelle catastrophe. Je ne veux pas devenir une bombe à retardement... C'est juste que toute cette pression ne m'aide pas. Et je ne peux pas juste me la sortir de la tête comme si de rien n'était... *
Continuant de se torturer mentalement, la gamine à la longue chevelure ondulée serra à la fois son ventre via ses fins bras. Elle empoignait alors quelque peu sa robe, tout en esquivant un instant la liaison des pupilles. Et reniflant légèrement, Ekko ferma finalement les paupières, mâchoire toujours crispée. Ses sourcils tremblaient de peur et de culpabilité.
La militaire affirmait qu'il n'y avait pas lieu d'être redevable envers elle ou l'armée... C'était bon à savoir. Pour autant, cela sonnait aux oreilles de l'enfant tel un cadeau conventionnel que l'on ne méritait aujourd'hui pas vraiment. Pourrait-on au moins considérer cela telle une faveur, alors ?... Et bien, même là, cela demeurait compliqué. Car tant de vies furent impliquées.
" Regarde-moi, Ekko. " renchérit sans plus tarder la dame d'armes, d'un air concerné.
Par réflexe, l'interpellée releva cette fois pleinement son attention vers celle qui l'hébergeait. Ces perles trempées semblaient brûler de vulnérabilité, en de si poignants instants. Elles appelaient à boire toute parole susceptible de calmer le brasier de la honte. Mais même là, Narumi n'en profita pas. Tout du moins, pas directement. Car tout ce petit discours, validant en partie les pensées de la jeune prodige, paraissait aussi bien se servir des doutes pour tendre une main qui ne pouvait se refuser.
Oh, pas qu'il s'agisse d'une réelle limitation. Disons plutôt... que la cheffe savait trouver les bons mots, pour garder ses troupes sur la bonne voie. Ce qui, je dois l'avouer, n'est pas si éloigné de mes méthodes au sanctuaire... Hem. Ne jugeons pas cependant pas trop vite. Après tout, il n'y avait pas de preuves formelles qu'il s'agisse là d'une tactique et... parfois, il était simplement préférable d'opter pour les solutions les plus efficaces et profitables. Surtout dans l'intérêt de tous. N'est-ce pas ?... Si si, je vous assure.
Hochant en tout cas lentement la tête et à quelques reprises, l'unique représentante d'une race nouvelle valida ainsi les recommandations qui lui parvenaient. Il aurait, de toute façon, été difficile de nier l'évidence. Ekko devait tirer des leçons du passé, s'améliorer... Cela rejoignait le principe de la seconde chance, tel qu'énoncé par Kaito. Et au fil des secondes s'écoulant à écouter davantage la louve s'exprimer, la jeune adolescente – au regard suivant son interlocutrice se relevant – ne put s'empêcher de monter celle-ci dans son estime. Non pas que la martialiste avait spécialement chuté dans cette dernière. Juste qu'un certain respect se développait.
Puis la cheffe des armées se retourna, après s'être approchée de la fenêtre... et communiqua quelque chose de très important. Elle évoqua un sujet qui ne manquerait de susciter une réflexion plus accentuée qu'on aurait premièrement été en droit de le penser. Et ce sujet... n'était autre que celui de la confiance. À vrai dire... combien de fois cette jeune demoiselle avait-elle réellement fait confiance à quelqu'un ? Cette simple idée lui ferait... peur ? Vraiment ?...
Mais non ! C'est ce monde, qui est si dangereux ! Tout le monde est fou, vous ne pouvez pas le voir ?! il y a de la souffrance partout. Elle ne l'inventait pas. Elle se méfiait parce que tout était si incertain ! On ne peut se fier à personne, tout le monde est biaisé. Elle se méfiait parce qu'il le fallait, pour ne pas faire d'erreur ! Elle se méfiait de tout et de tous parce que, parce qu'elle... depuis... !
Ce jour ?
* Et si... la plupart de mes problèmes venaient en fait de là ?... * osa-t-elle enfin se l'avouer, écarquillant progressivement ses paupières juvéniles.
Prenez le temps d'y penser, 2 minutes. Si l'on retraçait le parcours de cette triste gamine, cela ne faisait-il pas sens ?... Elle fouillait systématiquement les pensées de ses nouvelles connaissances et prenait chaque parole pour un point de vue potentiellement faux. Elle s'était méfiée de Lúka et de Scalio, sur seule base de corrélations. Williams, Narumi... elle s'était imposée dans leur dispute, pour la raison qu'elle ne leur faisait pas confiance pour gérer cette crise. Ekko ne faisait même pas confiance à ce bon Maréchal, pas plus qu'à sa propre famille ! N'avait-elle pas censuré d'emblée l'éventualité d'avertir cette dernière, concernant le lieu de sa nouvelle localisation ?... Là une liste d'exemples peu exhaustive. Dès lors... n'était-ce pas, au bout d'un moment, la marque d'une prudence un poil excessive ?
Oh et... pouvait-on vraiment compter Kaito ?... Honnêtement, n'était-ce pas alors au pied du mur, que la suspicieuse lui avait accordé un brin de confiance ? Tout ça pour la lui reprendre, dès que celui-ci lui assura qu'il s'occuperait des gardiens... Bon, peut-être avait-elle eu raison de modérer son enthousiasme de voir ce Kaioshin renverser l'ordre divin. Surtout lorsque c'était au prix d'une alliance avec un Demigra devenu surpuissant, qui ne saurait se gérer que difficilement à la suite d'une suppression d'ennemis encore plus inquiétants.
À moins que... que la confiance de Kaito soit justement la clé vers une nouvelle unité. Parce que, parfois, une telle foi envers autrui pouvait tout aussi bien créer de merveilleuses opportunités : des conséquences aux ricochets surprenants bien qu'au final souhaitables, à une échelle que d'aucuns ne pourraient prévoir.
Au final, pour avancer, il faut souvent commencer par oser croire.
* J'aurais un problème avec l'idée même de faire confiance aux gens ?... Je devrais baisser un peu ma garde ? Mais si je fais ça... *
Cette méfiance octroyait une grande vigilance. Oui, là une vigilance qui aurait eu tout d'utile, autrefois. Comme, par exemple, pendant ce test au laboratoire de Queen Nemor ?... Il s'agissait du premier traumatisme. Et tout trauma laisse des cicatrices. Certaines n'étaient tout simplement pas autant perceptibles que des marques de brûlures sur la peau.
Ce jour-là, où la petite fille au si grand potentiel avait failli mourir découpée par l'invention de sa propre mère... une part d'insouciance avait disparu, à jamais.
Détendant ses muscles et relâchant son étreinte, Ekko réalisa ainsi qu'avant d'aider les autres... elle devrait peut-être commencer par faire un travail sur elle-même. Parce que, de toute évidence, autant le fait de ne pouvoir faire confiance que de se considérer être un monstre... pouvait affecter négativement ses relations et ses prises de décisions. De toutes les choses qu'aurait pu dire Narumi, elle parvint ainsi à mentionner l'une des plus percutantes qui soient. Et au moment exact où il aurait fallu le faire, de surcroît... Si ce n'était pas calculé, cela restait au moins extrêmement chanceux et opportun.
En quelque sorte hagard, bouche entrouverte, l'enfant à la robe blanche saisit désormais pleinement la scène au-devant... D'un regard farouche à l'intensité admirable, la cheffe des armées paraissait enlacée dans la lumière de cette ouverture vers l'extérieur. Son énergie pulsante ponctuait à peine l'espace environnant, d'une élégance toutefois bien perceptible par cette silhouette à la longue chevelure de neige.
" Pour te résumer ma pensée, tout ce que tu as à faire, c'est de continuer à avancer. Retiens les leçons de cette expérience, apprends à maîtriser ton pouvoir, et surtout, apprends à faire confiance aux autres. Je ne doute pas que tu deviendras une force du bien, quelqu'un de vraiment grand. Mais cela nécessitera de la patience, de l'humilité, et un cœur aussi fort que celui que tu as montré aujourd'hui. " clôtura alors la femme à la balafre, après un rapide aparté concernant le premier ministre.
Et un nouveau silence s'imposa... Un silence plus véritable, cette fois. Car le bruit dans la tête... le doute, la panique, qui charcutaient auparavant la pauvre Seiche... s'évaporaient maintenant.
N'osons pas dire que le mal ne reviendrait pas. Toutefois, au moins en ce précieux moment... qu'il était bon de se délecter de son absence. Qu'il était bon de ne plus s'apitoyer, d'entrevoir une fenêtre vers la liberté. Oui, bien sûr, qu'il restait tant de problèmes à régler. Juste que... pour une fois, plus Ekko y songeait et moins ça l'inquiétait. Parce que l'idée de pouvoir à nouveau faire confiance aux autres, d'avoir l'espoir de ne plus se voir comme un monstre... peut-être que c'était ça qu'il fallait, pour ne pas risquer de mal tourner à l'avenir.
Souvent, certaines expériences subies dans la tendre enfance impactaient notre devenir sans même que l'on ne s'en rende compte. Et passé un certain stade de développement, il pouvait devenir très difficile de faire machine arrière. Déconstruire pour se reconstruire... c'était moins fastidieux, lorsque le château fort venait à peine de poser les fondations. Alors, sans doute qu'à un si jeune âge il serait profitable de saisir cette opportunité. Très certainement, qu'il serait plus sage d'oser la demander.
" Euh... merci. Merci pour votre patience envers moi... Je ne sais pas vraiment quoi dire, sinon que je n'aurais jamais cru qu'on pouvait encore m'atteindre à ce point. Je... Je pense réaliser à quel point vous avez raison. J'ai passé tellement de temps isolée dans ma tête... Je me pensais du genre introspective. Et pourtant, je crois que... Je crois que... " commença à s'exprimer la jeune prodige, face à son interlocutrice à nouveau assise.
Et au fil de ces quelques mots, ces avant-bras s'humidifiaient de plusieurs gouttes. Le visage de cette frêle créature – à l'aura si contraire – s'abaissa à peine... Cependant, Ekko ne semblait pas tant abattue. Non... Ce timide et léger sourire, se dessinant maladroitement sur cette tendre bouille... ne pouvait qu'être de bonne augure, bien qu'en tenaille de toutes ces larmes.
Elle allait le faire. Elle oserait demander. Elle oserait le penser, elle oserait le croire... Une voie nouvelle ne demandait qu'à émerger du champ des possibles. Une voie pleine de rêves, au cœur de ce cauchemar. Pour la première fois, cet enfant – encore en partie préservé de la folie et de la fatigue persécutant le monde – ne demandait qu'à saisir cette lumière au loin... ne demandait qu'à saisir cette promesse : celle de rejoindre la fête, de s'échapper de ses pensées tranchantes comme des bouts de verre.
" Monsieur Armstrong... est psychologue, c'est ça ?... Euh... je crois que ça serait bien si, disons, enfin... Ca serait possible d'organiser des séances régulières avec lui, pour m'aider à traiter mes traumas ? S'il vous plaît ?... "
Mince. Elle tremblait comme une feuille, elle ne savait pas où se mettre et en rougissait même. Ca lui avait semblé aussi insurmontable que de gravir une montagne en proie au blizzard... Toutefois, elle l'avait fait. La demoiselle aux pieds nus avait osé demander quelque chose que même certains adultes avaient parfois beaucoup de mal à demander : de l'aide, notamment à un niveau psychologique. En un sens, c'était déjà là une première tentative de confiance.
" Et je... je vais m'améliorer, sur tous les points évoqués. Je le promets... Je rendrai honneur à la confiance, à l'attention, à toutes ces paroles encourageantes que vous me portez aujourd'hui. Je veux devenir une meilleure version de moi-même... Vous n'avez pas hésité à m'accueillir avec bienveillance. Et ce malgré le danger que je risquais d'attirer. Maintenant, je pense comprendre que c'est sur l'unité du groupe, que vous misez la défense de votre communauté. L'union, c'est aussi ce que je vise... " reprit peu à peu confiance cette boule d'angoisse, en relevant lentement et finalement le regard vers la louve.
Le soleil poursuivait sa course à travers le ciel, tandis que ces quelques mots bousculaient un cœur débordant ici de bonne volonté. Enfin les colonnes de lumières atteignaient ces joues trop longtemps meurtries par une peine infinie. Et cette chevelure tentaculaire pétillait de concert, comme neige au soleil. Même si, en réalité, ce qui étincelait davantage... bien davantage que ces rivières aux abords des lèvres, ou même que cette aura s'éclairant d'un blanc éclatant... c'était sans nul doute ce rayonnant et doux sourire déjà plus franc. Espérons... ici le premier d'une longue série ?
" Mais pour y parvenir... il faut d'abord que j'apprenne à m'intégrer, à m'ouvrir à cette grande famille que représente l'humanité. C'est ça ?... Donc, à partir de maintenant, je veux faire de mon mieux pour échanger avec vous. Nouer... de vraies relations. Et... au fil du temps, peut-être vous assister dans certaines tâches ? "
Dim 20 Oct 2024 - 18:09
